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ÉDITION COMPLÈTE
D E
LA SAINTE BIBLE,
Ornée de 3oo figures , gravées d'après les dessins de Marillier et Monsiau.
T O M E DIXIÈME.
LA SAINTE BIBLE,
CONTENANT
L'ANCIEN ET LE NOUVEAU
TES TAM E N T,
TRADUITE EN FRANÇOIS SUR LA VULGATE,
Par m. le MAISTRE DE SACL
Nouvelle édition, orne'e de 3oo figures, gravées d'après les dessins de Marillier et Monsiau.
TOME DIXIÈME.
A PARIS,
B A s T I E N , Libraire , rue de la Harpe , n*». 463.
Chez ^ Ponce , Graveur, Faubourg S. Jacques , n°. 234.
Bei,iN; Imprimeur-Libraire , rue S. Jacques, n°. 22.
AN VIII.
ARGUMENT.
Le quatrième et le dernier des Evangélistes , selon l'ordre chronologique , est l'Apôtre Saint-Jean , sur- nommé LE Disciple bien-aime. Il étoit de Bethsaïde , ville de la Galilée, et fils de Zébedee et de Salomé , et ainsi frère de l'Apôtre Saint-Jacques, appelé /eMrt/ewr, qui eut la tête tranchée quelque temps après la mort de Jésus-Christ, sous Hérode-Agrippa, dit le Tétrarque. Il écrivit son Evangile à Ephèse , âgé de quatre-vingt- dix ans _, fan 96 de l'ère vulgaire , 63 ans après la mort de Jésus -Christ , étant de retour de file de Pathmos , où il avoit été exilé sous l'Empereur Domitien. Saint- Jé- rôme dit qu'il n'enti éprit cet ouvrage qu'à la sollicitation de plusieurs de ses amis , et aux instantes prières des évéques d'Asie : et le même Père ajoute , dans la préface de son Commentaire sur Saint - Matthieu , que Saint- Jean n'y consentit qu'à condition que les Eglises se disposeroient par un jeûne public à lui attirer du ciel les grâces dont il avoit besoin pour y réussir. Saint- Clément d'Alexandrie , au rapport d'Eusèbe , dit que le motif qui l'engagea à y travailler, fut qu'il s'étoit apperçu que les trois premiers Evangélistes n'avoient propre- ment parlé que des deux dernières années de la piédi- cation de Jésus-Christ , et qu'ainsi il jugea qu'il étoit nécessaire d'y suppléer la première , qu'ils avoient omise ; et Saint-Jérôme prétend que Saint-Jean y ajouta ce qui regaide la Naissance divine et éternelle de Jésus-Christ , afin d'y réfuter tacitement l'hérésie de Cérînthe et d'Ebiou , qui nioient sa divinité. On no
jo. A^
6 ARGUMENT,
doute point qu'ayant eu pour objet d'instruire les EgK- ses d'Asie , il n'ait écrit en grec ; mais comme il étoit Hébreu , son style tient un peu de cette langue ; ainsi il n'est pas étonnant qu'on y trouve des phrases et des expressions toutes syiiaques , et des hébraïsmes très- fréquens , qui rendent son élocution moins pure et moins élégante que celle de Saint-Luc. Il a rapporté beaucoup de faits et de circonstances de la Vie de Jésus- Christ , qui ont été omises par les autres Evangélistes j entre lesquelles on peut remarquer le miracle que Jésus-Christ lit aux noces de Cana, son entretien avec Nicodéme , celui qu'il eut avec la Samaritaine , l'histoire de la femme adultère , son discours avec les Caphar- iiaïtes touchant sa chair qu'il devoit donner à manger ; la résurrection de Lazare-, les instructions que Jésus- Christ donna à ses disciples après la Cène la veille de sa mort , et plusieurs autres particularités qui nous au- roient été absolument inconnues , s'il n'avoit eu soin de nous les laisser par écrit. Aussi cet Evangile est - il l'un des plus considérables et des plus célèbres , non- seulement par ses adcHtions , mais encore par la subli- mité des vérités et des instructions qu'il renferme ; ce qui Ta fait appeler par Saint-Clément d'Alexandrie , YEuan^ilti spirituel. Plusieurs ont cru que l'histoire de la femme adultère , rapportée au chap. 8, v. i , jusques au v. 12 , inclusivement, y avoit été ajoutée par quelque nidin postérieur e , parce qu'elle ne se trouve point citée par les premiers Pères de l'Eglise , ni rapportée par Saint-Jean Chrysostôme et Saint-Cyrille , dans les Com- mentaires qu'ils ont faits sur cet Evangéliste , ni par Eusèbe , dans ses Canons évangéhques : mais Saint-
ARGUMENT. 7
Jérôme , qui dit qu'elle ne se trouvoit pas dans son exem- plaire , avoue cependant qu'elle étoit de son temps dans un grand nombre d'autres. Ammonius et l'auteur de la Synopse attribuée à Saint- Athanase , Tatien , dans son Abrégé des quatre Evangiles, Saint- Augustin et Saint-Ambroise , en font mention , et elle se trouve dans la version syriaque des Polyglottes d'Angleterre , dans le manuscrit de Cambridge , etdans tous les anciens exemplaires latins.
Quelques savans ont prétendu que ,S,aint-Jean avoiî terminé son Evangile par les deux derniers versets de son chapitre 2.0 , et que le chapitre z 1 avoit été ajouté par l'église d'Ephèse , ce qu'ils appuyent sur cette double répétition de ces paroles , Jésus a fait , etc. , rapportée au v. 3o du ch. 20, et au v. 25 du ch. 21 ; mais ils n'ont pas pris garde qu'il n'y a rien de plus ordinaire aux Ecrivains sacrés, et sur- tout aux hé- breux , que ces répétitions , comme aussi de parler de soi en tierce persomie , comme fait ici Saint-Jean, chap. 31 ,v. 24-
Saint - Epiphane rapporte que les Alogiens attri- buoient à Cérinthe cet ouvrage de l'Apôtre Saint-Jean; mais ce Père les réfute , en soutenant qu'il n'est pas raisonnable de le donner à cet hérétique , puisque rien ne lui étoit plus opposé , et ne combattoit plus directe- ment les erreurs qu'il enseignoit.
Saint-Jérôme dit que Saint-Jean fut appelé fort jeune à l'apostolat , et qu'il a gardé toute sa vie le célibat et la virginité. Il a vécu jusqu'à la troisième année du règne de l'Empereur Trajan , et est mort âgé de près de cent ans , la cent - unième année de l'ère vulgaire ^
8 ARGUMENT.
68 ans après la mort de Jésus-Christ. Saînt-Irénée, Tertulien , Eusèbe , et presque tous les anciens Pères, disent qu'il est enterré à Eplièse. ( Voyez S. Augustin, Trait. 124^ sur S. Jean).
L E SAI N T
ÉVANGILE
D E
JÉSUS-CHRIST, SELON SAINT-JEAN.
CHAPITRE I.
§. ï. Verbe de Dieu. Kraie lumière non com- prise des ténèbres. Verbe fait chair. Grâce et vérité par Jésus,
i.Au commencement ctoit le Verbe, et le Verbe étoit avec Dieu , et le Verbe ëtoit Dieu.
2. Il étoit au commencement avec Dieu.
3. Toutes choses ont été faites par lui ; et rien cle ce qui a été fait, n'a été faitsanslui,
4. Dans lui étoit la vie, et la vie étoit la lu- mière des hommes:
5. Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point comprise.
6. Il y eut un homme envoyé de Dieu , qui s'appeloit Jean.
7. Il vint pour servir de témoin, pour rendre
jo EVANGILE
témoignage k la lumière , afin que tous crus- sent par lui.
8. Il n'étoît pas la lumière, mais il "vînt pour rendre témoignage à celui qui était la lumière.
9. Celui-là étoit la vraie lumière, qui illumi- noit tout homme venant en ce monde.
10. Il étoit dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l'a point connu.
1 1. Il est venu chez soi, et les siens ne l'ont point reçu.
12. Mais il a donné à tous ceux qui l'ont reçu, le pouvoir d'être faits enfans de Dieu, à ceux qui croient en son nom ;
i3. Qui ne sont point nés du sang, ni de la volonté delà chair , ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu même.
14. Et le Verbe a été fait chair, et il a habité parmi nous : et nous avons vu sa gloire , sa gloire, dis-je , comme du Fils unique du Père, étant plein de grâce et de vérité.
i5. Jean rend témoignage de lui, et il crie , en disant : Voici celai dont je vous disois : ce- lui qui doit venir après moi a été préféré À moi, parce qu'il étoit avant moi.
16. Et nous avons tDUS reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce.
17. Car la loi a été donnée par Moïse : mais la grâce et la vérité a été apportée par Jésus- Christ.
18. Nul n'a jamais vu Dieu : le Fils unique
s. J E A N. n
qui est dans le sein du Père, est celui qui en a donné la connoissance.
§. 1 1. Réponse de Saint -Jean aux députés des Juifs.
19. Or, voici le témoignage que rendit Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites , pour lui demander : Qui êtes-vous ?
20. Car il confessa, et il ne le nia pas : il con- fessa qu'il n'étoit point le Christ.
il. Ils lui demandèrent : Quoi donc ? Etes- vous Elie ? Et il leur dit : Je ne le suis point. Etes-vous prophète, ajoutèrent-ils F Et il leur répondit : Non.
2.2. Ils lui dirent donc : Mais qui êtes-vous , afin que nous rendions réponse à ceux qui nous ont envoyés ? Que dites-vous de vous-même?
28. Je suis , leur dit-il, la voix de celui qui crie dans le désert : Rendez droite la voie du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe.
12,4. Or, ceux qu'on lui avoit envoj^és étoient des pharisiens.
2,5. Il lui firent ewco/e une /zoz/ce//^ demande, et lui dirent : Pourquoi donc batisez-vous, si vous n'êtes ni le Christ, ni Elie, ni Prophète?
26. Jean leur répondit de cette sorte : Pour moi je batise dans l'eau ; mais il y en a un au milieu de vous que vous ne connoissez pas.
la EVANGILE
2.7. C'est lui qui doit venir après moi , qui m'a été préféré ; et je ne suis pas digne de dé- nouer les cordons de ses souliers.
^8. Ceci se passaàBétlianie, au-delà du Jour- dain , où Jean batisoit.
§. 1 1 L Autre té moi g- lia (y e de Saint- Jean. Jésus
Asneau de Dieu.
è>
^9. Le lendemain Jean vit Jésus qui venoit à lui , et il dit : Voici l'Agneau de Dieu , voici celui (|ui ôte les péchés du monde.
3o. C'est celui-là même de qui j'ai dit : Il vient après moi un homme , qui m'a été préléré, parce qu'il étoit avant moi.
3i. Pour moi je ne le connoissois pas : mais je suis venu batiser dans l'eau , afin qu'il soit connu dans Israël.
3^. Et Jean rendit alors ce témoignage , en disant: J'ai vu le .9<^zVz/-Esprit descendre du ciel comme une colombe, et demeurer sur lui.
33. Pour moi je ne le connoissois pas ; mais celui qui m'a envoyé batiser dans l'eau , m'a dit: Celui sur qui vous verrez descendre et de- meurer le vSâ/Vz/ - Esprit , est celui qui batise dans le Saint-Esprit.
34. Je l'ai vu, et j'ai rendu témoignage qu'il est le Fils de Dieu.
s. J E AN. i3
§. I V. Deux disciples de S. Jean vont trouver Jésus. André lui amené Pierre.
35. Le lendemain Jean et oit encore là , avec deux de ses disciples.
36. Et jettant la vue sur Jésus qui marchoit, il dit : Voilà l'Agneau de Dieu.
37. Ces deux disciples Tajant entendu parler .ainsi , suivirent Jésus.
38. Jésus se retourna, et voyant qu'ils le sui- voient , il leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Rabbi ( c'est-à-dire. Maître) où demeurez-vous ?
39. Il leur dit : Venez , et vovez. Ils vinrent, et virent où il demeuroit , et ils demeurèrent chez lui ce jour-là. Il étoit alors environ la di- xième heure dn jour.
40. André, frère de Simon-Pierre , étoit l'un des deux qui avoient entendu dire ceci à Jean , et qui avoient suivi Jésus.
41. Et ayant trouvé le premier son frère Simon , il lui dit : Nous avons trouvé le Messie , c'est-à-dire, le Christ.
42. Il l'amena à Jésus. Jésus l'ayant regardé, lui dit : Vous êtes Simon , fils de Jean: vous serez appelé Céphas, c'est-à-dire, Pierre.
§. V. Philippe et Natkanael.
43. Le lendemain Jésus voulant s'en aller en
14 EVANGILE
Galilée , trouva Philippe, et il lui dit: Suivez- moi.
44. Philippe étoit de la ville de Bethsaïde , d'où étoient aussi André et Pierre.
45. Et Philippe ayant trouvé Nathanael , lui dit : Nous avons trouvé celui de cpii Moïse a écrit dans la loi , et que les prophètes on i pré- dit, savoir , Jésus de Nazareth , fils de Joseph.
46. Nathanael lui dit : Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? Philippe lui dit : Venez , et voyez.
47. Jésus voyant Nathanael qui le venoît trouver, dit de lui : Voici un vrai Israélite sans déguisement el sans artifice.
48. Nathanael lui dit : D'où me connoîssez- vous ? Jésus lui répondit : Avant que Philippe vous eût appelé, je vous ai vu lorsque vous étiez sous le figuier.
49. Nathanael lui dit : Maître, vous êtes le Fils de Dieu , vous êtes le Roi d'Israël.
50. Jésus lui répondit : Vous croyez , parce que je vous ai dit que je vous ai vu sous le figuier : vous verrez de bien plus grandes choses.
5 1. Et il ajouta: En vérité, en vérité je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert, et les Anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l'homme.
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s. JEAN. i5
CHAPITRE IL
§. I. Noces de Cana.
1. Trois jours après il se fit des noces à Cana en Galilée ; et la mère de Jésus y étoit.
2,. Jésus fut aussi convié aux noces, avec ses disciples.
3. Et le vin venant à manquer, la mère de Jésus lui dit : Ils n'ont point de vin.
4. Jésus lui répondit : Femme, qu'y a-t-il de commun entre vous et moi? Mon heure n'est pas encore venue.
6. Sa mère dit à ceux c[ui servoient : Faites tout ce qu'il vous dira.
6. Or , il y avoit là six grandes lirnes de pierre, pour servir aux purifications qui étoient en usage parmi les Juifs , dont chacune tenoit deux ou trois mesures.'
7. Jésus leur dit; Emplissez les urnes d'eau. Et ils les emplirent jusqu'au haut.
8. Alors il leur dit : Puisez maintenant, et portez-en au maître-d'hôtel ; et ils lui en por- tèrent.
9. Le maître-d'hôtel ayant goûté de cette eau qui avoit été changée en vin, et ne sachant d'où venoit ce vin, quoique les serviteurs qui avoient puisé l'eau le sussent bien, il appela l'époux,
i6 EVANGILE
10. Et lui dit : Tout homme sert d'abord le bon vin, et après qu'on a beaucoup bu, il en sert alors de moindre; mais pour vous, vous avez réservé jusqu'à cette heure le bon vin.
11. Ce fut là le premier des miracles de Jésus, qui fut fait à Cana en Galilée; et parlàW fit connoître sa gloire , et ses disciples crurent en lui.
§. H. Vendeurs chassés. Corps de Jésus-Christ temple. Jésus ne se fie pas ci tous ceux qui croyent.
12. Après cela il arriva à Capharnaiim, avec sa mère, ses frères et ses disciples ; mais ils y demeurèrent peu de jours.
i3. CarlaPâquedes Juifsétant proche, Jésus s'en alla à Jérusalem.
14. Et ayant trouvé dans le temple des gens qui vendoient des bœufs, des moutons et des colcniibes, comme aussi des changeurs, qui éloient assis à leurs bureaux.
i5. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du temple avec les moutons et les bœufs ; et il jeta par terre l'argent des chan- geurs , et renversa leurs bureaux.
16. Et il dit à ceux c|ui vendoient des colom- bes : Otez tout cela d'ici , et ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic.
17-
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s. J E A N. 17
17. Alors ses disciples se souvinrent qu'il esC écrit : Le zèle de votre maison me dévore.
18. Les Juifs lui dirent : Par quel miracle nous montrez-vous que voys avez droit de faire de telles choses.
19. Je'sus leur répondit: Détruisez ce temple, et je le rétablirai en trois jours.
2.0. Les Juifs lui répartirent : ce temple a été quarante-six ans à bâtir , et vous le rétablirez en trois jours?
21. Mais il enteiidoit parler du temple de son corps.
2.2. Après donc qu'il fut ressuscité d'entre les morts , ses disciples se ressouvinrent qu'il leur avoit dit cela , et ils crurent à l'Ecriture et à la parole que Jésus avoit dite.
2.3. Pendant qu'il étoit dans Jérusalem, à la fête de Pâques , plusieurs crurent en son nom, voyant les miracles cju'il faisoit.
24. Mais Jésus ne se fioit point à eux , parce qu'il les connoissoit tous,
26. Et qu'il n' avoit pas besoin que personne lui rendît témoignage d'aucun homme ; car il connoissoit par lui-même ce qu'il y avoit dans l'homme.
iO. B
i8 EVANGILE
CHAPITRE II L
§. I. Nicodème. Renaître par le Saint-Esprit, L* Esprit soufj.j oîi il veut.
I. Or , il y avoit un liomme d'entre les phari- siens, nommé Nicodème, sénateur des Juifs,
2,. Qui vint la nuit trouver Jésus, et lui dit : Maître , nous savons que vous êtes venu de la part de Dieu pour nous instruire comme un docteur; car personne ne sauroit faire les mi- racles que vous faites, si Dieu n'est avec lui.
3. Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je vous dis que personne ne peut voir le royau- me de Dieu , s'il ne naît de nouveau.
4. Nicodème lui dit : Comment peut naître un homme qui est déjà vieux? Peut-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère , pour naître encore ?
5. Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je vous dis que si un homme ne renaît de l'eau et de l'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.
6. Ce qui est né de la chair est chair : et ce qui est né de l'Esprit est Esprit.
7. Ne vous étonnez pas de ce que je vous ai dit , qu'il faut que vous naissiez encore une fois.
3' L'Esprit souffle où il veut; et vous enten-
s. J E A N. î9
dez bien sa voix , mais vous ne savez d'où il vient , ni où il va : il en est de même de tout homme qui est né de l'Esprit.
9. Nicodème lui rebondit : Comment cela se peut-il faire ?
10. Jésus lui dit : Quoi ! vous êtes maître en Israël , et vous ignorez ces choses?
§ 1 1. Jésus seul est monté au ciel. Serpent , figure de Jésus. Le fils de Dieu envoyé pour sauver le monde. Q^uifait mal hait la lumière»
11. En vérité, en vérité, je vous déclare que nous disons ce que noiis savons , et que nous rendons témoignage de ce que nous avons vu ; et cependant vous ne recevez point notre té- moignage.
12,. Mais si vous ne me croyez pas lorsque je vous parle des choses de la terre , comment me croirez -vous quand je vous parlerai des choses du ciel ?
i3. Aussi personne n'est monté au ciel , que celui qui est descendu du ciel ; savoir y le Fils de l'homme qui est dans le ciel.
14. Et comme Moïse éleva dans le désert le serpent d'airain , il faut de même que le Fils de l'homme soit élevé en haut.
i5. Afin que tout homme qui croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.
16. Car Dieu a tellement aimé le monde ,
ao EVANGILE
qu'il a donné son Fils unique , afin que tout homme qui croit en lui ne périsse point , mais qu'il ait la vie éternelle.
17. Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde; mais afin que le monde soit sauvé par lui.
18. Celui qui croit en lui n'est pas condamné; mais celui qui ne croit pas est déjà condamné, parce qu'il ne croit pas au nom du Fils unique de Dieu.
19. Et le sujet de cette condamnation est, que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière ; parce que leurs œuvres étoient mauvaises.
20. Car quiconque fait le mal , liait la lu- mière, et ne s'approche point de la lumière ; de peur que ses œuvres ne soient condamnées.
2,1. Mais celui qui fait ce que la vérité//// -prescrit y s'approche de la lumière, afin cjue ses œuvres soient découvertes ; parce qu'elles pnt été faites en Dieu.
§. III. Jean ami de V Epoux _, désire que Jésus croisse. Esprit donné au Fils sans mesure.
22, Après cela Jésus étant venu en Judée , suivi de ses disciples, il y demeuroit avec eux, et y batisoit.
^3. Jean batisoit aussi à Ennon, près de
s. J E A N. 2r
Sali m , parce qu'il y avoit là beaucoup d'eau ; et plusieurs y venoient , et y étoient bati- sés.
24. Car alors Jean ti'avoit pas encore été mis en prison.
25. Il s'excita donc une dispute entre les disciples de Jean et les Juifs , touchant le batême.
26. Et les premiers étant venus trouver Jean , lui dirent : Maître, celui qui étoit avec vous au-delà du Jourdain, auquel vous avez rendu témoignage , batise maintenant, et tous vont à lui.
2,7. Jean leur répondit : l'homme ne peut rien recevoir, s'il ne lui a été donné du ciel.
28. Vous me rendez vous-mêmes témoignage, que j'ai dit que je ne suis point le Christ, mais que j'ai été envoyé devant lui.
29. L'époux est celui k qui est l'é'pouse ; mais l'ami de l'époux , qui se tient auprès de lui et qui l'écoute , est ravi de joie à cause qiû il entend la voix de l'époux. Je me vois donc maintenant dans l'accomplissement de cette joie.
30. Il faut qu'il croisse et que je diminue.
3i. Celui qui est venu d'en haut, est au- dessus de tous. Celui qui tire son origine de la terre , est de la terre , et ses paroles tiennent de la terre. Celui qui est venu du ciel est au- dessus de tous;,
3^. Et il rend témoignage de ce qu'il a vir.
ââ EVANGILE
et de ce qu*il a entendu ; et personne ne reçoit
son témoignage.
33. Celui qui a reçu son témoignage , a at- testé que Dieu est véritable.
34. Car celui que Dieu a envoyé ne dît que des paroles de Dieu ; parce que Dieu ne lui donne pas son Esprit par mesure.
35. Le Père aime le Fils , et il lui a mis toutes choses entre les mains.
36. Celui qui croit au Fils , a la vie éternelle : celui qui ne croit pas au Fils , ne verra point Ja vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui.
CHAPITRE IV.
§. I. Samaritaine. Eau rejaillissante au cieL Adorateurs en esprit et en vérité,
I. J Ésus ayant donc su que les pharisiens avoient appris qu'il faisoit plus de disciples, et batisoit plus de personnes que Jean;
2. ( Quoique Jésus ne batisat pas lui-même, mais ses disciples )
3. Il quitta la Judée , et s'en alla de nouveau en Galilée;
4. Et comme il falloit qu'il passât par la Sa- maric,
ô. Il vint en une ville de Samarie, nommée Sichar , près de l'héritage que Jacob donna k son fils Joseph,
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s. J E A N. £^
6. Or, il y avoit là un puits quon appelait la
fontaine de Jacob. Et Jésus étant fatigué du
chemin , s'assit sur le bord de cette fontaine.
Il étoit environ la sixième heure du jour.
y. Il vint alors une femme de Samarie pour
tirer de l'eau. Jésus lui dit : Donnez - moi à
boire;
8. Car ses disciples étoient allés à la ville , pour acheter à manger.
9. Mais cette femme Samaritaine lui dit : Comment, vous qui êtes Juif, me demandez- vous à boire, à moi qui suis Samaritaine; car les Juifs n'ont point de commerce avec les Sa- maritains?
10. Jésus lui répondit : Si vous connoissiezle don de Dieu , et qui est celui qui vous dit : Donnez-moi à boire, vous lui en auriez peut- être demandé vous - même , et il vous auroit donné de l'eau vive.
11. Cette femme lui dît : Seigneur , vous n'avez point de quoi en puiser, et le puits est profond : d'où auriez-vous donc de l'eau vive?
12.. Etes- vous plus grand que notre père Jacob , qui nous a donné ce puits, et en a bu lui-même, aussi bien que ses enfans et ses troupeaux ?
i3. Jésus lui répondit : Quiconque boit de ' cette eau aura encore soif : au lieu que celui qui boira de l'eau que je lui donnerai , n'aura jamais soif:
24 EVANGILE
14. Mais l'ean que je lui donnerai , deviendra en lui une fontaine d'eau qui réjaillira jusques dans la vie éternelle.
i5. Cette femme lui dit : Seigneur, donnez- moi de cette eau . afin que je n'aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour en tirer.
16. Jésus lui dit : Allez, appelez votre mari, et venez ici.
17. Cette femme lui répondit: Je n'ai point de mari. Jésus lui dit : Vous avez raison de dire que vous n'avez point de mari;
18. Car vous avez eu cinq maris, et mainte- nant celui que vous avez, n'est pas votre mari: vous avez dit vrai en cela.
19. Cette femme lui dit: Seigneur, je vois bien que vous êtes un Prophète.
2.0. Nos pères ont adoré sur cette montagne: et vous autres , vous dites que c'est dans Jéru- salem qu'est le lieu où il faut adorer.
21. Jésus lui dit : Femme, croyez-moi, le temps va venir que vous n'adorerez plus le Père, ni sur cette montagne, ni dans Jérusalem.
2,2, Vous adorez ce que vous ne connoissez point: pour nous, nous adorons ce que nous connoissons ; car le salut vient des Juifs.
28. Mais le temps vient, et il est déjà venu , cpe les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité : car ce sont-là les adora- teurs que le Père cherche.
24. Dieu est Esprit, et il faut que ceux- qui
s. J E A N. 25
l'aclorent , l'adorent en esprit et en ve'rité.
^5. Cette femme lui répondit : Je sais que le Messie ( c'est-k-dire le Christ ) doit venir: lors donc qu'il sera venu , il nous annoncera toutes choses.
^6. Je'sus lui dit : C'est moi-même qui vous parle.
§. I T. Volonté de Dieu ^ nourriture de Vame, Prophètes sèment ; apôtres recueillent. Foi des Samaritains.
27. En même temps ses disciples arrivèrent, et ils s'étonnoient de ce qu'il parloit avec une femme. Néanmoins nul ne lui dit : Que lui de- mandez-vous ; ou , d'où vient que vous vous entretenez avec elle ?
^8. Cette femme, cependant , laissant-lk sa cruche , s'en retourna à la ville, et commença à dire à tout le monde:
29. Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai jamais fait. Ne seroit-ce point le Christ ?
30. Ils sortirent donc de la ville pour le ve- nir trouver.
3i. Cependant ses disciples le prioient de prendre (jueUjue chose i en lui disant: Maître, mandez.
82. Et il leur dit : J'ai une viande à manger, que vous ne connoissez pas.
i6 *E V A N G I L E
33. Les disciples se disoient donc l'un à l'aiT- tre: Quelqu'un lui auroit-il apporté k manger?
34. Jésus leur dit: Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé, et d'accom- plir son oeuvre.
35. Ne dites-vous pas vous-même que dans quatre mois la moisson viendra? Mais mol , je vous dis : Levez vos yeux , et considérez les campagnes qui sont déjà blanches et prêtes à moissonner;
36. Et celui qui moissonne reçoit la récom- pense, et amasse les fruits pour la vie éternelle, afin que celui cjui sème soit dans la joie, aussi bien que celui qui moissonne ;
37. Car ce que l'on dit d'ordinaire est vrai en cette rencontre : Que l'un sème, et l'autre mois- sonne. ^
38. Je vous ai envoyés moissonner ce qui n'est pas venu par votre travail : d'autres ont tra- vaillé, et vous êtes entrés dans leurs travaux.
39. Or, il y eut beaucoup de Samaritains de cette ville-là, qui crurent en lui , sur le rap- port de cette femme . qui les assuroit -.Qu'il lui avoit dit tout ce qu'elle avoit jamais fait.
40. Les Samaritains étant donc venus le trou- ver, le prièrent de demeurer chez eux, et il y demeura deux jours.
41. Et il y en eut beaucoup davantage qui crurent en lui, pour l'avoir entendu parler.
42. De sorte qu'ils disoient à cette femme:
s. J E A N. 27
Ce n'est plus sur ce que vous nous en avez dit, que nous croyons en. lui ) car nous l'avons oui nous-mêmes, et nous savons qu'il est vraiment le Sauveur du monde,
§. 1 1 1. Fih d*un officier giiirî.
43. Deux jours après il sortit de ce lieu, et s'en alla en Galilée ;
44. Car Jésus témoigna lui-même , qu'un Pro- phète n'est point honoré en son pays.
45. Etant donc revenu en Galilée , les Gali- léens le reçurent avec foie , ayant vu tout ce qu'il avoit fait à Jérusalem au jour de la fête, à laquelle ils avoient été aussi.
46. Jésus vint donc de nouveau à Cana en Galilée, où il avoit chantée l'eau en vin. Or, il y avoit un officier dont le fils étoit malade à Capharnaùm ;
47. Lequel , ayant appris que Jésus venoît de Judée en Galilée , l'alla trouver , et le pria de vouloir venir chez lui, pour guérir son fils qui s'en alloit mourir.
48. Jésus lui dit : Si vous ne vovez des mira- cles et des prodiges, vous ne croyez point.
49. Cet officier lui dit : Seigneur , venez avant que mon fils meure.
50. Jésus lui dit : Allez, votre fils se porte bien. Il crut k la parole que Jésus lui avoit dite, et s'en alla.
i8 EVANGILE
5i. Et comme il ëtoit en chemin, ses servi- teurs vinrent au-devant de lui ^ et lui dirent : Votre fils se porte bien.
02. Et s'etant enquis de l'heure qu'il s'était trouvé mieux , ils lui répondirent : Hier , k la septième heure du jour , la fièvre le quitta.
53. Le père reconnut que c'étoit à cette heure-là que Jésus lui avoit dit : Votre fils se porte bien, et il crut, lui et toute sa famille.
64. Ce fut-là le second miracle que Jésus fit, étant revenu de Judée en Galilée.
CHAPITRE V. §.1. Piscine. Malade de trente-huit ans.
I. Après cela , la fête des Juifs étant arrivée , Jésus s'en alla à Jérusalem.
:2. Or, il y avoit à Jérusalem une piscine des brebis , qui s'appelle en hébreu Bethsaïda , qui avoit cinq galeries.
3. Dans lesquelles étoient couchés un grand nombre de malades, d'aveugles, de boiteux et de ceux qui avoient les membres desséchés , qui tous attendoient que l'eau fût remuée.
4. "Car l'Ange du Seigneur , en un certain temps , descendoit dans cette piscine , et en remuoit l'eau: et celui qui y entroit le premier après que l'eau avoit été ainsi remuée, étoit guéri j Cjuelque maladie qu'il eût.
. l/a/ac)c ch' /a il^/JC^nc ///^w
s. J E A N. ^9
5. Or, il y avoit là un homme qui étoit ma- lade depuis trente-huit ans.
6. Jésus l'avant vu couché, et connoissant qu'il étoit malade depuis fort long-temps, lui dit : Voulez-vous être guéri ?
y. Le malade lui répondit : Seigneur, je n'ai personne pour me jeter dans la piscine après que l'eau a été troublée : et pendant le temps que je mets ky aller, un autre j descend avant moi.
8. Jésus lui dit -.Levez-vous, emportez votre lit , et marchez ;
9. Et cet homme fut guéri à l'instant ; et pre- nant son Ut, il commença à marcher. Or, ce jour-là étoit un jour de sabbat.
10. Les Juifs dirent donc à celui qui avoit été guéri : C'est aujourd'hui le sabbat , il ne vous est pas permis d'emporter votre lit.
1 1. Il leur répondit : Celui qui m'a guéri m*a dit : Emportez votre lit , et marchez.
12. Ils lui demandèrent : Qui est donc cet homme-là qui vous a dit : Emportez votre lit, et marchez ?
i3. Mais celui qui avoit été guéri , ne savoit pas lui-même qui il étoit : car Jésus s'étoit re- tiré de la foule du peuple qui étoit là,
14. Depuis, Jésus trouva cet homme dans le temple , et il lui dit: Vous voyez que vous êtes guéri, ne péchez plus à l'avenir , de peur cpi'il ue vous arrive quelque chose de pire,
So EVANGILE
i5. Cet homme s'en alla trouver les Juifs, et leur dit que c'étoit Jésus qui Tavoit guéri.
i6. Et c'est pour cette raison que les Juifs persécutoicnt Jésus , parce qu'il faisoit ces choses le jour du sabbat.
§. 1 1. Sermon de Jésus-Christ aux Juifs. Le Fils fait tout ce que fait le Père ; est juge ; ressuscite.
17. Alors Jésus leur dit : Mon Vhrene cesse point d'agir jusqu'à présent , et j'agis aussi z/z- cessammerit.
18. Mais les Juifs cherchoicnt encore avec plus d'ardeur à le faire mourir, parce que non seulement il ne gardoit pas le sabbat , mais qu'il disoit même que Dieu et oit son Père, se fai- sant ainsi égal à Dieu. Jésus ajoutadonc, et leur dit :
19. En vérité, en vérité, je vous dis que le Fils ne peut rien faire de lui-même , et qu'il ne fait que ce qu'il voit faire au Père: car tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait comme lui,
20. Parce que le Père aime le Fils, et lui mon- tre tout ce qu'il fait ; et il lui montrera des œu- vres encore plus grandes que celles-ci , ensorte que vous en serez vous - mêmes remplis d'admi- ration.
2,1 . Car j comme le Père ressuscite les morts.
s. J E A N. 3£
et leur rend la vie, ainsi le Fils donne la vie à qui il lui plaît,
2,2, Le Père ne juge personne, mais il adonné tout pouvoir de juger au Fils ,
23. Afin que tous honorent le Fils , comme ils honorent le Père. Celui qui n'honore point le Fils n'honore point le Père, qui l'a envoyé.
24. En vérité, en vérité, je vous dis que ce- lui qui entend ma parole, et qui croit à celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle, et il ne tombe point dans la condamnation , mais il QSt déjà passé de la mort à la vie.
20. En vérité, en vérité, je vous dis que l'heure vient, et qu'elle est déjà venue , que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et que ceux qui l'entendront, vivront.
26. Car , comme le Père a la vie en lui-même , il a aussi donné au Fils d'avoir la vie en lui- même ;
27. Et il lui a donné le pouvoir de juger , parce qu'il est Fils de l'homme.
28. Ne vous étonnez pas de ceci ; car le temps vient auquel tous ceux qui sont dans les sépul- cres entendront la voix du Fils de Dieu ;
29. Et ceux qui auront fait de bonnes œuvres sortiront des tombeaux pour ressusciter à la vie : mais ceux qui en auront fait de mauvaises , en sortiront pour ressusciter àleur condamna^ tion.
32 EVANGILE
§. III. Jésus ne fait rien de soi-même. Jean lampe ardente et luisante. Témoignage des œuvres.
3o. Je ne puis rien faire de moi-même. Je juge selon ce que j'entends , et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma vo- lonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé.
3i. Si je rends témoignage de moi , mon té- moignage n'est pas véritable. ,
82. Il y en a un autre qui rend témoignage de moi , et je sais que le témoignage qu'il en rend est véritable.
33. Vous avez envoyé à Jean, et il a rendu témoignage à la vérité.
34. Pour moi, ce n'est pas d'un homme que je recois le témoignage ; mais je dis ceci afin que vous soyez sauvés:
35. Jean étoit une lampe ardente et luisante: et vous avez voulu vous réjouir pour un peu de temps k la lueur de sa lumière.
36. Mais pour moi j'ai un témoignage plus grand que celui de Jean , car les œuvres que mon Père m'a donné pouvoir de faire, les q^vl- MYes , dis-je , que je fais, rendent témoignage pour moi, que c'est monPère qui m'a envoyé;
37. Et mon Père qui m'a envoyé a rendu lui- même témoignage de moi. Vous n'avez jamais ouï sa voix, ni rien vu qui le représentât;
38.
s. J E A N. 33
S8. Et sa parole ne demeure point en vous, parce que vous ne croyez point à celui qu'il a envoyé.
§. 1 V. Ecriture. Amour de la gloire empêche la foi. Moïse condamne les Juifs,
39. Lisez avec soin les Ecritures, puisque vous croyez y trouver la vie éternelle ; et ce sont elles qui rendent témoignage de moi:
40. Mais vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie.
41. Je ne tire point ma gloire des hommes.
42. Mais je vous connois : je sais que vous n'avez point en vous l'amour de Dieu.
48. Je suis venu au nom de mon Père , et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom , vous le recevrez.
44. Comment pouvez-vous croire , vous qui recherchez la gloire que vous vous donnez les uns aux autres, et qui ne recherchez point la gloire qui vient de Dieu seul?
45. Ne pensez pas que ce soit moi qui vous accusera devant le Père: vous avez un accusa- teur, qui est Moïse, auquel vous espérez.
46. Car si vous croyiez Moïse , vous me croi- riez aussi ; parce que c'est de moi qu'il a écrit.
47. Que si vous ne croyez pas ce qu'il a écrit, comment croirez-vous ce que je vous dis?
IQr
:S4 EVANGILE
CHAPITRE VI.
§. I. Miracle des cinq pains. Jésus fuit pour n être point Roi.
I. Jésus s'en alla ensuite au-delà de la mer de Galih'e, qui est le lac de Tibériade.
2,. Et une grande foule de peuple le su i voit , parce qu'ils voy oient les miracles qu'il faisoit sur les malades.
3. Jésus monta donc sur une montagne , et s'y assit avec ses disciples.
4. Or, le jour de Pâques, qui est la ^/-«/z^e fête des Juifs, etoit proche.
5. Jésus ayant donc levé les yeux, et voyant qu'une grande foule de peuple venoit à lui, dit à Philippe : D'où achèterons -nous des pains pour donner à manger à tout ce monde ?
6. Mais il clisoit ceci pour le tenter, car il savoit bien ce qu'il devoit faire,
7. Philippe lui répondit : Quand on auroit pour deux cens deniers de pain, cela ne suffiroit pas pour en donner à chacun tant soit peu.
8. Un de ses disciples , qui étoit André, frère de Simon-Pierre, lui dit :
9. Il y a ici un petit garçon qui a cinq pains <l'orge et deux poissons ; mais qu'est-ce que cela pour tant de gens ?
10. Jésus leur dit : Faites-les asseoir. Or, il
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s. J E A N. 35
y avoit beaucoup d'herbe dans ce lieu -là, et environ cinq mille hommes s'y assirent.
11. Jésus prit donc les pains, et ayant rendu grâces, il les distribua à ceux qui ctoient assis , et il leur donna de même des deux poissons autant qu'ils en voiiloîent.
12. Après qu'ils furent rassasiés ,"51 dit à ses disciples: Amassez les morceaux qui sont res- tés, afin que rien ne se perde.
i3. Ils les ramassèrent donc , et emplirent douze paniers des morceaux des cinq pains d'orge , qui étoient restés après que tous en eurent mangé.
14. Et ces personnes ayant vu le miracle qu'avoit fait Jésus , disoient : C'est -là vraiment le Prophète qui doit venir dans le monde.
i5. Mais Jésus sachant qu'ils dévoient venir l'enlever pour le faire roi , s'enfuit encore sur la montagne lui seul.
§. IL Jésus marchant sur la mer. Le peuple le suit.
16. Lorsque le soir fut venu, ses disciples descendirent au bord de la mer;
17. Et montèrent sur une barque pour passer au-delà de la mer , vers Capharnaiim. Il étoit déjà nuit, que Jésus n'étoit pas encore venu à eux.
j8. Cependant la mer commencoit à s'enfler, à cause d'un grand vent qui souffloit.
36 EVANGILE
19. Et quand ils eurent fait environ vingt* cinqoutrente stades, ils virent Jésus qui mar* choit sur la mer , et qui étoit proche de leur barque ; ce qui les remplit de frayeur.
20. Mais il leur dit : C'est moi, ne craignez point.
£1. Ils voulurent donc le prendre dans leur barque , et la barque se trouva aussi-tôt au lieu où ils alloient.
2S. Le lendemain le peuple qui ëtoit demeuré de l'autre côté de la mer , ayant vu qu'il n'y avoit point eu là d'autre barque, et que Jésus n'y étoit point entréavec ses disciples, mais que les disciples seuls s'en étoient allés;
2,3., Comme il étoit, depuis, arrivé d'autres barques de Tibériade, près le lieu où le Sei- gneur, après avoir rendu grâces, les avoit nourris de cinq pains,
2,4. Et qu'ils connurent , enfin , que Jésus n'étoit point là, non plus que ses disciples , ils entrèrent dans ces barques, et allèrent à Ca- pharnaùm chercher Jésus.
§. 1 1 L Nourriture qui ne périt point. Kraipain du ciel. Jésus ne fait point sa volonté; sauve tous ceux que son Père lui a donnés.
a5. Et l'ayant trouvé au ■ delà de la mer , ils .lui dirent: Maître, quand êtes-vous venu ici ? a6. Jésus leur répondit: En vérité, en vérité
s. J E A N. 37
je vous le dis, vous me cherchez, non à cause des miracles que vous avez vus , mais parce que je vous ai donné du pain à manger , et que vous avez été rassasiés.
27. Travaillez pour avoir , non la nourriture qui périt, mais celle qui demeure pour la vie éternelle, et que le Fils de l'homme vous don- nera ; parce que c'est en lui que Dieu le Pèi^e a imprimé son sceau et son caractère.
2.8. Ils lui dirent : Que ferons- nous pour faire des œuvres de Dieu?
2.9. Jésus leur répondit : L'œuvre de Dieu est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé.
3o. Ils lui dirent : Quel miracle donc faites- vous , afin que le voyant nous vous croyions ? Que faites-vous d^ extraordinaire P
3i. Nos pères ont mangé la manne dans le dé- sert , selon ce qui est écrit : Il leur a donné- à manger le pain du cieL
32. Jésus leur répondit: En vérité, en vérité je vous le dis. Moïse ne vous a point donné le pain du ciel ; mais c'est mon Père qui vous donne le véritable pain du ciel.
33. Car le pain de Dieu est celui qui est des- cendu du ciel , et qui donne la vie au monde.
34. Ils lui dirent donc : Sei^gneur, donnez- nous toujours ce pain.
35. Jésus leur répondit : Je suis le pain de vie: celui qui vient àmoi n'aura point de faim; et celui qui croit en moi n'au4'a jamais soif
Q
08 EVANGILE
36. Mais je vous l'ai déjà dit, vous m'avez vu, et vous ne croyez point.
87. Tous ceux que mon Père me donne, vien- dront à moi ; et je ne jetterai point dehors celui qui vient à moi.
38. Car je suis descendu du ciel , non pour faire ma volonté, mais pour faire lavolontéde celui qui m'a envoyé,
2g. Or la volonté de mon Père, qui m'a en- voyé, est que je ne perde aucun de tous ceux qu'il m'a donnés ; mais que je les ressuscite tous au dernier jour.
40. La volonté de mon Père , qui m'a envoyé , est que quiconque voit le Fils, et croit en lui, .ait la vie éternelle , et je le ressusciterai au der^ nier jour.
§. IV. Murmure des Juifs. Qui a appris du Père y vient au Fils. Pain vivant ^ chair de Jésus.
41. Les Juifs se mirent donc à murmurer contre lui de ce qu'il avoitdit: Je suis le pain vivant qui suis descendu du ciel.
^2. Et ils disoient : N'est-ce pas là Jésus , fils de Joseph , dont nous connoissons le père et la mère : Comment donc dit-il qu'il est descendu du ciel ?
43. Mais Jésus leur répondit: Ne murmurez point entre vous.
s. J E A N. 39
44. Personne ne peut venir à moi , si mon Père, qui m'a envoyé, ne l'attire; et je le res- susciterai au dernier jour.
45. Il est écrit clans les Prophètes : Ils seront tous enseignés de Dieu. Tous ceux donc qui ont ouï la ^oix du Père, et ont été enseignés de lui y viennent à moi.
; 46. Ce n'est pas qu'aucun homme ait vu le Père , si ce n'est celui qui est né de Dieu ; car c'est celui-là qui a vu le Père.
47. En vérité, en vérité je vous le dis: Celui qui croit en moi a la vie éternelle.
48. Je suis le pain de vie.
49. Vos pères ont mangé la manne dans le désert , et ils sont morts.
50. Mais voici le pain qui est descendu du ei«l , afin que celui qui en mange ne meure point.
5i. Je suis le pain vivant, qui suis descendu du ciel.
02. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c'est ma chair que je dois donner ^o\xy la vie du monde.
§. V. On ne vit quen mangeant la chair de Jésus ; elle est vraiment viande ; donne l* im- mortalité.
53, Les Juifs disputoient entr'eux, en dîsanti
C^
40 EVANGILE
Comment celui-ci nous peut-il donner sa chair
à manger?
54. Et Jésus leur dit : En vérité , en vérité je vous le dis : Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme , et ne buvez son sang , vous n'aurez point la vie en vous.
55. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour;
66. Car ma chair est véritablement viande , et mon sang est véritablement breuvage,
67. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi , et je demeure en lui.
58. Comme mon Père, qui m'a envoyé, est vivant , et que je vis par mon Père ; de même celui qui me mange , vivra aussi par moi.
69. C'est ici le pain qui est descendu du ciel. Ce n'est pas comme la manne que vos pères ont ïnangée, et qui ne les a pas empêchés de mourir. Celui qui mange ce pain^ vivra éternellement.
§. VI. Scandale des disciples. Apôtres demeu- rent fermes ; l'un d'eux est un démon,
60. Ce fut en enseignant dans la synagogue de Capharnaiim que Jésus dit ces choses.
61. Plusieurs donc de ces disciples, qui l'a- voient ouï , dirent : Ces paroles sont bien dures , et qui peut les écouter ?
62.. Mais Jésus connoissant en lui-même quo
s. J E A N. 41
ces disciples murmuroient sur ce sujet, leur dit : Cela vous scandalise-t-il ?
63. Que sera-ce donc , si vous voyez le Fils de l'homme monter où il étoit auparavant?
64. C'est Tesprit qui vivifie; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous dis, sont es- prit et vie.
65. Mais il y en a quelques-uns d'entre vous qui ne croient pas. Car Jésus savoit dès le com- mencement qui étoient ceux qui ne croyoient point, et qui seroit celui qui le trahiroit.
66. Et il leur disoit : C'est pour cela que je vous ai dit que personne ne peut venir à moi, s'il ne lui est donné par mon Père.
67. Dès-lors plusieurs de ses disciples se re- tirèrent de sa suite, et n'alloient plus avec lui.
68. Et Jésus , sur cela, dit aux àQWzz apôtre s: Et vous, ne voulez-vous point aussi me quitter ?
69. Simon-Pierre lui répondit : A qui irions- nous, Seigneur ? Vous avez les paroles de la vie éternelle.
70. Nous croyons, et nous savons que vous êtes le Christ, le Fils de Dieu.
71. Jésus leur répondit : Ne vous ai-je pas choisi au nombre de douze : et néanmoins un devons est un démon ?
7^. Ce qu'il disoit de Judas Iscariote , j'f/i" de Simon , car c'étoit lui qui le devoit trahir , quoi- qu'il fût l'un des douze.
42 EVANGILE
CHAPITRE VIL
§. I. Parens de Jésus ambitieux. Le monde hait ceux qui le reprennent,
i.J-Jepuis cela Jésus ctemeuroit en Galilée, ne voulant pas demeurer en Judée, parce que les Juifs cherchoient aie faire mourir.
2. Mais la fête des Juifs , appelée des Taber- nacles, étant proche ,
3. Ses frères lui dirent: Quittez ce lieu ^ et vous en allez en Judée, afin que vos disciples vojent aussi les œuvres que vous faites.
4. Car personne n'agit en secret , lorsqu'il veut être connu dans le public : puisqvie vous faites ces choses, que ne vous faites-vous con- noître au monde ?
5. Car ses frères ne croyoient pas en lui,
6. Jésus leur dit donc : Mon temps n'est pas encore venu ; mais pour le vôtre, il est tou- jours prêt.
7. Le monde ne sauroit vous haïr : mais pour moi il me hait, parce que je rends témoignage contre lui , que ses œuvres sont mauvaises.
8. Allez , vous autres, à cette fête : pour moi je ne vais pas à celle-ci, parce que mon temps n'est pas encore accompli.
9. Ayant dit ces choses , il demeura en Galilée.
10. Mais lorsque ses frères furent partis, il
s. J E A N. 43
alla aussi lui-même à la Fête , non pas publique- ment, mais comme s'il eût voulu se cacher.
§. II. Jésus loué des uns y blâmé des autres , n* enseigne point sa propre doctrine et ne cherche point sa gloire,
II. Les Juifs, donc, le cherclioient pendant cette fête, et ils disoient : Où est-il ?
is. Et on faisoit plusieurs discours de lui en secret parmi le peuple; car les uns disoient : C'est un homme de bien ; les autres disoient: Non , mais il séduit le peuple;
i3. Personne néanmoins n'osoit parler de lui avec liberté , par la crainte qu'on avoit des Juifs.
1 4. Or , vers le milieu de la fête , Jésus monta au temple , où il se mit à enseigner.
i5. Et les Juifs en étant étonnés, disoient: Comment cet homme sait-il l'Ecriture, lui qui ne l'a point étudiée ?
16. Jésus leur répondit : Ma doctrine n'est pas ma doctrine, mais c'est la doctrine de celui qui m'a envoyé.
1 7. Si quelqu'un veut faire la volonté de Dieu, il reconnoîtra si ma doctrine est de lui , ou si je parle de moi-même.
18. Celui qui parle de son propre mouve- ment , cherche sa propre «loire ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l'a envoyé, est
44 EVANGILE
véritable , et il n'y a point en lui d'injustice.
19. Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi? Et néanmoins nul de vous n'accomplit la loi.
20. Pourquoi cherchez - vous k me faiix^ mou- rir? Le peuple lui répondit: Vous êtes possédé du démon. Qui est-ce qui cherche à vous faire mourir?
2,1. Jésus leur répondit : J'ai fait une seule action le jour du sabbat , et vous en êtes tous surpris.
22. Cependant Moïsevous ayant donné la loi de la circoncision , quoiqu'elle vienne des Pa- triarches, et non de Moïse, vous ne laissez pas de circoncire au jour du sabbat.
23. Si un homme peut recevoir la circonci- sion le jour du sabbat, sans que laloi de Moïse .soit violée; pourquoi vous mettez-vous en co- lère contre moi de ce que j'ai guéri un homme dans tout son corps au jour du sabbat?
24. Ne jugez pas selon l'apparence, mais ju- gez selon la justice.
20. Alors quelques gens de Jérusalem com- mencèrent à dire : N'est-ce pas là celui qu'ils cherchent pour le faire mourir.
2.6. Et néanmoins le voilà qui parle devant tout le monde, sans qu'ils lui disent rien. Est- ce que les sénateurs ont reconnu qu'il est véri- tablement le Christ?
'jq. Mais nous savons cependant d'où es.t
s. J E A N. 45
celui-ci ; au lieu que quand le Christ viendra , personne ne saura d'où il est.
28. Jésus , cependant , continuoit à les ins- truire, et crioit à haute voix dans le temple: Vous me connoissez, et vous savez d'où je suis : et je ne suis pas venu de moi-même ; mais celui c|ui m'a envoyé est véritable, et vous ne le con- noissez point.
29. Pour moi je le connois , parce que je suis }ié de lui , et qu'il m'a envoyé.
30. Ils cherchoient donc les moyens de le prendre : et néanmoins personne ne mit la main sur lui , parce que son heure n'étoit pas encore venue.
3i. Mais plusieurs du peuple crurent en lui , et disoient enlr'eux : Quand le Christ viendra , fera-t-il plus de miracles que n'en fait celui-ci ?
82. Les pharisiens entendirent ces discours que le peuple faisoit de lui , et les princes des prtires avec eux envoyèrent des archers pour le prendre.
33. Jésus leur dit: Je suis encore avec vous un peu de temps, et je vais ensuite vers celui qui m'a envoyé.
84. Vous me chercherez , et vous ne me trou- verez point : et vous ne pouvez venir où je serai.
35. Les Juifs dirent donc entr'eux: Cù est-ce qu'il s'en ira , que nous ne pourrons le trouver ? Ira-t-il vers les Gentils, qui sont dispersés par tout le monde, et iastruira-t-il les Gentils?
46 EVANGILE
36. Que si^nitie cette parole qu'il vient de dire : Vous me chercherez , et vous ne me trou- verez point, etvous ne pouvez venir où je serai.
§. III. Qui a soif vienne a Jésus. Fleuves d'eau vive. Juifs divisés sur le sujet de J ésus-Christ.
27. Le dernier jour de la fête, qui étoit le plus solemnel, Jésus se tenant debout disoit à haute voix: Si quelqu'un a soif, qu'il vienne k moi , et qu'il boive.
38. Si quelqu'un croit en moi , il sortira des fleuves d'eau vive de son cœur , comme dit l'Ecriture.
39. Ce qu'il entendoit de f Esprit que dévoient recevoir ceux qui croiroient en lui : car le Saiiit- Esprit n'avoitpas encore été donné, parce que Jésus n'étoit pas encore glorifié.
40. Cependant plusieurs d'entre le peuple écoutant ces paroles, disoient : Cet homme est assurément un prophète.
41. D'autres disoient: C'est le Christ. Et quel- ques autres disoient , an contraire : Mais le Christ viendra-t-il de Galilée?
42,, L'Ecriture ne dit-elle pas que le Christ ^iendra de la race de David, et de la petite ville de Bethléem , d'où étoit David?
48. Le peuple étoit ainsi divisé sur son sujet: 44. Et quelques-uns d'entr'eux avoient envie
s. J E A N. 47
cle le perdre ; mais néanmoins personne ne mit la main sur lui.
^, I V. Pharisiens plus violens que les archers , traitent de maudits ceux qui croient en Jésus. Nicodhme le défend.
45. Les archers retournèrent donc vers les princes des prêtres et les pharisiens, qui leur dirent : Pourquoi ne l'avez -vous pas amené?
46. Les archers leur répondirent : Jamais homme n'a parié comme cet homme-là.
47. Les pharisiens leur répliquèrent: Etes- vous donc aussi vous-mêmes séduits?
48. Y a-t-il c[uelqu'un des sénateurs ou des pharisiens qui ait cru en lui ?
49. Car pour cette populace qui ne sait ce que c'est que la Loi , ce sont des gens maudits de Dieu.
50. Sur cela Nicodème, l'un d'entr'eux,etle même qui étoit venu trouver Jésus la nuit, leur dit :
5i. Notre loi permet -elle de condamner per- sonne sans l'avoir ouïe auparavant , et sans s'être informé de ses actions ?
62,, Ils lui répondirent : Est -ce que vous êtes aussi Galiléen? Lisez avec soin les Ecritures, et apprenez qu'il n'est jamais sorti de prophète de Galilée.
53. Et chacun s'en alla en sa maison.
48 EVANGILE
CHAPITRE VII L
§. L Femme adultère.
1. Pour Jésus, il s'en alla sur la montagne des Oliviers.
s. Mais dès la pointe du jour, il retourna au temple, où tout le peuple s'amassa autour de lui , ets'étant assis il commença à les instruire.
3. Alors les scribes et les pharisiens lui ame- nèrent une femme qui avoit été surprise en adultère : et la faisant tenir debout au milieu du temple i
4. Ils lui dirent: Maître, cette femme vient d'être surprise en adultère.
5. Or Moïse nous a ordonné, dans la loi, de lapider les adultères : quel est donc sur cela votre sentiment ?
6. Ils disoient ceci en le tentant, afin d'avoir de quoi l'accuser. Mais Jésus se baissant, écri- voit avec son doigt sur la terre.
7. Comme donc ils continuoient à l'interro- ger , il se releva et leur dit: Que celui d'entre vous, qui est sans péché, lui jette le premier la pierre.
8. Puisse baissant de nouveau, il continua d'écrire sur la terre.
> 9. L'ayant entendu parler de la sorte, ils se
retirèrent l'un après l'autre , les vieillards
sortant
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s, J E A N. 49
sortant les premiers ; et ainsi Jésus demeura seul avec la femme, qui étoit au milieu de la place.
10. Alors Jésus se relevant, lui dit: Femme, où sont vos accusateurs? Personne ne vous a- t-il condamnée ?
1 1. Elle lui dit : Non , Seigneur. Jésus lui ré- pondit : Je ne vous condamnerai pas non plus. Allez-vous-en, et ne péchez plus à l'avenir.
§. 1 1. Jé:>us lumière du monde. Son Père lui rend témoignage. Impenitence des Juifs.
12,. Jésus parlant de nouveau au peuple, leur dit : Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit , ne marche point dans les ténèbres , mais il aura la lumière de la vie.
i3. Les pharisiens lui dirent donc: Vous vous rendez témoignage à vous-même, e/â//z«yz votre témoignage n'est point véritable.
14. Jésus leur répondit: Quoique je me rende témoignage k moi-même , mon témoignage est véritable, parce que je sais d'où je viens, et où je vais; mais pour vous, vous ne savez d'où je viens , ni où je vais.
i5. Vous jugez selon la chair, mais pour moi je ne juge personne.
16. Et si je juge, mon jugement est véritable, parce que je ne suis pas seul , mais moi, et moa. Père qui m'a enyojé,
10. D
5o EVANGILE
17. Il est écrit dans votre loi , que le témoi- gnage de deux personnes est véritable.
18. Or , je rends témoignage à moi-même ; et mon Père, qui m'a envoyé, me rend aussi témoignage.
19. Ils lui disoient donc : Où est -il votre Père ? Jésus leur répondit : Vous ne connoissez ni moi, ni mon Père: si vous me connoissiez , vous connoîtriez aussi mon Père.
20. Jésus dit ces choses enseignant dans le temple, au lieu où étoit le trésor, et personne ne se saisit de lui', parce que son heure n'étoit pas encore venue.
21. Jésus leur dit encore : Je m'en vais, et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Vous ne sauriez venir où je vais.
2.2. Les Juifs disoient donc : Est-ce qu'il se tuera lui-même, lorsqu'il dit ; Vous ne sauriez venir où je vais?
2.3. Et il leur dit : Pour vous autres, vous êtes d'ici -bas ; mais pour moi je suis d'en haut. Vous êtes de ce monde, et moi je ne suis pas de ce monde.
24. Je vous ai donc dit que vous mourrez dans vos péchés ; parce qu'en effet , si vous ne me cro^^ez ce que je suis, vous mourrez dans votre péché.
s. J E A N. ^ 5r
§. IIÏ. Jésus fie fait rien de lui-même^, La vérité rend libre. Krais enfans d* Abraham, Enfans du démon.
2,5. Ils lui dirent : Et qui êtes-vous donc ? Jésus leur répondit : Je suis le principe de toutes choses , moi-même qui vous parle.
26. J'ai beaucoup de choses à dire de vous, et à condamner en vous ; mais celui qui m'a en- voyé est véritable; et je ne dis dans le monde que ce que j'ai appris de lui.
^7. Et ils ne comprirent point qu'il disoit que Dieu étoit son Père.
2.8. Jésus leur dit donc: Quand vous aurez élevé en haut le Fils de l'homme, alors vous connoîtrez qui je suis, et C|ue je ne fais rien de moi-même ; mais que je dis ce que mon Père m'a enseigné.
2.9, Et celui qui m'a envoyé est avec moi , et il ne m'a point laissé seul , parce que je fais toujours ce qui lui est agréable.
3o. Lorsqu'il disoit ces choses , plusieurs cru- rent en lui.
3i. Jésus dit donc aux Juifs, qui croyoient en lui : Si vous demeurez dans l'observation de ma parole , vous serez véritablement mes dis- ciples ;
82. Et vous connoîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres.
5i EVANGILE
33. Ils lui répondirent : Nous sommes de la race d'Abraham, et nous n'avons jamais été es- claves de personne : comment donc dites-vous que nous serons rendus libres?
^4. Jésus leur répondit : En vérité , en vérité je vous dis , que quiconque commet le péché est esclave du péché.
35. Or, l'esclave ne demeure pas toujours en la maison ; mais le fils y demeure toujours.
36. Si donc le Fils vous met en liberté, vous serez véritablement libres.
37. Je sais que vous êtes enfans d'Abraham: mais vous voulez me faire mourir, parce que ma parole ne trouve point d'entrée en vous.
38. Pour moi, je dis ce que j'ai vu dans mon Père; et vous, vous faites ce que vous avez vu dans votre père.
39. Ils lui répondirent : C'est Abraham qui est notre ])ère. Jésus leur répartit : Si vous êtes enfans d'Abraham , faites donc ce qu'a fait Abraham.
40. Mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité, cjue j'ai apprise de Dieu ; c'est ce qu'Abraham n'a point fait.
41. Vous faites les œuvres de votre père. Ils lui dirent .Nous ne sommes pas des enfans bâ- tards; nous n'avons tous qu'un père , c|ui est Dieu.
4-2. Jésus leur dit donc : Si Dieu étolt votre
s. J E A N. 53
père, vous m'aimeriez, parce que je suis sorti de Dieu , et que je suis venu dans le inonde ; car je ne suis pas venu de moi-même , mais c'est lui qui m'a envoyé.
43. Pourquoi ne eonnoissez- vous point mon langage ? Parce que vous ne pouvez ouïr ma parole.
44. Vous êtes les enfans du diable ; et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été homicide dès le commencement , et il n'est point demeuré dans la vérité , parce que la vé- rité n'est point en lui. Lorsqu'il dit des men- songes , il dit ce c|u'il trouve en lui- même ^ car il est menteur, et père du mensonge.
45. Mais pour moi, lorsque jed>s la vérité, vous ne me croyez pas.
§. IV. Qui est de Dieu entend sa par oie. Jésus appelé possédé ; remet son honneur a son Père ; existe avant Abraham, On le veut lapider,
46. Qui devons me peut convaincre d^aucun péché? Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas?
47. Celui qui est de Dieu, entend les paroles de Dieu. C'est pour cela que vous ne les en- tendez point , parce que vous n'êtes point de Dieu.
48. Les Juifs lui répondirent donc : N'avons-
D^
64 EVANGILE
nous pas raison de dire que vous êtes un Sama- ritain, et que vous êtes possédé du démon?
49. Jésus leur répartit : Je ne suis point pos- sédé du démon : mais j'honore mon Père ; et vous , vous me déshonorez.
50. Pour moi , je ne cherche point ma propre gloire ; un autre la cherchera*, et ?ne fera jus- tice.
5i. En vérité , en vérité je vou? le dis , si quelqu'un garde ma parole , il ne mourra ja- mais.
02. Les Juifs lui dirent : Nous connoissons bien maintenant que vous êtes possédé du dé- mon : Abraham est mort , et les prophètes aussi, et vous dites: Celui qui gardera ma pa- role ne mourra jamais.
63. Etes -vous plus grand que notre père Abraham, qui est mort, et que les prophètes, qui sont morts aussi ? Qui prétendez-vous être ?
64. Jésus leur répondit : Si je me glorifie moi-même , ma gloire n'est rien. C'est mon Père qui me glorifie; vous dites qu'il est votre Dieu ;
65. Et cependant vous ne le connoissez pas ; mais pour moi je le connois,etsi jedisoisque je ne le connois pas , je serois menteur comme vous. Mais je le connois, et je garde sa parole.
56. Abraham, votre père, a désiré avec ar- deur de voir mon jour; il l'a vu, et il en a été rempli de joie.
s. J E A N. 55
57. Les Juifs lui dirent : Vous n'avez pas en- core cinquante ans, et vous ave/ vu Abraham?
68. Jésus leur répondit : En vérité, en vé- rité je vous le dis : Je suis iivant qu'Abraham fût au monde.
69. Là-dessus ils prirent des pierres pour les lui jeter; mais Jésus se cacha, et sortit du temple.
CHAPITRE IX.
§. I. Aveugle-né guéri par Jésus > Christs
I. Lorsque Jésus passoit , il vit un homme qui étoit aveugle dès sa naissance.
2. Et ses disciples lui firent cette demande: Maître , est-ce le péché de cet homme , ou le péché de ceux qui l'ont mis au monde , qui est cause qu'il est né aveugle?
3. Jésus leur répondit : Ce n'est point qu'il Vit péché, ni ceux qu'il l'ont mis au monde; mais c'est afin que les œuvres de la puissance de Dieu éclatent en lui.
4. Il faut que je fasse les œuvres de celui qui m'a envoyé , pendant qu'il est jour ; la nuit vient, dans laquelle personne ne peut agir.
5. Tant que je suis dans le monde , je suis la lumière du monde.
6. Après avoir dit cela, il cracha à terre , et ayant fait de la boue avec sa salive , il oignit de cette boue les yeux de l'aveugle ,
56 EVANGILE
7. Et lui dit : Allez vous laver dans la piscine de Siloé, qui signifie envoyé. Il y alla donc„iI s'y lava, et il s'en revint voyant clair.
8. Ses voisins , et ceux cjui l'avoient vu au- paravant demander l'aumône, disoient : N'est- ce pas là cet aveugle qui ëtoit assis, et qui de- mandoit l'aumône : Les uns répondoient : C'est lui;
9. D'autres disoient : Non , c'en est un qui lui ressemble. Mais lui leur disoit : C'est moi- même.
10. Ils lui demandoient donc: Comment est- ce que vos yeux ont été ouverts?
1 1. Il leur répondit : Cet homme , qu'on ap- pelé Jésus , a fait de la boue et en a oint mes yeux , et il m'a dit : Allez à la piscine de Siloé , et vous y lavez. J'y ai été, je m'j suis lavé, et je vois.
1 2. Ils lui dirent : Où est-il ? Il leur répondit : Je ne sais.
§. I \. Enquête des pharisiens. Ceux qui confes- sent Jésus-Christ chassés delà synagogue.
i3. Alors ils amenèrent aux pharisiens cet homme qui avoit été aveugle.
14. Or, c'étoit le jour du sabbat que Jésus avoit fait cette boue , et lui avoit ouvert les yeux.
i5. Les pharisiens l'interrogèrent donc aussi
s. J E A N. 57
eux-mêmes, comment il avoit recouvré la vue. Et il leur dit : 11 m'a mis de la boue sur les yeux; je me suis lavé, et je vois.
16. Sur quoi quelques-uns des pharisiens dirent: Cet homme n'est point envoyé de Dieu , puisqu'il ne garde pas le sabbat. Mais d'autres disoient : Comment un méchant homme pour- roit-il faire de tels prodiges? Et il y avoit sur cela de la division entre eux.
17. Ils dirent donc de nouveau à l'aveugle: Et toi , que dis-tu de cet homme, qui t'a ouvert les yeux ? Il répondit : C'est un pro- phète.
18. Mais les Juifs ne crurent point que cet homme eût été aveugle , et eût recouvré la vue , jusqu'à ce cju'ils eussent fait venir son père et sa mère,
1 9. Qu'ils interrogèrent , en leur disant : Est- ce là votre fils que vous dites être né aveugle? Comment est-ce donc qu'il voit maintenant?
20. Le père et la mère leur répondirent : Nous savons bien que c'est-là notre fils , et qu'il est né aveugle ;
2.1. Mais nous ne savons comment il voit maintenant , et nous ne savons pas non plus qui lui a ouvert les yeux. Interrogez-le, il a de l'âge , qu'il réponde pour lui-même.
22. La crainte que son père et sa mère avoient des Juifs les fit parler de la sorte; car les Juifs avoient déjà arrêté entre eux , que quiconque
58 EVANGILE
reconnoitroit Jésus pour être le Christ , seroît chassé de la synagogue,
2.3. Ce fut ce qui obligea le père et la mère de répondre: Il a de l'âge, interrogez-le lui- même.
§. 1 1 1. Aveugle maltraité et chassé pour avoir défendu Jésus-Christ.
24. Us appelèrent donc une seconde fois cet homme qui avoit été aveugle , et lui dirent : Rends gloire à Dieu : Nous savons que cet homme est un pécheur.
20. Il leur répondit: Si c'est un pécheur, je n'en sais rien ; tout ce que je sais , c'est que i'étois aveugle, et que je vois maintenant.
2.G. Us lui dirent encore : Que t'a-t-il fait ? et comment t'a-t-il ouvert les jeux?
27. Il leur répondit : Je vous l'ai déjà dit, et vous l'avez entendu. Pourquoi voulez -vous l'entendre encore une fois ? Est-ce que vous voulez devenir aussi ses disciples?
2,8. Mais eux le chargèrent d'injures , et lui dirent: Sois toi-même son disciple; mais pour nou-s, nous sommes les disciples de Moïse.
29. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse; mais pour celui-ci , nous ne savons d'où il e%t.
30. Cet homme leur répondit : C'est ce qui est étonnant, que vous ne sachiez d'où il est, et qu'il m'ait ouvert les veux.
s. J E A N. .59
3i. Or, nous savons que Dieu n'exauce point les pécheurs ; mais si quelqu'un l'honore , et fait sa volonté, c'est celui-lk qu'il exauce.
32. Depuis que le monde existe , on n'a ja- mais ouï dire que personne ait ouvert les yeux à un aveugle-né.
33. Si cet homme n'étoit point envojé de Dieu, il ne pourroit rien faire de tout ce qu'il
fait.
34. Ils lui répondirent : Tu n'es que péché dès le ventre de ta mère, et tu veux nous en- seigner? Et ils le chassèrent dehors.
§. I V. Aveugle instruit par Jésus y t adore. Ceux qui croient voir , aveuglés.,
35. Jésus apprit qu'ils l'avoient ainsi chassé; et fayant rencontré , il lui dit : Croyez-vous au Fils de Dieu ?
36. Il lui répondit : Qui est-il , Seigneur , afin que je croie en lui?
37. Jésus lui dit: Vous l'avez vu, et c'est ce- lui-là même qui parle à vous.
38. Il lui répondit: Je crois. Seigneur, et se prosternant , il l'adora.
39. Et Jésus ajouta : Je suis venu dans ce monde pour exercer un jugement , afin que ceux qui ne voient point, voient, et que ceux qui voient , deviennent aveugles.
40. Quelques pharisiens, qui étoient avec
6o EVANGILE
lui , entendirent ces paroles , et lui dirent : Som- mes-nous donc aussi aveugles?
o
41. Jésus leur répondit: Si vous étiez aveu- gles , vous n'auriez point de péché ; mais main- tenant vous dites que vous voyez , et c est pour cela que votre péché demeure en vous,
CHAPITRE X.
§. I. Le pasteur et le voleur. Jésus-Christ est la porte,
I. Jl(N vérité, en vérité je vous le dis : Celui qui n'entre pas par la porte dans la bergerie des brebis , mais qui y entre par un autre en- droit, est un voleur et un larron.
2,. Mais celui qui entre par la porte est le Pasteur des brebis.
3. Cest à celui-là que le portier ouvre, et les brebis entendent sa voix; il appelle ses propres brebis par leur nom, et il les fait sortir.
4. Et lorsqu'il a fait sortir ses propres brebis , il va devant elles , et les brebis le suivent , parce qu'elles connoissent sa voix.
5. Et elles ne suivent point un étranger , mais elles le fuyent , parce cpi'elles ne connoissent point la voix des étrangers.
6. Jésus leur dit cette parabole ; mais ils n'en- tendirent point de quoi il leurparloit.
s. J E À N. 6t
y. Jésus leur dit donc encore : En vérité , eu
vérité je vous le dis: je suis la porte des brebis.
8. Tous ceux qui sont venus avant moi , sont des voleurs et des larrons ; et les brebis ne les ont point écoutés.
9. Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi , il sera sauvé : il entrera, il sortira, et il trouvera des pâturages.
10. Le voleur ne vient que pour voler , pour égorger et pour perdre. Mais pour moi je suis venu , afin que les brebis ajent la vie , et qu'elles l'ajent abondamment.
§. II. Le bon pasteur et le mercenaire. Jésus- Christ donne sa vie pour ses brebis ; il est traité de possédé,
11. Je suis le bon Pasteur. Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis.
12. Mais le mercenaire , et celui qui n'est point Pasteur , et à qui les brebis n'appartien- nent pas, voyant Venir le loup, abandonne les brebis et s'enfuit ; et le loup les ravit, et dis- perse le troupeau.
i3. Or, le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est mercenaire , et qu'il ne se met point en peine des brebis.
14. Je suis le bon Pasteur, et jeconnoismes brebis , et mes brebis me connoissent ,
ih. Comme mon Père me connoît , et que je
62. EVANGILE
connois mon Père; et je donne ma vie pour mes
brebis.
i6. J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut que je les amène. Elles écouteront ma voix , et il n'y aura qu'un troupeau, et qu'un Pasteur.
17. C'est pour cela que mon Père m'aime, parce que je quitte ma vie pour la reprendre.
18. Personne ne me la ravit, mais c'est de moi-même que je la quitte : j'ai le pouvoir de la quitter , et j'ai le pouvoir de la reprendre. C'est le commandement que j'ai reçu de mon Père.
19. Ce discours excita une nouvelle division parmi les Juifs.
2.0. Plusieurs d'entr'eux disoient : Il est pos- sédé du démon, il a perdu le sens, pourquoi l'écoutez-vous?
2.1. Mais les autres disoient : Ce ne sont pas là des paroles d'un homme possédé du démon. Le démon peut-il ouvrir les yeux des aveugles ?
§. III. Brebis de Jésus entendent sa voix ; ne -peuvent -périr. Fureur des Juifs contre Jésus.
2.2. Or , on faisoit à Jérusalem la fête de la dédicace, et c'étoit l'hiver.
^3. Et Jésus se promenant dans le temple sous la galerie de Salomon ,
24. Les Juifs s'assemblèrent autour de lui.
s. J E A N. 63
et lui dirent : Jusqnes à quand nous tlendrez- vons l'esprit en suspens? Si vous êtes le Christ, dites-le nous clairement,
2,5. Jésus leur répondit : Je vous l'ai dit, et vous ne me croyez pas. Les œuvres que je fais {\u nom de mon Père, rendent témoignage de moi ;
26. Mais pour vous , vous ne croyez pas , parce que vous n'êtes pas de mes brebis.
2y. Mes brebis entendent ma voix : je les con- nois , et elles me suivent.
^8. Je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira d'entre mes mains.
2,9. Mon Père qui me les a données, est plus grand que toutes choses ; et personne ne les sauroit ravir de la main de mon Père.
3o. Mon Père et moi nous sommes une même chose.
3i. Alors les Juifs prirent des pierres pour le lapider.
32. Et Jésus leur dit: J'ai fait devant vous pîu- sieurs bonnes œuvres par la puissance de moa Père , pour laquelle est-ce que vous me lapidez?
33. Les Juifs lui répondirent : Ce n'est pour aucune bonne œuvre que nous vous lapidons; mais à cause de votre blasphème , et parce qu'étant homme vous vous faites Dieu,
34. Jésus leur répartit : N'est-il pas écrit dans votre loi : J'ai dit que vous êtes des dieux ?
64 EVANGILE
35. Si donc elle appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu étoit adressée , et que l'Ecriture ne puisse être détruite,
36. Pourquoi dites-vous que je blasphème, moi que mon Père a sanctifié et envoyé dans le monde , parce que j'ai dit que je suis Fils de Dieu.
37. Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne rhe croyez pas.
38. Mais si je les fais , quand vous ne vou- driez pas me croire, croyez âmes œuvres , afin que vous connoissiez , et que vous croyiez que le Père est en moi , et moi dans le Père.
39. Les Juifs tâchèrent alors de le prendre; mais il s'échappa de leurs mains,
40. Et s'en alla de nouveau au-delà du Jour- dain, au même lieu où Jean d'abord avoit ba- tisé, et il demeura là.
4 1 . Plusieurs vinrent le trouver , et disoient : Jean n'a fait aucun miracle;
42. Mais tout ce que Jean a dit de celui-ci s'est trouvé véritable. Et il y en eut là beau- coup qui crurent en lui.
CHAP.
s. J E A N. 65
CHAPITRE XL
§. I. Mort de Lazare.
ï. 1 L j avoit un homme malade , nommé Lazare, qui e'toit du bourg; de Bethanie, où demeu- r oient Marie et Marthe sa sœur.
2,. Cette Marie étoit celle, qui répandit sur le Seigneur une huile de parfum , et qui lui essuya ses pieds avec ses cheveux; et Lazare, qui étoit alors malade, étoit son frère.
3. Ses sœurs envoyèrent donc dire à Jésus: Seigneur , celui que vous aimez est malade.
4. Ce que Jésus ayant entendu, il dit : Cette maladie ne va point à la mort, mais elle n'est que pour la gloire de Dieu , et afin que le Fils de Dieu en soit glorifié.
5. Or Jésus aimoit Marthe, et Marie sa sœur, et Lazare.
6. Ayant donc entendu dire qu'il étoit ma- lade, il demeura encore deux jours au lieu où il étoit.
7. Et il dit ensuite à ses disciples : Pvetour- nons en Judée.
8. Ses disciples lui dirent : Maître, il n'y a qu'un moment que les Juifs vouloient vous la- pider, et vous parlez déjà de retourner parmi eux ?
9. Jésus leur répondit : N'y a-t-il pas douze 10. E
66 EVANGILE
heures au jour ? Celui qui marche durant le jour ne se heurte point, parce qu'il voit la lu- mière de ce monde ;
10. Mais celui qui marche la nuit, se heurte, parce qu'il n'a point de lumière.
11. Il leur parla de la sorte, et ensuite il ajouta : Notre ami Lazare dort ; mais je m'en vais l'e'veiller.
12,. Ses disciples lui répondirent : Seigneur, s'il dort, il sera guéri.
i3. Mais Jésus entendoit parler de sa mort; au lieu qu'ils crurent qu'il leur parloit du som- meil ordinaire.
14. Jésus leur dit donc alors clairement : Lazare est mort ;
i5. Et je me réjouis pour vous autres de ce que je n'étois pas là , afin que vous croyiez. Mais allons à lui.
16. Sur quoi Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples : Allons-y aussi nous au- tres, afin de mourir avec lui.
§. IL Entretien de Marthe avec Jésus.
17. Jésus étant arrivé, trouva qu'il y avoit déjà quatre jours que Lazare étoit dans le tom- beau ;
18. Et comme Béthanie n'étoit éloignée de Jérusalem que d'environ quinze stades,
19. Il j avoit quantité de Juifs qui étoient
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s. J E A N. 67
yenus voir Marthe et Marie, pour les consoler de la mort de leur frère.
^Q. Marthe ayant clone appris que Jésus ve- noit, alla au-devant de lui, et Marie demeura dans la maison.
^ï. Alors Marthe dit à Jésus : Seigneur, si vous eussiez été ici, mon frère ne seroit pas mort;
2,2. Mais je sais que présentement même Dieu vous accordera tout ce que vous lui deman- derez.
^3. Jésus lui répondit: Votre frère ressusci- tera.
^24. Marthe lui dit : Je sais qu'il ressuscitera en la résurrection qui se fera au dernier jour.
i2,5. Jésus lui répartit : Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi , quand il seroit mort , vivra ;
s6. Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais. Croyez -vous cela?
2,7. Elle lui répondit : Oui, Seigneur, je crois que vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant, qui êtes venu dans ce monde.
§. III. Jésus frémissant y pleurant , criant^ ressuscite La-z^are ; les apôtres le délient.
2,8. Lorsqu'elle eut ainsi parlé , elle s'en alla , et appela tout bas Marie , sa sœur, en lui dU sant ; Le Maître est venu j et il vous demande.
E^
58 EVANGILE
2,9. Ce qu'elle n'eut pas plutôt ouï, qu'elle se leva et l'alla trouver :
3o. Car Jésus n'étoit pas encore entré dans le bour^; mais il étolt au même lieu où Marthe l'avoit rencontré.
3i . Cependant les Juifs qui étoient avec Marie dans la maison et la consoloient , ayant vu qu'elle s'étoit levée si promptement, et qu'elle étoit sortie, la suivirent , en disant : Elle s'en va au sépulcre pour y pleurer.
82. Lorsque Marie fut venue au lieu où étoit Jésus , l'ayant vu , elle se jeta k ses pieds , et lui dit: Seigneur, si vous eussiez été ici, mon frère ne seroit pas mort.
33. Jésus voyant qu'elle pleuroit, et que les Juifs qui étoient venus avec elle pleuroient aussi, frémit en so?i esprit, et se troubla lui- même;
34. Et il leur dit: Où l'avez-vous mis? Ils lui répondirent : Seigneur , venez et voyez.
35. Alors Jésus pleura.
36. Et les Juifs dirent entre eux : Voyez comme il l'aimoit.
37. Mais il yen eut «7^.9j"i quelques-uns qui dirent : Ne pouvoit-il pas empêcher qu'il ne mourût , lui qui a ouvert les yeux à un aveu- gle-né?
38. Jésus frémissant donc de nouveau en lui- même, vint au sépulcre : (c'étoit une grotte, et on avoit mis une pierre par-dessus).
s. J E A N. 69
39. Jésus leur dit : Otez la pierre. Marthe , qui étoit sœur du mort, lui dit : Seigneur, il sent déjà mauvais, car il y a quatre jours qu'il est là,
40. Jésus lui répondit : Ne vous ai-je pas dît ' que si vous croyez, vous verrez la gloire de Dieu?
41. Ils ôtèrent donc la pierre, et Jésus levant les yeux en haut, dit ces paroles : Mon Père, je vous rends grâces de ce que vous m'avez exaucé;
4:2. Pour moi , je savois que vous m'exaucez toujours ; mais je dis ceci pour ce peuple qui m'environne , afin qu'ils croient que c'est vous qui m'avez envoyé.
48. Ayant dit ces njots, il cria à haute voix: Lazare, sortez dehors.
44. Et à l'heure môme le mort sortit, ayant les pieds et les mains liées de bandes , et son visage étoit enveloppé d'un linge. Alors Jésus leur dit : Déliez-le, et le laissez aller.
45. Plusieurs donc d'entre les Juifs qui étoient venus voir Marie et Marthe, et qui avoientvu ce que Jésus avoit fait, crurent ea lui.
§. I V. Juifs veulent perdre Jésus y pour sauver Leur v'dlc. Cdiphe prophétise.
46. Mais quelques -uns d'eux s'en allèrent
E*
yo EVANGILE
trouver les pharisiens , et leur rapportèrent ce
que Jésus avoit fait.
47. Les princes des prêtres et les pharisiens s'assemblèrent donc, et disoient entre eux : Que Faisons-nous? Cet homme fait beaucoup de miracles.
48. Si nous le laissons faire, tous croiront en lui ; et les Romains viendront , et ruineront nôtre ville et notre nation.
49. Mais l'un d'eux , nommé Caïphe , qui étoit le Grand-Prêtre de cette année-là, leur dit : Vous n'y entendez rien ;
60. Et vous ne considérez pas qu'il vous est avantageux qu'un seul homme meure pour le peuple , et que toute la nation ne périsse point.
5i. Or, il ne disoit pas ceci de lui-même ; mais étant Grand-Prêtre cette année-là, il pro- phétisa que Jésus devoit mourir pour la nation des Juifs ;
62. Et non-seulement pour cette nation , mais aussi pour rassembler e/ réunir les enfans de Dieu qui étoient dispersés.
53. Ils ne songèrent donc plus, depuis ce jour-là, qu'à trouver le mojen de le faire mou- rir.
64. C'est pourquoi Jésus ne se montroit plus en public parmi les Juifs ; et il se retira même dans une contrée près du désert , en une ville nommée Ephrem , où il se tint avec ses disci- ples.
s. J E A N. 71
55. Or, la Pâque des Juifs étoit proche, et plusieurs de ce quartier -là étant allés à Jéru- salem avant la Pâque, pour se purifier ,
66. Ils cherchoient Jésus , et se disoient dans le temple les uns aux autres : Que pensez -vous de ce qu'il n'est point venu à ce jour de fête ? Car les princes des prêtres et les pharisiens avoient donné ordre , que si quelqu'un savoit où il étoit, il le découvrît, afin qu'ils le fissent prendre.
CHAPITREXII.
§. I. Marie parfume les pieds de Jésus. Mur-- mure de Judas. Juifs veulent tuer La^^are,
I. 0 1 X jours avant la Pâque Jésus vint à Betha- nie , où il avoit ressuscité Lazare d'entre les morts.
^. On lui apprêta là à souper ; Marthe ser- voit, et Lazare étoit un de ceux qui étoient à table avec lui.
3. Mais Marie avant pris une livre d'huile de parfum de vrai nard, qui étoit de grand prix , le répandit sur les pieds de Jésus , et les essuya de ses cheveux, et toute la maison fut remplie de l'odeur de ce parfum.
4. Alors un de ses disciples, savoir, Judas Iscariote, qui devoit le trahir, dit:
5. Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum
E^
72 EVANGILE
trois cens deniers , qu'on auroit donnés aux
pauvres ?
6. 11 disoit ceci , non qu'il se souciât des pau- vres, mais parce qu'il étoit larron, et que gar- dant la bourse, il portoit l'argent qu'on j met- toit.
7. Mais Jésus dit : Laissez -la faire, parce qu'elle a gardé ce parfum pour le jour de ma sépulture.
8. Car vous avez toujours des pauvres avec vous ; mais pour moi , vous ne m'avez pas pour toujours.
9. Une grande multitude de Juifs ayant su qu'il étoit là, y vinrent, non -seulement pour Jésus , mais aussi pour voir Lazare , qu'il avoit ressuscité d'entre les morts.
10. Mais les princes des prêtres délibérèrent de faire mourir aussi Lazare ,
11. Parce cpie beaucoup de Juifs se retiroient d'avec eux à cavise de lui , et crojoient en Jésus.
§. I L Entrée, de Jérusalem, Palmes.
12,. Le lendemain une grande multitude de peuple, qui étoit venu pour la fête, ayant ap- pris que Jésus venoit à Jérusalem ,
i3. Ils prirent des branches de palmiers, et s'en allèrent au-devant de lui, en criant : Ho- sanna ( salut et gloire ). Béni soi t le Roi d'Israël , qui vient au nom du Seigneur.
7\^m A
Taç -72
s. J E A N. 73
14. Et Jésus ayant trouvé un ânon , monta dessus, selon qu'il est écrit.
i5. Ne craignez point , fille de Sion: voici votre Roi qui vient monté sur le poulain d'une ânesse.
16. Les disciples ne firent point d'abord at- tention à cela; mais c[uand Jésus fut entré dans sa gloire, ils se souvinrent alors que ces choses avoient été écrites de lui, et que ce qu'ils avoient fait à son égard en étoit L'accomplissement.
17. Le grand nombre de ceux qui s'étoient trouvés avec lui , lorsqu'il avoit appelé Lazare du tombeau , et l'avoit ressuscité d'entre les morts, lui rendoit témoignage.
18. Et ce fut aussi ce qui fit sortir tant de peuple pour aller au-devant de lui , parce qu'ils avoient oui dire qu'il avoit fait ce miracle.
19. De sorte cpie les pharisiens dirent entre eux: Vous vojez que nous ne gagnons rien, voilà tout le monde qui court après lui.
§ . 1 1 L Gentils veulent voir Jésus. Grain stérile s' il ne meurt. Perdre sa vie pour la sauver.
2.0. Or, il y eut quelques Gentils de ceux .qui étoient venus pour adorer au jour de la fête ,
21. Qui s'adressèrent àPhilippe, qui éloit de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette prière: Seigneur, nous voudrions bien voir Jésus.
74 EVANGILE
2.2. Philippe le vint dire à André, et André et Philippe le dirent ensemble k Jésus.
2.3. Jésus leur répondit : L'heure est venue, que le Fils de l'homme doit être glorifié.
2.4. En vérité, en vérité je vous le dis : Si le y grain de froment ne meurt après qu'on l'a jeté
en terre , il demeure seul ; mais quand il est mort, il porte beaucoup de fruit.
2.5. Celui qui aime sa vie , la perdra ; mais celui qui hait sa vie en ce monde, la conser- vera pour la vie éternelle.
26. Si quelqu'un me sert, qu'il me suive; et où je serai , là sera aussi mon serviteur. Si quel- qu'un me sert, mon Père l'honorera.
§. IV. Trouble de Jésus. Voix du ciel. Puis- sance de la croix. Marcher pendant la lu- mière.
27. Maintenant mon ame est troublée. Et que dirai -je ? Mon Père , délivrez -moi de cette heure : mais c'est pour cela que je suis venu en cette heure.
28. Moji Père , glorifiez votre nom. Au même temps on entendit une voix du ciel qui dit : Je l'ai déjà glorifié, et je le glorifierai encore.
29. Le peuple qui étoit là, et qui l'écoutoit, disoit que c'étoit un coup de tonnerre. D'autres disoient : C'est un Ange qui lui a parlé.
30. Jésus répondit : Ce n'est pas pour moi
s. J E A N. 75
que cette voix est venue , mais pour vous.
3i. C'est maintenant que le monde va être jugé : c'est maintenant que le prince de ce monde va être chassé dehors.
82. Et pour moi , quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tout à moi.
33. ( Ce qu'il disoit pour marquer de quelle mort il devoit mourir).
84. Le peuple lui répondit : Nous avons ap- pris de la loi , que le Christ doit demeurer éter- nellement. Comment donc dites-vous qu'il faut que le Fils de l'homme soit élevé en haut? Qui est ce Fils de l'homme ?
35. Jésus leur répondit : La lumière est en- core avec vous pour un peu de temps : Marchez pendant que vous avez la lumière , de peur que les ténèbres ne vous surprennent : Celui qui marche dans les ténèbres, ne sait où il va.
36. Pendant que vous avez la lumière , croyez en la lumière , afin que vous soyez des enfans de lumière. Jésus parla de la sorte, et se reti- rant, il se cacha d'eux.
§. V. Juifs Incrédules. Foi étouffée par la timidité.
87. Mais quoiqu'il eût fait tant de miracles devant eux, ils ne crovoient point en lui.
38. Afin que cette parabole du prophète Isaïe fût accomplie '.Seigneur, dit-il, qui a cru à la
rj6 EVANGILE
parole qu'il a entendue de nous , et à qui le brasr
du Seigneur a-t-il été révélé?
89. C'est pour cela qu'ils ne pouvoient croire , parce qu'Isaïe a dit encore :
40. Il a aveuglé leurs yeux, et il a endurci leur cœur, de peur qu'ils ne voyent des yeux, et ne comprennent du cœur, et que venant à se convertir, je ne les guérisse.
41. Isaïe à dit ces choses , lorsqu'il a vu sa gloire, et qu'il a parlé de lui.
42,. Plusieursnéanraoinsdes sénateurs mêmes crurent en lui ; mais à cause des pharisiens ils n'osoient le reconnoître publiquement , de crainte d'être chassés de la synagogue.
43. Car ils ont plus aimé la gloire des hommes que la gloire de Dieu.
44. Or, Jésus s'écria, et dit : Celui qui croit en moi, ne croit pas ea moi, mais en celui qui m'a envoyé ;
45. Et celui qui me voit , voit celui qui m'a envoyé.
46. Je suis venu dans le monde, moi qui suis la lumière, afin que tous ceux qui croyent en moi, ne demeurent point dans les ténèbres.
47. Que si quelqu'un entend mes paroles, et ne les garde pas , je ne le juge point ; car je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde.
48. Celui qui me méprise, et qui ne reçoit point mes paroles, a pour juge la parole même
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s. JEAN.- 77
que fai annoncée; ce sera elle qui le jugera au dernier jour.
49. Car je n'ai point parlé de moî-même ; mais mon Père, qui m'a envoyé, est celui qui m'a prescrit par son commandement ce que je dois dire, et comment je dois parler;
50. Et je sais que son commandement est la vie éternelle. Ce que je dis donc, je le dis selon que mon Père me l'a ordonné.
CHAPITRE XIII.
§. I. Jésus lave les pieds aux apôtres.
I. Avant la fête de Pâques, Jésus sachant c|ue son heure étoit venue de passer de ce monde à son Père ; comme il avoit aimé les siens qui étoient dans le monde , il les aima jusqu'à la fin. a. Et après le souper , le diable ayant déjà mis dans le cœur de Judas , fils de Simon Isca- riote, le dessein de le trahir,
3. Jésus qui savoit que ^ora Père lui avoit mis toutes choses entre les mains , qu'il étoit sorti de Dieu , et qu'il s'en retournoit à Dieu ;
4. Se leva de table, quitta ses vêtemens ; et ayant pris un lin^e , il le mit à l'entour de lui :
6. Puis ayant versé de l'eau dans un bassin, il commençai laver les pieds de ses disciples, et à les essuver atec le linge qu'il avoit autour de lui.
78 EVANGILE
6. Il vint donc k Simon-Pierre, qui lui dit: Quoi , Seigneur , vous me laveriez les pieds?
7. Jésus lui répondit : Vous ne savez pas maintenant ce que je fais , mais vous le saurez dans la suite.
8. Pierre lui dit : Vous ne me laverez jamais les pieds. Jésus lui répartit: Si je ne vous lave, vous n'aurez point de part avec moi.
9. Alors Simon-Pierre lui dit : Seigneur, non- seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête.
10. Jésus lui dit : Celui qui sort du bain, n'a plus besoin que de se laver les pieds, et il est pur dans tout le reste. Et pour vous aussi, vous êtes purs , mais non pas tous ;
1 1. Car il savoit qui étoit celui qui le devoit trahir, et c'est pour cela qu'il dit : Vous n'êtes pas tous purs.
1.2. Après donc qu'il leur eut lavé les pieds,
il reprit ses vêtemens ; et s'étant remis à table , il
leur dit: Savez-vousce que je viens de vous faire ?
' i3. Vous m'appelez votre Maître , et votre
Seigneur, et vous avez raison; car je le suis.
14. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi qui suis votre Seigneur et votre Maître , vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres ;
i5. Car je vous ai donné l'exemple, afin que pensant à ce que je vous ai fait, vous fassiez aussi de même.
16. En vérité, en vérité je vous le dis : Le
s. J E A N. 79
serviteur n'est pas plus e^rand que son maître; et l'envoyé n'est pas plus grand que celui qui l'a envoyé.
17. Si vous comprenez ces choses , vous serez heureux, pourvu que vous les pratiquiez.
§. II. Prédiction de la trahison de Judas,
18. Je ne dis pas ceci de vous tous; je sais qui sont ceux que j'ai choisis ; mais il faut que cette parole de l'Ecriture soit accomplie : Celui qui mange du pain avec moi , lèvera le pied contre moi.
19. Je vous dis ceci dès maintenant , et avant qu'il arrive; afin que lorsqu'il arrivera, vous me reconnoissiez pour ce que je suis.
tio. En vérité, en vérité je vous le dis : Qui- conque reçoit celui que j'aurai envoyé, me re- çoit moi-même : et qui me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé.
21. Jésus avant dit ces choses se troubla en son esprit , et se déclara ouvertement , en disant: En vérité, en vérité je vous le dis: Qu'un d'entre vous me trahira.
22. Les disciples se regardoient donc l'un, l'autre, ne sachant de qui il parîoit.
28. Mais comme l'un d'eux, que Jésus aimoit, étoit couché sur le sein de Jésus ,
24. Simon-Pierre lui fit signe de s'enquérir qui étoit celui dont Jésus parloit.
8o EVANGILE
i5. Ce disciple se reposant donc sur le sein de Jésus, lui dit: Seigneur: Qui est-ce ?
26. Je'sus lui répondit : C'est celui à qui je présenterai du pai n f[ue j'aurai trempé. Et ayant trempé du pain, il le donna k Judas Iscariote, fils de Simon.
isiy. Et quand il eut pris ce morceau , Satan entra dans lui. Et Jésus lui dit : Faites au plutôt ce que vous fiiites.
2.8. Mais nul de ceux qui étoient à table ne comprirent pourquoi il lui avoitdit cela.
29. Car c|uelques-uns pensoient qu'à cause que Judas avoit la bourse, Jésus lui avoit voulu dire: Achetez-nous ce qui nous est nécessaire pour la fête , ou qu'il lui donnoit ses ordres pour distribuer cpelque chose aux pauvres.
30. Judas ayant donc reçu ce morceau , sortit aussi-tôt, et il étoit nuit.
§. III. Glorification de Jésus. Commandement de l'amour. Renoncement de Saint-Pierre prédit,
3i. Après qu'il fut sorti, Jésus dit : Mainte- nant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui.
82. Que si Dieu est glorifié en lui. Dieu le glorifiera aussi en lui-même ; et c'est bientôt qu'il le glorifiera.
33. Mes petits enfans, je n'ai plus que peu
de
s. J E 4 N. 8r
de temps à être avec vous. Voqs me cherclierez ; et comme j'ai dit aux Juifs qu'ils ne pouvoient venir où je vais, je vous dis aussi à vous autres , <]LLe vous ne le pouvez, présentement.
84. Je vous fais un commandement nouveau , qui est que vous vous aimiez les uns les autres , et que vous vous entr'aimiez comme je vous ai aimés.
35. C'est en cela que tous connoîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres.
36. Simon-Pîerre lui dit: Seigneur, où allez- vous ? Jésus lui répondit : Vous ne pouvez maintenant me suivre où je vais; mais vous me suivrez après.
37. Pierre lui dit : Pourquoi ne vouspuis-je pas suivre maintenant? Je donnerai ma vie pour vous.
38. Jésus lui répartit : Vous donnerez votre vie pour moi ? En vérité, en vérité je vous le dis : Le coq ne chantera point, que vous ne m'ajez renoncé trois fois.
ÏO.
Sa. EVANGILE
CHAPITRE XIV.
Sermon après la Cène.
§. I. Jésus y vole y vérité et vie. Qui le voit ^ voit son Père,
I. C^UE votre cœur ne se trouble point. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.
2. Il y a plusieurs demeures clans la maison de mon Père. Si cela n'étoit , je vous l'aurois dit , car je m'en vais pour vous préparer le lieu ;
3. Et après que je m'en serai allé, et que je vous aurai préparé le lieu, je reviendrai , et vous retirerai à moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi.
4. Vous savez bien où je vais , et vous en savez la voie.
6. Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons où vous allez ; et comment pouvons-nous en sa- voir la voie ?
6. Jésus lui dit : Je suis la voie, la vérité, et la vie ; personne ne vient au Père que par moi.
7. Si vous m'aviez connu, vous auriez aussi connu mon Père; et vous le connoitrez bientôt, et vous l'avez déjà vu.
8. Philippe lui dit : Seigneur , montrez-nous votre Père, et il nous suffit.
9. Jésus lui répondit: Il y a si long-temps que
s. J E A N. 83
je SUIS avec vous, et vous nemeconnoîssez pas encore? Philippe, celui qui me voit, voit mon Père. Comment donc dites- vous : Montrez-nous^ votre Père?
10. Ne croyez-vous pas que je suis dans mon Père, et que mon Père est en moi? Ce que je vous dis, je ne vous le dis pas de moi-même; mais mon Père, qui demeure en moi , fait lui- même les œuvres que je fais.
11. Ne croyez-vous pas que je suis dans mon Père , et que mon Père est dans moi ? Croyez-le, au moins à cause des œuvres que je fais.
i^. En vérité, en vérité je vous le dis, celui qui croit en moi , fera lui-même les œuvres que Je fais , et en fera encore de plus grandes , parce que je m'en vais à mon Père.
i3. Et quoi que vous demandiez à mon Père en mon nom, je le ferai , afin que le Père soit glorifié dans le fils.
§. 1 1. Amour. Esprit consolateur. Observation des commandemens .
14. Si vous me demandez quelque chose en mon nom , je le ferai.
i5. Si vous m'aimez, gardez mes comman- demens ;
16. Et je prierai mon Père, et il vous don- nera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous j
F-
84 EVANGILE
17. L'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point. Mais pour vous , vous le connoîtrez , parce qu'il demeu- rera avec vous , et qu'il sera dans vous.
î8. Je ne vous laisserai point orphelins : je viendrai à vous.
1 9. Encore un peu de temps , et le monde ne me verra plus. Mais pour vous, vous me ver- rez , parce que je vis , et que vous vivrez aussi.
2,0. En ce jour-lk vous connoîtrez que je suis en mon Père , et vous en moi , et moi en vous.
21. Celui qui a mes commandemens , et qui les ^arde, c'est celui-là qui m'aime. Or, celui qui m'aime sera aimé de mon Père , et je l'ai- merai aussi, et je me découvrirai moi-même à lui.
22. Jude, non pasl'Iscarîote, lui dit: Seigneur, d'où vient que vous vous découvrirez vous- même à nous , et non pas au monde ?
2.3. Jésus lui répondit: Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole , et mon Père l'aimera, et nous viendrons à lui , et nous ferons en lui notre demeure.
24. Celui qui ne m'aime point, ne garde point mes paroles ; et la parole que vous avez enten- due , n'est point ma parole 5 mais celle de mon père, qui m'a envoyé.
s. J E A N. 85
§. III. Esprit-Saint enseigne tout. Paix de Dieu y non du monde. Amour et obéissance de Jésus.
2,5. Je vous ai dit ceci, demeurant encore avec vous.
nG. Mais le Consolateur, qui est le Saint-Es- prit i qiie mon Père enverra en mon nom, sera celui qui vous enseignera toutes choses , et qui vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit.
27. Je vous laisse la paix , je vous donne ma paix ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre cœur ne se trouble point, et qu'il ne soit point saisi de frayeur.
2.8» Vous avez oui que je vous ai dit: Je m'en vais, et je reviens à vous. Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je m'en vais à mon Père , parce que mon Père est plus grand que moi.
29. Et je vous le dis maintenant avant que cela arrive, afin que lorsqu'il sera arrivé , vous ajez une entière créance en ttzoz.
30. Je ne vous parlerai plus guère , car le prince du monde va venir, quoiqu'il n'ait rien en moi qui lui appartienne j:
3i.Mais afin que le monde connoisse que j'aime mon Père , et que je fais ce que mon Père m'a ordonné. Levez-vous, sortons d'ici.
B6 EVANGILE
CHAPITRE XV.
Suite du Sermon après la Cène.
§. I. Jésus vigne ; fidèles , ses branches ; vie et joie en lui seul.
1. Je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.
s. Il retranchera toutes les branches qui ne portent point de fruit en moi, et il cmondera toutes celles qui portent du fruit, afin qu'elles en portent davantage.
3. Vous êtes déjà purs, à cause des instruc- tions que je vous ai données.
4. Demeurez en moi, et moi en vous. Comme la branche ne sauroit porter de fruit d'elle- même, et sans demeurer /îZ/rtc/zee au sep de la vigne : il en est ainsi de vous autres , si vous ne demeurez en moi.
ô. Je suis le sep de la vigne , et vous en êtes les branches. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure , porte beaucoup de fruit ; car vous ne pouvez rien faire sans moi,
6. Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il sera jeté dehors comme un sarment inutile : il séchera, et on le ramassera pour le jeter au feu et le brûler.
7, Si vous demeurez en moij et que me3 pa-
s. J E A N. Sj
Volesdemeurentenvous, vous demanderez tout ce que vous voudrez, et il vous sera accordé.
8. C'est la gloire de mon Père, que vous rap- portiez beaucoup de fruit, et que vous deveniez nies disciples.
9. Comme mon Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés. Demeurez dans mon amour.
1 o. Si vous gardez mes commandemens , vous demeurerez dans mon amour , comme j'ai moi- même gardé les commandemens de mon Père, et que je demeure dans son amour.
II. Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie demeure en vous, et que votre joie soit pleine et parfaite.
§. II. Commandement de r amour. Amis non esclaves. Choix des élus,
12.. Le commandement que je vous donne, est de vous aimer les uns les autres , comme je vous ai aimés.
i3. Personne ne peut avoir un plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.
14. Vous êtes mes amis, si vous faites les choses que je vous commande.
i5. Je ne vous appellerai plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés mes amis, parce que je vous ai fait connoître tout ce que j'ai appris de mon Père,
88 EVANGILE
16. Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, mais c'est moi qui vous ai choisis, et je vous ai éta- blis, afin que vous marchiez, que vous rappor- tiez du fruit, et que votre Fruit demeure tou- jours ., et que mon Père vous donne tout ce que Ypus hii demanderez en mon nom.
17. Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres.
§. III. Monde ennemi des fidèles. Juifs inexcusables.
18. Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous.
19. Si vous étiez du monde, le monde aime- roit ce qui seroit à lui ; mais parce que vous n'êtes point du monde, et que je vous ai choi- sis du milieu du monde, c'est pour cela que le monde vous hait.
2.0. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite: Le serviteur n'est pas plus a;rand que son maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécu- teront aussi ; s'ils ont gardé mes paroles, ils garderont aussi les vôtres.
2.1. Mais ils vous feront tous ces mauvais traitemens à cause de mon nom ; parce qu'ils ne connoissent point celui qui m'a envoyé.
2.2. Si je n'étois point venu , et que je ne leur eusse point parlé , ils ne seroient point cou- pables : mais maintenant ils n'ont point d'ex- cuse de leur péché.
s. J E A N. «9
^3. Celui qui me hait , hait aussi mon Père.
2,4. Si je n'avois point fait parmi eux des œu- vres qu'aucun autre n'a faites, ils n'auroient point le péché qu^ilè ont : mais maintenant ils les ont vues, et ils ont haï et moi et mon Père,
20. Afin que la parole qui est écrite dans leur loi soit accomplie : Ils m'ont haï sans aucun sujet.
26. Mais lorsque le Consolateur , l'Esprit de vérité , qui procède du Père , que je vous en- verrai de la part de mon Père, sera venu, il ren- dra témoignage de moi ;
27. Et vous en rendrez aussi témoignage, parce que vous êtes dès le commencement avec moi.
CHAPITRE XVI.
Suite du Sermon après la Cène.
§. I. Prédiction des persécutions. Promesse de l'Esprit consolateur,
I. Je vous ai dit ces choses , afin que vous n'en soyez point scandalisés.
2. Ils vous chasseront des synagogues , et le temps vient , C|ue quiconque vous fera mourir, croira faire une chose agréable à Dieu.
3. Ils vous traiteront de là sorte, parce qu'ils ne connoissent ni/7Z(?«Père, ni moi.
90 EVANGILE
4. Or, Je vous ai dit ces choses , afin que lors- que ce temps-là sera venu , vous vous souve- niez que je vous les ai dites.
5. Je ne vous les ai pas dites dès le* commen- cement , parce que j'étois avec vous; mais main- tenant je m'en vais à celui qui m'a envoyé, et aucun de vous ne me demande où je m'en vais.
6. Mais parce que je vous ai dit ces choses , votre cœur a été rempli de tristesse.
7. Cependant je vous dis la vérité, il vous est utile que je m'en aille ; car si je ne m'en vais point, le Consolateur ne viendra point à vous ; mais si je m'en vais , je vous l'enverrai.
8. Et lorsqu'il sera venu , il convaincra le monde touchant le péché, touchant la justice, touchant le jugement ;
9. Touchant le péché, parce qu'ils n'ont point cru en moi ;
10. Touchant la justice, parce que je m'en vais à mon Père, et que vous ne me verrez plus ;
11. Et touchant le jugement , parce C|ue le prince de ce monde est déjà jugé.
12. J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez les porter présen- tement.
i3. Quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité; car il ne parlera pas de lui-même; mais il dira tout ce qu'il aura entendu , et il vous annoncera les choses à venir.
s. J E A N. 9r
14. Il me glorifiera, parce qu'il recevra de
ce qui est à moi, et il vous l'annoncera.
i5. Tout ce qu'a mon Père esta moi; c'est
pourquoi je vous dis qu'il recevra de ce qui est
à moi, et vous l'annoncera.
§. 1 1. Joie après la tristesse.
16. Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je m'en vais à mon Père.
17. Sur cela, quelques-uns de ses disciples se dirent les uns aux autres : Que nous veut-il dire par là: Encore un peu de temps , et vous ne me verrez plus : et encore un peu de temps , et vous me verrez , parce que je m'en vais àmonPère?
18. Ils disoient donc : Que signifie ce qu'il dit : Encore un peu de temps ? Nous ne savons ce qu'il veut dire.
19. Mais Jésus connoissant qu'ils vouloient l'interroger là-dessus, il leur dit: Vous vous demandez les uns aux autres ce que je vous ai voulu dire par ces paroles : Encore un peu de temps , et vous ne me verrez plus , et encore un peu de temps , et vous me verrez.
20. En vérité, en vérité je vous le dis : Vous pleurerez et vous gémirez, et le monde se ré- jouira: vous serez dans la tristesse , mais votre tristesse se changera en joie.
21. Une femme , lorsqu'elle enfante, est dans
^3 EVANGILE
la douleur, parce que son heure est venue; mais après qu'elle a enflante un fils, elle ne se souvient plus de tous ses maux , dans la joie qu'elle a d'avoir mis un homme au monde.
'22. C'est donc ainsi que vous êtes maintenant dans la tristesse ; mais je vous verrai de nouveau , et votre eœur se réjouira, et personne ne vous ravira votre joie.
§. III. Prière au nom de Jcsus-Chrisi obtient tout du Père. Confiance en Jésus qui a vaincu le monde.
sS. En ce jour-là vous ne m'interrogerezplus de rien. En vérité, en vérité je vous le dis: Si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom , il vous le donnera.
24. Jusques ici vous n'avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez; afin que votre joie soit pleine et parfaite.
^5. Je vous ai dit ces choses en paraboles. L'heure vient que je ne vous entretiendrai plus en paraboles , mais je vous parlerai ou- vertement de mon Père.
s6. En ce jour -là vous demanderez en mon nom , et je ne v;ous dis point que je prierai mon Père pour vous;
2.7. Car mon Père vous aime lui - même, parce que vous m'avez aimé , et que vous avez cru c|ue je suis sorti de Dieu.
s. J E A N. 93
5i8. Je suis sorti de mon Père, et je suis venu dans le monde ; mais maintenant je laisse le monde, et je m'en retourne à mon Père.
£9. Ses disciples lui dirent : Vous parlez maintenant tout ouvertement , et vous n'usez d'aucunes paraboles.
3o. Nous t'oyons bien à présent o^ue vous savez toutes choses, et que vous n'avez pas be- soin que personne vous interroi^e; c'est pour cela que nous croyons que vous êtes sorti de Dieu.
3i. Jésus leur répondit : Vous crojez main- tenant.
Ss. Le temps va venir, et il est déjà venu, que vous serez dispersés chacun de votre côté , et que vous me laisserez seul ; mais je ne suis pas seul , parce que mon Père est avec moi.
33. Je vous ai dit ces choses, afin que vous trouviez la paix en moi. Vous aurez à souffrir bien des afflictions dans le monde j mais ayez confiance , j'ai vaincu le monde.
f)4 EVANGILE
CHAPITRE XVII.
Prière de Je'sus - Christ après la Cène. §. I. Jésus prie pour sa glorification.
t. JESUS ayant dit ces choses, leva les3'enx au ciel, et dit : Mon Père , l'heure est venue, ^\o- rifiez votre Fils , afin que votre Fils vous glo- rifie ;
2. Comme vous lui avez donné puissance sur tous les hommes , afin qu'il donne la vie éter- nelle à tous ceux que vous lui avez donnés.
3. Or , la vie éternelle consiste à vous con- noître, vous qui êtes le seul Dieu véritable, et Jésus-Christ, que vous avez envoyé.
4. Je vous ai glorifié sur la terre; j'ai achevé l'ouvrage dont vous m'aviez chargé.
6. Et vous, mon Père , glorifiez-moi donc aussi maintenant en vous-même de cette gloire que j'ai eue en vous avant c^ue le monde existât.
§. II. Jésus prie pour le salut des apôtres.
6. J'ai fait connoître votre nom aux hommes que vous m'avez donnés en les séparant du monde. Ils étoient à vous , et vous me les avez donnés; et ils ont gardé votre parole.
7. Ils savent présentement que tout ce que vous m'avez donné, vient de vous ^
s. J E A N. 95.
S. Parce que je leur ai donné les paf oies que
vous m'avez données, et ils les ont reçues ; ils
ont reconnu véritablement que je suis sorti de
vous , et ils ont cru que vous m'avez envoyé.
9. C'est pour eux que je prie. Je ne prie point pour le monde ; mais pour ceux que vous m'avez donnés , parce qu'ils sont à vous.
10. Tout ce qui est à moi , est à vous , et tout ce qui esta vous, est à moi, et je suis glorifié en. eux-
1 1. Je ne.suis plus dans le monde ; mais pour eux ils sont encore dans le monde , et je m'en retourne à vous. Père saint , conservez en votre nom ceux que vous m'avez donnés , afin qu'ils soient un comme nous.
is. Lorsque j'étois avec eux, je les conser- vois en votre nom. J'ai conservé ceux que vous m'avez donnés, et nul d'eux ne s'est perdu; et il n'y a eu de perdu que celui qui étoit enfant de perdition, afin que l'Ecriture fût accomplie.
i3. Mais maintenant je vais à vous, et je dis ceci étant encore dans le monde , afin qu'ils ajcnt en eux-mêmes la plénitude de ma joie.
14. Je leur ai donné votre parole, et le monde les a haïs , parce qu'ils ne sont point du monde , comme je ne suis point moi-même du monde.
i5. Je ne vous prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal.
16. Ils ne sont point du monde , comme je ne suis point moi-même du monde.
96 EVANGILE
17. Sanctifiez-les dans la vérité. Votre parole est la vérité même.
18. Comme vous m'avez envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde.
19. Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'ils soient aussi sanctifiés dans la vérité.
§. III. Jésus prie pour le salut de tous les élus,
20. Je ne prie pas pour eux seulement; mais encore pour ceux qui doivent croire en moi par leur parole;
SI. Afin que tous ensemble ils soient un ; comme vous , mon Père , vous êtes en moi, et moi en vous , qu'ils soient de même un en nous , afin que le monde voye que vous m'avez envoyé ;
2,2. Et je leur ai donné la gloire que vous m'avez donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un.
s3. Je suis en eux , et vous en moi , afin qu'ils soient consommés en l'unité, et que le monde connoisse que vous m'avez envoyé , et que vous les avez aimés , comme vous m'avez aimé.
24. Mon Père , je désire que là où je suis, ceux que vous m'avez donnés y soient aussi avec moi; afin qu'ils contemplent ma gloire que vous m'avez donnée , parce que vous m'avez aimé avant la création du monde.
2:5. Père juste , le mondç ne vous a point
connu j
s. J E A N. 97
ct)nnu ; mais moi je vous ai connu, et ceux-ci ont connu que vous m'avez envoyé.
26. Je leur ai Fait connoître votre nom , et le leur ferai connoître encore j afin que l'amour dont vous m'avez aimé, soit en eux, et que je sois moï-même en eux.
CHAPITRE XVIÏI.
§, I. Jardin. Juifs renverses. Jésus pris et mené a Anne,
I. JÉSUS ayant dit ces choses, s'en alla avec ses disciples au-delà du torrent de Cédron , où il y avoit un jardin, dans lequel il entra, lui et ses disciples.
2. Judas, qui le trahissoit, connoissoit aussi ce lieu-là, parce que Jésus j avoit souvent été avec ses disciples.
3. Judas ayant donc pris m^ec lui une compa- gnie de soldats , et des gens envoyés par les princesv des prêtres et par les pharisiens, il vint en ce lieu avec des lanternes , des flambeaux et des armes.
4. Mais Jésus qui savoit tout ce qui lui de- voit arriver , vint au-devant d'eux, et leur dit : Qui cherchez -vous?
5. Ils lui répondirent : Jésus de Nazareth. Jésus leur dit : C'est moi. Or Judas, qui le tra- hissoit, étoit aussi là présent avec eux.
10. , G
98 EVANGILE
6. Lors donc que Jésus leur eut dit : Cest moi , ils furent rienversés et tombèrent par terre.
7. Il leur demanda encore une fois : Qui cher- chez-vous ? Ils lui dirent : Jésus de Nazareth.
8. Jésus leur répondit : Je vous ai dit que c'est moi. Si c'est donc moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci;
9. Afin que cette parole qu'il avoit dite fût accomplie : Je n'ai perdu aucun de ceux que vous m'avez donnés.
10. Alors Simon-Pierre , qui avoit une épée, la tira, en frappa un des gens du grand-prêtre, et lui coupa l'oreille droite ; et cet homme s'ap- peloit Malchus.
11. Mais Jésus dit à Pierre : Remettez votre épée dansle fourreau : ne faut-il pas que je boive le calice que mon Père m'a donné ?
1 2. Les soldats et leur capitaine, avec les gens envoyés parles Juifs, prirent donc Jésus, et le lièrent ;
i3. Et ils l'emmenèrent premièrement chez Anne , parce qu'il étoit beau-père de Caïphe qui étoit le grand -prêtre cette année -là.
14. Et Caïphe étoit celui qui avoit donné ce conseil aux Juifs : Qu'il étoit utile qu'un seul homme mourût pour loin le peuple.
s. J E A N. 99
§. 1 1. Pierre entre che:^ Caïpke. Jésus interrogé sur sa doctrine _, reçoit un soufflet. Renon- cement de Pierre.
i5. Cependant Simon -Pierre suivit Jésus , comme aussi un autre disciple, qui étant conna du grand-prêtre, entra avec Jésus dans la mai- son du grand-prêtre ;
i6. Mais Pierre demeura dehors à la porte. Alors cet autre disciple , qui étoit connu du grand- prêtre, sortit et parla à la portière, qui fit entrer Pierre.
17. Cette servante, qui gardoit la porte, dit donc k Pierre -.N'êtes -vous pas aussi des disci- ples de cet homme? Il lui répondit: Je n'en suis point.
18. Les serviteurs et les gens qui avoient pris Jésus étoient auprès du feu , où ils se chauf- faient , parce qu'il faisoit froid. Et Pierre étoit aussi avec eux, et se chaufîbit.
19. Cependant le grand -prêtre interrogea Jésus touchant ses disciples , et touchant sa doctrine.
2,0. Jésus lui répondit: J'ai parlé publique- ment à tout le monde ; j'ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où tous les Juifs s'assemblent , et je n'ai rien dit en secret.
SI. Pourquoi^(?^cm'interrogez-Yous?Inter5
îoo EVANGILE
rogez ceux qui m'ont entendu, pour savoir ce que je leur ai dit. Ce sont ceux-là qui savent ce que j'ai enseigne.
2.2. Lorsqu'il eut dit cela, un des officiers qui ëtoit-là présent, donna un souftlet à Jésus, en lui disant : Est-ce ainsi que vous répondez au grand -prêtre?
2.3. Jésus lui répondit: Si j'ai mal parlé, fai- tes voirie mal que j'ai dit; mais si j'ai bien parlé, pourquoi me frappez-vous?
2.j\. Or , Anne l'avoit envoyé lié, à Caïphe, le grand-prétre.
^iô.CependantSimon-Pierreétoitdebout/^/è^ au feu , et se chauff'oit. Quelques-uns donc lui dirent: N'êtes- vous pas aussi de ses disciples? Il le nia, en disant : Je n'en suis point.
2.6. Alors un des gens du grand- prêtre, pa- rent de celui à qui Pierre avoit coupé l'oreille, lui dit : Ne vous ai - je pas vu dans le jardin avec cet homme ?
§. I II. Jésus présenté à Pilaie. Son règne n'est point de ce monde. Il est né pour rendre té' moignage a la vérité. Barabbas.
2.7. Pierre le nia encore une fois; et le coq chanta aussi- tôt.
2.8. Ils menèrent donc Jésus de chez Caïphe au palais du gouverneur. C'étoit le matin : et pour eux, ils n'entrèrent point dans le palais.
s. J E A N. 101
afin de ne se pas souiller, et de pouvoir manger la Paque.
^9. Pilate les vint donc trouver dehors , et leur dit : Qi^el est le crime dont vous accusez cet homme?
3o. Ils lui répondirent : Si ce n'étoit point un méchant , nous ne vous l'aurions pas livré entre les mains.
3i. Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes , et le jugez selon votre loi. Mais les Juifs lui répondirent: Il ne nous est pas permis de faire mourir personne ;
82. Afin que ce que Jésus avoit dit, lorsqu'il avoit marqué de quelle mort il devoit mourir, fût accompli.
33. Pilate étant donc rentré dans le palais , et avant fait venir Jésus, lui dit : Etes -vous le roi des Juifs?
34. Jésus lui répondit : Dites -vous cela de vous-même, ou si d'autres vous l'ont dit de moi ?
35. Pilate lui répliqua: Ne savez-vous pas bien que je ne suis pas Juif? Ceux de votre nation et les princes des prêtres vous ont livré entre mes mains : Qu'avez - vous fait ?
36. Jésus lui répondit : Mon royaume n'est pas de ce monde. Si mon rojaume étoit de ce monde, mes gens auroient combattu pour m'em- pêcher de tomber entre les mains des Juifs; mais mon royaume n'est point d'ici.
jofl EVANGILE
37. Pilate lui dit alors : Vous êtes donc roî ? Jésus lui répartit : Vous le dites, que je suis roi ? C'est pour cela que je suis né, et que je suis venu dans le monde , afin de rendre témoi- gnage à la vérité : quiconque appartient à la vérité , écoute ma voix.
38. Pilate lui dit : Qu'est-ce que la vérité ? Et ayant dit ces mots, il sortit encore pour aller vers les Juifs, et leur dit : Je ne trouve aucun crime en cet homme.
39. Mais comme c'est la coutume que je vous délivre un criminel à \a. fête de Pâques , voulez- vous que je vous délivre le roi des Juifs ?
40. Alors ils se mirent de nouveau à crier tous ensemble : Nous ne voulons point celui-ci , mais Barabbas. Or ,Barabbas étoit un voleur,
CHAPITRE XIX.
§. I. FlageUation. Couronne cT épines. J^oici rhomme. Crucifie-:^- le.
I. ± iLATEprit donc alors Jésus, et le fit fouet- ter.
2. Et les soldats ayant fait une couronne d'é- pines entrelacées, la lui mirent sur la tète, et ils le revêtirent d'un manteau d'écarlate.
3. Puis ils lui vénoient dire : Salut au roi des Juifs, et ils lui donnoient des soufflets*
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s. JEAN. io3
4. Pilate sortit donc encore une fois hors diL •palais , et dit aux Juifs : Le voici ; je vous l'amène dehors , afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime.
5. Jésus sortit donc, portant une couronne d'épines et un manteau d'écarlate ; et Pilate leur dit : Voici l'h omme.
6. Lesprincesdesprêtresetleursgensl'ayant vu , se mirent à crier : Crucifiez -le , crucifiez- le. Pilate leur dit : Prenez -le vous-mêmes et le crucifiez, car pour moi je ne trouve en lui aucun crime.
7. Les Juifs lui répondirent: Nous avons une loi, et selon cette loi, il doit mourir, parce qu'il s'est fait Fils de Dieu.
§. I \. Silence de Jésus, Tout pouvoir vient d*en haut. Timidité de Pilate,
8. Pilate ayant donc entendu ces paroles, crai- gnit encore davantage ;
9. Et étant rentré dans le prétoire, il dit à Jésus : D'où êtes -vous? Mais Jésus ne lui fit aucune réponse.
10. Alors Pilate lui dit : Vous ne me parlez point? Ne savez-vous pas que j'ai le pouvoir de vous f:ùre attacher à une croix, et que j'ai le pouvoir de vous délivrer?
11. Jésus lui répondit : Vous n'auriez aucun pouvoir sur moi, s'il ne vous avoit été donné
104 EVANGILE *
d>ii haut. C'est pourquoi celui qui m'a livré a
vous est coupable d'un plus grand péché.
12. Depuis cela, Pilate cherchoit un moyen de le délivrer. Mais les Juifs crioient : Si vous délivrez cet homme, vous n'êtes point ami de César ; car quiconque se fait roi , se déclare contre César.
i3. Pilate ayant ouï ce discours , mena Jésus hors du prétoire , et s'assit dans son tribunal , au lieu appelé en grec Lithostrotos, et en hé- breu Gabbatha.
14. C'étoit le jour de la préparation de la Paque, et il étoit alors environ la sixième heure _, et il dit aux Juifs : Voilà votre roi.
1 5. Mais ils se mirent à crier : Otez-le,ôtez-le du monde y crucifiez- le. Pilate leur dit : Cruci- fierai-je votre roi? Les princes des prêtres lui répondirent : Nous n'avons point dautre roi que César.
§. I IL Jésus livré aux Juifs. Portement de la croix. Crucifiement. Titre de la croix.
16. Alors il le leur abandonna pour être cru- cifié. Ainsi ils prirent Jésus et l'emmenèrent.
17. Et portant sa croix, il vint au lieu appelé le Calvaire, qui se nomme en hébreu Golgotha,
18. Où ils le crucifièrent, et deux autres avec lui , l'un d'un côté, l'autre de l'autre, et Jésus au milieu.
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s. J E A N. io5
19. Pilate fit aussi une inscription, qu'il fit mettre au haut de la croix, où étoient écrits ces mots : Jésus de Nazareth, roi des Juifs.
20. Cette inscription fut lue de plusieurs d'entre les Juifs, parce que le lieu où Jc'sus avoit été crucifié étoit proche de la ville, et que l'inscription étoit en hébreu , en grec et en latin.
2.1. Les princes des prêtres dirent donc à Pilate : Ne mettez pas dans l'inscription , roi des Juifs; mais qu'il s'est dit roi des Juifs.
2.2. Pilate leur répondit : Ce qui est écrit, est écrit.
§. IV. Vctemens. Tunique. La Vierge et S. Jean au pied de la croix.
23. Les soldats ayant crucifié Jésus , prirent ses vêtemens, et les divisèrent en quatre parts, une pour chac|ue soldat. Ils prirent aussi la tu- nique ; et comme elle étoit sans couture et d'un seul tissu depuis le haut jusqu'en bas,
24. Ils dirent entr'eux : Ne la coupons point , mais jetons au sort à qui l'aura , afin C[ue cette parole de l'Ecriture fût accomplie : Ils ont par- tagé entr'eux mes vêtemens, et ils ont tiré ma robe au sort. Voilà ce que firent les soldats.
20. Cependant la mère de Jésus , et la sœur de sa mère, Marieyè//z/7/e de Cléophas , et Marie Madeleine , se tenoient auprès de sa croix.
io6 EVANGILE
2,6. Jésus ajant donc vu sa mère, et près crellc le disciple qu'il aimoit , dit à sa mère : Femme^ voilà votre fils.
27. Puis il dit au disciple : Voilà votre mère. Et depuis cette heure-là ce disciple la prit chez lui.
§. V. Soif, Tout est accompli. Mort. Os non brisés. Côté percé.
s8. Après cela, Jésus sachant que toutes cho- ses étoient accomplies, afin C[\x nnç, parole de /'Ecriture s'accomplit encore, il dit : J'ai soiF.
29. Et comme il y avoit là un vase plein de vinaigre, les soldats en emplirent une éponge, et l'environnant d'hjssope la lui présentèrent à la bouche. *
30. Jésus ayant donc pris le vinaigre, dit: Tout est accompli. Et baissant la tête, il rendit l'esprit.
3i. Or, de peur que les corps ne demeuras- sent à la croix le jour du sabbat , parce que c'en étoit la veille et la préparation , et que ce jour étoit le grand jour du sabbat, les Juifs prièrent Pilate qu'on leur rompit les jambes, et qu'on les ôtât de-là.
Sa. Il vint donc des soldats qui rompirent les jambes au premier, et de même à l'autre qu'on avoit crucifié avec lui.
33. Puis étant venus à Jésus, et voyant qu'il
s. JEAN. 107
etoît déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes ;
34. Mais un des soldats lui ouvrit le coté avec une lance , et il en sortit aussi-tôt du sang et de l'eau.
35. Celui qui l'a vu, en rend témoignage , et son témoignage est véritable ; et il sait qu'il dit vrai, afin que vous le croyiez aussi.
36. Car ces clioses ont été faites , afin que cette parole de l'Ecriture fût accomplie : Vous ne briserez aucun de ses os.
37. Il est dit encore dans un autre endroit de l'Ecriture : Ils verront celui qu'ils ont percé.
î. §. V I. Joseph et I^icodème, Sépulture.
38. Après cela Joseph d'Arimatliie , qui étoit disciple de Jésus, mais en secret, parce qu'il craignoit les Juifs, supplia Pilate cp'il lui per- mît d'enlever le corps de Jésus ; et Pilate le lui ayant permis, il vint, et enleva le corps de Jésus.
39. Nicodëme , qui étoit venu trouver Jésus 4a première fois durant la nuit , y vint aussi avec environ cent livres d'une composition de myrrhe et d'aloës;
40. Et ayant pris le corps de Jésus , ils l'en- veloppèrent dans des linceuls avec des aroma- tes , selon que les Juifs ont coutume d'ensc- vehr.
,o8 EVANGILE
41. Or, il y avolt au lieu où il avoit été cru- cifié, un jardin , et clans ce jardin un sépulcre tout neuf, où personne n'avoit encore été mis.
42. Comme donc c'étoitle Jour de la prépa- ration du sabbat des Juifs , et que ce sépulcre étoit proche , ils j mirent Jésus.
CHAPITRE XX.
§. I. Madeleine va du sépulcre aux apôtres. Course de Pierre et de Jean.
I. JLe premier jour de la semaine, Marie Ma- deleine vint dès le matin au sépulcre, lorsqu'il faisoit encore obscur, et elle vit que la pierre avoit été ôtée du sépulcre.
2. Elle courut donc, et vint trouver Simon- Pierre, et cet autre disciple que Jésus aimoit, et leur dit: Ils ont enlevé le Seigneur du sépul- cre , et nous ne savons où ils l'ont mis.
3. Pierre sortit aussi-tôt, et cet autre disci- ple aussi, et ils s'en allèrent au sépulcre.
4. Ils couroient l'un et l'autre ensemble ; mais cet autre disciple courut plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre;
5. Et s'étant baissé , il vit les linceuls qui étoient à terre; mais il n'entra point.
6. Simon-Pierre, qui le suivoit , arriva ensuite et entra dans le sépulcre^iet vit les linceuls qui étoient à terre ;
s. J E A N. 109
y. Et le suaire qu'on avoit mis sur sa tête, qui n'étoit pas avec les linceuls, mais plié en un lieu à part.
S. Alors donc cet autre disciple, qui étoit ar- rivé le premier au sépulcre, j entra aussi ,et il vit, et il crut;
9. Car ils ne comprenoientpas encore ce que l'Ecriture enseigne: Qu'il falloit qu'il ressusci- tât d'entre les morts.
10. Ces disciples s'en retournèrent ensuite chez eux.
§. 1 1. Apparition des Anges et de ^ Jésus a Madeleine.
11. Mais Marie se tint dehors pleurant près du sépulcre. Et comme elle pleuroit, s'étant baissée pour regarder dans le sépulcre,
i^. Elle y vit deux Anges vêtus de blanc, as- sis au lieu où avoit été le corps de Jésus , l'ua à la tête , et l'autre aux pieds.
i3. Ils lui dirent: Femme , pourquoi pleurez- vous ? Elle leur répondit: C'est qu'ils ont en- levé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont mis. '
14. Aj^ant dit cela, elle se retourna, et vit Jésus debout, sans savoir néanmoins que ce fût Jésus.
i5. Alors Jésus lui dit : Femme , pourquoi pleurez-vous? Qui cberchçz-vous ? Elle , pensant
îio E VAN G I LE
que c'ëtoit le jardinier , lui dit : Seigneur , sî c'est TOUS qui l'avez enlevé, dites-moi où vous l'avez mis , et je l'emporterai.
16. Jésus lui dit : Marie. Aussi-tôt elle se îetourna, et lui dit : Rabboni , c'est-à-dire, mo7i Maître.
17. Jésus lui répondit: Ne me touchez pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père: mais allez trouver mes frères , et dites-leur de jnaparl: Je monte vers mon Père , et votre Père, vers mon Dieu , et votre Dieu.
18. Marie Madeleine vint donc dire aux disci- ples qu'elle avoit vu le Seigneur, et qu'il lui avoit dit ces choses.
§. III. Jésus apparaît aux apôtres ; leur donne Le Saint-Esprit.
19. Sur le soir du même jour, iqui ctoit le premier de la semaine, les portes du lieu où les disciples étoient assemblés , de peur des Juifs , étant fermées , Jésus vint , et se tint au milieu d'ez/x', et leur dit : La paix soit avec vous.
so. Ce qu'ayant dit , il leur montra ses mains et son côté. Les disciples eurent donc une grande joie de voir le Seigneur,
21. Et il leur dit une seconde fois : La paix soit avec vous. Comme mon Père m'a envoyé, je vous envoie aussi de même.
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s. JEAN. iiî
22. Avant dit ces mots , il souffla sur eux , et leur dit : Recevez le Saint-Esprit ;
23. Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez , et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez,
§. IV. Thomas voit et croit. Heureux qui croira sans voir. Miracles non écrits.
24. Or Thomas, l'un des douze apôtres , ap- pelé Didymc , n'étoit pas avec eux lorsque Jésus vint.
20. Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seit2;neur. Mais il leur dit : Si je ne vois dans ses mains la marque des doux qui les ont percées , et si je ne mets mon doigt dans le trou des doux , et ma main dans la plaie de soa côté, je ne le croirai point.
26. Huit jours après, les disciples étant en- core dans le même lieu , et Thomas avec eux , Jésus vint , les portes étant fermées, et il se tint au milieu d^eux, et leur dit : La paix soit avec vous.
27. Il dit ensuite à Thomas : Portez ici votre doigt, et considérez mes maips ; approchez aussi Votre main et la mettez dans mon côté , et ne soyez plus incrédule , mais fidèle.
28. Thomas répondit, et lui dit : Mon Sei- gneur et mon Dieu.
29. Jésus lui dit : Vous avez cru, Thomas,
IIS EVANGILE
parce que vous m'avez vu : heureux ceux qui
sans avoir vu , ont cru.
3o. Jésus a fait beaucoup d'autres miracles k la vue de ses disciples, qui ne sont pas écrits dans ce livre.
3i. Mais ceux-ci sont écrits , afin que vous croyiez que Jésus est le Christ Fils de Dieu ; et qu'en croj/ant, vous ajezlavie en son nom.
CHAPITRE XXL
§. L Apparition près de la mer de Tibériadc. Pêche miraculeuse.
I. Jésus se fit voir encore depuis à ses disci- ples sur le bord de la mer de Tibcriade , et il s'v fit voir de cette sorte.
2.. Simon-Pierre, et Thomas appelé Didyme, Nathanael , qui étoit de Cana en Galilée , les fils de Zébedée , et deux autres de ses disciples étoient ensemble.
3. Simon-Pierre leur ayant dit : Je m'en vais pêcher, ils lui dirent : Nous allons aussi avec vous.Ils s'en allèrent donc, et entrèrent dans une barque ; mais cette nuit-lkils ne prirent rien.
4. Le matin étant venu , Jésus parut sur le rivage, sans que ses disciples connussent que c'étoit Jésus.
5. Jésus leur dit donc: Enfans, n'avez-vous rien à manger ? Ils lui répondirent : Non.
6.
s. J E A N. ii3
6. Il leur dit : Jetez le filet au côté droit de la barque , et vous en trouverez. Ils le jetèrent aussi -tôt, et ils ne pouvoient plus le tirer, . tant il étoit chargé de poissons.
7. Alors le disciple que Jésus aimoit , dit li Pierre : C'est le Seigheur. Et Simon - Pierre ayant ouï que c'étoit le Seigneur, mit son habit, car il étoit nud, et il se jeta dans la mer.
8. Les autres disciples vinrent dans la barque, . n'étant pas loin de la terre, mais environ de deux cens coudées , et ils y tirèrent le filet plein de poissons.
9. Lors donc qu'ils furent descendus à terre, ils trouvèrent des charbons allumés, et du pois- son mis dessus, et du pain.
10. Jésus leur dit: Apportez de ces poissons que vous venez de prendre.
1 1. Alors S'imon-Fierremonta-dans /a l^arçue , et tira à terre le filet qui étoit plein de cent cin- cjuante-trois grands poissons. Et quoiqu'il y en eût tant, le filet ne se rompit point.
12. Jésus leur dit : Venez , dînez. Et pas un de ceux qui se mirent là pour manger, n'osoit lui demander : Qui êtes-vous? Car ils savoient que c'étoit le Seigneur.
i3. Jésus vint dorrc, prit le pain, et leur en donna, et du poisson de même.
14. Ce fut là la troisième fois que Jésus ao- parut à ses disciples , depuis qu'il fut ressuscita d'entre les morts,
jo. H
114 E VAN G I L E
§. 1 1. Amour de S. Pierre. Jésus lui confie ses brebis ; prédit son martyre.
i5. Après donc qu'ils eurent dîné, 'Jésus dit a Simon-Pierre: Simon, fils de Jean, m'aîmez- vous plus que ne font ceux-ci ? Il lui répondit : Oui , Seis^neur, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Paissez mes agneaux.
i6. Il lui demanda de nouveau: Simon, fils de Jean, m'aimez-vous ? Pierre lui répondit : Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit: Paissez mes agneaux.
17. Il lui demanda, pour la troisième fois: Simon, fils de Jean, m'aimez-vous ? Pierre fut touché de ce qu'il lui demandoit pour la troi- sième fois : M'iiimez-vous ? Et il lui dit : Sei- gneur , vous savez toutes choses ; vous connois- sezqueje vous aime. Jésus lui dit: Paissez mes brebis.
18. En vérité, en vérité je vous le dis : Lors- que vous étiez plus jeune, vous vous ceigniez vous-même, et vous alliez où vous vouliez ; mais lorsque vous serez vieux , vous étendrez vos mains, et un autre vous ceindra, et vous mènera où vous ne voudrez pas.
19. Or il dit cela pour marquer par quelle mort il devoit glorifier Dieu. Et après avoir ainsi parlé, il lui dit : Suivez-moi.
20. Pierre s'étant retourné; vit venir après
1
s. JEAN. ii5
îul le disciple que Jésus aimoit, qui pendant la Cène s'étoit reposé sur son sein , et lui avoit dit : Seigneur , qui est celui qui vous trahira?
21. Pierre l'ayant donc vu, dit à Jésus: Et celui-ci, Seig;neur , que deviendra-t-il ?
2.2. Jésus lui dit : Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que vous importe? Pour vous, suivez-moi.
2.3. Il courut sur cela un bruit parmi les frè- res, que ce disciple ne mourroit point. Jésus, néanmoins , n'avoit pas dit : Il ne mourrapoint ; mais : Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, C|ue vous importe?
24. C'est ce même disciple , qui rend témoi- gnage de ces choses , et C|ui a écrit ceci ; et nous savons que son témoignage est véritable.
2,5. Jésus a fait encore beaucoup d'autres choses : et si on les rapportoit en détail , je ne crois pas que le monde même pût contenir les livres qu'on en éc ri roi t.
FIN DE l'évangile DE S. JEAN.
H^
LES ACTES
DES
APOTRES.
ARGUMENT.
Le Livre des Actes des Apôtres, appelé par les Grecs 7rçaÇ?/ç rav kyitov aVoço'^wv, (c'est-à-dire, les actions des Saints Apôtres , autrement, V Histoire des actions et des faits des Apôtres , ou Knvoyès de Jésus-Christ, pour publier son Evangile ) , a reçu par Saint Chrysostôme et Oecumenius le surnom de Livre des Dogmes ou de V Evangile du Saint-Esprit , parce qu'il contient les faits miraculeux et extraordmaires que le Saint-Esprit a opérés dans tout le monde par le mi- nistère de ceux qu'il avoit remplis de sa grâce , de sa lumière et de sa force. Celui qui est l'auteur de ce Livre est Saint Luc , le même qui a écrit l'Evangile qui porte son nom , comme il l'insinue, non seulement en dédiant ces deux ouvrages au même Théophile , mais en mar- quant dans celui-ci qu'il a écrit l'histoire de Jésus- Christ , et qu'il l'a conduite depuis sa naissance jusqu'au jour de son ascension. Voyez le chap. i. v. i et a, et le 61 V. du dernier chapitre de son Evangile , dont il fait ici une espèce de sommaire ou de récapitulation. Il paroît qu'il a écrit ce Livre des Actes étant à Rome à la suite de Saint Paul , la seconde année que cet Apôtre y fut prisonnier pour la première fois , Act. 28 , ?;. 3o , ce qui convient avec ce que ce même Apôtre dit : 2. ad Tiinoth. 1 . z». 8. Ne rougissez point de Notre-Seigneur ni de moi , qui suis son captif, et au chap. 4 suivant , V. i\. Luc est seul avec moi.
Le premier chapitre des Actes contient , d'une ma- nière sommaire , tout ce qui se passa depuis la mort de Jésus-Chiist jusques à la descente du Saint-Esprit \ c'est-:
ARGUMENT. 119
â-dire , l'iiistoire des cinquante jours qui s'écoulèrent depuis la Pàque des Juifs jusqu'au jour qu'ils appeloient la Pentecôte. Le second chapitre, jusqu'au v. 3o du chap. 1 1 , comprend neuf aruiées , depuis la descente du Saint-Esprit , jusqu'à la famine , prédite par Agabus j arrivée la seconde année de l'empire de Claude. Voyez Suétone , cap. 18^ en la Vie de Claude , Tacite, Annal. 2, cap. 43. Josephe , lib. 10 , cap. "5 , de belLo Judaico , et Dion, lib. 60. Le chapitre 12 des Actes jusqu'au chap. 24 •> ^- ^7 •> contient dix-huit années, depuis cette seconde année du règne de Claude , jus- qu'au pont iicat d'Ananie. Enfin , le chap. 24 , v. 27 et suiv. , contient l'histoire de deux années , depuis l'éta- blissement de Porcins Festus , successeur de Félix , jus- qu'à la seconde année de la prison de Saint Paul à Rome , Act. 28 , u. 3o. Ainsi ce livre comprend l'his- toiie d'environ trente années , qui commencent à la trente-troisième année de la vie de Jésus-Chiist , et finissent la soixante-troisième de cette même naissance , vers la neuvième année de l'empii'e de Néron , l'an du monde 4060.
Cet auteur n'a presque rien écrit dans ce livre , que ce qu'il avoit vu lui-même ; c'est pourquoi il n'a point suivi les voyages de Saint Bai^nabé , qu'il avoit com- mencé à décrire, ainsi que plusieurs autres faits qu'ila laissés imparfaits , comme n'ayant pas été témoin de la suite. Il semble qu'il n'ait commencé à suivre exacte- ment Saint Paul dans ses voyages , que lorsque cet Apôtre vint à Troade , ville de la Macédoine ; car c'est la première fois qu'il paile au pluriel en première per-^ sorme. ( Voyez chap. i6, v. lo et suiv. , dix-huit ans ou envii^on après la mort de Jésus-Christ. )
H*
120 ARGUMENT.
Ce livre est écrit en grec , d'un style aussi pur cpé celui de son Evangile ; et les Exordes qu'il a mis à la tête de l'un et de l'autre de ces deux livres , prouvent qu'il avoit appiis, dans l'étude des Belles -Lettres , à écrire avec ordre et selon les règles de l'art. ( Voyez ce que l'on a dit dans l'argument qui est à la tête de son Evangde. )
Les Ebionites rejetoient ce livre , comme contenant les actions et la doctrine de Saint-Paul, qu'ils regar- doient comme l'ennemi de la Circoncision et des céré- monies légales de la loi. Voyez Eusèhe , lih. 4 , histor. cap. 2C) ; Saint Epiphaîie , hœres. 3o , n. 1 6. Les Mar- cionites le regardoient aussi comme un ouvrage apo*- cryphé. Voyez Tertul. lib. 5 , ach. Marc , cap. 2. Les Manichéens de même ne le recevoient point , parce qu'il y étoit fait mention de la descente du Saint-Esprit. Voyez Saint Aug. lih. de utilitate credendi , cap. 3. Saint Jean Chiysostôme se plaignoit , de son temps , dans son Homélie première sur ce livie , que la plu- part des fidèles ne s'attaclioient qu'à la lectme des livres des Evangiles , et des Epitres des Apôtres , et négligeoient celle de leurs Actes , quoiqu'elle ne fût pas moins nécessaire à leur instiaiction , ni moins propre à les fortifier dans la foi , et à les encourager dans la pra- tique des vertus chrétiennes.
LES ACTES
DES
APÔTRES.
CHAPITRE PREMIER.
§. I. Jésus - Christ promet le Saint - Esprit ; monte au ciel.
I. J'ai parlé clans mon premier livre, ô Théo- phile, de tout ce que Jésus a fait et enseii^né,
2. Depuis le commencement jusqu'au jour qu'il fut élevé da?is le ciel j après avoir instruit par leSaint-Esprit les apôtres qu'il avoit choisis.
3. Il s'étoit aussi montré à eux depuis sa pas- sion, et les avoit convaincus par beaucoup de preuves qu'il étoit vivant , leur apparois- sant durant quarante jours , et leur parlant du royaume de Dieu.
4. Et mangeant avec eux , il leur commanda de ne point partir de Jérusalem , mais d'atten- dre la promesse du Père , que vous avez, leur dit-il, ouïe de ma bouche;
5. Car Jean a batisé dans l'eau ; mais dans peu de jours vous serez batisés dans le Saint- Esprit.
I2S LESACTES
6. Alors ceux qui se trouvèrent prc'sens lui demandèrent : Seigneur , sera-ce en ce temps-ci (]ue vous rétablirez le royaume d'Israël ?
7. Et il leur répondit : Ce n'est pas à vous de savoir les temps et les momens que le Père a réservés à son souverain pouvoir.
8. Mais vous recevrez la vertu du Saint-Es- prit qui descendra sur vous ; et vous me ren- drez témoignage dans Jérusalem , dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre.
9. Après qu'il leur eut dit ces paroles , ils le virent s'élever en haut : et il entra dans une nuée qui le déroba à leurs yeux.
10. Et comme ils étoiefit attentifs à le regar- der monter au ciel , deux hommes vêtus de blanc se présentèrent soudain à eux ,
1 1 . Qui leur dirent : Hommes de Galilée , pour- quoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus qui , en se séparant de vous , s'est élevé dans le ciel , viendra de la même manière que vous l'y avez vu monter.
§. 1 1. Mathias élu en la place de Judas.
12. Ils partirent ensuite de la montagne ap- pelée des Oliviers , qui est éloignée de Jérusa- lem de l'espace du chemin qu'on peut faire le jour du sabbat, e/ils s'en retournèrent à Jéru- salem. *
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l(a/A/aj //// (I Ar n/an- i/c J'f^aaj.
D E s A P O T R E s. is3
i3. Et étant entrés dans une maison j ils montèrent à une chambre hante, où clemeu- roiènt Pierre, Jean, Jacques, André., Philippe, Thomas , Barthelemi et Matthieu, Jacques, 7?/.? d'Alphée , Simon , appelé le Zélé , et Jude , frère de Jacques,
14. Qui persévéroient tous dans un même esprit en prières avec les femm.es, et Marie, mère de Jésus , et ses frères. ■•
i5. Pendant ces jours-là, Pierre se leva au milieu des frères, qui étoient tous ensemble environ six-vin2;ts , et il leur dit :
16. Mes frères, il faut que ce que le Saint- Esprit a prédit dans l'Ecriture par la bouche de David, touchant Judas, qui a été le con- ducteur de ceux qui ont pris Jésus , soit ac- compli.
17. Il étoit dans le même rang que nous, et il avoit été appelé aux^fonctions du même mi- nistère;
18. Mais après avoir acquis un champ de la récompense de son péché, il s'est pendu et a crevé parle milieu du ventre, et toutes ses en- trailles se sont répandues.
19. Ce qui a été si connu de tous les habi- tans de Jérusalem, que ce champ a été nommé en leur langue , Haceldama, c'est-à-dire , le champ du sang.
2,0. Car il est écrit dans le livre des Pseau- mes : Que leur demeure devienne déserte ; qu'il
124 L E s A C T E s
n'y ait personne qui l'habite, et qu'un autre
prenne sa place. dans l'épiseopat.
2:1. Il faut donc qu'entre ceux qui ont été en notre compagnie pendant tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu parmi nous ,
2.2. A commencer depuis le batême de Jean, jusqu'au jour qu'il est monté au ciel en nous quittant , on en choisisse un , qui soit avec nous témoin de sa résurrection.
2.3. Alors ils en présentèrent deux : Joseph, appelé Barsahas , surnommé le Juste , et Ma- thias.
24. Et se mettant en prières, ils dirent : Sei- gneur , vous qui connoissez les cœurs de tous les hommes, montrez-nous lequel de ces deux vous avez choisi ; . 2b. Afin qu'il entre dans ce ministère , et dans l'apostolat , dont Judas est déchu par son crime, pour s'en aller en son lieu.
26. Aussi-tot ils les tirèrent au sort ; le sort tomba sur Mathias , et il fut associé aux onze apôtres.
D E s A P O T R E s. is5
CHAPITRE IL
§. I. Descente du Saint-Esprit. Don des langues.
I. Quand les jours de la Pentecôte furent accomplis, les disciples étant tous ensemble dans un même lieu ,
2. On entendit tout d'uncoup un grand brui t , comme d'un vent violent f/ impétueux, qui ve- noit du ciel, et qui remplit toute la maison où ils étoient assis.
3. En même temps ils virent paroître comme des langues de feu qui se partagèrent , et s'ar- rêtèrent sur chacun d'eux.
4. Aussi-tôt ils furent tous remplis du Saint- Esprit , et ils commencèrent à parler diverses langues, selon que le Saint-Esprit leur mettoît les paroles en la bouche.
6. Or il y avoit alors dans Jérusalem des Juifs religieux et craignant Dieu , de toutes les na- tions qui sont sous le ciel.
6. Après donc que ce bruit se fut répandu , il s'en assembla un grand nombre, c|ui furent tous interdits de ce que chacun d'eux les en- tendoit parler en sa propre langue.
7. Ils en étoient tous hors d'eux-mêmes ; et dans cet étonnement ils s'entre-disoient : Ces
1^6 LESAGTES
gens-là qui parlent ne sont-ils pastousGallléens?
8. Comment donc les entendons- nous parler chacvm la lan^^iie de notre pays?
9. Parthes , Mèdes , Elamites , ceux d'entre nous qui habitent la Mésopotamie, la Judée , la Cappadoce , le Pont et l'Asie ,
10. La Phrygie et laPamphylie, l'Egypte, et cette partie de la Ljbie, qui est proche de Cy- rène , et ceux qui sont venus de Rome ,
1 1. Juifs avissi et Prosélytes, Cretois et Ara- bes, nous les entendons parler chacun en notre lanafue des merveilles de Dieu.
12. Etant donc tout étonnés , et dans la der- nière admiration, ils s'entre-disoient : Que veut dire ceci ?
i3. Mais d'autres s'enmoquoient et disoient: C'est qu'ils sont iç/es et pleins de vin nouveau.
§. II. Première prédication de S. Pierre.
14. Alors Pierre se présentant avec les onze apôtres j éleva sa voix, et leur dit : O Juifs , et vous tous qui demeurez dans Jérusalem , con- sidérez ce que je vais vous dire, et soyez atten- tifs à mes paroles.
i5. Ces personnes ne sont pas ivres, comme vous le pensez, puisqu'il n'est encore que la troisième heure du jour.
16. Mais c'est V effet de ce qui a été prédit par le prophète Joël :
D E s A P O T R E s. 127
17. Dans les derniers temps, dit le Seigneur, je répandrai mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront; vos jeunes gens auront des visions , et vos vieillards auront des songes.
18. En ces jours-là , je répandrai mon Esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes , et ils prophétiseront.
19. Je fierai paroître en haut des prodiges dans le ciel, et en bas des signes extraordinaires sur la terre , du sang, du l'eu, et une vapeur de fumée.
20. Le soleil sera changé en ténèbres , et la lune en sang , avant c|ue le grand jour du Sei- gneur arrive et paroisse avec éclat:
^i. Et pour lors, quiconque invoquera le nom du Seigneur , sera sauvé.
^^. O Israélites , écoutez les paroles que je vais vous dire: Vous savez que Jésus de Naza- reth a été un homme que Dieu a rendu célèbre parmi vous , par les merveilles , les prodiges et les miracles qu'il a faits par lui au milieu de vous.
2.3. Cependant vous l'avez crucifié , et vous l'avez fait mourir par les mains des médians , vous ayant été livré par un ordre exprès de la volonté de Dieu, et par vin décret de sa pres- cience.
2.4. Mais Dieu l'a ressuscité , en arrêtant les douleurs de l'enfer, étant impossible qu'il y fût retenu.
3o8 LESACTES
2,5. Car David dit de lui : J'avois toujours 1er Seii^neur présent devant moi ; parce qu'il est à ma droite, afin que je ne sois point ébranlé.
26. C'est pour cela que mon cœur s'est réjoui , que ma langue a chanté de joie , et Cjue ma chair même reposera en espérance.
27. Parce que vous ne laisserez point mon ame dans l'enfer , et vous ne permettrez point que votre Saint éprouve la corruption.
28. Vous m'avez fait connoitre le chemin de la vie , et vous mé remplirez de la joie que donne la vue de votre visage.
29. Mes frères , qu'il me soit permis de vous dire hardiment du patriarche David, qu'il est mort, qu'il a été enseveli, et que son sépulcre est parmi nous jusqu'à ce jour.
30. Comtee il étoit donc prophète, et qu'il savoit que Dieu lui avoit promis avec serment, qu'il feroit naître de son sang un fils , qui seroit assis sur son trône ;
3i. Dans cette connoissance qu'il avoit de l'avenir, il a parlé de la résurrection du Christ, en disant qu'il n'a point été laissé dans l'enfer, et que sa chair n'a point éprouvé la corriq:)tion.
32. C'est ce Jésus que Dieu a ressuscité, et nous sommes tous témoins de sa résurrection.
33. Après donc qu'il a été élevé par la puis- sance de Dieu , et qu'il a reçu l'accomplissement de la promesse que le Père lui avoit faite d'en- vojer le Saint-Esprit, il a répandu cet Esprit
'saint
DES APOTRES. 129 saînt que vous vojez , et entendez mainte- nant.
34. Car David n'est point monté dans le ciel ; or il dit lui-même : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite ,
35. Jusqu'à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marchepied,
36. Que toute la maison d'Israël sache donc très-certainement , que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié.
37. Ayant ouï ces choses , ils furent touchés de componction en leur cœur, et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Mes frères ,- que faut-il que nous fassions ?
38. Pierre leur repondit : Faites pénitence, et que chacun de vous soit batisé au nom de Jésus-Christ, pour obtenir la rémission de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint- Esprit ;
89. Car la promesse a été faite à vous et a vos eijfans, et à tous ceux qui sont éloignés, autant que le Seigneur notre Dieu en appellera.
40. Il les instruisit encore par plusieurs au- tres discours; et il les exhortoit en disant: Sau- vez-vous du milieu de cette race corrompue.
i
§. III. Trois mille hommes convertis, Kie des premiers fidèles. Biens en commun.
41. Ceux donc qui recurent sa parole furent 10. ' l
i3o LES ACTES
batist's : et il j eut en ce jour environ trois mille personnes qui se ']Oi^n\rçnt aux disci/:f/es de Jésus-Christ.
42,. Ils persévéroient clans la doctrine des apôtres , dans la communion de la fraction du pain , et dans les prières.
48. Or tout le monde étoit saisi de frayeur; et il se faisoit beaucoup de prodiges et de mer- veilles par les apôtres [ dans Jérusalem ; et tous ctoient remplis de crainte].
44. Ceux cpii croyoient étoient tous unis en- semble, et ce qu'ils possédoient étoit en com- mun.
46. Ils vendoîent leurs terres et leurs biens, et les distribuoient à tous selon le besoin que chacun en avoit.
46. Ils alloient imssi tous les jours dans le temple unis de cœur et d'esprit entr'eux ; et rompant le pain dans leurs maisons, ils pre- iioient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur ,
47. Louant Dieu , et étant aimés de tout le peuple. Et le Seigneur augmentoit tous les jours le nombre de ceux qui dévoient être sau- vés dans l'unité d'un même corps.
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D.E s APOTRES. i3i
CHAPITRE III.
§. I. Boiteux guéri a la porte du temple.
I. V ERS le même temps , Pierre et Jean mon- toient au temple pour être à la prière de la neuvième heure.
2. Et il y avoit un liomme boiteux dès le ven- tre de sa mère , que l'on portoit , et que l'on mettoit tous les jours à la porte du temple , nommée la Belle porte , afin qu'il demandât l'aumône à ceux qui entroient dans le temple.
3. Cet homme ayant vu Pierre et Jean , qui alloient entrer dans le temple , les prioit de lui donner quelque aumône.
4. Et Pierre arrêtant avec Jean sa vue sur ce pauvre, lui dit: Regardez-nous.
5. Il les regardoit donc attentivement , es- pérant qu'il alloit recevoir quelque chose d'eux.
6. Alors Pierre lui dit : Je n'ai ni or ni ar- ^•ent ; mais ce c|ue j'ai , je vous le donne : Levez- vous au nom de Jésus-Christ de Nazareth , et marchez.
7. Et l'ayant pris par la main droite, il le souleva; et aussitôt les plantes et les os de se$ pieds s'affermirent.
8. 11 se leva à l'heure même , se tint ferme sur ses pieds, et commença à marcher : et il entra
I^
,32 LES ACTES
avec eux dans le temple , en marchant, en sau- tant et en louant Dieu,
9. Tout le peuple le vit comme il marchoit, et qu'il louoit Dieu.
10. Et reconnoissant que c'étoit celui-là même qui avoit accoutumé d'être assis à la Belle porte du temple pour demander Taumô- ne , ils furent remplis d'admiration et d'éton- nement de ce qui lui étoit arrivé.
11. Et comme il tenait par la main Pierre et Jean , tout le peuple étonné de cette mer- veille courut à eux à la galerie qu'on appelle de Salomon.
§. I L Seconde prédication de saint Pierre.
12. Ce que Pierre voyant , il dit au peuple: O Israélites, pourquoi vous étonnez -vous de ceci, et pourquoi nous regardez-vous, comme si c'étoit par notre vertu, ou par notre puis- sance, que nous eussions fait marcher ce boi- teux ?
i3. Le Dieu d'Abraham , le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob , le Dieu de nos Pères a glo- rifié son fils Jésus que vous avez livré , et re- noncé devant Pilate , qui avoit jugé qu'il devoit être renvoyé absous.
14. Vous avez renoncé le saint et le juste; vous avez demandé qu'on vous accordât la grâce d'un homme qui étoit un meurtrier ;
DES APOTRES. i33
i5. Et vous avez fait mourir l'auteur de la vie; mais Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, et nous sommes te'moins de sa résurrection.
i6. C'est sa puissance , qui par la foi en son nom , a affermi les pieds de cet homme, que vous avez vu boiteux j et que vous connois- sez, et la foi qui vient de lui, a fait devant vous tous le miracle d'une si parfaite gué- rison.
17. Cependant, mes frères , je sais que vous avez at^i en cela par ignorance, aussi bien que vos sénateurs.
18. Mais Dieu a accompli de cette sorte ce qu'il avoit prédit par la bouche de tous ses prophètes, que le Christ souffriroit la mort.
19. Faites donc pénitence, et convertissez- vous , afin que vos péchés soient effacés,
^o. Quand les temps du rafraîchissement que le Seigneur doit donner par sa présence, seront venus , et qu'il aura envoyé Jésus-Christ qui vous a été annoncé.
2.1. Il faut cependant que le cieL le reçoive jusqu'au temps du rétablissement de toutes choses, que Dieu a prédit par la bouche de ses saints prophètes depuis le commencement du monde.
2.2. Moïse a dit à nos pères : Le Seigneur votre Dieu vous suscitera d'entre vos frères un prophète comme moi j écoutez-le en tout ce qu'il vous dira.
i34 LES ACTES
2.3. Quiconque n'écoutera pas ce propliète, sera exterminé du milieu du peuple.
^4. Tous les prophètes , qui ont prophétisé de temps en temps depuis Samuel, ont prédit ce qui est arrivé en ces jours.
^5. Vous êtes les enfans des prophètes, et de l'alliance cpie Dieu a établie avec nos pères, en disant à jVbraham : Toutes les nations de la terre seront bénies en votre race.
26. C'est pour vous premièrement que Dieu a suscité son Fils, et il vous l'a envoyé pour vous bénir , afin que chacun se convertisse de Sa mauvaise vie.
CHAPITRE IV.
§. I. Cinq mille hommes convertis. Pierre et Jean en prison , présentés aux Juifs y con- fessent Jésus-Christ.
I. Lorsqu'ils parloient au peuple , les prê- tres, le capitaine des i^ardes du temple et les sadducéens survinrent ,
2. Ne pouvant souffrir qu'ils enseignassent le peuple, et qu'ils annonçassent la résurrec- tion des morts en la personne de Jésus :
3. Et les ayant arrêtés, ils les mirent en pri- son jusqu'au lendemain, parce qu'il étoit déjà tard.
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DES APOTRES. î35
4. Or plusiîîurs de ceux qui avoient ouï le discours de Pierre crurent ; et le nombre de ces hommes fut d'environ cinq mille.
5. Le lendenjain les chefs du peuple , les sé- nateurs et les scribes s'assemblèrent dans Jé- rusalem ,
6. Avec Anne le grand-prêtre , Caïphe, Jean, Alexandre, et toas ceux qui étoient delà race sacerdotale.
7. Et ayant fait venir au milieu d'eux Pierre et Jean, ils leur dirent : Par quelle puissance, ou au nom de qui avez-vous fait cette action ?
8. Alors Pierre rempli du Saint-Esprit, leur dit : Princes du peuple, et vous, sénateurs, écoutez-nous :
9. Puisqu'aujourd'hui l'on nous demande rai- son du bien que nous avons fait à un homme perclus de l'usage de ses jambes, et de la ma- nière dont il a été guéri ,
10. Nous vous déclarons à vous tous, et à tout le peuple d'Israël, que c'est par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ de Nazareth, lequel vous avez crucifié, et que Dieu a res- suscité d'entre les morts, C|ue cet homme a été guéri, et qu'il est debout devant vous.
1 1. C'est cette pierre, que vous autres archi- tectes avez rejetée , et qui cependant a été faite la principale pierre de l'angle:
12,. Et il ny a point de salut par aucun autre; car nul autre nom sous le ciel n'a été donné aux
i36 LES ACTES
hommes par lequel nous devions être sauve's.
i3. Lorsqu'ils virent la fermeté de Pierre et de Jean, connoissant que c'ëtoientdes hommes sans lettres , et du commun du peuple, ils en furent étonnés. Ils savoient aussi qu'ils avoient été disciples de Jésus.
14. Et comme ils voyoient cet liomme qui avoit été guéri présent avec eux, ils n'avoient rien à répliquer.
§. IL Silence imposé aux apôtres. Obéir a T)ieu plutôt qu'aux hommes.
i5. Ils leur commandèrent donc de sortir de l'assemblée , et ils se mirent k délibérer entre eux,
16. En disant : Que ferons-nous à ces gens-ci, car ils ont fait un miracle qui est connu de tous les habitans de Jérusalem ; cela est certain , et nous ne pouvons pas le nier?
17. Mais afin qu'il ne se répande pas davan- tage parmi le peuple, défendons -leur avec menaces, de parler à l'avenir à qui que ce soit au nom de Jésus.
18. Et aussitôt les ayant fait appeler, ils leur défendirent de parler en quelque manière que ce fût , ni d'enseigner au nom de Jésus.
19. Mais Pierre et Jean leur répondirent : Jugez vous-mêmes, s'il est juste devant Dieu de vous obéir plutôt qu'à Dieu ?
DES APOTRES. iSy
so. Car pour nous , nous ne pouvons pas ne point parler des choses que nous avons vues et entendues.
21.11s les renvoyèrent donc avec menaces , ne trouvant point de moyen de les punir à cause du peuple , parce que tous rendoient gloire à Dieu de ce qui étoit arrivé;
2,2. Car l'homme qui avoit été guéri d'une manière si miraculeuse , avoit plus de qua- rante ans.
§. II I. Prière de toute V Eglise. 'Nouvelle efli- sien du Saint-Esprit.
23. Après qu'on les eut laissé aller, ils vin- rent trouver leurs frères, et leur racontèrent tout ce que les princes des prêtres et les séna- teurs leur avoient dit.
24. Ce qu'ayant entendu , ils élevèrent tous leurs voix à Dieu dans l'union d'un même es- prit, et lui dirent: Seigneur, c'est vous qui avez fait le ciel et la terre, la mer, et tout ce qu'ils contiennent;
20. Qui avez dit par le Saint-Esprit, parlant par la bouche de notre père David votre servi- teur : Pourquoi les nations se sont-elles soule- vées en tumulte, et les peuples ont- ils formé de vains projets ?
2.6. Les rois de la terre se sont élevés, et les
138 L E S A C T E S
princes se sont unis ensemble contre le Sei- gneur , et contre son Christ.
£7. Car He'rode et Ponce-Pilate avec les Gen- tils, et le peuple d'Israël, se sont vraiment unis ensemble dans cette ville contre votre saint Fils Jésus , que vous avez consacré par votre onction,
28. Pour faire tout ce que votre puissance et votre conseil avoient ordonné devoir être lait.
2.9. Maintenant donc. Seigneur, considérez leurs menaces : donnez à vos serviteurs la force d'annoncer votre parole avec une entière li- berté,
3o. En étendant votre main, pour faire des guérisons miraculeuses j des merveilles et des prodiges, par le nom de votre saint Fils Jésus.
3i. Lorsqu'ils eurent achevé leur prière , le lieu où ils étoient assemblés trembla: ils furent tous remplis du Saint-Esprit , et ils annonçoient la parole de Dieu avec hardiesse»
§. IV. Tous un cœur et une ame. Biens communs. Barnabe.
32. Toute la multitude de ceux qui croyoient n'avoit qu'un cœur et qu'une ame; et personne neconsidéroitcequ'il possédoit comme étant à lui en particulier, mais toutes choses étoient communes entre eux.
Toin JO
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DES APOTRES. 189
33. Les apôtres rendoient témoignage avec
une grande force à la résurrection de notre
Seigneur Jésus-Christ; et la grâce étoit grande
dans tous les fidèles.
84. Aussi il n'y avoit aucun pauvre parmi eux; parce que tous ceux qui possédoient des fonds de terre ou des maisons, les vendoient, et en apportoient le prix,
35. Qu'ils mettoient aux pieds des apôtres ; et on le distribuoit ensuite à chacun selon qu'il en avoit besoin.
36. Joseph, surnommé par les apôtres Bar- nabe (c'est-à-dire, enfant de consolation ), cjui étoit lévite, et originaire de File de Chypre,
37. Vendit aussi un fonds de terre qu'il avoit, et en apporta le prix , qu'il mit aux pieds dos apôtres.
CHAPITRE V. §. I. Ananie et Saphire.
ï. Alors un homme nommé Ananie, et Sa- phire sa femme, vendirent ensemble un fonds de terre :
2,. Et cet homme ayant retenu de concert avec sa femme une partie du prix qu'il l'avoit vendu, apporta le reste, et le mit aux pieds des apôtres.
3. Mais Pierre lui dit : Ananie , comment
140 LES ACTES
Satan a-t-il tenté votre cœur, pour vous porter à mentir au Saint-Esprit, et à détourner une partie du prix de ce fonds de terre ?
4. Ne demeuroit-il pas toujours à vous, si vous l'aviez voulu garder ; et après même l'a- voir vendu, le prix n'en étoit-il pas encore à vous ? Comment donc avez-vous conçu ce des- sein dans votre cœur? Ce n'est pas aux hommes que vous avez menti, mais à Dieu.
6. Ananie ayant ouï ces paroles tomba, et rendit l'esprit : et tous ceux qui en entendirent parler furent saisis d'une extrême crainte.
6. Aussitôt quelques jeunes gens prirent le corps , et l'enterrèrent.
7. Environ trois heures après , sa femme qui ne savoit rien de ce qui étoit arrivé , entra.
8. Et Pierre lui dit : Femme , dites-moi , n'a- vez-vous vendu votre fonds de terre qu'un tel prix? Elle lui répondit : Non, nous ne l'avons vendu que cela.
9. Alors Pierre lui dit : Comment vous êtes- vous ainsi accordés ensemble pour tenter l'Es- prit du Seigneur ? Voilà ceux qui viennent d'enterrer votre mari, qui sont à la porte, et ils vont aussi vous porter en terre.
10. Au même moment elle tomba à ses pieds, et rendit l'esprit. Ces jeunes hommes étant en- trés , la trouvèrent morte , et l'emportant ils l'ensevelirent auprès de son mari.
11. Cet événement répandit une grande ter-
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DES APOTRES. 141 reur dans tonte l'Eglise, et parmi tous ceux tjui en entendirent parler.
§. IL Miracles des apôtres. Ombre de saint Pierre.
12. Cependant les apôtres faisoient beau- coup de miracles et de prodiges parmi le peu- ple : et tous les Jidèles étant unis dans un même esprit s'assembloient dans la galerie de Salomon.
i3. Aucun des autres n'osoit se joindre à eux: mais le peuple leur donnoit de grandes louan- ges;
14. Et le nombre de ceux qui croyoient au Seigneur, tant des hommes que des femmes, se multiplioit de plus en plus.
i5. De sorte qu'on apportoit les malades dans les rues , et qu'on les mettoit sur des lits et sur des paillasses, afin que lorsque Pierre passe- roit , son ombre au moins en couvrît quelqu'un d'eux, et qu'ils fussent délivrés de leurs ma- ladies.
16. Un grand nombre de personnes accou- roient aussi des villes voisines à Jérusalem , oi!i ils amenoient les malades, et ceux qui étoient tourmentés par les esprits impurs, et ils étoient tous guéris.
î42 LES ACTES
§. III. Apôtres emprisonnés délivrés ^présentés aux Juifs. Ils parlent avec grande force.
17. Alors le grand -prêtre, et tous ceux qui c'toient avec lui , c'est-à-dire , de la secte des sadduce'ens, étant remplis de colère,
18. Firent prendre les apôtres, et les mirent dans la prison publique.
19. Mais l'ange du Seigneur ouvrit durant la nuit les portes de la prison ; et les ayant fait sortir, il leur dit:
2.0. Allez dans le temple , et prêchez-y har- diment au peuple toutes les paroles de cette doctrine de vie.
2.1. Ce qu'ayant entendu , ils entrèrent au temple dès le point du jour , et se mirent à prêcher. Cependant le grand-prêtre, et ceux qui étoient avec lui , étant venus , ils assem- blèrent le conseil, et tous les sénateurs du peuple d'Israël, et envoyèrent à la prison, afin qu'on amenât les apôtres.
2H. Les officiers y étant venus , ouvrirent la prison ; et ne les j ayant point trouvés, ils s'en retournèrent faire leur rapport:
^3. Nous avons , dirent-ils , trouvé la prison bien fermée, et les gardes devant les portes: mais l'ayant ouverte nous n'avons trouvé per- sonne dedans.
24. Le capitaine des gardes du temple, et
DES APOTRES. 143 les princes des prêtres ayant ouï ces paroles, se trouvèrent fort en peine touchant ces hommes, ne sachant ce que devienciroit celte allai re.
20. Mais quelqu'un leur vient dire au même temps : Voilà ces hommes que vous aviez mis en prison qui sant dans le temple, et qui ensei- gnent le peuple.
26. Alors le capitaine des gardes du temple partit avec ses officiers , et les amena sans leur faire de violence ; car ils craignoient d'être la- pidés par le peuple.
2,7. Quand ils les eurent amènes, ils les pré- sentèrent au conseil ; et le grand-prêtre leur parla en ces termes :
^8. Ne vous avions-nous pas, leur dit-il, expressément défendu d'enseigner en ce nom- là ? Cependant vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine, et vous voulez nous charger du sans: de cet homme.
29. Pierre et les apôtres répondirent: Il faut ohéir à Dieu plutôt qu'aux hommes.
30. Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous avez fait mourir, en l'attachant à une croix.
3i. C'est lui que Dieu a élevé par sa puis- sance comme étant le prince et le Sauveur, pour donner à Israël la grâce de la pénitence, et la rémission des péchés.
32,. Nous sommes nous-mêmes les témoins de ce que nous vous disons ; et Je Saint-Esprit,
t44 LES ACTES
que Dieu a donné a tous ceux qui lui obéissent,
l'est aussi arec nous.
§. I V. Conseil de Gamaliel. Apôtres outragés et pleins de joie.
33. Ayant entendu ces choses , ils étoient transportés de rage , et ils délibéroient de les faire mourir.
34. Mais un pharisien, nommé Gamaliel, docteur de la loi , qui étoit honoré de tout le peuple, se levant dans le conseil, commanda qu'on fît retirer les apôtres pour un peu de temps;
35. Et il dit à ceux qui étoient assemblés : ô Israélites, prenez-garde à ce que vous avez à faire touchant ces personnes.
36. Car il y a quelque temps qu'il s'éleva un certain Théodas , qui prétendoit être quelque chose de grand : il y eut environ quatre cens hommes qui s'attachèrent à lui : mais il fut tué, et tous ceux qui avoient cru en lui se dissipè- rent, et furent réduits h rien.
3'/. Judas de Galilée s'éleva après lui dans le temps du dénombrement du peuple , et il attira dans son parti beaucoup de monde ; mais il périt aussi, et tous ceux qui s'étoient attachés à lui , furent dissipés.
38. Voici donc le conseil que Je vous donne: Ne vous mêlez point de ce qui regarde ces gens-
là.
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C /rr/ny/f (/eJ c 'en/ SZ-^/ar/w^
DES APOTRES. 145 là, et laissez-lesy^/Ve/ car si cette entreprise, ou cette œuvre vient des hommes, elle se dé- truira.
89. Que si elle vient de Dieu , vous ne pour- rez la détruire, et vous seriez en danger de combattre contre Dieu même. Ils se rendirent à son avis.
40. Et ayant fait venir les apôtres, ils leur défendirent, après les avoir tait fouetter, de parler à l'avenir au nom de Jésus, et ils les lais- sèrent aller.
41. Alors les apôtres sortirent du conseil tout remplis de joie de ce qu'ils avoient été jugés dignes de souHrir cet outrage pour le nom de Jésus.
42,. Et ils ne cessoient point tous les jours d'enseigner et d'annoncer Jésus-Christ dans le temple et dans les maisons.
CHAPITRE VI.
§. I, Election des fept diacres,
I. lliN ce temps-là, le nombre des disciples se multipliant, il s'éleva un murmure des Juifs grecs contre les Juijs hébreux , de ce que leurs veuves étoient négligées dans les distributions de ce qui se donnoit chaque jour.
2. C'est pourquoi les douze apôtres ayant assemblé tous les disciples , leur dirent : Il n'est 2. K
146 LES ACTES
pas juste que nous quittions la prédicat/on Je ]a parole de Dieu , pour avoir soin des tables.
3. Choisissez donc, mes frères , sept hommes d'entre vous d'une probité reconnue, pleins de l'Esprit saint et de sagesse, à qui nous com- mettions ce ministère.
4. Et pour nous , nous nous appliquerons entièrement à la prière et à la dispensation de la parole.
5. Ce discours })lut à toute l'assemblée; et ils élurent Etienne, homme plein de foi et du Saint-Esprit , Philippe , Prochore , Nicanor , Timon, Parmenas, et Nicolas, prosélyte d'An- tioche.
6. Us les présentèrent devant les apôtres, qui leur imposèrent les mains , en priant.
7. Cependant la parole du Seigneur se répan- doit de plus en plus , et le nombre des disciples s'augmentoitextraordinaiment dans Jérusalem. Il y en avoit aussi beaucoup d'entre les prêtres, qui obéissoient à la foi.
§, II. Etienne plein de foi ^ fait de grands miracles ; est accufé faussement.
8. Or Etienne étant plein de grâce et de force , faisoit de grands prodiges et de grands miracles parmi le peuple.
9. Mais quelques-uns de la synagogue, qui est appelée des AlTianchis, et des C^rénéens,
DES APOTRES. 147 et des Alexandrins, et de ceux qui étoient de Cilicie et d'Asie , s'élevèrent contre Etienne, et dispiitoient avec lui :
10. Mais ils ne pouvoient résistera la sagesse et à l'esprit qui parloit en lui.
11. Alors ils subornèrent des gens pour leur faire dire qu'ils l'avoient entendu blasphémer contre Moïse et contre Dieu.
12. Ils émurent donc le peuple, les séna- teurs, et les scribes; et se jetant sur Etienne, ils l'entraînèrent et l'emmenèrent au conseil.
i3. Et ils produisirent contre lui de faux témoins qui disoient : Cet homme ne cesse de parler contre le lieu saint , et contre la loi.
14. Car nous lui avons ouï dire , que ce Jésus de Nazareth détruira ce lieu-ci, et changera les ordonnances que Moïse nous a laissées.
i5. Et tous ceux qui étoient assis dans le con- seil, ayant les jeux sur lui, son visage leur parut comme le visage d'un ange.
K
148 LES ACTES
CHAPITRE VIT.
§. I. Difiours d'Etienne dans l'assemblée des Juifs.
I. A L o R s le grand-prêtre lui demanda, si ce que l'on disoit de lui _, étoit véritable.
2. Il repondit : Mes frères et mes pères , ëcoiitez-moi. Le Dieu de t>;Iolre apparut à notre père Abraham , lorsqu'il étoit en Mésopotamie, avant qu'il demeurât à Charan ,
3. Et lui dit : Sortez de votre pays et de votre parenté, et venez dans la terre que je vous montrerai.
4. Alors il sortit du paj^s des Chaldécns, et vint demeurer à Charan. Et après que son père fut mort , Dieu le fit passer en cette terre que vous habitez aujourd'hui;
5. Où il ne lui donna aucun héritage , non pas même pour asseoir le pied ; mais illui pro- mit de lui en donner la possession, et à sa postérité après lui, quoiqu'il n'eût point en- core de fils.
6. Et Dieu lui prédit ensuite que sa posté- rité demeureroit en une terre étrangère, où elle seroit tenue en servitude et fort maltraitée pendant quatre cens ans.
7. Mais j'exercerai, dit le Seigneur , ma jus- tice contre la nation qui l'aura tenue en servi-
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S/)/,rco/(7:ià c lu'/utc (hr/iJ /(7JJcj?iou'c JcJ /u(/j .
DES APOTRES. 149 tilde ; et elle sortira enfin de ce pajs-là j et me viendra servir en ce lieu-ci.
8. Il lui donna ensuite l'alliance de la circon- cision; et ainsi Al)raliam ayant engendré Isaac le circoncit le luiititMne Jour. Isaac engendra Jacob, et Jacob les douze patriarches.
9. Les patriarches émus d'envie vendirent Joseph pour être mené en Egypte; mais Dieu étoit avec lui :
10. Et il le délivra de toutes ses afflictions; et l'ayant rempli de sagesse, le rendit agréable à Pharaon , roi d'Egypte , qui lui donna la con- duite de son royame et de toute sa maison.
11. Cependant toute l'Egypte et la terre de Chanaan furent affligés d'une grande famine; et nos pères ne pouvoient trouver de quoi vivre.
12. Mais Jacob ayant ouï dire qu'il y avoit du blé en Egypte , il y envoya nos pères pour la première fois.
i3. Et la seconde fois qii.^'ils j vinrent ., Jo- seph fut reconnu de ses frères, et Pharaon sut de quelle famille il éloit.
14. Alors Joseph envoya quérir Jacob son père, et toute sa famille, qui consistoit en soi- xante et quinze personnes.
i5. Jacob descendit donc en Egypte, où il mourut, et nos pères après lui :
16. Et ils furent transportés en Sichem, et on les mit dans le sépulcre cju'Abraham avoit
i5o LESACTES
acheté h prix d'argent des enfans d'Hemor , fils
de Sichem.
17. Mais comme le temps de la promesse que Dieu avoit faite à Abraham, s'approchoit , le peuple s'accrut , et se multiplia beaucoup en Egypte.
18. Jusqu'au règne d'un autre roi, qui n'a- Voit point connu Joseph.
19. Ce prince, usant d'une malice artificieuse contre notre nation , accabla nos pères de maux, jusqu'à les contraindre d'exposer leurs enfans, pour en exterminer la race.
so. Ce fut en ce temps-là que naquit Moïse, qui fut agréable à Dieu. Il fut nourri trois mois dans la maison de son père.
2,1. Et ayant été exposé ensuite, la fille de Pharaon l'emporta, et l'éleva comme son fils.
22. Depuis Moïse fut instruit dans toute la sagesse des Egyptiens , et devint puissant en paroles et en œuvres.
2,3. Mais quand il eut atteint l'âge de qua- rante ans, il lui vint dans l'esprit d'aller visiter ses frères les enfans d'Israël.
24. Et voyant qu'on faisoit injure à l'un d'eux, il le défendit et le vengea en tuant l'Egyptien qui l'outrageoit.
20. Or il croyoit que ses frères compren- droient par-là cpie ce seroit par sa main que Dieu les délivreroit ; mais ils ne le compri- rent pas.'
DES APOTRES. i5r £6. Le lendemain s'etant rencontré lors(|ne quelques-uns d'eux se querelloient , et tâchant d€ les accorder, il leur dit : Mes amis, vous êtes frères , comment vous fiâtes -vous injure les uns aux autres ?
27. Mais celui qui maltraitoit l'autre le re- buta , en lui disant : Qui vous a établi prince et juge sur nous ?
2,8. Ne voudriez-vous point me tuer, comme vous tuâtes bier cet Egyptien ?
29. Moïse s'enfuit en entendant cette pa- role; et il demeura comme étranger au pays de Madian , où il eut deux fils.
30. Quarante ans après un ange lui apparut an désert de la montagne de Sina dans la flamme d'un buisson qui brùloit.
3i. Ce que Moïse ayant appercu , il fut éton- né de ce qu'il voyoit ; et s'approcbant pour con- sidérer ce que c'étoit, il entendit la voix du Seigneur , c[ui lui dit :
32. Je suis le Dieu de vos pères, le Dieu d'Abrabam , le Dieu d'Isaac , et le Dieu de Jacob. Et Moïse tout tremblant n'osoit consi- dérer ce que c'étoit.
33. Alorsle Seigneur lui dit: Otez vos souliers de vos pieds ; car le lieu où vous êtes est une terre sainte.
34. J'ai vu et considéré l'allliction de mon peuple cjui est en Egy])te; j'ai entendu leur gémissement , et je suis descendu pour les dé-
102 LES ACTES
livrer. Venez donc maintenant, afin que je vous
envoyé en Egypte.
35. Ce Moïse , qu'ils avoient renoncé, en di- sant : Qui vous a établi prince et juge , fut ce- lui-là même que Dieu envova pour chef et pour libérateur , sous la conduite de l'ange cpi lui étoit apparu dans le buisson.
36. Ce fut lui qui les fit sortir, en faisant tles prodiges et des miracles en Egypte , sur la mer Rouge , et au désert durant quaran- te ans.
37. C'est ce Moïse qui a dit aux enfans d'Is- raël : Dieu vous suscitera d'entre vos frères un prophète comme moi , écoutez-le.
38. C'est lui qui , pendant que le peuple étoit assemblé au désert , s'entretenoit avec l'ange qui parloit h lui en la montagne de Sina. C'est lui qui étoit avec nos pères, et qui a reçu les paroles de vie pour nous les donner.
39. Nos pères ne voulurent point lui obéir : mais ils le rebutèrent, retournant de cœur en Egypte.
40. Et disant à Aaron : Eaites-nous des dieux qui marchent devant nous ; car nous ne savons ce qu'est devenu ce Moïse qui nous a tirés du pays d'Egypte.
41. Ils firent ensuite un veau , et sacrifièrent à l'idole, mettant leur joie dans cet ouvrage de leurs mains.
42. Alors Dieu se détourna d'eux , et les
II
DES APOTRES. i53 abandonna de telle sorte, qu'ils adorèrent l'ar- mée du ciel , comme il est écrit au livre des prophètes : Maison d'Israël , m'avez-vous offert des sacrifices et des hosties dans le désert du- rant quarante ans ?
48. Et vous avez porté le tabernacle de Mo- loch, et l'astre de votre dieu Rempham, qui sont des fi2;ures que vous avez faites pour les adorer. C'est pourquoi je vous transporterai au-delà de Babylone.
44. Nos pères eurent au désertie tabernacle du témoio-nage, comme Dieu, parlant à Moïse, lui avoit ordonné de le faire selon le modèle Cju'il avoit vu.
45. Et nos pères l'ayant reçu , ils l'emportè- rent sous la conduite de Josué au pays C[ui avoit été possédé par les nations que Dieu chassa de- vant eux. Et il j fut jusqu'au temps de David,
46. Qui trouva ^race devant Dieu, et qui lui demanda qu'il pût bâtir une demeure au Dieu de Jacob.
47. Ce fut néanmoins Salomon qui lui bâtit un temple.
48. Mais le Très-haut n'habite point dans des temples faits par la main des hommes, selon cette parole du prophète :
49. Le ciel est mon trône , et la terre est mon marchepied. Quelle maison me bâtiriez-vous, dit le Seigneur, et quel pourroit être le lieu de mon repos ?
i54 LES ACTES
5o. Ma main n'a-t-elle pas fait toutes ces choses ?
§. II. Reproche d'Etienne aux Juifs ; son martyre ; sa charité.
5i. Têtes dures, /zo/7z/;ze^ incirconcis de cœur et d'oreilles, vous résistez toujours au Saint- Esprit , et vous êtes tels c|ue vos pères ont été.
62, Qui est celui d'entre les prophètes que vos pères n'ayent point persécuté? Ils ont tué ceux qui /ez/rprédisoient l'avènement du Juste, et dont vous avez été les meurtriers :
63. Vous avez reçu la loi par le ministère des anges , et vous ne Tavez point gardée.
54. A ces paroles ils entrèrent dans une rage qui leur déchiroit le cœur, et ils grincoient des dents contre lui.
65. Mais Etienne étant rempli du Saint- Esprit, et levant les yeux au ciel, vit la gloire de Dieu , et Jésus qui étoit debout à la droite de Dieu ; et il dit : Je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme qui est debout à la droi te de Dieu.
56. Alors ils s'écrièrent tous d'une voix, et se bouchant les oreilles, ils se jetèrent sur lui tous ensemble;
67. Et l'ayant entraîné hors de la ville , ils îe lapidèrent j et les témoins mirent leurs vête-
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DES APOTRES. i55 mens aux pieds d'un jeune homme nommé Saul.
58. Ils lapidoient Etienne, et lui invoquoit Jésus, et disoit : Seigneur Jésus, recevez mon esprit.
69. Et s'étant mis à genoux, il cria à haute voix : Seigneur , ne leur imputez point ce pé- ché. Après cette parole il s'endormit dans le Seigneur. Or Saul avoit consenti comme les
o
autres à la mort d'Etienne.
CHAPITRE VIII. §. I. Saul persécute l* Eglise.
I. Au même temps il s'éleva une grande per- sécution contre l'Eglise de Jérusalem; et tous les Jïdèles j excepté les apôtres , furent dis- persés en divers endroits de la Judée et de la Samarie.
2. Or quelques hommes qui cragnoientDieu prirent soin à'ensevelir Etienne , et firent ses funérailles avec un grand deuil.
3. Cependant Saul ravageoit l'Eglise , et en- trant dans les maisons, il en tiroit par force les hommes et les femmes, et les taisoit mettre en prison.
4. Mais ceux qui étoîent dispersés , annon- çoient la parole de Dieu dans tous les lieux où ils passoient.
i56 , LES ACTES
§. IL Philippe prêche a Samarie. Simon le Magicien est batisé.
5. Philippe étant donc venu dans la ville de Samarie, leur prêchoit Jesus-Christ.
6. Et les peuples étoient attentifs aux choses cjue Philippe leur disoit, et l'écoutoient tous avec une même ardeur, voyant les miracles qu'il faisoit.
7. Caries esprits impurs sortoient des corps de plusieurs possédés , en jetant de grands cris.
8. Et beaucoup de paralytiques et de boiteux furent aussi guéris.
9. Ce qui remplit la ville d'une grande joie. Or, il y avoit en la même ville un homme nom- mé Simon, qui avoit exercé la magie aupara- vant, et qui avoit séduit le peuple de Samarie, se faisant passer pour un grand personnage.
10. De sorte qu'ils le suivoient tous , depuis le plus petit jusqu'au plus grand, et disoient: Celui-ci est la grande vertu de Dieu.
11. Et ce qui les portoit à le suivre, c'est qu'il j avoit déjà long -temps qu'il leur avoit renversé l'esprit par ses enchantemens.
12,. Mais ayant cru ce que Philipe leur annon- çoit du royaume de Dieu , ils étoient ba- tisés, hommes et femmes, au nom de Jésus- Christ.
Tom Vi'
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/'A,', /ppr prec/ic r/i t Kï//ia7'U'
DES APOTRES. 167 î3. Simon crut aussi lui-même ; et après qu'il eut e'ië baptisé , il s'attacha à Philippe. Et voyant les prodiges et les i>;rands miracles qui selaisoient,il en e'toit dans l'admiration et dans le dernier étonnement.
§. III. Pierre et Jean donnent le St.- Esprit aux Samaritains. Simon veut acheter ce pouvoir y est maudit de Pierre,
14. Or, les apôtres qui étoient k Jérusalem, ayant appris que ceux de Samarie avoient reçu la parole de Dieu , ils leur envoyèrent Pierre et Jean ;
i5. Qui étant venus , firent des prières pour eux, afin qu'ils reçussent le Saint-Esprit :
16. Car il n'étoit point encore descendu sur aucun d'eux ; mais ils avoient seulement été batisés au nom du Seigneur Jésus.
17. Alors ils leur intposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit.
18. Lorsque Simon eut vu que le Saint- Esprit étoit donné par l'imposition de la main des apôtres, il leur offrit de l'argent.
19. Et leur dit : Donnez-moi aussi ce pou- voir, que ceux à qui j'iiurai imposé les mains , reçoivent le Saint-Esprit. Mais Pierre lui dit:
2,0. Que votre argent périsse avec vous , vous qui croyez que le don de Dieu peut s'acquérir avec de l'argent.
,58 LES ACTES
21. Vous n'avez point de part à cette grâce, et vous ne pouvez rien prétendre à ce minis- tère ; car votre cœur n'est pas droit devant Dieu.
2.2.. Faites donc pénitence de ce grand péché, et priez Dieu , afin que , s'il est possible , il vous pardonne cette mauvaise pensée de votre cœur;
2,3. Car Je vois que vous êtes plein d'un fiel amer, et engagé dans les liens de l'iniquité.
24, Simon répondit : Priez vous autres le Seigneur pour moi , afin qu'il ne m'arrive rien de ce cjue vous avez dit.
^5. Pierre et Jean avant rendu témoignage au Seigneu r , et annoncé sa parole , s'en retour- nèrent à Jérusalem , après avoir prêché l'Evan- gile en plusieurs cantons des Samaritains.
§. I V. L'Eunuque bâtis é par Philippe.
26. Or l'ange du Seigneur parla à Philippe, et lui dit : Levez- vous, et allez vers le midi , sur le chemin qui descend de Jérusalem àGaza, qui est déserte.
2.7. Et se levant i! s'y en alla. Or un Ethiopien eunuquej'un des premiers officiers de Candace, reine d'Ethiopie, et surintendant de tous ses trésors, étoit venu à Jérusalem pour adorer;
2.8. Et s'en retournant il étoit assis dans son charriot, et lisoit le prophète Isaïe.
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DES APOTRES. ib^
29. Alors l'Esprit dit à Philippe: Avancez, et approchez-vous de ce charriot.
30. Aussitôt Philippe accourut ; et aj ant ouï que l'eunucjue lisoit le prophète Isaïe, il lui dit : Crojez-vous entendre ce que vous lisez ?
3i. Il lui répondit rCommentlepourrois-je, si quelqu'un ne me l'explique? Et il pria Philippe de monter, et de s'asseoir près de lui.
32. Or le passage de l'Ecriture qu'il lisoit étoit celui-ci : Il a été mené comme une brehis à la boucherie, et il n'a point ouvert la bouche, non plus qu'vm agneau qui demeure muet de- vant celui qui le tond.
33. Dans son abaissement il a été délivré de la mort à laquelle il avoit été condamné. Qui pourra raconter son origine, parce C[uesavie sera retranchée de la terre?
34. L'eunuque dit donc à Philippe : Je vous prie de me dire de qui le prophète entend par- ler ? Si c'est de lui - même , ou de quelque autre ?
35. Alors Philippe prenant la parole, com- mença par cet endroit de l'Ecriture à lui an- noncer Jésus.
36. Après avoir marché quelque temps, ils rencontrèrent de l'eau dans le chemin ; et l'eu- nuque lui dit : Voilà de l'eau , qu'est-ce qui empêche que je ne sois batisé ?
37.. Philippe lui répondit ; Vous pouvez
i6o LES ACTES
l'être, si vous crojez de tout votre cœur. Il lui repartit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.
38. II commanda aussitôt qu'on arrêtât son cliarriot, et ils descendirent tous deux dans l'eau; et Philippe batisa l'eunuque.
39. Etant remontés hors de l'eau, l'Esprit du Seij^neur enleva Philippe, et l'eunuque ne le vit plus ; mais il continua son chemin étant plein de joie.
40. Quant à Philippe , il se trouva dans Azot, et il annonça l'Evangile à toutes les villes par où il passa, jusqu'à ce qu'il vînt à Césarée.
C H A P I T Px E IX.
§. I. Conversion de saint PauL
I. Cependant Saul étant encore plein de menaces, et ne respirant que le sang des disci- ples du Seigneur , vint trouver le grand- prêtre,
2. Et lui demanda des lettres pour les syna- gogues de Damas ; afin que s'il trouvoit c|uel- ques personnes de cette secte , hommes ou femmes , il les amenât prisonniers à Jérusalem.
3. Mais lorsqu'il étoit en chemin , et qu'il approchoit de Damas, il fut tout d'un coup environné et frappé d'une lumière du ciel.
4.
DES APOTRES. i6i
4. Et toml)ant par terre , il entendit une voix qui lui disoit : Saul , Saul, pourquoi me per- sécutez-vous ?
6. Il répondit: Qui êtes-vous. Seigneur? Et le Seigneur lui dit : Je suis Jésus que vous per- sécutez : il vous est dur de regimber contre i'éofuillon.
6. Alors tout tremblant et tout effrayé, il dit : Seigneur, que voulez-vous que je fasse ?
y. Le Seigneur lui répondit : Levez-vous, et entrez dans la ville, on vous dira là ce qu'il faut que vous fassiez. Or les hommes qui f accom- pagnoient demeurèrent tout étonnés ; car ils entendoîent une voix , mais ils ne vcjoient personne.
8. Saul se leva donc de terre ; et avant les yeux ouverts il ne vojoit point. Ainsi ils le con- duisirent par la main , et le menèrent à Damas ,
9. Où il fut trois jours sans voir, sans man- ger et sans boire.
10. Or il y avoit à Damns un disciple nommé Ananie, à qui le Seigneur dit dans une vision: Ananie ; et il répondit : Me voici. Seigneur.
1 1. Le Seigneur ajouta : Levez-vous , et vous en allez dans la rue qu'on appelle Droite; cher- chez en la maison de Judas un nommé Saul de Tarse ; car il j^ est en prières.
12. (Et au même temps Saul\oyoit en vision un homme nommé Ananie, qui eiitroit et lui împosoit les mains, afin qu'il recouvrât la vue).
10, L
i63 LES ACTES
i3. Ananîeliii répondit : Seigneur, j'ai enten- du dire ù plusieurs combien cet homme a fait de maux à vos saints dans Jérusalem;
1 4. Et même il a reçu un pouvoi r des princes des prêtres de cette ville j d'emmener prison- niers tous ceux qui invoquent votre nom.
i5. Le Seigneur lui repartit : Allez le trou- Ver; parce que cet homme est un instrument que j'ai choisi pour porter mon nom devant les Gentils, devant les rois, et devant les enfans d'Israël.
16. Car je lui montrerai combien il faudra qu'il souffre pour mon nom.
17. Ananic s'en alla donc ; et étant entré.enla maison oh était Saul j il lui imposa les mains, et lui dit : Saul mon frère, le Seigneur Jésus, qui vous est apparu dans le chemin par où vous veniez, m'a envoyé , afin que vous recouvriez la vue, et que vous soyez rempli du Saint-Esprit.
18. Aussitôt il tomba de ses yeux comme des écailles, et il recouvra la vue; et s'étantlevé,il fut batisé.
19. Ayant ensuite mangé, il reprit des forces, et il demeura quelques jours avec les disciples qui étoient à Damas.
§. I L Paul prêche a Damas , évite les embû- ches des Juifs y va à Jérusalem et a Tarse.
io. Et il se mit aussitôt à prêcher Jésus dans
DES APOTRES. i63 les synagogues, assuraiiL qu'il étoit le fils de Dieu.
2,1. Tous ceux qui l'écoutoient, ëtoient frap- pes d'étonnement, et ils disoient : N'est-ce pas là celui qui persécutoit avec tant d'ardeur dans Jérusalem , ceux qui invoquoienlt ce nom , et qui est venu ici pour les emmener prisonniers aux princes des prêtres ?
22. Mais Saul se fortifioit de plus en plus, et confondoit les Juifs qui demeuroient k Damas , leur prouvant que Jésus étoit le Christ.
23. Long -temps après les Juifs résolurent ensemble de le faire mourir.
24. Saul fut averti du dessein qu'ils avoient formé contre sa vie ; et comme ils faisoient garde jour et nuit aux portes pour le tuer,
20. Les disciples le prirent , et le descendi- rent pendant la nuit par la muraille dans une corbeille.
26. Etant venu à Jérusalem, il cberchoit à se joindre aux disciples ; mais tous le crai- gnoient , ne crojMnt pas qu'il fût disciple.
27. Alors Barnabe l'ajant pris avec lui l'a- mena aux apôtres, et leur raconta comment le Seigneur lui étoit apparu dans le chemin, et ce qu'il lui avoitdit, et comment depuis ilavoit parlé librement et fortement dans la ville de Damas au nom de Jésus.
28. Paul demeura donc dans Jérusalem, vl-
L^
,64 LES ACTES
vant avec eux , et parlant avec force au nom
du Sei^^neiir.
29. Il parloit aussi aux Gentils , et il dispu- toit avec les Juifs grecs ; et eux cherchoient un moyen de le tuer.
30. Ce que les frères ayant reconnu , ils le menèrent à Césarée, et l'envoyèrent à Tarse.
§. III. Pierre, guérit Enée j ressuscite Tabithe.
3i . Cependant l'Eglise étoit en paix par toute la Judée , la Galilée et la Samarie, et elle s'éta- blissoit marchant dans la crainte du Seigneur, et étoit remplie de la consolation du Saint- Esprit.
3i. Or Pierre visitant de "pille en ville tous les disciples , vint aussi voir les saints qui habi- toient à Ljdde.
33. 11 y trouva un homme nommé Enée, qui depuis huit ans étoit couché sur un lit étant paralytique :
34. EtPierrelui dit :Enée, le Seigneur Jésus- Christ vous guérit : levez-vous, faites vous- même votre lit. Et aussitôt il se leva.
35. Tous ceux qui demeuroient à Ljdde et àSarone virent cet homme guéri j et ils se con- vertirent au Seigneur.
36. Il y avoit aussi à Joppé entre les disci- ples, une femme nommée Tabithe, ou Dorcas,
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DES APOTRES. i65 selon que les Grecs expliquent ce nom; elle ctoit remplie de bonnes œuvres et elle faisoit beaucoup d'aumônes.
87. Or, étant tombée malade en ce temps-là ; elle mourut, et après qu'on l'eut lavée, on la mit dans une chambre haute.
38. Et comme Ljdde étoit près de Joppé, les disciples ayant ouï dire que Pierre y étoit, ils envoyèrent vers lui deux hommes , pour le prier de prendre la peine de venir jusque chez eux.
89. Pierre partît aussitôt , et sVn alla avec eux. Lorsqu'il fut arrivé, ils le menèrent à la chambre haute , où toutes les veuves se pré- sentèrent à lui en pleurant , et en lui montrant les robes et les habits que Dorcas leur faisoit,
40. Alors Pierre ajant fait sortir tout le monde , se mit à genoux et en prières ; et se tournant vers le corps , il dît : Tabithe, levez- vous. Elle ouvrit les yeux au même instant j et ayant vu Pierre, elle se mit sur son séant.
41. Il lui donna aussitôt la main, et la leva; et ayant appelé les saints et les veuves, il la leur rendit vivante.
42. Ce miracle fut su de toute la ville de Joppé ; et plusieurs crurent au Seigneur.
48. Et Pierre demeura plusieurs jours dans Joppé chez un corroyeur nommé Simon,
L*
i66 LES ACTES
CHAPITRE X.
§. I. Un ange apparoît a Corneille.
I. Il y avoit un homme à Césarée , nomme Corneille, qui e'toit centenier dans une cohorte de la légion appelée ITtalienne:
2,. Il étoit religieux et craignant Dieu avec toute sa maison , il faisoit beaucoup d'aumônes au peuple, et il prioit Dieu incessamment.
3. Un jour vers la neuvième heure, il vit clai- rement dans une vision un ange de Dieu, c[ui se présenta devant lui, et lui dit : Corneille.
4. Alors , regardant l'ange , il fut saisi de frayeur, et lai dit : Seigneur , que demandez- vous de moi ? L'ange lui répondit : Vos prières et vos aumônes sont montées jusqu'en la pré- sence de Dieu, et il s'en est souvenu.
5. Envoyez donc présentement des personnes à Joppé, et faites venir un certain Simon, sur- nommé Pierre ,
6. Qui est logé chez un corroyeur, nommé Simon, dont la maison est près de la mer : c'est lui qui vous dira ce qu'il faut que vous fassiez.
7. L'ange qui lui parloit, s'étant retiré, il ap- pela deux de ses domestiques, et un soldat ci'ai- gnant Dieu, du nombre de ceux cpii lui obéis- soient j
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DES APOTRES. 167
8. Et après leur avoir dit tout ce qui lui étoit arrivé, il les envoya à Joppé.
§. II. Kision de. Pierre.
9. Le lendemain , lorsqu'ils étoient en che- min, et qu'ils approchoient de la ville, Pierre monta sur le haut de la maison oii il étoit j, vers la sixième heure , pour prier,
10. Ensuite ayant faim, il voulut manger. Mais pendant qu'on lui apprêtoit à manger, il lui survint un ravissement d'esprit:
1 1. Il vit le ciel ouvert, et comme une grande nape qu'on descendoit par les quatre coins du ciel en terre,
i^. Où il V avoit de toutes sortes d'animaux terrestres à quatre pieds, et de reptiles, et d'oiseaux du ciel.
i3. Et il entendit une voix qui luidit:Levez- voas, Pierre , tuez , et mangez.
14. Mais Pierre répondit : Je n'ai garde. Seigneur, car je n'ai jamais rien mangé de ce qui est impur et souillé.
i5. La voix lui parlant encore une seconde fois, lui dit : N'appelez pas impur ce que Dieu a purifié.
16. Cela s'étant fait jusqu'à trois fois, la nape fut retirée dans le ciel.
17. Lorsque Pierre étoit en peine en lui- même de ce que pouyoit signifier la vision qu'il
L'
<-»
i68 LES ACTES
avoit eue, les hommes envoyés par Corneille ; s'étant informés de la maison de Simon , se présentèrent en ce même temps à sa porte ;
i8. Et ayant appelé quelqu'un, demandèrent si ce n'éloit pas là que Simon , surnommé Pierre , étoit logé.
§. III. Pierre va trouver Corneille , et lui prêche Jésus-Christ.
ï
1 9. Cependant Pierre pensant à la vision qu'il avoit eue , l'Esprit lui dît : Voilà trois hommes qui vous demandent.
20. I>evez-vous donc , descendez , et ne faites point difîiculté d'aller avec eux, car c'est moi qui les ai envoyés. r
2.1. Pierre étant descendu pour aller trouver ces hommes qui le demandoieuL ^ leur dit : Je suis celui que vous cherchez ; quel est le sujet pour lequel vous êtes venus?
22. Ils lui répondirent : Corneille centenier, homme juste et craiij^nant Dieu, selon le témoi- gnage que lui rend toute la nation juive , a été averti par un saint ange de vous faire venir en sa maison, et d'écouter vos paroles.
23. Pierre les ayant donc fait entrer les logea ; et le lendemain il partit avec eux, et quelques- uns des frères de la ville de Joppé l'accompa- gnèrent.
24. Le jour d'après ils arrivèrent à Césarée,
DES APOTRES. 169 où Corneille les attendoit avec ses parens , et ses pins intimes amis, qu'il avoit assemblés chez lui.
2.5. Lorsque Pierre fut entré , Corneille vint au-devant de lui , et se jetant à ses pieds , il l'adora.
2.6. Mais Pierre le releva, lui disant : Levez- vous , je ne suis qu'un homme non plus que vous.
27. Et s'entretenant avec lui , il entra dans sa maison , où il trouva beaucoup de personnes qui s'y étoient assemblées.
2.8. Alors il leur dit : Vous savez combien vin Juif a en horreur d'avoir quelque liaison avec un étranger , ou de l'aller trouver chez lui : mais Dieu m'a fait voir que je ne devois estimer aucun homme impur et souillé.
2.9. C'est pourquoi dès que vous m'avez man- dé, je n'ai fait aucune difficulté de venir. Je vous prie donc de me dire pourquoi vous m'a- vez envoyé quérir.
3o. Alors Corneille lui dit : Il y a maintenant quatre jours que m'étant mis en prière dans ma maison à la neuvième heure, un homme vêtu d'une robe blanche vint se présenter tout d'un coup devant moi , et me dit :
3i. Corneille, votre prière a été exaucée, et Dieu s'est souvenu de vos aumônes.
32. C'est pourquoi envoyez à Joppé, et fai- tes venir de là Simon, surnommé Pierre; il
i-o LES ACTES
est logé en la maison de Simon corrojeur
près de la mer.
33. J'ai envoyé à l'heure même vers vous , et vons m'avez fiiit la grâce de venir. Nous voilà donc maintenant tous assemblés devant vous pour entendre de votre bouche tout ce que le Seigneur vous a ordonné de nous dive.
34. Alors Pierre prenant la parole , dit : En vérité je vois bien c|ue Dieu n'a point d'égard aux diverses conditions des personnes :
35. Mais cpi'en toute nation celui qui le craint, et dont les œuvres sont justes, lui est
agréable.
36. Dieu s'est fait entendre aux cnfans d'Is- raël , en leur annoçant la paix par Jésus-Christ ^ qui est le Seigneur de tous. ^.
37. Et vous savez ce qui est arrivé dans toute la Judée, et qui a commencé parla Galilée, après le Batême que Jean a prêché :
38. Comment Dieu a oint de l'Esprit saint et de force, Jésus de Nazareth, qui allant de « lieu en lieu faisoit du h\ç:n par-tou/j et guéris- ' soit tous ceux qui étoient sous la puissance du diable, parce cpie Dieu étoit avec lui. |
39. Et nous sommes témoins de toutes les - choses qu'il a faites dans la Judée et diins Jérusalem. Cependant ils l'ont fait mourir, l'attachant à une croix :
40. Mais Dieu l'a ressuscité le troisième Jour, et a voulu cpi'iî se montrât vivant j
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DES APOTRES. 171
41. Non à tout le peuple, mais aux témoins
que Dieu avoit choisis avant tous les temps ; à
nous , qui avons mangé et bu avec lui , depuis
qu'il est ressuscité d'entre les morts.
42,, Et il nous a commandé de prêcher et d'at- tester devant le peuple, que c'est lui qui a été établi de Dieu, pour être le juge des vivans et des morts.
43. Tous les prophètes lui rendent témoigna- ge , que tous ceux qui croiront en lui , recevront par son nom la rémission de leurs péchés.
§. IV. Effusion du Saint-Esprit sur ks Gentils y et leur baième,
44. Pierre parloit encore, lorsque le Saint- Esprit descendit sur tons ceux qui écoutoient la parole.
45. Et les fidèles circoncis qui étoient venus avec Pierre, furent frappés d'étonnement, de voir que la grâce du Saint-Esprit se répandoit aussi sur les Gentils ;
46. Car ils les entendoient parler diverses langues, et glorifier Dieu.
47. Alors Pierre dit : Peut-on refuser l'eau du baîême à ceux qui ont déjà reçu le Saint- Esprit comme nous ?
48. Et il commanda qu'on les batisât auno?u du Seigneur Jésus -Christ. Après cela ils le prièrent de demeurer cjuelques jours avec eux.
lyi LES ACTES
CHAPITRE XL
§. L Pierre repris , rend raison de sa conduite»
I. Les apôtres et les frères qui étoient dans la Judée , apprirent que les Gentils mêmes avoient reçu la parole de Dieu.
2. Et lorsque Pierre fut venu à Jérusalem, les fidèles circoncis disputoient contre lui,
3. Et lui disoient : Pourquoi avez-vous été chez des hommes incirconcis, et avez-vous m,angé avec eux ?
4. Mais Pierre commença à leur raconter par ordre comment la chose s'étoit passée :
5. Lorsque j'étois , dit-il , dans la ville de Joppé en prière , il me survint vin ravissement d'esprit, et j'eus une vision dans laquelle je vis descendre du ciel comme une tçrancle nape qui, tenue parles c^uatre coins, s'abaissoit et vcnoit jusqu'à moi.
6. Et en la considérant avec attention, j'j vis des animaux terrestres à quatre pieds , des bêtes sauvages , des reptiles et des oiseaux du ciel.
7. J'entendis en même temps une voix qui me dit : Pierre, levez-vous , tuez et mangez.
8. Je répondis : Je n'ai garde , Seigneur ; car jamais rien d'impur et de souillé n'entra dans ma bouche.
DES APOTRES. 178
9. Et la voix me parlant du ciel une seconde fois, me dit : N'appelez pas impur ce que Dieu a purifié.
10. Cela se fit jusqu'à trois fois, et ensuite toutes ces choses furent retirées dans le ciel.
1 1. Au mêmetemps trois hommes qui avoient été envoyés vers moi de la ville de Césarée , se présentèrent à la porte de la maison où j'étois.
12. Et l'Esprit me dit que j'alhisse avec eux sans en faire aucune difficulté. Ces six de nos frères que vous voyez , vinrent aussi avec moi, et nous entrâmes dans la maison de cet homme ;
i3. Qui nous raconta aussi comment il avoit vu en sa maison un ange qui s'étoit présenté devant lui, et lui avoit dit : Envoyez à Joppé, et faites venir Simon , surnommé Pierre :
14. Il vous dira des paroles par lesquelles vous serez sauvé , vous et toute votre maison.
i5. Quand j'eus commencé à leur parler, le Saint-Esprit descendit sur eux , comme il étoit descendu sur nous au commencement.
16. Alors je me souvins de cette parole du Seigneur : Jean a batisé dans l'eau, mais vous serez batisés dans le Saint-Esprit.
17. Puis donc que Dieu leur a fait la même grâce qu'à nous, qui avons cru au Seigneur Jésus-Christ , qui étois-je moi pour empêcher le dessein de Dieu?
18. Avant entendu ce discours de Pierre ^ ils s'appaisèrent, et glorifièrent Dieu, en di-
î74 LES ACTES
saut : Dieu a donc aussi fait part aux Gentils
(lu don de la pénitence qui mène à la vie.
§. 1 1. Fidèles disperses , prêchant aux Juifs, et puis aux Gentils. Barnabe et Paul prêchent à Antioche. Disciples appelés Chrétiens,
19. Cependant ceux qui avoicnt été dispersés parla persécution qui s'éloit élevée à la mort d'Etienne , avoient passé jusqu'en Phénicie, en Chypre et à Antioche, et n'a voient annoncé la parole qu'aux Juifs seulement.
2,0.- Mais quelques-uns d'entre eux, qui étoient de Chj pre et de Cyrène , étant entrés dans Antioche, parlèrent aussi aux Grecs, et leur annoncèrent le Seigneur Jésus.
21. Et la main du Seigneur étoit avec eux; de sorte qu'un grand nombre de personnes crurent et se convertirent au Seigneur.
2.2. Le bruit en étant venu jusqu'à l'Eglise de Jérusalem , ils envoyèrent Barnabe à An- tioche :
2.3. Lequel y étant arrivé , et ayant vu la grâce de Dieu, il s'en réjouit, et les exhorta tous de demeurer dans le service du Seigneur, avec un cœur ferme et inébranlable :
2.4. Car c'étoit un homme vraiment bon , plein du Saint-Esprit et de foi : et un grand nombre de personnes crurent et se joignirent au Seigneur.
DES APOTRES. 175 ^5. Barnabe s'en alla ensuite k Tarse, pour cîiercber Saul : et l'ajant trouvé, il l'amena à Antioclie.
2.6. Ils demeurèrent un an entier dans cette Eglise, où ils instruisirent un 2;rand nombre de personnes; de sorte que ce l'ut à Antiocbe qu'on donna aux disciples pour la première fois le nom de Cbrétiens. -
§. 1 1 1. Prophétie d* Agahus ; aumônes pour les Chrétiens de Judée.
2.7. En ce même temps quelques propbètes vinrent de Jérusalem k Antiocbe;
2.8. L'un desquels , nommé Agabus , prédit par l'Esprit de Dieu, qu'il y auroit une grande famine par toute la terre ; comme elle arriva en effet sous V Empereur Claude.
2.9. Et les disciples résolurent d'envoj'cr cba- cun, selon son pouvoir , quelques aumônes aux frères c[ui demeuroient en Judée:
3o. Ce qu'ils firent en effet , les envoyant aux prêtres de Jérusalem^ par les mains de Barnabe et de Saul.
176 LES ACTES
CHAPITRE XII.
§. I. Martyre de saint Jacques. Prison et délivrance de saint Pierre.
1. E N ce même temps le roi Hërode employa sa puissance pour maltraiter quelques-uns de l'Eglise;
2. Et il fit mourir par l'épe'e Jacques, frère de Jean.
3. Et voyant que celaplaisoit aux Juifs, il fit aussi prendre Pierre : c'étoit alors les jours des Azymes.
4. L'ayant donc fait arrêter, il le fit mettre en prison , et le donna à garder à quatre bandes de quatre soldats chacune , dans le dessein de le faire exécuter publiquement après la fête de Pâques.
5. Pendant que Pierre ëtoit ainsi gardé dans la prison, l'Eglise faisoit sans cesse des prières à Dieu pour lui.
6. Mais la nuit même qui précédoit le jour qu'Hérode avoit destiné à son supplice, comme Pierre dormoit entre deux soldats , lié de deux chaînes , et que les gardes qui étoient devant la porte, gardoient la prison ,
7. L'ange du Seigneur parut tout d'un coup, et remplit le lieu de lumière ; et poussant Pierre par le côté, il l'éveilla, et lui dit : Levez-vous
promptement
..'a^M
i/'/vJo/f (/ </r/nu\r/NC t/r J. I/'/r/rr
DES APOTRES. 177 promptement. Au même moment les chaînes tombèrent de ses mains.
8, Et l'ange lui dit : Mettez votre ceinture, et chaussez vos souliers. Il le fi t. Et l'ange ajouta : Prenez votre vêtement , et suivez-moi.
9. Il sortit donc , et il le suivoit , ne sachant pas que ce qui se faisoit par l'ange , fût véri- table ; mais s'imaginant que ce qu'il vojoit n'é- toit qu'un songe.
3 0. Lorsqu'ils eurent passé le premier et le second corps-de-garde , ils arrivèrent à la porte de fer, par où l'on va à la ville, qui s'ouvrit d'elle-même devant eux ; et étant sortis, ils allèrent ensemble le Ions: d'une rue; mais rano;^e le quitta aussitôt après.
11. Alors Pierre étant revenu à soi, dit en lui-même: C'est à cette heure que je reconnois véritablement que le Seigneur a envoyé son ange, et qu'il m'a délivré de la main d'Hérode, et de toute l'attente du peuple juif.
12. Et ayant pensé à ce c/u' il ferait j il s'en ; alla à la maison de Marie, mère de Jean, sur- nommé Marc, où plusieurs étoient assemblés, et en prières.
i3. Quand il eut frappé k la porte, une fille nommée Rhodé vint pour écouter qui c'étoit.
14. Et ayant reconnu la voix de Pierre, elle en eut une si grande joie, qu'au lieu de lui ou- vrir, elle courut dire à ceux qui étoient dans la maison, que Pierre étoit à la porte. 10. M
lyB LES ACTES
i5. Ils lui dirent : Vous avez perdu l'esprît* Mais elle les assura que c'etoit lui. Et ils di- soient : C'est son ange.
i6. Cependant Pierre continuoit de frapper. Et lorsqu'ils eurent ouvert, l'ayant vu , ils furent saisis d'un extrême e'ronnement.
i-'. Mais lui leur ajant fait signe de la main qu'ils se tussent, il leur raconta comment le Seigneur l'avoit retiré de la prison , et leur dit : Faites savoir ceci à Jacques et aux frères. Et aussitôt il sortit , et s'en alla en un au- tre lieu.
i8. Quand il fut jour, il y eut un grand trou- ble parmi les soldats , pour savoir ce que Pierre étoit devenu.
§. II. Hérode Agrippa frappé de Dieu,
19. Et Hérode Tavant fait chercher, et ne l'ayant point trouvé , après avoir fait donner la question aux gardes , il commanda qu'ils fussent menés au supplice ; et il s'en alla de Judée à Césarée, où il demeura.
20. Or il étoit irrité contre les Tjriens et les Sidoniens; mais ils le vinrent trouver d'un commun accord, et ayant gagné Blaste , qui étoit chambellan du roi , ils demandèrent la • paix, parce que leur pays tiroit sa subsistance des terres du roi.
2.1. Hérode ayant donc pris jour pour leur
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y(r/oa(' . /(//'f/>/ur //a/)/>(' (A' S/^/<vr .
DES APOTRES. 179 parler, parut vêtu d'une robe royale; et étant assis sur son trône, il les haranij^uoit ;
22. Et le peuple crioit dans ses acclamations: C'est la voix d'un Dieu , et non pas d'un homme.
s3. Mais au même instant un ange du Sei- gneur le frappa, parce qu'il n'avoit pas rendu gloire à Dieu ; et étant mangé des vers , il mourut.
2,4. Cependant la parole du Seigneur fiiisoit de grands progrès , et se répandoit de plus en plus.
20. Et après que Barnabe et Saul se furent acquittés de leur ministère , ils retournèrent de Jérusalem à Antioche, ayant pris avec eux Jean, surnommé Marc.
CHAPITRE XÎII.
§. I. P aul et Barnabe envoyés aux Gentils par le Saint-Esprit.
1. 1 L V avoit alors dans l'Eglise d'Antiocbe des prophètes et docteurs , entre lesquels étoient Barnabe et Simon , qu'on appeloit le Noir, Lucius le Cyrénéen , Manahen, frère de lait d'Hérode le Tétrarque, et Saul.
2. Or pendant qu'ils s'acquittoîent des fonc- tions de leur ministère devant le Seigneur, et qu'ils jeûnoient, le Saint-Esprit leur dit : Sépa-
M^
i8o LES ACTES
rez-moi Saul et Barnabe, pour l'œuvre a la- quelle je les ai appelés.
3. Et après qu'ils eurent jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains, et les laissèrent aller.
4. Etant ainsi envoyés par le Saint-Esprit, ils allèrent à Seleucie, et de là ils s'embarquèrent pour passer en Chypre.
6. Lorsqu'ils furent arrivés à Salamine, ils prêcboient la parole de Dieu dans les synago- 2;ues des Juifs, et ils avoient avec eux Jean, pour leur servir d'aide et de ministre.
§. IL Elymas aveuglé, Paul proconsul converti
6. Ayant parcouru toute l'ile jusqu'à Paphos, ils trouvèrent un Juif magicien et faux pro- phète , nommé Bar-jésu ,
y. Qui étoit avec le proconsul Serge Paul, homme sage et prudent. Ce proconsul ayant en- voyé quérir Barnabe et Saul , desiroit d'enten- dre la parole de Dieu.
8. Mais Elymas; c^est-à-dhe j le magicien (carc'esl ce que signifie cenomd'Elymas) leur résistoit , s'efi'orçant d'empêcher le proconsul d'embrasser la foi.
^, Alors Saul , qui s'appelle aussi Paul , étant rempli du Saint-Esprit, et regardant fixement cet homme,
10. Lui dit ; 0 homme plein de toute sorte
rptn JO
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c /x//;iu,r <!i}cu^i/ /<•'..(/'(?/// o/oco/ij'/,'/ co/nny/f
DES APOTRES. i8r de tromperie et de fourberie, enfant du diable, ennemi de toute justice, ne cesserez-vous point de pervertir les voies droites du Seigneur?
1 1. Mais maintenant la main du Seigneur est sur vous, vous allez devenir aveugle, et vous ne verrez point le soleil jusqu'à un certain temps. Aussitôt les ténèbres tombèrent sur lui ses 3 eux s'obscurcirent ; et tournant de tous côtés, il cherchoit quelqu'un qui lui donnât la main.
12. Le proconsul ayant vu ce miracle, em- brassa la foi , et il admiroit la doctrine du Seigneur.
i3. Quand Paul et ceux qui étoient avec lui furent partis de Paphos , ils vinrent à Perge en Pamphylie, Mais Jean les ajant quittés, s'en retourna à Jérusalem.
§. III. Prédication de saint Paul à Antioche. de Pi si die.
14. Et pour eux , étant partis de Perge sans s'y arrêter, ils vinrent à Antioche de Pisidie ; et étant entrés dans la sjnagogue au jour du sabbat, ils s'assirent.
i5. Après la lecture de la loi et des prophè- tes, les chefs de la synagogue leur envoyèrent dire : Mes frères , si vous avez quelque exhor- tation à faire au peuple, vous pouvez parler.
16. Aussitôt Paul se leyantj fit signe de la
M^
iB2 L E S A C T E S
main qu'on lui donnât audience, et leur dit:0
Israélites , et vous qui craignez Dieu , écoutez :
17. Le Dieu du peuple d'Israël a choisi nos pères ,et a élevé ce peuple en honneur pendant qu'il demeuroit en Egypte , d'où il les tira avec un hrasjorr et élevé.
18. Et durant l'espace de quarante ans, il soulTrit leurs mœurs déréglées dans le désert :
19. Et avant détruit sept nations au pays de Chanaan, il leur en distribua les terres par sort,
20. Environ quatre cens cinquante ans après. Il leur donna ensuite des juges , jusqu'au pro- phète Samuel.
21. Alors ils demandèrent un roi; et Dieu ]eur donna Saùl , fils de Cis , de la tribu de Benjamin , C[ui régna quarante ans,
2^. Puis l'ayant ôté du monde , il leur donna David pour roi , à qui il rendit témoignage en disant : J'ai trouvé David, fils de Jessé, qui est un homme selon mon cœur, et qui accomplira toutes mes volontés.
^3. C'a été de sa race que Dieu , selon sa pro- messe, a suscité Jésus pour êlre le Sauveur d'Israël.
S.4. Jean avant prêché avant lui h tout le peu- ple d'Israël le Batéme delà pénitence , pour préparer son avènement.
'^h. Et lorsque Jean aclievoit sa course , il disoit : Qui croyez-vous que je sois ? Je ne suis point celui que vous pensez. Mais il en vient un
DES APOTRES. i83 autre après moi, dont je ne suis pas digne de délier les souliers.
26. C'est à vous ; mes frères , qui êtes enfans de la race d'Abraham , et à ceux d'entre vous qui craignent Dieu , que cette parole de salut a été envoyée.
27. Car les habitans de Jérusalem, et leurs princes ne l'ayant point connu pour ce qu'il ctoit , et n*ayant point entendu les paroles des prophètes qui se lisent chaque jour de sabbat , ils les ont accomplies en le condamnant.
2,8. Et quoiqu'ils ne trouvassent rien en lui qui fût digne de mort, ils demandèrent à Pilate qu'il le fît mourir.
29. Et lorsque tout ce qui avoît été écrit de lui fut accompli, on le descendit de la croix, et on le mit dans le tombeau.
30. Mais Dieu l'a ressuscité d'entre les morts le troisième jour, et il a été vu durant plusieurs jours par ceux
3i. Qui étoient venus avec lui de Galilée à Jérusalem; qui lui rendent encore aujourd'hui témoignage devant le peuple.
82. Ainsi nous vous annonçons l'accomplisse- ment de la promesse qui a été faite à nos pères ;
33. Dieu nous en ayant fait voir l'effet, à nous qui sommes leurs enfans , en r(*ssuscitant Jésus , selon qu'il est écrit dans le second Pseaume : Vous êtes mon fils ;je vous ai engen- dré aujourd'hui.
M*
î84 LES ACTES
34. Et pour montrer qu'il l'a ressuscité d'en- tre les morts pour ne plus retourner au sépul- cre, il dit : J'accomplirai fidèlement les pro- messes que j'ai faites à David.
35. Et il dit encore en un autre endroit : Vous ne permettrez pas que votre Saint éprouve la corruption.
36. Car pour David, après avoir servi en son temps aux desseins de Dieu, il s'est endormi, et a été mis avec ses pères, et il a éprouvé la corruption.
37. Mais celui que Dieu a ressuscité, n'a point éprouvé la corruption.
38. Sachez donc, mes frères, que c'est par lui que la rémission des péchés vous est an- noncée,
39. Et que quiconque croit e/z lui j est justifié par lui de toutes les choses dont vous n'avez pu être justifiés par la loi de Moïse.
40. Prenez donc garde qu'il ne vous arrive ce qui est prédit par les prophètes :
41. Voyez, vous qui méprisez ma parole , soyez dans l'étonnement , tremblez de frayeur; car je ferai une œuvre en vos jours , une œuvre que vous ne croirez pas, lors même qu'on vous l'annoncera.
42. Apr^s qu'ils furent sortis , on les pria de parler encore du même sujet au sabbat suivant.
43. Et quand l'assemblée fut séparée, plu- sieurs des Juifs et des prosélj^tes craignant
/V///f'- (Vf{/u/i/,r (•/ <r /><//{ //o///u\i' . (/r/f/f(.i ro/fvcr/f.
DES APOTRES. i85 Dieu , suivirent Paul et Barnabe , qui les exhor- toient à persévérer dans la grâce de Dieu.
§. I V- Juifs endurcis et abandonnés. Gentils convertis.
44. Le sabbat suivant, presque toute la ville s'assembla pour entendre la parole de Dieu.
45. Mais les Jui fs voyant ce concours de peu- ple, furent remplis d'envie et de colère, et ils s'opposoient , avec des paroles de blasphème , à ce que Paul disoit.
46. Alors Paul et Barnabe leur dirent hardi- ment : Vous étiez les premiers à qui il falloit annoncer la parole de Dieu ; mais puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, nous nous en allons présentement vers les Gentils.
47. Car le Seigneur nous l'a ainsi commandé, selon quHl est écrit : Je vous ai établi pour être la lumière des Gentils; afin que vous soyez leur salut jusques aux extrémités de la terre.
48. Les Gentils entendant ceci se réjouirent, et ils glorifioient la parole du Seigneur : et tous ceux qui avoient été prédestinés à la vie éter- nelle embrassèrent la foi.
49. Ainsi la parole du Seigneur se répandoit dans tout ce pays.
50. Mais les Juifs ayant animé des femmes dévotes et de qualité, et les principaux de la
i86 LES ACTES
ville, excitèrent une persécution contre Paul
et Barnabe, et les chassèrent de leur pays.
5i. Alors Paul et Barnabe ayant secoué con- tre eux la poussière de leurs pieds, ils vinrent à Icône.
5^. Cependant les disciples étoient remplis de joie et du Saint-Esprit.
CHAPITRE XIV.
§. I. Miracles de Paul et Barnabe. Ils sont chassés d* Icône.
I. CJ R il arriva qu'étant à Icône, ils entrèrent ensemble dans la synagogue des Juifs, et ils y parlèrent de telle sorte, qu'une grande multi- tude de Juifs et de Grecs embrassa la foi.
^. Mais ceux des Juifs qui demeurèrent dans l'incrédulité, excitèrent et irritèrent l'esprit des Gentils contre les frères.
3. Ils demeurèrent donc long-temps en cette ^ille ■, se conduisant avec grande liberté pour la gloire du Seigneur, qui rendoit témoignage à la parole de sa grâce, en leur faisant faire des prodiges et des miracles.
4. Ainsi toute la ville fut partagée, les uns étant pour les Juifs, et les autres pour les apôtres.
5. Mais comme les Gentils et les Juifs avec
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DES APOTRES. 187 leurs principaux chefs alloient se jeter sur eux pour les outrager, et les lapider ,
6. Les apôtres l'avant su , s'enfuirent à Lvs- tre et à Derbe , villes de Lycaonie , et au pavs d'alentour, où ils prêchoient l'Evangile.
§. 1 1. Ils guérissent un boiteux a Listre. On leur veut sacrifier. On les lapide.
7. Or il y avoit à Lystre un homme perclus de ses jambes, qui étoit boiteux dès le ventre de sa mère, et qui n'avoit jamais marché.
8. Cet homme entendit la prédication de Paul ; et Paul arrêtant les yeux sur lui , et voyant qu'il avoit la foi qu'il seroit guéri,
9. Il lui dit à haute voix -.Levez-vous e/ tenez- vous droit sur vos pieds. Aussitôt il se leva en sautant , et commença à marcher.
10. Le peuple ayant vu ce que Paul avoit fait , ils élevèrent leurs voix, et dirent en langue lycaonienne : Ce sont des dieux qui sont des- cendus vers nous sous la forme d'hommes.
11. Et ils appeloient Barnabe Jupiter, et Paul Mercure, parce C|ue c'étoit lui qui por- toit la parole.
12. Et même le sacrificateur du temple de Jupiter , qui étoit près de la ville , amena des taureaux , et apporta des couronnes devant la porte, voulant, aussi bien que le peuple, /ez//- sacrifier.
i88 LES ACTES
i3. Mais les apôtres Barnabe et Paul ayant entendu ceci, déchirèrent leurs vêtemens, et s'avancant au milieu de la multitude, ils crie- rent :
14. Mes amis, que voulez-vous faire? Nous ne sommes que des hommes non plus que vous, et sujets aux mêmes infirmités ; et nous vous annonçons que vous vous convertissiez de ces vaines superstitions au Dieu vivant , qui a fait le ciel et la terre , la mer , et tout ce c|u'ils con- tiennent;
i5. Qui dans les siècles passés a laissé mar- cher toutes les nations dans leurs voies.
16. Et néanmoins il n'a point cessé de rendre toujours témoignage de ce qu'il est , en faisant du bien aux hommes , en dispensant les pluies du ciel , et les saisons fEivorablespour les fruits , en nous donnant la nourriture avec abondance, et remplissant nos cœurs de joie.
17. Mais quoi qu'ils pussent dire , ils eurent bien de la peine à empêcher que le peuple ne leur sacrifiât.
18. En ce même temps quelques Juifs d'An- tioche et d'Icône étant survenus , gagnèrent le peuple ; et ayant lapidé Paul , ils le traînèrent hors de la ville, le croyant mort.
19. Mais les disciples s'étant assemblés au- tour de lui , il se leva et rentra dans la ville ; et le lendemain il partit avec Barnabe pour aller à Derbe.
DES APOTRES. 189
§. III. Ils visitent les fidèles ; ils les forti- fient ; ils retournent a Antioche.
20. Et après avoir annoncé l'Evangile dans cette ville-là, et instruit plusieurs personnes, ils retournèrent à Lystre, à Icône, et k An- tioche,
21. Fortifiant le courage des disciples, les. exhortant à persévérer dans la foi , et leur re- montrant que c'est par beaucoup de peines et d'afflictions que nous devons entrer dans le royaume de Dieu.
22. Ayant donc ordonné des prêtres en cha- que Eglise avec des prières et des jeûnes , ils les recommandèrent au Seigneur , auquel ils avoient cru.
^3. Ils traversèrent ensuite la Pisidie, et vinrent en Pamphylie.
2,4. Et ayant annoncé la parole du Seigneur à Perge , ils descendirent à Attalie :
26. De là ils firent voile vers Antioche, d'où on les avoit envoyés, en les abandonnant à la grâce de Dieu, pour l'œuvre qu'ils avoient accomplie.
26,Y étant arrivés, et ayant assemblé l'Eglise, ils racontèrent combien Dieu avoit fait de grandes choses avec eux , et comment il avoit ouvert aux Gentils la porte de la foi.
27. Et ils demeurèrent là assez long -temps avec les disciples.
ïpo LES ACTES
CHAPITRE XV.
§. I. Concile de Jérusalem sur les observations légales^
i.Or, quelques-uns qui étoient venus de Judée, enseignoient cette doctrine aux frères: Si vous n'êtes circoncis selon la pratique de la loi de Moïse , vous ne pouvez être sauvés.
2. Mais Paul et Barnabe s'étant élevés forte- ment contre eux , il fut résolu que Paul et Barnabe, et quelques-uns d'entre les autres iroient à Jérusalem vers les apôtres et les prê- tres , pour leur proposer cette question.
3. Les fidèles de cette Eglise les ayant accom- pagnés à leur départ, ils traversèrent la Phéni- cie et la Samarie, racontant la conversion des Gentils; ce qui donnoit beaucoup de joie à tous les frères. *
4. Et étant arrivés à Jérusalem , ils furent re- çus par l'Eglise, par les apôtres et par les prêtres, et ils leur rapportèrent combien Dieu avoit fait de grandes choses avec eux.
5. Mais quelques-uns de la secte des phari- siens, qui avoient embrassé la foi, s'élevèrent et soutinrent qu'il falloit circoncire les Gentils et leur ordonner de ga4'der la loi de Moïse.
6. Les apôtres donc et les prêtres s'assem- blèrent , pour examiner et résoudre cette affaire.
DES APOTRES. îçt y. Et après en avoir beaucoup conféré en- semble, Pierre se leva , et leur dit : Mes frères, vous savez qu'il y a long-temps que Dieu m^a choisi d'entre nous, afin que les Gentils enten- dissent par ma bouche la parole de l'Evangile, et qu'ils crussent.
8.Et Dieu qui connoît les cœurs, leur a rendu te'moignage, leur donnant le Saint-Esprit aussi bien qu'à nous.
9. Et il n'a point fait de différence entre eux et nous, ayant purifié leurs cœurs par la foi.
10. Pourquoi donc tentez-vous maintenant Dieu, en imposant aux disciples un joug, que ni nos pères, ni nous n'avons pu porter?
1 1. Mais nous croyons que c'est par la grâce du Seigneur Jésus-Christ que nous serons sau- vés aussi bien qu'eux.
12. Alors toute la multitude se tut, et ils éçoutoient Barnabe et Paul, qui leur racon- toicnt combien de miracles et de prodiges Dieu avoit faits pr.r eux parmi les Gentils.
i3. Après qu'ils se furent tus, Jacque;^ prit la parole, et dit: Mes frères, écoutez-moi:
14. Simon vous a représenté de quelle sorte Dieu a commencé de regarder favorablement les Gentils, pour choisir parmi eux un peuple consacré à son nom ;
i5. Et les paroles des prophètes s'accordent en cela , selon qu'il est écrit :
16. Après cela je reviendrai édifier de nou-
iga. LES ACTES
veau la maison de Deivid, qui est tombée ; je
réparerai ses ruines, et la relèverai;
17. Afin que le reste des hommes et tous les Gentils qui seront appelés de mon nom, cher- chent le Seigneur. C'est ce que dit le Seigneur qui fait ces choses.
18. Dieu connoît son œuvre de toute éter- nité.
19. C'est pourquoi je juge qu'il ne faut point inquiéter ceux d'entre les Gentils qui se con- vertissent à Dieu ;
2.0. Mais qu'on doit seulement leur écrire qu'ils s'abstiennent des souillures des idoles , de la fornication, des chairs étouffées, et du sans:.
O 1
2.1. Car, quant k Moïse, il y a de tout temps | en chaque ville des hommes qui le prêchent j dans les synagogues, où on le lit chaque jour 1 de sabbat. |
§. IL Lettre du Concile aux Eglises des Gentils,
2.2. Alors il fut résolu par les apôtres et les prêtres , avec toute l'Eglise, de choisir quel- ques-uns d'entre eux et de les envoyer à An- tioche avec Paul et Barnabe. Ils choisirent donc Jude, surnommé Barsabas , et Silas, qui étoient des principaux entre les frères ;
23.
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— Le//rr ih/ {'o/tr//r au.t^ { (//^.u\i (yrJ (/r/f/f/'.
t) E s APOTRES. 10
i3. Et ils écrivirent par eux cette lettre : Les
apôtres , les prêtres et les frères , à nos frères
d'entre les Gentils qui sont à Antioche, en Sjriè
et en Cilicie, salut.
24. Comme nous avons su que quelques-uhs qui venoient d^'avec nous , vous ont troublés par leurs discours , et ont alarmé vos consciences , sans toutefois que nous leur en eussions donné aucun ordre ;
25. Après nous être assemblés dans un tnêmê esprit, nous avons ju^é à propos de vous en- voyer des personnes choisies , avec nos cliers
frères Barnabe et Paul ,
2,6. Qui sont des hommes qui ont exposé leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus-Christi
27. Nous vous envoyons donc Jude et Silas, qui vous feront entendre les mêmes choses de vive voix.
28. Car il a semblé bon aii Saint-Esprit et à nous, de ne vous point imposer d'autres char- ges, que celles-ci qui sont nécessaires ;
29. Savoir : de vous abstenir de ce qui aura été sacrifié aux idoles , du sang, des chairs étouf- fées, et de la fornication , dont vous ferez bien de vous garder. Adieu.
30. Ayant donc été envoyés de la sorte, ils vinrent à Antioche , où ils assemblèrent les fidè- les, et leur rendirent cette lettre,
3i. Qu'ils lurent avec beaucoup de consola-* tlon et de joie.
194 LES ACTES
§. III. Jude et S lias prophètes. Paul et Barnabe se séparent.
32. Jude et Silas étant eux-mêmes prophètes, consolèrent et fortifièrent aussi les frères par plusieurs discours.
33. Et après qu'ils eurent demeuré là quel- que temps, les frères les congédièrent en paix vers ceux qui les avoient envoyés.
34. Silas néanmoins jugea à propos de de- meurer à Anlioche; et Jude retourna seul à Jérusalem.
35. Paul et Barnabe demeurèrent aussi à An- tiocbe, où ils enseignoient et annonçoient avec plusieurs autres la parole du Seigneur.
36. Quelques jours après Paul dit à Barnabe: Retournons visiter nos frères par toutes les villes où nous avons prêché la parole du Sei- gneur, pour, voir en quel état ils sont.
37. Or Barnabe vouloit prendre avec lui Jean , surnommé Marc.
38. Mais Paul le prioit de considérer qu'il n'étoitpas à propos de prendre avec eux celui qui les avoit quittés en Pamphy lie , et qui ne les avoit point accompagnés dans leur ministère,
39. Il se forma donc entr'eux une contesta- tion, qui fut cause qu'ils se séparèrent l'un de l'autre. Barnabe prit Marc avec lui , et s'embar- qua pour aller en Chypre.
DES APOTRES. tgb
40. Et Paul ayant choisi Silas , partit avec lui, après avoir été abandonné à la grâce de Dieu par les frères.
41. Il traversa la Syrie et la Cilicie, confir- mant les Eglises , et leur ordonnant de garder les réglemens des apôtres et des prêtres.
CHAPITRE XVI.
§. I. Paul ciî'concu Timothée ; visite les Eglises.
i. Or Paul arriva à Derbe, et «^/zi-wZ/càLystre, où il rencontra un disciple nommé Tiniotliée, fils d'une femme juive fidelle, et d'un père Gentil.
2, Les frères qui étoient à Lystre et à Icône ^ rendoient un témoignage avantageux ace dis- ciple.
3. Paul voulut donc qu'il vînt avec lui ; et il H le circoncit k cause des Juifs qui étoient en ces ^■lieux-là : car tous savoient que son père étoit BCentil.
^■^ 4. Or allant de ville en ville , Paul et Silas ^p donnoient pour règle avix fidèles de garder les ordonnances qui avoient été établies par les apôtres et par les prêtres de Jérusalem.
6. Ainsi les Eglises étoient fortifiées en la foi, et croissoient en nombre de jour en jour.
196 LES ACTES
§. IL Le Saint-Esprit défend de prêcher en Asie et en Bithynie. Vision qui fait passer Paul en Macédoine,
6. Lorsqu'ils eurent traversé la Phrygie et la Galatie, le Saint-Esprit leur défendit d'an- noncer la parole de Dieu en Asie.
7. Et étant venus en Mysie , ils se disposoient à. passer en Bithynie ; mais l'Esprit de Jésus ne le leur permit pas.
8. Ils passèrent ensuite la Mj^sie , et descen- dirent à Troade,
9. Oîl Paul eut la nuit cette vision : Un homme de Macédoine se présenta devant lui, et lui fit cette prière : Passez en Macédoine, et venez nous secourir.
10. Aussitôt qu'il eut eu cette vision, nous nous disposâmes à passer en Macédoine , ne doutant point que Dieu ne nous j appellât pour y prêcher l'Evangile.
11. Nous étant donc embarqués à Troade, nous vînmes droit à Samothrace, et le lende- main à Naples ;
12. De là à Philippes, qui est la première colonie romaine ^ qu'on rencontre de ce côté- là dans la Macédoine, où nous demeurâmes quelques jours.
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Iprj.
DES APOTRES. 197
§. III. Conversion de Lydie. Pythonisse délivrée,
i3. Le jour du sabbat nous sortîmes hors de la ville, et nous allâmes près de la rivière où étolt le lieu ordinaire de la prière. Nous nout; açsîmes , et nous parlâmes aux femmes qui étoîent là assemblées.
14. Il y en avoit une nommée Lydie , de la ville de Thyatire , marchande de pourpre , qui servoit Dieu. Elle nous écouta ; et le Seigneur lui ouvrit le cœur pour entendre avec sou- mission ce que Paul disoit.
i5. Après qu'elle eut été batisée, et sa fa- mille avec elle, elle nous fit cette prière : Si vous me croyez fidelleau Seigneur , entrez en la maison, et y demeurez, et elle nous força 'd'entrer.
16. Or, il arriva que comme nous allions au. lieu ordinaire de la prière, nous rencontrâmes une servante , qui ayant un esprit de Python , apportoit un grand gain à ses maîtres par ses divinations.
17. Elle se mît k nous suivre Paul et nous, en criant : Ces hommes sont des serviteurs du. Dieu Très -haut, quî vous annoncent la voie du salut.
18. Elle fit la même chose durant plusieurs Jours. Mais Paul ayant peine a le souffrir, se
198 LES ACTES
retourna vers elle , et dit à l'esprit : Je te com- mande au nom de Jcsus-Christ de sortir de cette filie ; et il sortit k l'heure même.
§. I V. Paul et S lias fouettes ^ mis en prison y convertissent le geôlier ; sont délivrés.
19. Mais les maîtres de cette servante voyant qu'ils avoient perdu l'espérance de leur gain, se saisirent de Paul et de Silas , et les aj^ant em- menés au palais devant ceux qui commandoient dans la ville,
2.0. Ils les présentèrent aux magistrats, en leur disant : Ces hommes, ce sont des Juifs qui troublent toute notre ville ;
2.1. Qui veulent introduire une manière de vivre, qu'il ne nous est point permis, à nous qui sommes Romains, de recevoir ni de suivre.
^^. Le peuple accourut en foule contre eux » et les magistrats ayant fait déchirer leurs robes, commandèrent qu'ils fussent battus de verges.
^Z. Et après qu'on leur eut donné plusieurs coups, il les mirent en prison, et ils ordonnè- rent au geôlier de les garder sûrement.
24. Le geôlier avant reçu cet ordre, les mit dans un cachot , et leur serra les pieds dans des ceps.
s5. Sur le minuit Paul et Silas s'étant mis en prière, chantoient des hymnes à la louange de Dieu ; et les prisonniers les entendoient.
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DES APOTRES. 199: ^6. Lorsque tout d'un coup il se fit un si grand tremblement de terre, que les fondemens de la prison en furent ébranlés ; toutes les portes s'ouvrirent en même temps , et les liejis de tous les prisonniers furent rompus.
2.7. Le geôlier s'étant éveillé, et voyant tou- tes les portes de la prison ouvertes , trra son épée et voulut se tuer , s'imaginant que les pri- sonniers s'étoient sauvés.
s8. Mais Paul lui cria k haute voix : Ne vous faites point de mal ; car nous voici encore tous.
^9. Alors le geôlier ayant demandé de la lu- mière , entra dedans, et tout tremblant se jeta aux pieds de Paul et de Silas;
3o. Et les ayant tirés de ce lieu-là , il leur dit : Seigneur, que faut-il que je fasse pour êlre sauvé ?
3i. Ils lui répondirent : Croyez au Seigneur Jésus,etvous serez sauvé, vous et votre famille.
3^. Et ils lui annoncèrent la parole du Sei- gneur, etàtous ceux qui étoient dans sa maison.
33. Et les prenant , à cette même heure de la nuit, le geôlier lava leurs plaies, et aussitôt il fut batisé avec toute sa famille.
34. Puis les ayant menés en son logement, il leur servit à manger ; et il se réjouit avec toute sa maison de ce qu'il avoit cru en Dieu.
35. Le jour étant venu , les magistrats lui en- voyèrent dire par des huissiers , qu'il laissât «iller ces prisonniers..
£00 LES ACTES
36. Aussitôt le geôlier vint dire à Paul : Les magistrats ont mandé qu'on vous élargît ; sor- tez donc maintenant , et vous en allez en paix.
37. Mais Paul dit à ces huissiers: Quoi, après nous avoir publiquement battus de verges, sans connoissance de cause, nous qui sommes ci- toyens romains , il nous ont mis en prison, et niaintenant ils nous en font sortir en secret ? Il n'en sera pas ainsi : il faut qu'ils viennent eux- mêmes nous en tirer.
38. Les huissiers rapportèrent ceci aux ma- gistrats , qui eurent peur , ayant appris qu'ils étoient citoyens romains.
39. Ils vinrent donc leur faire des excuses ; et les ajfint mis hors de la prison, ils les supplier rent de se retirer de leur ville.
40. Paul et Silas au sortir de la prison allèrent chez Lydie; et ayant vu les frères, les consolée vent, et puis pax'tirçat,
Tom JO
Au, 20.
DES APOTRES. soi
CHAPITRE XVII.
§. I. Paul convertit les Thessalonlciens ; est persécuté par les Juifs,
i.Ils passèrent de là par Ampliipoîis , par Apollonie, et vinrent à Thessalonique, où il y avoit une synagogue de Juifs.
2. Paul y entra selon sa coutume , et il les entretint des écritures durant trois jours de sabbat,
3. Leur découvrant et leur faisant voir qu'il avoit fallu que le Christ souffrît, et qu'il ressus- citât d'entre les morts : et ce Christ , leurdisoit- il j est Jésus-Christ que je vous annonce.
4. Quelques-uns d'entr'eux crurent, et se joignirent à Paul et à Silas; comme aussi une grande multitude de Grecs craignant Dieu, et plusieurs femmes decjualité.
6. Mais les Juifs poussés à'nnfaux zèle, pri- rent avec eux quelques médians hommes de la lie du peuple, et ayant excité un tumulte, ils troublèrent toute la ville, et vinrent en troupe à la maison de Jason, voulant enlever Paul et Silas, et les mener devant le peuple.
6. Mais ne les ayant point trouvés , ils traînè- rent Jason et quelques-uns des frères devant les magistrats de la ville , en criant : Ce sont-là ces gen? qui sont venus nous troubler \Q\y
£cs LES ACTES
7. Et Jason les a reçus chez lai. Ils sont tous rebelles aux ordonnances de César , en soute- nant qu'il y a un autre roi , cjit*lls nomment Jésus.
8. Ils émurent donc la populace et les magis- trats de la ville qui les écoutoient.
9. Mais Jason et les autres ajant donné cau- tion , les magistrats les laissèrent aller.
10. Dès la nuit même les frères conduisirent hors de la ville Paul et Silas pour aller à Bérée; où étant arrivés ils entrèrent dans la synagogue des Juifs.
1 1 . Or ces Juifs de Bérée étoîent de plus hon- nêtes gens que ceux de Thessalonique; et ils reçurent la parole avec beaucoup d'affection et d'ardeur, examinant tous les jours les écrî-^ tures, pour voir si ce qu'on leur disoit étoid véritable.
12,. De sorte que plusieurs d'entr'eux , et beaucoup de femmes grecques de qualité, et un assez grand nombre d'hommes , crurent en Jésus-Christ.
i3. Mais quand les Juifs de Thessalonique- surent que Paul avoit aussi annoncé la parole de Dieu à Bérée , ilsy vinrent émouvoir et trou* bler le peuple.
14. Aussitôt les frères se hcitèrent de faire sortir Paul, pour aller vers la mer; et Silas. avec Timothée demeurèrent à Bérée.
i5. Mais ceux qui conduisoient Paul, le me*
DES APOTRES. io3 lièrent jusqu'à Athènes, où ils le quittèrent, après avoir reçu ordre de lui de dire à Silas et à Timothée qu'ils vinssent le trouver au plutôt.
1 6. Pendant que Paul les attendoi t à A tliènes , son esprit se sentoit e'mu et comme irrité dans lui-même , en voyant que cette ville étoit si attachée à l'idolâtrie.
17. Il parloit donc dans la synagogue avec les Juifs, et avec ceux qui craignoient Dieu, et tous les jours en la place publique avec ceux qui s'y rencontroient.
18. Il y eut aussi quelques philosophes épicu- riens et stoïciens qui conférèrent avec lui , et les uns disoient : Qu'est-ce que veut dire ce dis- coureur? Et les autres : Il semble qu'il prêche de nouveaux dieux : ce (/u'ils disoient ^ à cause qu'il leur annonçoit Jésus , et la résurrection.
19. Enfin ils le prirent et le menèrent à l'aréo- page , en lui disant : Pourrions-nous savoir de vous quelle estcette nouvelle doctrine que vous publiez?
2,0. Car vous nous dites de certaines choses dont nous n'avons point encore ouï parler. Nous voudrions donc bien savoir ce que c'est.
21. Or tous les Athéniens et les étrangers qui demeuroient à Athènes , ne passoient tout leur temps qu'à dire et à entendre des nouvelles.
2,2,. Paul étant donc au milieu de l'aréopage, î«ur dit : Seigneurs Athéniens , il me semble
204 LES ACTES
qu'en toutes choses vous êtes religieux jusqu'à excès.
23. Car ayant regardé en passant les statues de vos dieux, j'ai trouvé aussi un autel sur le- quel il est écrit : au Dieu inconnu. C'est donc ce Bien que vous adorez Sans le connoitre , que je vous annonce.
2,4. Dieu qui a fait le monde , et tout ce qui est dans le monde , étant le Seigneur du ciel et de la terre , n'habite point dans les temples bâtis par les hommes.
25. Il n'est point honoré par les ouvrages de la main des hommes , comme s'il avoit besoin de ses créatures, lui qui donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses.
26. Il a fait naître d'un seul toute la race des hommes, et il leur adonné pour demeure toute l'étendue de la terre, ajant marqué l'ordre des saisons, et les bornes de l'habitation de chaque peuple,
27. Afin qu'ils cherchassent Dieu , et qu'ifs tâchassent de le trouver comme avec la main et à tâtons , quoiqu'il ne soit pas loin de chacun de nous.
28. Car c'est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être; et comme quelques-uns de vos poètes ont dit : Nous sommes les enfans et la race de Dieu même.
29. Puis donc que nous sommes les enfans e^ la race Dieu, nous ne devons pas croire que la
DES APOTRES. lOb
Divinité soit semblable à de l'or , k de l'argent , ou à de la pierre, dont l'art et l'industrie des hommes a fait des figures.
3o. Mais Dieu sans avoir égard k ces temps d'ignorance, fait maintenant annoncer k tous les hommes et en tous lieux , qu'ils fassent pénitence;
3i. Parce qu'il a arrêté un jour auquel il doit juger le monde selon la justice, par celui qu'il a destiné àe?i être le juge j dont il a donné k tous les hommes une preuve certaine, en le ressus- citant d'entre les morts.
32. Mais lorsqu'ils entendirent parler de la résurrection des morts, quelques-uns s'en mo- quèrent, et les autres dirent: Nous vous enten- drons une autre fois sur ce point.
33. Ainsi Paul sortit de leur assemblée.
34. Quelques-uns néanmoins se joignirent \ lui, et embrassèrent la foi , entre lesquels fut Denys, sénateur de l'aréopage, et une femme nommée Damaris, et d'autres avec eux.
ao6 LES ACTES
CHAPITRE XVIIÎ.
§. I. Paul vient a Corinthe ; y travaille dt ses mains avec Priscille et Aquilas ; con- Vertit beaucoup de monde,
t. A PRÈscela,Paul étant parti d'Athènes, vint à Corinthe.
s. Et ayant trouvé uii Juif nommé AquiLis^ originaire du Pont , qui étoit nouvellement venu d'Italie avec Priscille sa femme , parce que l'empereur Claude avoit ordonné à tous les Juifs de sortir de Rome, il se joignit à eux.
3. Et parce que leur métier étoit de faire des^ tentes , et que c'étoit aussi le sien, il demeuroit chez eux, et y travailloit.
4. Mais il prêchoit dans la sj'nagogue tous les jours de sabbat, et faisant entrer dans ses dis- cours le nom du Seigneur Jésus, il s'efïorçoit de persuader les Juifs et les Grecs.
6. Or, quand Silas et Timothée furent venus de Macédoine , Paul s'emplojoit à prêcher avec encore plus d'ardeur, en montrant aux Juifs que Jésus étoit le Christ.
6. Mais les Juifs le contredisant avec des pa- roles de blasphème , il secoua ses habits, et leur' dit : Que votre sang soit sur vôtre tête : pour moi j'en suis innocent, je m'en vais désormais vers les Gentils.
U'tru/ 7/ (o/'i/imc\ 1/ //(fV{r(//a/i/ ar .'cJ/zm/z^J.
I-
DES APOTRES. 207
7. Et étant parti de là, il entra chez un nom* méTite-Juste, qui craignoit Dieu, dontla mai- son tenoit à la synagogue.
8. Crispe, chef de synagogue, crut aussi au Seigneur avec toute sa famille, et encore plu- sieurs autres des Corinthiens ayant entendu Paul j crurent et furent batise's.
9. Alors le Seigneur dit h Paul en vision du- rant la nuit : Ne craignez point, mais parlez sans vous taire;
10. Car je suis avec vous , et personne ne pourra vous maltraiter, parce que j'ai en cette ville un grand peuple.
1 1. Il demeura donc un an et demi à Corin- the, leur enseignant la parole de Dieu.
§. IL Paul accusé devant Gallion ; va en Syrie , a Ephèse , etc,
12. Or Gallion étant proconsul d'Achaïe, les Juifs d'un commun accord s'élevèrent contre Paul, et le menèrent à son tribunal ,
i3. En disant : Celui-ci veut persuader aux hommes d'adorer Dieu d'une manière contraire à la loi.
14. Et comme Paul étoit prêt de parler /70wr sa défense j Gallion dit aux Juifs : O Juifs, s'il s'agissoit de quelque injustice, ou de quelque mauvaise action , je me croirols obligé de vous entendre avec patience:
ao8 LES ACTES
i5. Mais s'il ne s'agit que de contestation^ de doctrine , de mots , et de votre loi , vide2 vous-même vos différends comme vous l'enten- drez ; car je ne veux point m'en rendre juge.
16. Il les fit retirer ainsi de son tribunal.
17^ Et tous ajant saisi Sosthène, chef delà sy- nagogue, le battoient devant le tribunal, sans que Gallion s'en mit en peine.
18. Quand Paul eut encore demeuré là plu- sieurs jours, il prit congé des frères , et s'em- barqua pour aller en Syrie avec Priscille et Aquilas , s'étant fait couper les cheveux à Cenchrée, à cause d'un vœu qu'il avoit fait.
1 9. Or il arriva à Ephèse , où il laissa Priscille. et Aquilas. Pour lui , étant entré dans la syna- gogue , il conféra avec les Juifs,
20. Qui le prièrent de demeurer plus long- temps avec eux ; mais il ne voulut point y con- sentir,
21. Et il prit congé d'eux, en leur disant : Je reviendrai vous voir , si c'est la volonté dé Dieu ; et il partit ûinsi d'Ephèse.
2.2. Ayant abordé à Césarée , il alla à Jérusa- lem j et après avoir salué l'Eglise, il se rendit à Anlioche,
23. Où il passa quelque temps ; et il en partit ensuite, traversant par ordre <?/ de ville en ville la Galatie et la Phrygie, et fortifiant tous les disciples.
§. ni.
DES APOTRES. ^oc^
§. III. Apollon instruit par Priscille et
Aquilas.
2.4. En ce même temps un Juif, nommé Apollon , orisfinaire d'Alexandrie , homme élo- quent et fort versé dans les Ecritures , vint à Ephèse.
2.5, Il étoit instruit dans la voie du Seigneur ; et parlant avec zèle et avec ferveur d'esprit, il expliquoit et enseignoit avec soin ce qui rcgar^ doit Jésus, quoiqu'il n'eût connoissance que du batême de Jean.
26. Il commença donc à parler libt'ement et hardiment dans la synagogue. Et quand Priscille et Aquilas l'eurent entendu , ils le retirèrent chez eux, et l'instruisirent plus amplement dô la voie de Dieu.
27. Il voulut ensuite passer en Achaïe : et les frères l'y ayant exhorté, ils écrivirent aux dis-' ciples qu'ils le reçussent. Y étant arrivé, il servit beaucoup aux fidèles.
28. Car il convainquoit les Juifs publique- . ment avec grande force, leur montrant par les
Ecritures que Jésus étoit le Christ.
10. "^ -* O
sîo LES ACTES
CHAPITRE XIX.
§. I. Disciples qui n' avaient reçu que le hatcmc de Jean, , bâtis es par Paul.
î.iENDANT qu'Apollon étoit à Corintlie j Paul ayant traversé les hautes provinces (le VAsie, vint à Ephèse, où ajant trouvé quel- ques disciples,
2. li leur dit : Avez-vous reçu le Saint-Esprit depuis que vous avez embrassé la foi ? Ils lui répondirent : Nous n'dvons pas seulement ouï dire qu'il y ait un Saint-Esprit.
3. Et il leur dit : Quel batême avez-vous donc reçu ? Ils lui répondirent : Le batême de Jean.
4. Alors Paul leur dit : Jean a balisé du ba- tême de la pénitence en disant au peuple , qu'ils dévoient croire en celui qui venoit après lui, c'est-à-dire, en Jésus.
5. Ce qu'avant ouï, ils furent batisés au nom du Seigneur Jésus.
6. Et après que Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit descendit sur eux; et ils parloient diverses langues, et ils prophéli- soient.
7. Ils étoient en tout environ douze.
i Morii
I
DES AP 0 T Tx E S. an
Sb 1 1. Paulprtcht a Epkèse pendant deux ans , et y fait de grands miracles.
8. Paul entra ensuite dans la synagogue, où îl parla avec liberté et hardiesse pendant trois mois, confc'rant avec les Juifs , et s'eff'orcant de leur persuader ce qui regarde le ro^'aume de Dieu.
9. Mais comme quelques-uns s'endurcis- soient et demeuroient dans l'incrédulité, dé- criant devant tout le peu pie la voie du Seigneur, il se retira , et sépara ses disciples d'avec eux ; et il enseignoit tous les jours dans l'école d'un nommé Tjran:
10. Ce qu'il continua durant deux ans. De sorte que tous ceux qui demeuroient en Asie^ tant Juifs que Gentils , ouïrent la parole du Seigneur Jésus.
11. Et Dieu fîiisoit des miracles extraordi'* ïiaires par les mains de Paul ;
12. Jusques-là même que les mouchoirs et les linges qui avoient touché son corps, étant appliqués aux malades, ils étoient guéris de leurs maladies , et les esprits malins sortoieut du corps des possédés.
O
-Lï^ LES ACTES
§. III. Exorcistes ; Juifs battus par les démons. Livres brûlés.
i3. Or quelques-uns clés exorcistes juifs qui alloient de ville en ville, entreprirent d'invo- quer le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui étoient possédés des malins esprits, en leur di- sant : Nous vous conjurons par Jésus que Paul prêche.
14. Ceux qui faisoient cela étoient sept fils d'un Juif, prince des prêtres, nommé Sceva.
i5. Mais le midin esprit leur répondit : Je connois Jésus, et sais c]ui est Paul : mais vous , qui êtes-vous ?
16. Aussitôt ITiomme qui étoit possédé d'un démojn tl'ès-inéchant, se jeta sur deux de ces exorcistes; et s'en étant rendu maître, il les traita si mal, qu'ils furent contraints de s'en- fuir de cette maison tout nuds et blessés.
17. Cet événement ayant été su de tous les Juifs et de tous les Gentils qui demeuroient à Ephèse, ils furent tous saisis de crainte, et ils glorifioient le nom du Seigneur Jésus.
18. Et plusieurs de ceux qui avoienl cru, venoient confesser et déclarer ce qu'ils avoient fait fie mal.
19. Il y en eut aussi beaucoup de ceux qui avoient exercé les arts curieux, qui apportè- rent leurs livres , et les brûlèrent devant tout
DES APOTRES. st3 le monde ; et quand on en eut supputé le prJx, on trouva qu'il montoit à cinquante mille piè- ces d'argent.
20. Ainsi la parole de Dieu se répandoit de plus en plus, et se fortifioit puissamment.
21. Après cela Paul se proposa par l'instinct du Saint-Esprit, de passer par la Macédoine et par l'Achaïe, et d'ajler ensuite à Jérusalem, disant : Lorsque j'aurai été là, il faut aussi que je voie Rome.
2a, Et ayant envoyé en Macédoine deux de ceux qui le servoient dans son ministère > Timothée et Eraste , il denieura encore queL^ que temps en Asie.
§. IV. Sédition a Ephèse contre Paul.
23. Mais la voie du Seigneur fut alors tra- versée par un grand trouble.
24. Car un orfèvre, nommé Démétrius, qut faisoit de petits temples d'argent de la Diane d* Ephèse j et donnoit beaucoup à gagner à ceux de ce métier,
20. Les assembla avec d'autres qui travail- Ipient à ces sortes d'ouvrages, et leur dit : Mes amis, vous savez que c'est de ces ouvcages que vient tout notre gain ;,
26. Et cependant vous vo^yez vous-mêmes, et vous entendez dire, que ce Paul a ici dé- tcjurné un grand nombre de personnes du cidlo^
2T4 LES ACTES
des cUeux ^ non seulement h Ephèse , mais pres- (jLie par toute l'Asie , en disant que les ouvra- ges de la main des hommes ne sont point des dieux.
uq. Et il n'y a pas seulement à craindre pour nous que notre métier ne soit décrié, mais même que le temple de la grande déesse Diane ne tombe dans le mépris ; et que la majesté do celle qui est adorée dans toute l'Asie, et même dans tout l'univers , ne s'anéantisse peu-h-peu.
^8. Ayant entendu ce discours, ils furent transportés de colère, et ils s'écrièrent : Vive la grande Diane des Ephésiens !
29. Toute la ville fut aussitôt remplie de confusion; et ces gens^là coururent en foule à la place publique j où étoit le théâtre, en- traînant Gaïus et Aristarque Macédoniens qui avoient accompagné Paul dans son voyage.
30. Paul vouloit aller se présenter à ce peu- ple , mais les disciples l'en empêchèrent.
3i. Et quelques-uns aussi des Asiarques,qui étoient ses amis , l'envoyèrent prier de ne'se présenter point au théâtre.
32. Cependant les uns crioient d'une manière, et les autres d'une autre; car tout ce concours de peuple n'étoit qu'une multitude confuse, et la }3lupart même ne savoient pas pourquoi ilti étoient assemblés.
33. Alors Alexandre fut tiré delà foule , étant 4iidçT^àv les Juifs qui le poussoiient devaat eu-v.
î) K s APOTRES. siS Et étendant la main , il demanda audience, pour se justifier devant le peuple.
34. Mais avant reconnu qu'il étoit Juif, ils s'écrièrent tous comme d'une seule voix durant près de deux heures : Vive la grande Diane des Ephésiens.
35. Après quoi le greffier de la ville les ayant appaisés, il leur dit : Seigneurs Ephésiens, y a-t-il quelqu'un qui ne sache pas cpie la ville d'Ephèse rend un culte particulier à la grande Diane, fille de Jupiter?
36. Puis donc qu'on ne peut pas disconvenir de cela, vous devez demeurer en paix, et ne rien faire inconsidérément.
37. Car ceux que vous avez amenés ici, ne sont ni sacrilèges, ni blasphémateurs de votre déesse.
38. Que si Démétrkis et les ouvriers qui sont avec lui ont quelque plainte à faire contre quelqu'un, on tient l'audience, et il y a des proconsuls ; qu'ils s'appellent en justice les uns les autres.
39. Que si vous avez quelque autre affaire à proposer , elle se pourra terminer dans une assemblée légitime.
40. Car nous sommes en danger d'être accu- sés de sédition pour ce qui s'est passé aujour- d^'hui , ne pouvant alléguer aucune raison pour justifier ce concours tumultuaire de peuple.. Avant dit celfi, il congédia l'assemblée.
ai6 LES ACTES
CHAPITRE XX.
§, \^ Paul va en Macédoine y prêche a Troade, Mort et résurrection d'Eutyque,
I. JLe tumulte étant cessé, Paul fit venir les clisciples;et les ayant exhortés, il leur dit adieu, et partit pour aller en Macédoine.
ti. Après avoir été en divers lieux de cette province, et avoir fait plusieurs exhortations (iii.r fidèles ^ il vint en Grèce ;
3. Où ajant demeuré trois mois , il résolut de retourner par la Macédoine , k cause que les. Juifs lui avoient dressé des embûches sur le chemin qu'il devoit prendre pour aller par mer en Syrie.
4. Il fut accompagné par Sopatre , j/?/^ de Pyrrhus de Bérée, par Aristarque et par Se- cond , qui étoient de Thessalonique, par Gaïus de Dcrbe, et par Timothée, et par Ty chique et Trophime, qui étoient tous deux d'Asie.
5. Ceux-ci étant allés devant, ils nous atten- dirent à Troade.
6. Pour nous , après les jours des pains sans levain, nous nous embarquâmes à Philippes,et nous vînmes en cinq jours les trouver à Troa- de , où nous en demeurâmes sept.
7. Lepremier jour de la semaine, les disciples étant assemblés pour rojiipre le pain, Paul qui
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DES APOTRES. 117 devoit partir le lendemain leur fit un sermon qu'il continua jusqu'à minuit.
8. Il y avoit beaucoup de lampes en la salle haute où nous étions assemblés.
9. Et comme le discours de Paul dura long- temps, un jeune homme nommé Eutjquc, qui étoit assis sur une fenêtre, s'endormit ; et étant enfin assoupi d'un profond sommeil, il tomba du troisième étage en bas, et on le remporta mort.
10. Mais Paul étant descendu en bas, s'éten- dit sur lui ; et l'ajant embrassé, il leur dit : Ne vous troublez point, car il vit.
11. Puis étant remonté, et ajant rompu le pain et mangé , il leur parla encore jusqu'au point du jour, et s'en alla ensuite.
12,. Et on amena le jeune homme vivant, dont ils furent extrêmement consolés.
i3. Pour nous , nous montâmes sur un vais- seau , et nous allâmes jusques à Asson, où nous devions reprendre Paul , selon l'ordre qu'il en avoit donné , parce que pour lui il avoit voulu faire le chemin à pied.
14, Lors donc qu'il nous eut rejoints à Asson, nous allâmes tous ensemble à Mitylène.
i5. Et continuant notre route, nous arrivâ- mes le lendemain vis-à-vis de Chio : le jour suivant nous abordâmes à Samos , et le jour d'après nous vînmes à Milet.
16. Car Paul avoit résolu de passer Ephèse
£i8 LES ACTES
sans y prendre terre , afin qu'il n'eût point d'occasion de s'arrêter en Asie, se hâtant pour être , s'il étoit possible, le jour de la Pentecôte à Jérusalem.
§. 1 1. Discours de Paul a Milet.
17. Etant à Milet , il envoya à Ephèse, pour faire venir les prêtres de cette Eglise.
18. Et quand ils furent venus le trouver, et qu'ils se furent joints , il leur dit : Vous savez de quelle sorte je me suis conduit pendant tout le temps que j'ai été avec vous, depuis le premier jour que je suis entré en Asie :
19. Que j'ai servi le Seigneur avec toute hu- milité, et avec beaucoup de larmes, parmi les traverses qui me sont survenues par la conspi- ration des Juifs contre moi :
J20. Que je ne vous ai rien caché de tout ce qui pouvoit vous être utile, rien ne m'ajant empêché de vous l'annoncer, et de vous en ins- truire en public et en particulier;
21. Prêchant aux Juifs aussi -bien qu'aux Gentils la pénitence envers Dieu , et la foi en- vers notre Seigneur Jésus-Christ.
22. Et maintenant étant lié par le Sûin/-F,s- prit, je m'en vais h Jérusalem , sans que je sache. ce qui m'y doit arriver ;
2,3. Sinon que dans toutes les villes par où je passe, le Saint-Esprit me fait counoître quçt
DES APOTRES. 219 des chaînes et des afflictions m'j sont prépa- rées.
£4. Mais je ne crains rien de toutes ces cho- ses, et je suis prêt d'exposer ma vie, pourvu que j'achève ma course, et (\u.q j'accomplisse le ministère que j'ai reçu du Seigneur Jésus, qui est de prêcher l'Evangile de la grâce de Dieu.
:2,5. Je sais que vous ne verrez plus mon visage vous tous, parmi lesquels j'ai passé en prê- chant le rojaume de Dieu.
2.6. Je vous déclare donc aujourd'hui que je suis pur et innocent du sang de vous tous;
27. Parce que je n'ai point manqué à vous annoncer toutes les volontés de Dieu.
s8. Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques pour gouverner l'Eglise de Dieu, qu'il a acquise par son propre sang.
izç.Car je sais qu'après mon départ, il entrera parmi vous des loups ravissans, qui n'épargne- ront point le troupeau ;
3o. Et que d'entre vous-mêmes il s'élèvera des gens qui publieront des doctrines corrom- pues, afin d'attirer des disciples après eux.
3i. C'est pourquoi veillez, en vous souvenant que je n'ai point cessé ni jour ni nuit, durant trois ans , d'avertir avec larmes chacun de vous.
82. Et maintenant je vous recommande l\ Dieu , et à la parole de sa grâce , à celui qui peut 4chever l'édilice que nous avons commencé, et
S20 LES ACTES
vous donner part k son héritage avec tous les
Saints.
33. Je n'ai désiré de recevoir de personne ni argent , ni or , ni vètemens :
34. Et vous savez vous-mêmes que ces mains que vous vojez, ont fourni à tout ce qui m'é- toit nécessaire , et à ceux qui étoient avec moi.
35. Je vous ai montré qu'en toutes choses il faut soutenir ainsi les foibles en travaillant , et se souvenir de ces paroles que le Seigneur Jésus a dites lui-même : Qu'il y a plus de bonheur k donner qu'à recevoir.
36. Après leur avoir ainsi parlé, il se mit k genoux , et pria avec eux tous.
3.7. Ils commencèrent aussitôt à fondre en larmes ; et se jetant au cou de Paul , ils le bai-, soient,
38. Etant principalement affligés de ce qu'il leur avoit dit qu'ils ne le verroient plus jamais ;, et ils le conduisirent jusqu'au vaisseau.
DES APOTRES. i.it
CHAPITRE XXI.
§. I. Paul va a Jérusalem. Filles de Philippe prophétesses.
ï. Après que nous nous fûmes séparés d'eux avec beaucoup de peine, nous nous éloignâmes du port, et nous vînmes droit à Cos, le lende- main à Rhodes , et de lii à Patare.
2. Et ayant trouvé un vaisseau qui passoit en Phénicie , nous montâmes dessus , et fîmes VoJle.
3. Nous découvrîmes l'île de Chypre , que nous laissâmes à gauche, et continuant notre route vers la Syrie, nous vînmes à Tjr, où le vaisseau devoit décharger ses marchandises.
4. Y ayant trouvé des disciples, nous y de- meurâmes sept jours; et l'Esprit leur faisoit dire à Paul qu'il n'allât point à Jérusalem.
5. Après que nous y eûmes passé ces sept jours, nous en partîmes, et ils vinrent tous avec leurs femmes et leurs enfans , nous conduire jusque hors de la ville, oùajant mis les genoux en terre sur le rivage, nous fîmes la prière.
6. Et après nous être dit adieu les uns aux autres, nous montâmes sur le vaisseau, et ils retournèrent chez eux.
7. De Tjr nous vînmes à Ptolémaïde, où
Hîiti. LES ACTES
nous achevâmes notre navigation : et ajafit
salué les frères, nous demeurâmes un jouravee
eux.
8. Le lendemain étant partis de là nous vîn^ mes à Césarée; et étant entrés dans la maison de Philippe l'évangéliste , qui étoit l'un des sept diacres , nous demeurâmes chez lui.
9. Il avoit quatre filles vierges qui prophéti- soient.
§. I L Agabus prédit les liens de Paul. Larmes des disciples _, constance de Paul.
10. Pendant notre demeure en cette ville ^ qui fut de quelques jours , un prophète , nom- mé Agabus arriva de Judée,
11. Qui nous étant venu voir, prit la cein* ture de Paul , et s'en liant les pieds et les mains, il dit : Voici ce que dit le Saint-Esprit : L'homme à qui est cette ceinture sera lié de cette sorte par les Juifs dans Jérusalem , et ils le livreront entre les mains des Gentils.
is. Ayant entendu cette parole , nous le priâ- mes , nous et ceux de ce lieu-là, de ne point aller à Jérusalem.
i3. Mais Paul répondit : A quoi bonde pleu- rer ainsi , et m'attendrir le cœur ? Je vous déclare que je suis tout prêt de souffrir à Jéru- salem, non seulement la prison, mais la mort même, pour le nom du Seigneur Jésus,
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51 Mardiier 3?l.
£ Suçais.
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B E s APOTRES. ^^3
14. Et quand nous vîmes que nous ne pou- vions le persuader, nous ne le pressâmes pas davantage; mais nous dîmes : Que la volonté du Seii^-neur soit faite.
i5. Ces jours e'tant passés , nous nous dispo- sâmes à partir, et nous allâmes à Jérusalem.
16. Quelques-uns des disciples de la ville de Césarée vinrent aussi avec nous, amenant un ancien disciple , nommé Mnason , originaire de l'île de Chypre , chez lequel nous devions loger.
§. III. Avis de Jacques a Paul , qui se purifie dans le temple.
17. Quand nous fûmes arrivés à Jérusalem, les frères nous reçurent avec joie.
18. Et le lendemain nous allâmes avec Paul visiter Jacques , chez lequel tous les prêtres s'assemblèrent.
19. Paul après les avoir embrassés, leur ra- conta en détail tout ce que Dieu avoit fait par son ministère parmi les Gentils,
2.0. Avant entendu toutes ces choses , ils en glorifièrent Dieu , et dirent à Paul : Vous voyez , mon frère , combien de milliers de Juifs ont cru ; et cependant ils sont tous zélés pour la loi.
2.1. Or ils ont ouï dire que vous enseignez h. tous les Juifs qui sont parmi les Gentils, de
224 L E s A C T Ë s
renoncer à Moïse, en disant qu'ils ne doivent pas circoncire leurs enfans, ni vivre selon \eé coutumes reçues parmi les Juifs.
2,2. Que faut-il donc faire ? Il faut les assera* bler tous ; car ils sauront que vous êtes arrivé.
23. Faites donc ce que nous vous allons dire î Nous avons ici quatre hommes qui ont fait un vœui
24. Prenez-les avec vous , et vous purifiez avec eux, en faisant les frais de la cérémonie, afin qu'ils se rasent la tête, et cpie tous sachent que ce qu'ils ont ouï dire de vous est faux , mais que vous continuez à garder la loi.
2,5. Quant aux Gentils qui ont cru , nous leur avons écrit que nous avions jugé qu'ils dévoient s'abstenir des viandes immolées aux idoles, du sans: et des chairs étouffées, et de la forni* cation.
26. Paul aj^ant donc pris ces hommes , et s'é- tant purifié avec eux, entra au temple le jour suivant , faisant savoir les jours àuxcpiels s'ac- compliroit leur purification , et quand l'offran- de devroit être présentée pour chacun d'eux.
§. IV. P aul maltraité par les Juifs j délivré, par Lys las.
27. Mais sur la (in des sept jours, les Juifs d'Asie l'ayant vu dans le temple, émurent tout le peuple , et se saisirent de lui, en criant :
28.
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t) E s APOTRES. 22^
l£8. Au secours, Israélites : voici celui qui dogmatise p£U"-tout contre ce peuplcj contre îa loi , et contre ce lieu saint j et qui de plus a encore amené des Gentils dans le temple, et a profané ce saint lieu.
^9. Ils disoieut cela y parce qu'ayant vu dans la ville , Trophime d'Ephèse avec Paul , ils croyoient que Paul l'avoit introduit dans le temple.
3o. Aussitôt toute la ville fut émue, et il se fit un concours du peuple ; et ayant saisi Paul , ils le tirèrent hors du temple , dont les portes furent fermées en même temps.
3i. Et comme ils se disposoient h le tuer, on alla dire au tribun de la cohorte, que toute la ville de Jérusalem étoit en trouble ei en con- fusion.
32. Il prit au même instant des soldats et des centeniers avec lui , et courut à ceux qui le- noient Paul ; qui voyant le tribun et ses sol- dats , cessèrent de le battre.
33. Le tribun s'approchant, se saisit de lui ; et l'ajant fait lier de deux chaînes , il deman- doit qui il étoit, et ce qu'il avoit fait.
84. Mais dans cette foule les uns crîoient • d'une façon , et les autres d'une autre. Voyant donc qu'il n'en pouvoit rien apprendre de cer- tain à cause du tumulte, il commanda qu'on le menât dans la forteresse.
10. P
^i6 LES ACTES
35. Lorsque Paul fut sur les degre's, îl fallut que les soldats le portassent à cause de la vio- lence et de la foule de la populace ;
36. Car il étoit suivi d'une grande multitude de peuple, qui crioit : Faites-le mourir.
37. Paul étant sur le point d'entrer dans la forteresse, dit au tribun : Puis -je prendre la liberté de vous dire quelque chose? Le tribun lui répondit : Savez-vous parler grec?
38. N'êtes-vous pas cet Égyptien, qui ces jours passés souleva et mena au désert avec lui quatre mille brigands ?
39. Paul lui répondit : Je vous assure que je «uis Juif, natif de Tarse en Cilicie, et citoyen de cette ville qui est assez connue. Au reste, je vous prie de me permettre de parler au peuple.
40. Le tribun le lui ayant permis, il se pré- senta debout sur les degrés , et fit signe de la main au peuple. En même temps il se fit un grand silence , et il leur dit en langue hébraï- que:
DES APOTRES. £27 CHAPITRE XXII.
§. I. Discours de Paul aux Juifs.
X. Aies frères, et mes pères, je vous prie de vouloir écouter ce que j'ai à vous dire mainte- nant pour ma justification.
2. Quand ils entendirent qu'il leur parloit en langue hébraïque, ils écoutèrent avec encore plus de silence.
3. Et il leur dit : Pour ce qui regarde ma personne, jesuis Juif, néàTarseenCilicie. J'ai été élevé en cette ville-ci aux pieds deGamaliel, et instruit dans la manière la plus exacte d'ob- server la loi de nos pères , étant zélé pour la loi , comme vous l'êtes tous aujourd'hui.
4. C'est moi qui ai persécuté ceux de cette secte jusqu'à la mort , les chargeant de chaînes , hommes et femmes , et les mettant en prison,
5. Comme le grand- prêtre et tout le sénat m'en sont témoins; jusques-là même qu'ayant pris d'eux des lettres pour les frères de Damas, j'y allai pour amener prisonniers à Jérusalem ceux de celle même secie qui s'j trouvoient, afin qu'ils fussent punis.
6. Mais il arriva que comme j'étois en che- min , et que j'approchois de Damas vers l'heure de midi , je fus environné tout d'un coup &4
frappé d'une grande lumière du ciel :
i28 . LES ACTES
7. Et étant tombé par terre, j'entendis une voix qui me disoit : Saul, Saul , pourquoi me persécLïtez-vous ?
8. Je répondis : Qui êtes-vous , Seigneur ? Et celui qui me parlait me dit : Je suis Jésus de Nazareth , que vous persécutez.
9. Ceux qui étoient avec moi virent bien la lumière, mais ils n'entendirent point la voix de celui qui me parloit.
10. Alors je dis : Seigneur, que ferai-je ? Et le Seigneur me répondit : Levez-vous, et allez a Damas, et on vous dira là tout ce que vous devez faire.
1 1 . Et comme le grand éclat de cette lumière m'avoit aveuglé, ceux qui étoient avec moi me prirent par la main , et me menèrent à Damas.
1 2. Or il y avoit à Damas un homme selon la loi , nommé Ananie , à la vertu duquel tous les Juifs qui y demeuroient, rendoient témoi- gnage.
i3. Il me vint trouver; et s'approchant de moi, il me dit : Mon frère Saul , recouvrez la vue ; et au même instant je vis et le regardai.
14. Il me dit ensuite : Le Dieu de nos pères vous a prédestiné pour connoître sa volonté, pour voir le Juste, et pour entendre les paroles de sa bouche;
i5. Car vous lui rendrez témoignage devant tous les hommes de ce que vous ayez yu et entendu.
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^^''/•r/u au'û/i /^t'/// youc/Av .ly' (/l'rùr/v {rtoi/r/t S^o//td(/i
DES APOTRES. 229
16. Qu'attendez-vous donc ? Levez-vous, et recevez le batême , et lavez vos péchés en invo- quant le nom du Seigneur.
17. Etant retourné depuis à Jérusalem , lors- que j'étois en prières dans le temple , j'eus un ravissement d'esprit.
18. Et je vis le Seigneur qvii me dit : Hatez- vous, et sortez promptement de Jérusalem ; car ils ne recevront point le témoignage que vous leur rendrez de moi.
1 9. Je lui répondis : Seigneur , ils savent eux- mêmes que c'étoit moi qui mettois en prison, et qui faisois fouetter dans les synagogues ceux qui crojoient en vous ;
2.0. Et que lorsqu'on répandoit le sang de votre martyr Etienne , j'étois présent , et que je consentois à sa mort , et que je gardois les vête- mens de ceux qui le lapidoient.
2.1. Mais il me dit : Allez-vous-en, car je vous enverrai loin d'ici vers les Gentils.
§. 1 1. Fureur des Juifs contre Paul. On le veut fouetter y il se déclare citoyen romain,
22. Les Juifs Tavoient écouté jusqu'à ce mot; mais alors ils élevèrent leurs voix, et crièrent : Otez du monde ce méchant j car ce seroit un crime de le laisser vivre.
23. Et comme ils crioient, et jeluîent leurs robes, et faisoient voler de la poussière en l'air.
£3o LES ACTES
2^. Le tribun le fit mener dans la forteresse, et commanda qu'on lui donnât la question en le fouettant , pour tirer de sa bouche ce qui les faisoit ainsi crier contre lui.
2b. Mais comme on l'eut lié, Paul dit à un centenier,quiétoit présent: Vous est-il permis de fouetter un citoyen romain , et qui n*a point été condamné?
2.6. Le centenier ayant ouï ces paroles, alla trouver le tribun, et lui dit : Que pensez-vous faire ? cet homme est citoyen romain.
27. Le tribun aussitôt vint à Paul , et lui dit : Etes-Yous citoyen romain? Paul lui répondit : Oui , /e le suis.
2,8. Le tribun lui répartit : Il m'a bien coûté de l'argent pour acquérir ce droit d'être ci- toyen romain. Pour moi , lui répondit Paul, je le suis par ma naissance.
^9. Au même temps ceux qui lui dévoient donner la question se retirèrent, et le tribun eut peur, voyant que Paul étoit citoyen ro- main, et qu'il l'avoit fait lier.
3o. Le lendemain voulant savoir au vrai pour quel sujet il étoit accusé des Juifs , il lui fit ôter ses chaînes ; et ayant ordonné que les ])rinces des prêtres , et tout le conseil s'assem- blassent , il amena Paul , et le présenta de- vant eux.
DES APOTRES. £3i CHAPITRE XXIII.
§. I. Paul appelle le grand - prêtre muraille blanchie ; divise les pharisiens d*avec les sadducéens,
I. Jr AUL regardant fixement le conseil , dît : Mes frères , jusqu'à cette heure je me suis^ conduit devant Dieu, en suivant entièrement les mouvemens de ma conscience.
2. A cette parole Ananie grand -prêtre, or- donna à ceux qui étoient près de lui de le frap- per sur le visage.
3. Alors Paul lui dit : Dieu vous frappera vous-même, muraille blanchie. Quoi, vous êtes assis ici pour me juger selon la loi , et ce- pendant contre la loi vous commandez qu'on me frappe ?
4. Ceux qui étoient présens dirent à Paul : Osez-vous bien maudire le grand-prêtre de Dieu?
5. Paul leur répondit : Je ne savois pas, mes frères, que ce fût le grand-prêtre, car il est écrit : Vous ne maudirez point le prince du peuple.
6. Or Paul sachant qu'une partie de ceux qui étoient-là étoient sadducéens, et l'autre phari- siens , il s'écria dans l'assemblée : Mes frères ,
je suis pharisien et fils de pharisien; et c'est à
p4
232 L E -S ACTES
cause de l'espérance d'une autre vie ^ et de la résurrection des morts que l'on veut me con- damner.
y. Paul ayant parlé de la sorte , il s'émut une dissension entre les pharisiens et les saddu- céens, et l'assemblée fut divisée.
8. Car les sadducéens disent qu'il n'y a ni résurrection , ni anges, ni esprits: au lieu que les pharisiens reconnoissent l'un et l'autre.
9. Il s'éleva ensuite un grand bruit. Et quel- ques-uns des pharisiens contestoient,endisant : Kous ne trouvons point de mal en cet homme. Que savons-nous si un esprit, ou un ange ne lui auroit point parlé?
10. Le tumulte s*augmentant , et le tribun ayant peur que Paul ne fût mis en pièces, il commanda qu'on fît venir des soldats , afin Cju'ils l'enlevassent d'entre leurs mains, et le menassent dans la forteresse.
§. 11. Jésus-Christ apparoît aPauLDesJuifs se dévouent pour le tuer,
1 1. La nuit suivante le Seigneur se présenta à lui, et lui dit : Paul, ayez bon courage; car comme vous avez rendu témoignage de moi dans Jérusalem, il faut aussi que vous me ren-^ diez témoignage dans Rome.
12,, Le jour étant venu, quelques Juifs s'étant ligués, firent vœu avec serment et impréca^
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t) E s APOTRES. 233
tîon , de ne manger ni boire qu'ils n'eussent tué Paul.
i3. Ils étoient plus de quarante qui avoicnt fait cette conjuration ;
14. Et ils vinrent se présenter aux princes des prêtres et aux sénateurs, et leur dirent : Nous avons fait vœu avec de grandes impréca- tions, de ne point manger que nous n'ayons tué Paul.
i5. Vous n'avez donc qu'à faire savoir de la part du conseil au tribun , que vous le priez de faire amener demain Paul devant vous, comme pour connoître plus particulièrement de son affaire, et nous serons prêts pour le tuer avant qu'il arrive.
16. Mais le fils de la sœur de Paul ayant ap- pris cette conspiration, vint et entra dans la forteresse , et en avertit Paul.
17. Paul ayant appelé un des centeniers, lui dit : Je vous prie de mener ce jeune liomme au tribun , car il a quelque cbosc à lui dire.
18. Le centenier prit le jeune homme avec lui , et le mena au tribun, auquel il dit : Paul le prisonnier m'a prié de vous amener ce jeune homme, qui a quelque avis à vous donner.
19. Le tribun le prenant par la main , et l'ayant tiré à part, lui demanda ce qu'il avoit à lui dire.
20. Ce jeune homme lui dit : Les Juifs ont résolu ensemble de vous prier que demain vous
234 LES ACTES
envoyiez Paul dans leur assemblée, comme s*iîs vouloient connoître plus exactement de son affaire :
SI. Mais ne consentez pas à leur demande ; car plus de quarante hommes d'entre eux laî doivent dresser des embûches, ayant fait vœu avec de grands sermens , de ne manger ni boire qu'ils ne l'aient tué ; et ils sont déjà tout prépa- rés , attendant seulement que vous leur ayea accordé ce qu'ils désirent.
§. III. Lysias envoie Paul a Ces arec,
2H. Le tribun ayant oui cela y renvoya le jeune homme, et lui détendit de découvrir à personne qu'il lui eût donné cet avis :
s3. Et ayant appelé deux centeniers, il leur dit : Tenez prêts dès la troisième heure de la nuit, deux cens soldats , soixante et dix cava- liers, et deux cens archers pour aller jusqu'à Césarée.
24. Il leur ordonna aussi d'avoir des che- vaux pour monter Paul, et le mener sûrement au gouverneur Félix.
2,5. Car il eut peur que les Juifs ne l'enlevas- sent, et ne le tuassent, et qu'après cela on ne l'accusât d'avoir reçu d'eux à^^ l'argent ^om/'/c leur livrer.
26. Il écrivit en même temps à Félix en ces
DES APOTRES. ^35 fermes : Claude Lysias au très^excellent gou- verneur Félix, salut.
27. Les Juifs s'étant saisis de cet homme, et étant sur le point de le tuer, j'y arrivai avec des soldats, et le tirai de leurs mains, ajant su qu'il étoit citoyen romain.
28. Et voulant savoir de quel crime ils Tac- cusoient , je le menai en leur conseil :
29. Mais j'ai trouvé qu'il n'étoit accusé que de certaines choses qui regardent leur loi , sans qu'il y eût en lui aucun crime qui fût digne de mort, ou de prison.
30. Et sur l'avis qu'on m'a donné d'une entre- prise que les Juifs avoient formée pour le tuer , je vous l'ai envoyé , ayant aussi corne mandé à ses accusateurs d'aller proposer de- vant vous ce qu'ils ont à dire contre lui. Adieu.
3i. Les soldats donc pour exécuter l'ordre qu'ils avoient reçu , prirent Paul avec eux, et le menèrent la nuit à Antipatride.
32. Et le lendemain ils s'en retournèrent à la forteresse , l'ayant laissé entre les mains des cavaliers,
33. Qui étant arrivés à Césarée rendirent la lettre au gouverneur , et lui présentèrent Paul.
34. Le gouverneur l'ayant lue, s'informa de quelle province étoit Paul ; et ayant appris qu'il étoit de Cilicie,
35. Il lui dit : Je vous entendrai quand V08
. s36 LES ACTES
accusateurs seront venus ; et il commanda q^u'on le gardât au palais d'Hérode.
CHAPITRE XXIV.
§. I. Paul accusé se défend devant Félix.
1. C I NQ jours après Ananie grand -prêtre descendit à Césarée ^ avec quelques sénateurs, et un certain orateur nommé TertuUe, qui se rendirent accusateurs de Paul devant le gou- verneur.
2. Et Paul ayant été appelé, Tertulle com- mença de l'accuser en ces termes : Comme c'est par vous, très-excellent Félix, que nous jouis- sons d'une profonde paix, et plusieurs ordres très-salutaires à ce peuple ayant été établis par votre sage prévoyance,
3. Nous le reconnoissons en toutes rencon- tres, et en tous lieux, et nous vous en rendons de très-humbles actions de grâces.
4. Mais ne voulant pas vous arrêter long- temps, je vous prie d'écouter avec votre équité ordinaire ce que nous avons à vous dire en peu de paroles.
5. Nous avons trouvé cet homme qui est une peste publique, qui met dans l'univers la di- vision <?/ le trouble parmi tous les Juifs, et qui est le chef de la secte séditieuse des Nazaréens:
6. Qui a même attenté de profaner le temple;
DES APOTRES. 287 ûe sorte que nous nous étions saisis de lui, et le voulions juger selon notre loi :
7. Mais le tribun Lvsias étant survenu, nous l'a arraché d'entre les mains avec grande vio- lence,
8. Ordonnant que ses accusateurs vien- droient comparoître devant vous. Vous pour- rez vous-même en l'interrogeant reconnoî- tre la vérité de toutes les choses dont nous l'accusons.
9. Les Juifs ajoutèrent que tout cela étoit véritable.
10. Mais le gouverneur ayant fait signe à Paul de parler, il le fit de cette sorte : J'entre- prendrai avec d'autant plus de confiance de me justifier devant vous, que je sais qu'il y a plu- sieurs années que vous gouvernez cette pro- vince.
1 1. Car il vous est aisé de savoir qu'il ny a pas plus de douze jours que je suis venu à Jéru- salem pour adorer Dieu j
12. Et ils ne m'ont trouvé disputant avec personne, ni amassant le peuple, soit dans le temple, soit dans les synagogues,
i3. Soit dans la ville;et ils ne sauroient prou- ver aucun des chefs dont ils m'accusent main- tenant.
14. Il est vrai, e/ je le reconnoîs devant vous, que selon cette secte, qu'ils appellent hérétique, je sers le Dieu de nos pères , croyant toutes
£38 LËSACTES
les choses qui sont écrites dans la loi et daiis \eS
prophètes;
i5. Espérant en Dieu , comme ils l'espèrent eux-mêmes, que tous les hommes justes ou in- justes ressusciteront un jour.
i6. C'est pourquoi je travaille incessamment à conserver ma conscience exempte de reproche devant Dieu et devant les hommes.
17. Mais étant venu, après plusieurs années, pour faire des aumônes à ma nation , et rendre à Dieu mes offrandes et mes vœux ;
18. Lorsque j'étois encore dans ces exercices de religion j ils m'ont trouvé purifié dans le temple sans amas de peuple, et sans tu- multe.
19. Et ce sont certains Juifs d'Asie , qui de- vroient comparoître devant vous, et se rendre mes accusateurs, s'ils avoient quelque chose à dire contre moi.
2.0. Mais que ceux-ci mêmes déclarent, s'ils m'ont trouvé coupahle de quoi que ce soit, lorsque j'ai comparu dans /e///- assemblée:
2. 1 . Si ce n'est qu'o/z me vciiillefaire un crime de cette parole que j'ai dite hautement en leur présence : C'est à cause de la résurrection des morts que vous voulez me condamner aujour- d'iiui.
22. Félix ayant oui tous ces discours les remît à une autre fois , en disant : Lorsque je me serai plus exactement informé de cette secte, et que
DES APOTRES. ^^3^ le tribun Lysias sera venu de Jérusalem _, je jugerai de votre affaire.
tiè. Il commanda ensuite à un centenier de garder Paul, mais en le tenant moins resserré, et sans empêcher aucun des siens de le servir.
§. 1 1. Félix effrayé par Paul y attend de V argent de lui y h laisse en prison.
24. Quelques jours après Félix étant revenu à Césarée avec Drusille sa femme, qui étoît Juive,fît venirPaul, et il écouta ce qu'il lui dit de la foi en Jésus-Christ.
!2,5. Mais comme Paul lui parloit delà justice, de la chasteté, et du jugement à venir, Félix en fut effrayé , et lui dit : C'est assez pour cette heure, retirez- vous; quand j'aurai le temps je vous manderai.
26. Et parce qu'il espéroit que Paul lui don- neroit de l'argent , il l'envoyoit quérir sou- vent, et il s'entretenoit avec lui,
sy. Deux ans s'étant passés, Félix eut pour successeur Porcius Festus ; et voulant obliger les Juifs , il laissa Paul en prison.
240 LES ACTES
CHAPITRE XXV.
§. I. Paul se défend devant F es tus j il eti appelle a César*
1. r ES TU s étant clone arrivé clans la province, vint trois jours après de Ce'sarée à Jérusalem.
£. Et les princes des prêtres avec les premiers d'entre les Juifs le vinrent trouver, pour accu- ser Paul devant lui ;
3. Et ils lui demandoient comme une grâce, qu'il le fit venir à Jérusalem Jeur dessein étant de le faire assassiner par des gens Cju'ils avoient disposés dans le chemin.
4. Mais Festus /fz^/- répondit, que Paul étoit en prison à Césarée , où il iroit dans peu de jours.
5. Que les principaux donc d'entre vous, leur dit-il, j viennent avec moi; et si cet homme a commis cjuelque crime, qu'ils l'en accusent.
6. Ayant demeuré à Jérusalem huit ou dix jours au plus, il vint à Césarée; et le lendemain s'étant assis sur son tribunal , il commanda qu'on amenât Paul.
7. Et comme on l'eut amené, les Juifs qui étoient venus de Jérusalem se présentèrent tous autour du tribunal ^ accusant Paul de plu- sieurs grands crimes , dont ils ne pouvoient apporter aucune preuve.
8.
DES APOTRES. 24t
8. Et Paul se dcfcntloit en disant : Je n'aî i'ien fait, ni contre la loi des Juils, ni contre le temple , ni contre Ce'sar.
9. Mais Festus étant bien -aise de favoriser les Juifs, dit à Paul : Voulez-vous venir à Jéru- salem , et y être jugé devant moi sur les choses dont on vous accuse ?
10. Paul lui répondit : Me voici devant le tribunal de César, c'est-là où il faut que je sois jugé; je n'ai fait aucun tort aux Juifs, comme Vous-même le savez fort bien.
1 1. Que s'il se trouve qiie je leur ajé fait quel- que tort, ou que j'aye commis quelque crime digne de liiort , je ne refuse pas de mourir: mais s'il n'j a rien de véritable dans toutes les accusations qu'ils font contre moi, personne lie me peut livrer entre leurs mains ; j'en appelle à César.
1 2,. Alors Festus , après eii avoir conféré avec son conseil, répondit.Vous appelé avez àCésar, Vous irez devant César.
§. I i. Agrippa veut voir Vaut , il est amené devant lui,
i3. Quelques jours après, lé roi Agrippa et Bérénice vinrent à Césarée pour saluer Festus.
14. Et comme ils y demeurèrent assez long- temps , Festus parla au roi de l' affaire de Paul ^
10, Q
^4^ LES A C T E- S
en lui disant : 11 j a ici un homme que Feliï â laissé prisonnier;
i5. Que les princes des prêtres, elles scna- teursdes Juifs vinrent accuser devant moi lors* quej'clois à Jérusalem, me demandant que je le condamnasse à la mort.
\(^,. Mais je leur répondis : Que ce n'étolt pointla coutume des Romains de condamner un homme, avant que l'accusé ait ses accusateurs présens devant lui, et qu'on lui ait donné la liberté de se justifier du crime dont on l'accuse.
17. Après qu'ils furent venus ici, je m'assis dès le lendemain sur le tribunal , ne voulant point différer cette affaire, et je commandai C|ue cet homme fût amené.
18. Ses accusateurs étant devant lui , ne lui reprochèrent aucun des crimes dont je m'étois attendu qu'ils l'accuseroient:
19. Mais ils avoient seulement je ne sais quelle dispute avec lui touchant leur superstition , et un certain Jésus mort, que Paul assuroit être vivant.
20. Ne sachant donc quelle résolution je de- vois prendre sur cette affaire, je lui demandai s'il vouloit bien aller à Jérusalem , pour v être jugé sur les points dont on l'accusoit.
ai. Mais Paul en ayant appelé, et voulant que sa cause fût réservée à la connoissance d'Auguste , j'ai ordonné qu'on le gardât jusqu'à ce que je l'envoyasse à César.
t) É s A î^ O T îl E S. 243 h.!i. Agrippa dit à Fcstus : Il y a déjà du tenipâ fjiie j'ai envie d'entendre parler cet homme* Vous l'entendrez demain, répondit Festus.
iz3. Le lendemain donc Ai^rippa et Bérénice vinrent avec grande pompe; et étant entrés dans la salle des audiences avec les tribuns et les principaux de la ville, Paul tut amené pai* le commandement de Festus*
2.4. Et Festus dit à Agrippa : O roi Agrippa ^ et vous tous qui êtes ici présens avec nous , vous voyez cet homme contre lequel tout le ■peuple juif m'est venu trouver dans Jérusa- lem, me représentant avec de grandes instan- ces et de grands cris , qu'il n'étoit pas juste de le laisser vivre plus long-temps.
2.5. Cependant j'ai trouvé qu'il n'avoit rien, fait qui fût digne de mort ; et comme lui-même a appelé à Auguste, j'ai résolu de le lui en- voyer.
2.6. Mais parce que je n'ai rien de certain à en écrire à l'empereur, je l'ai fait venir devant cette assemblée, et principalement devant vous, 6 roi Agrippa ; afin qu'après avoir examiné son affaire, je sache ce que j'en dois écrire.
27. Car il ne me paroît pas raisonnable d'en- Vojer un prisonnier, sans marquer en même temps quels sont les crimes dont on l'accuse.
Q-
£44 LES ACTES
CHAPITRE XXVI.
§. I. Paul se défend devant Agrippa.
ï. Alors A grippa dit à Paul : On vous per- met de parler pour votre détense. Paul aussi- tôt avant étendu la main, commença à se iusti- fier de cette sorte :
2. Je m'estime heureux, ô roi Agrippa, de pouvoir aujourd'hui me justifier devant vous, de toutes les choses dont les Juifs m'accusent.
3. Parce que vous êtes pleinement informé de toutes les coutumes des Juifs , et de toutt's les questions qui sont agitées entre eux ; c'est pourquoi je vous supplie de m'écouter avec patience.
4. Premièrement, pour ce qui regarde la vie que j'ai menée dans Jérusalem parmi ceux de ma nation depuis ma jeunesse, elle est connue de tous les Juifs :
6. Car s'ils veulent rendre témoignage à la 'vénfé j ils savent que suivant l'exemple de mes ancêtres, j'ai vécu en pharisien, faisant pro- fession de cette secte qui est la plus approuvée de notre religion.
6. Et cependant on m'oblige aujourd'hui de paroitre devant des juges, parce que j'espère en la promesse que Dieu a faite à nos pères :
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DES APOTRES. 245
7. De laquelle nos douze tribus, qui servent Dieu , nuit et jour, espèrent d'obtenir l'effet. C'est cette espérance , ô roi , qui est le sujet de l'accusation que tes Juifs forment contre moi.
8. Vous semble -t- il donc incroyable que Dieu ressuscite les morts?
9. Pour moi j'avois cru d'abord qu'il n'y avoit rien que je ne dusse faire contre le nom de Jésus de Nazareth.
10. Et c'est ce que j'ai exécuté dans Jérusa- lem , où j'ai mis en prison plusieurs des saints , en ivyant reçu le pouvoir des princes des prê- tres ; et lorsqu'on les faisoit mourir, j'j al donné mon consentement.
11. J'ai été souvent dans toutes les synago- gues , où je les forçois de blasphémer à force de tourmens et de supplices. Et étant trans- porté de fureur contr'eux, je les persécutois jusque dans les villes étrangères.
12. Un jour donc que j'allois dans ce dessein à Damas , avec un pouvoir et une commission des princes des prêtres,
1 3. Lorsque j'étois en chemin , ô roi , je vis en plein midi briller du ciel une lumière plus écla- tante que celle du soleil, qui m'environna, et tous ceux qui m'accompagnoient.
14. Et étant tous tombés par terre, j'entendis une voix qui me disoit en langue hébraïque: Saul, Sanl, pourquoi me persécutez-vous? U vous est dur de regimber contre l'aiguillon.
£|6 LES ACTES
i5. Je dis alors : Qui êtes -vous. Seigneur? Et le Seigneur me dit : Je suis Jésus que vous persécutez.
i6. Mais levez-vous, et tenez-vous debout; car je vous ai apparu, afin de vous établir minis- tre et témoin des cboses que vous avez vues , et de celles aussi que je vous montrerai en vous apparoissant de nouveau;
17. Et je vous délivrerai de ce peuple, et des Gentils auxquels je vous envoyé mainte- nant,
18. Pour leur ouvrir les jeux, afin qu'ils se convertissent des ténèbres à la lumière, et de la puissance de satan à Dieu; et que par la foi qu'ils auront en moi, ils reçoivent la rémission de leurs péchés, et qu'ils ayent part à l'héritage des saints.
19. Je ne résistai donc point, ô roi Agrippa , à la vision céleste;
20. Mais j'annonçai premièrement à ceux de Damas, et ensuite dans Jérusalem, dans toute la Judée et aux Gentils qu'ils fissent pénî^ tence , et qu'ils se convertissent à Dieu , en Fai^ sant de dignes œuvres de pénitence.
J2I. Voilà le sujet pour lequel les Juifs s'étant saisis de moi dans le temple, se sont etîbrcés de me tuer.
22. Mais par l'assistance que Dieu m'a don-; née , j'ai subsisté jusqu'à aujourd'hui , rendant témoignage dejé^u^ aux grands et aux petits.
DES APOTRES. 247 et ne disant autre chose que ce que les prophè- tes et Moïse ont prédit devoir arriver:
2.3. Savoir que le Christ soufiTriroit la mort y et qu'il seroit le premier qui ressusciteroit d'entre les morts , et qui annonceroit la lumière au peuple et aux Gentils,
§. II. Paul est appelé insensé. Son n^le pour rendre tout le monde chrétien.
24. Lorsqu'il disoit ces choses pour sa dé- fense, Festus s'écria : Paul vous êtes insensé; Votre grand savoir vous fait perdre le sens.
s5. Paul lui répondit : Je ne suis point in- sensé, très-excellent Festus, mais les paroles que je viens de dire , sont des paroles de véri té et de bon sens.
26. Car le roi est bien informé dé tout ceci ; et Je parle devant lui avec d'autant plus de li- berté, que je sais qu'il n'ignore rien de ce que je dis , parce que ce ne sont pas des choses qui se soient passées en secret.
27. O roi Agrippa, ne croyez- vous pas aux prophètes ? Je sais que vous y crojez.
28. Et Agrippa dit à Paul : Il ne s'en faut guère que vous ne me persuadiez d'être chré- tien.
iLC). Patil lui répartît : Plût à Dieu que. non seulement il ne s'en fallût guère, mais qu'il né s'en fallût rien du tout, que vous et tous ceux
s-}8 LES ACTES
qui m'ecoiitent présentement , devinssiez tels
que je suis , à la réserve de ces liens.
3o. Le roi , le gouverneur, Bérénice et ceux qui étpient assis avec eux , se levèrent.
3i. Et s'étant retirés à part, ils parlèrent en^ semble, et dirent : Cet homme n'a rien fait c|uî soit digne de mort ou de la prison.
3s. Et Agrippa dit àFestus: II pouvoit être renvoyé absous , s'il n'eût point appelé à César.
CHAPITRE XXVn.
§. L Paul est mis dans un vaisseau pour aller a Rome. Description de son voyage^
ï. Après qu'il eut été résolu que Paul iroit çn Italie, et qu'on le mettroit avec d'autres prisonniers entre les mains d'un norpmé Jule, çentenier dans la cohorte appelée l'Auguste,
2. Nous montâmes sur un vaisseau d'Adrti- mette, et nous levâmes l'ancre pour côtoyer les terres d'Asie , ayant avec nous Aristarque, Macédonien de Thessalonique,
3. Le jour suivant nous arrivâmes à Sidon : et Jule traitant Paul avec humanité, lui per- mit d'aller voir ses amis, çt de pourvoir lui^ i^nême à ses besoins.
ji^. l^tant partis de là , nous prîmes notr^
DES APOTRES. 249 route au-dessous de Chypre , parce que les vents étoient contraires.
5. Et après avoir traversé la mer de Cilicie et de Pamphylie, nous arrivâmes à L3 stre de Ljcie;
6. Où le centenier ayant trouvé un vaisseau d'Alexandrie, qui taisoit voile en Italie, il nous j fit embarquer.
7. Nous allâmes fort lentement pendant plu- sieurs jours, et nous arrivâmes avec grande difficulté vis-à-vis deGnide ; et parce que le vent nous empcchoit d'avancer j nous côtoyâmes l'île de Crète vers Salmone ;
8. Et allant avec peine le long de la côte, nous abordâmes à un lieu nommé Bons-Ports, près duquel étoit la ville de Thalasse.
9. Mais parce que beaucoup de temps s'étoit écoulé, et que la navigation devenoit périlleu- se, le temps du jeûne étant déjà passé, Paul donna cet avis à ceux (julnous condaisoient:
10. Mes amis, je vois que la navigation va devenir très -fâcheuse, et pleine de péril, non seulement pour le vaisseau et pour sa charge , mais aussi pour nos personnes et nos vies.
1 1. Mais le centenier ajoutoit plus de foi aux avis du pilote et du maître du vaisseau, qu'à ce que disoit Paul.
12. Et comme le port n'étoit pas propre pour hiverner, la plupart furent d'avis de se remet-
s5o LES ACTES
tre en mer, pour tâcher de gagner Pliénrce,
qui est un port de Crète, qui regarde les vents
du couchant d'hiver et d'été , afin d'y passer
l'hiver.
i3. Le vent de midi commençant à souffler doucement, ils pensèrent qu'ils viendroient à bout de leur dessein , et ayant levé l'ancre d'Asson , ils côtoyèrent de près l'île de Crète.
14. Mais il se leva peu après un vent impé- tueux d'entre le levant et le nord, qui donnoit contre l'île ;
i5. Et comme il emportoit le vaisseau , sans que nous pussions y résister, nous le laissâmes aller au gré du vent.
16. Nous fumes poussés avi-dessous d'une pe- tite île, appelée Caude, où nous pûmes à peine être maîtres de l'esquif.
17. Mais l'ayant enfin tiré à nous, les mate- lots employèrent toute sorte de moyens, et lièrent le vaisseau par-dessous , craignant d'être jetés sur des bancs de sable; ils abaissèrent le mât, et s'abandonnèrent ainsi à la mer.
18. Et comme nous étions rudement battus delà tempête, le jour suivant ils jetèrent les- marchandises dans la mer.
19. Trois jours après ils y jetèrent aussi de leurs propres mains l'équipage du vaisseau.
DES APOTRES. :i5i
§. ï I. Dieu donne a Paul tous ceux qui étoient avec lui. Son vaisseau se brise et tous se sauvent,
2.0. Le soleil , ni les étoiles ne parurent point durant plusieurs jours , et la tempête étoit toujours si violente , que nous perdîmes toute espérance de nous sauver.
2.1. Mais parce qu'il y avoit long--temps que personne n'avoit mangé , Paul se leva au milieu d'eux , et leur dit : Sans doute , mes amis , vous eussiez mieux fint^e me croire, et de ne point partir de Crète, pour nous épargner tant de peine, et une si grande perte.
22. Je vous exhorte néanmoins à avoir bon courage, parce que personne ne périra, et il n'y aura que le vaisseau de perdu.
2o. Car cette nuit môme un ange de Dieu à qui je suis et que je sers, m'a apparu,
24. Et m'a dit : Paul, ne craignez point, il faut que vous comparoissiez devant César ; et .je vous annonce que Dieu vous a donné tous ceux qui naviguent avec vous.
20. C'est pourquoi , mes amis , ayez bon cou- rage : car j'ai cette confiance en Dieu , que ce qui m'a été dit arrivera;
26. Mais nous devons être [étés contre une certaine île.
\
252 LES ACTES
£7. La quatorzième nuit, comme nous na- viguions sur la mer Adriatique, les matelots crurent vers le minuit qu'ils approchoient de quelque terre.
28. Et ayant jeté la sonde , ils trouvèrent vingt brasses; et un peu plus loin, ils n'ea trouvèrent que quinze.
29. Alorscraignant que nous n'allassions don- ner contre quelque écueil , ils jetèrent quatre ancres de la pouppe , attendant avec impa- tience que le jour vînt.
30. Or comme les matelots clierchoient à s'enfuir du vaisseau ,ct qu'ils descendoient l'es- quif en mer, sous prétexte d'aller jeter des ancres du coté de la proue,
3i. Paul dit au centenier et aux soldats: Si ces gens-cî ne demeurent dans le vaisseau, vous ne pouvez vous sauver.
82. Alors les soldats coupèrent les cables de l'esquif, et le laissèrent tomber.
33. Sur le point du jour, Paul tes exhorta tous à prendre de la nourriture, en leur disant: Il y a aujourd'hui quatorze jours que vous êtes à jeun, et que vous n'avez rien pris, en atten- dant la fin de la tempête.
84. C'est pourquoi je vous exhorte à prendre de la nourriture pour pouvoir vous sauver , car il ne tombera pas un seul cheveu de la tête d'au^ cun de vous.
35. Après avoir dit cela, il prit da pain, et
DES APOTRES. 253 ayant rendu grâces à Dieu devant tous, il le rompit , et commença à manger.
36. Tous les autres prirent courage à son exe}np1e ) et se mirent aussi à manger.
87. Or nous étions dans le vaisseau deux cens soixante et seize personnes en tout.
38. Quand ils furent rassasiés , ils soulagè- rent le vaisseau en jetant le blé dans la mer.
89. Le jour étant venu , ils ne reconnurent point quelle terre c'étoit: mais ils aperçurent un golfe où il y avoit un rivage , et ils résolu- rent dy faire échouer le vaisseau s'ils pou- voient.
40. Ils retirèrent les ancres, et lâchèrent en même temps les attaches des gouvernaux ; et s'abandonnant à la mer, après avoir mis la voile de l'artimon au vent, ils tiroient vers le rivage.
41. Mais ayant rencontré une langue de terre, qui avoit la mer des deux côtés , ils y firent échouer le vaisseau ;et la proue s'y étant enfoncée demeuroit immobile, mais la pouppe se rompoit par la violence des vagues.
42. Les soldats étoient d'avis de tuer les pri- sonniers, de peur que quelqu'un d'eux s'étant sauvé à la nage, ne s'enfuît.
43. Mais le centenier les en empêcha, parce qu'il vouloit sauver Paul; et il commanda que ceux qui pouvoient nager se jetassent les pre- miers hors du vaisseau , et se sauvassent à terre.
!àÔ4 LES ACTES
44. Les autres se mirent sur des planclics OU sur des pièces du vaisseau. Et ainsi ils gagnè- rent tous la terre, et se sauvèrent.
CHAPITRE XXVIII.
§. I. Pai/l jeté en Vile de Malte , est mordu. d*une vipère , guérît tous Us malades , continue son voyage.
t. Nous étant ainsi sauvés, nous reconnûmes que l'île s'appelloit Malte. Et les Barbares nous traitèrent avec beaucoup de bonté.
2. Car ils nous reçurent tous chez eux, et ils y allumèrent un grand feu à cause de la pluie et du froid qu'il faisoit.
3. Alors Paul ayant ramassé quelques sar- tnens, et les ayant mis au feu, une vipère que la chaleur en fit sortir, le prit à la main.
4. Quand les Barbares virent ce reptile qui pendant à sa main , ils s'entre- disoient : Cet homme est sans doute quelque meurtrier , puis- qu'après avoir été sauvé de la mer, la ven- geance divine le poursuit encore j et ne veut pas le laisser vivre.
5. Mais Paul ayant secoué la vipère dans ié feu, n'en reçut aucun mal.
6. Les Barbares s'attendoient qu'il enfleroit, ou qu'il tomberoit mort tout-d'un-coup : mais
[olleoileroit,
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DES APOTRES. i5S après avoir attendu lon^-temps , lorsqu'ils vi- rent qu'il ne lui en urrivoit aucun mal, ils changèrent de sentiment, et dirent que c'étoit un dieu.
7. Il y avoit en cet endroit-là des terres qui appartenoicnt à un nommé Publius, le premier de cette île , qui nous reçut fort humainement, et qui exerça envers nous l'hospitalité durant trois jours.
8. Or il se rencontra que son père étoit ma- lade de la fièvre et de la dissenterie : Paul l'alla donc voir, et avant fait sa prière, il lui imposa les mains, et le i;uérit.
9. Après ce miracle tous ceux de Vile qui ëtoicntmiilades virent à lui, et ils furent «juéris.
10. Ils nous rendirent aussi de [2;rands hon- neurs; et lorsque nous nous remimes en mer, ils nous pourvurent de tout ce qui nous ctoit nécessaire pour notre vovage.
1 1. Au bout de trois mois nous nous embar- quâmes sur un vaisseau d'Alexandrie , qui avoit passé l'hiver dans l'île, et qui portoit pour enseigne Castor et Pollux.
12. Nous abordâmes à Syracuse, où nous demeurâmes trois jours.
i3. De là en côtoyant la Sicile _, nous vînmes à Rhege ; et un jour après , le vent du midi s'é- tant levé, nous arrivâmes en deux jours à Pouzzoles;
14. Où nous trouvâmes des frères qui nous
£Ô6 LES ACTES
prièrent de demeurer chez eux sept jours ; et
ensuite nous prîmes le chemin de Rome.
§. IL Paul arrive a Rome ; prêche Jésus ^ Christ aux Juifs ; il leur reproche leur endurcissement ; il instruit tous ceux qui It viennent voin
i5. Lorsque les frères de Rome eurent ap- pris des nouvelles de notre arrivée, ils vinrent au-devant de nous jusqu'au lieu appelé le marche d'Appius et aux Trois-Loges; et Paul les ayant vus, rendît grâces à Dieu, et fut rem- pli d'une noHOeUe confiance. . . i6. Quand nous fûmes arrivés à Rome, il fut permis à Paul de demeurer où il vou droit avec un soldat qui le gardoit.
17. Trois jours après, Paul pria les princi- paux d'entre les Juifs de le venir trouver; et quand ils furent venus, il leur dit: Mes frères, quoique je n'eusse rien commis contre le peu- ple, ni contre les coutumes de nos pères, j'ai été fait prisonnier à Jérusalem, et mis entre les mains des Romains;
18. Qui m'ayant examiné, me vouloient met- tre en liberté, parce qu'ils ne me Irouvoient coupable d'aucun crime qui méritât la mort.
19. Mais les Juifs s'y opposant , j'ai été con^ traint d'appeler à César, sans que j'aye dessein
néanmoins
DES APOTRES. 267 ncanmoins d'accuser en aucune chose ceux de ma nation.
20. Cest pour ce sujet que je vous ai priés de venir ici , afin de vous voir et de vous par- ler; car c'est pour l'espérance d'Israël que je suis lié de cette clitiîne.
21. Ils lui répondirent : Nous n'avons point reçu de lettres de Judée à votre sujet, et il n'est venu aucun de nos frères de ce pa^ s-là qui nous ait dit du mal de vous.
22. Mais nous voudrions bien que vous nous dissiez vous-même vos sentimens ; car ce que nous savons de cette secte, c'est qu'on la combat partout.
28. Ayant donc pris jour avec lui, ils vinrent en ^rand nombre le ti'ouver dans son lo^is, et il leur prêchoit le royaume de Dieu, leur con- firmant ce qu'il leur disoic par plusieurs té- moignages; et depuis le matin jusqu'au soir il tâchoit de leur persuader la foi de Jésus par la loi de Moïse et par les prophètes.
24. Les uns croyoient ce qu'il disoit, et les autres ne le croyoient ])as.
20. El ne pouvant s'accorder entre eux, ils se retiroient ; ce qui donna sujet à Paul.de leur dire cette parole : C'est avec grande raison que le Saint-Esprit, qui a parlé à nos pères par le prophète Isaïe ,
2.6. A dit : Allez vers ce peuple, et lui dites: "S'^ous écouterez, et en écoutant vous n'entea» 10, R
258 LES ACTES DES APOTRES, cirez point ; vous verrez, et en voyant vous ne verrez point ;
2,7. Car le cœur de ce peuple s'est appesanti, et leurs oreilles sont devenues sourdes, et ils ont fermé leurs yeux; de peur que leurs yeux ne voyent, que leurs oreilles n'entendent, que leur cœur ne comprenne, et que s'ctant con- vertis, je ne les guérisse.
2.S. Sachez donc que ce salut de Dieu est en- voyé aux Gentils, et qu'ils le recevront.
29. Lorsqu'il leur eut dit ces choses, les Juifs g'cn allèrent , ayant de grandes contestations entre eux.
30. Paul ensuite demeura deux ans entiers dans un logis qu'il avoit loué, où il recevoit tous ceux qui le venoient voir,
3i. Préchant le rovaume de Dieu, et ensei- gnant ce qui regarde le Seigneur Jésus-Christ avec toute liberté, sans que personne l'en em- pêchât.
»FIN DES ACTES DES APOTREé.
PRÉFACE t)E SAINT JEROME,
Tii'ée du Catalogue des Ecrivains ecclésiastiq lies.
OAiNT Paul, qui auparavant portoît le nom de Saul , a été Apôtre; mais non du nombre des douze : il étoit de la tribu de Benjamin, et d'un bourg de Judée appelé Giscal ; ce iieii ayant été pris par les Romains , Paul se retira à Tarse en Cilicie avec sa famille; de là il vint à Jérusalem pour étudier la loi, qu'il apprit aux pieds du savant Gama'iel, dont saint Luc fait mention; il fut présent àla mort du martyr saint Etienne; et comme il alloit à Damas avec des lettres qu'il avoit obtenues du prince de^ prêtres , pour y persécuter les chrétiens , il fut forcé par une révélation divine d'embras-* scr la foi de Jésûs-Christ , ainsi qu'il est rap- porté dans les Actes des Apôtres ; et de persé- cuteur , il devint un vase d'élection. Scr^^ius- Paulus, proconsul en Cvpre , fut le premier qu'il gagna à la foi; et depuis ce temps -là l'apôlre quitta son nom de Saul, pour prendre
26o PREFACE
celui de cet illustre disciple. Saint Paul par- courut plusieurs villes avec saint Barnabe ; et étant de retour à Jérusalem , il fut choisi par Pierre , Jacques et Jean, pour être l'apôtre des nations. Et comme les Actes traitent assez au long de sa conversion et de sa vie, je n'en par- lerai point ; je dirai seulement que la vingt- cinquième année depuis la mort de Jésus- Christ , et la seconde du règne de Néron , après queFestus eut succédé h Félix dans le gouver- nement de la Judée , cet apôtre fut envoyé à Rome chargé de chaînes ; et libre au milieu de sa prison , où il fut retenu pendant deux ans , il ne cessa de disputer contre les Juifs sur la venue du Messie. Comme l'empire de Néron n'étoit pas suffisamment affermi , et que ce prince ne s'étoit pas encore abandonné aux excès honteux dont l'histoire l'a flétri , il fut plus favorable à saint Paul ; et cet apôtre ayant trouvé grâce devant lui , ne se servit de sa li- berté que pour aller annoncer l'évangile dans l'Occident ; il le dit lui-même dans la seconde énître qu'il écrivit de sa prison à Timothée. La première fois j dit cet apôtre, quej^aidé- Jendu ma cause j je ruai été secouru de personne ^ et tous ni ont abandonné s /e prie Dieu de ne.
DE SAÎNT JEROME. 261 hur point imputer: mais le Seigneur f?i a as- sisté et rri a fortifié _, afi.n que f achevasse de prêcher ^évangile j et cpie toutes les nations^ V entendissent j ensorte que f ai été délu^réde la gueule du lion ; désignant sans doute par ce terme l'empereur, à cause de sa cruauté; et tout de suite : Le Seigneur qui m'a délivré de tout mal ^ me sauvera pour me donner son royaume céleste j marquant par là que le temps de sa mort n'étoît pas éloigné; car il avoit déjà- dit dans la mêmeépître : Pour moi ^ je suis sur le point d'être sacrifié j et le temps de mon dé- part s'approche. Enfin cet apôtre reçut à Rome lacouronnedu martyre, le même jour <]uesaint Pierre , et fut enterré sur le chemin d'Ostie : ce qui arriva la quatorzième année de Néron, et la trente-septième depuis la mort de Jésus- Christ. Il nous reste de lui neuf Epitres adres- sées à sept Eglises ; une aux Romains; deux aux Corinthiens ; une aux Calâtes ; une aux Ephésiens; une aux Philippiens ; une aux Co- lossiens ; deux aux Thessaloniciens , et les au- tres é<?rites à ses disciples; deux à Timothée; une à Tite; une à Philémon. Quant à l'Epitre aux Hébreux , on ne la croit point de cet apô- tre, à cause de la différence du style; mais de
R^
£62 PRÉFACE DE SAINT JEROME, saint Barnabe, selon Tertullien , et de saint Luc, selon d'autres ;ou même de saint Clément, qui depuis fut évêque de Rome, et qu'on dit avoir recueilli et mis en ordre les pensées de saint Paul, soit que cet apôtre écrivant à des J~uifs qui, quoique convertis, envoient toujours quelqu^'éloignement pour sa personne, il n'eût point voulu mettre son nom à la tête de cette Epître; qu'il l'avoit écrite en hébreu avec beau- coup d'éloquence, comme s'exprimant en sa langue naturelle; qu'elle avoit même été tra- duite en grec avec encore plus d'élégance, et que c'étoit l'unique raison pour laquelle cette Epître paroissoit si différente des autres. Quel- ques-uns lui en attribuent encore une aux Lao- dicien$ , mais elle est uoiverçellement rejetée.
E P I T R E
DE SAINT PAUL
AUX ROMAINS.
R<
ARGUMENT.
L'Èg LISE met au nombre de ses écrits canoniques les (quatorze lettres suivantes; savoir , une aux Ro- mains ; deux aux Corinthiens ; une aux Galates ; une aux Hphésiens ; une aux Philippiens ; une aux Çolossiens ; deux aux Thessaloniciens ; deux à 'X'imothée ; une à Tite ; une à Philétnon , et enfin une aux Hébreux , lesquelles ont reçu ce rang , non par rapport à l'oidre des temps , mais à cause de la dignité de ceux auxquels elles sont écrites , et de l'importance des matières dont elles traitent. Ainsi on a préféré aux lettres adressées à de simples particulieis , celles qui le sont à des peuples , ou à des Eglises entières ; et entre celles-là , on a donné le premier rang à celle de Rome , qui , comme dit saint Irénée , étoit le principal siège de la religion et de l'empire. Quelques-uns ont prétendu que dans cet arrangement on avoit encore fait attention à rétendue de chacune de ces lettres , et qu'on y avoit placé les plus grandes les premières ; car si l'on eiit suivi l'ordre chronologique , il eût fallu donner la première place aux deux Epîtres aux Thessaloniciens ; la seconde à celle aux Galates ; la troisième aux deux aux Coiin- thiens ; ensuite placer celles aux Romains ; aux Philip- piens ; à Philémon ; aux Çolossiens ; aux Ephésiens ; aux Hébreux; la première à Timothée; celle à Tite ; et finir par la seconde à Timothée ; ordre qu'il faut obser- ver , et qu'il est à propos de remarquer pour pénétrer le sens de ces lettres , pour ne pas confondre les faits qui y sont rapportés , et ne pas tomber dans des ajiachro- nismes absurdes ; ce qui a fait dire à saint Jean-Chry- §ostôme , quil ne falloit pas s'imaginer que la re-
fL66 ARGUMENT.
cherche de ces sortes de circonstances chronologiques ^ soit une étude inutile , puisnu au contraii e elle est très- nécessaire pour éclaircir les difficultés qui se rencon- trent dans ces Epîtres. Pour ne se pas tremper dans,- cette recherche' , on doit réduiie en général cet ordre chronologique h quatre époques différentes ; la pre- mière , au temps qui a piécédé la première captivité de saint Paul à Rome ; la seconde , à celui de cette même captivité ; la troisième , au temps autpel il en soitit et vécut en pleine hberté ; enfin la quatrième , au temps de sa dernière captivité dans Piome , un peu avant son martyre. C'est en effet sur ces quatre épo- ques que l'on peut fixer le temps auquel cet apôtre a écrit ces quatorze lettres ; c'est ce que Ton exami- nera en particuher dans les argumens qu'on a mis à la tête de chacune d'elle. L'Epitre aux Romains, à laquelle l'Eglise donne le premier rang entre ce& quatorze lettres de saint Paul , pour les raisons qu'on a rapportées , a été écrite par cet apôtre lorsqu'il étoit à Corinthe logé chez Caius , et qu'il Rit obligé de demeurer en Grèce trois mois durant , pour évi- ter les embûches qu'on lui avoit dressées sur le che-^ min qu'il devoit prendre pour aller en Syrie , afin de porter à Jérusalem les aumônes dont il s'étoit chargé j ce qui parojt par diverses circonstances , i°. parce qu'il y salue les Romains au nom d'Eraste, trésorier de la ville de Corinthe ; 2P. parce qu'il leur recommande Phébé qui demeuroit à Cenchrée , qui étoit un port de cette même ville , et qu'il avoit chargé cette femme de leur rendre cette lettre. Enfin de ce que ceux que saint Luc nomme compag'nons de ce voyage de Jérusalem , sont en partie les mêmes que ceux aux noms desquels cet apôtre sa-
ARGUMENT. ^^.(yj
lue ici les Romains. Voyez la Préface du commen-' taire sur cette Epitre , attribué à Origènes. De ces cii'constaiices il est aisé de conclure que cette Epître est écrite de Corinthe l'an 67 ou 58 de 1 ère vulgaiie , la 24^ ou 2.5^ année après la mort de Jésus-Christ.
On peut être surpris de ce que cette lettre étant adressée aux Piomains , elle est écrite en grec , et non en latin , qui étoit la langue commune et populaire de ces peuples ; mais il faut savoir que sous ce nom de Ro- mains , l'apôtre n'entend pas seulement ceux qui étoient nés dans Rome , ni le.s naturels de cet empire ; mais tous les fidèles , de quelque nation que ce pût être , que le commerce et la nécessité des affaires y attiroient, comme sont entr'autres ceux que saint Paul salue ici, qui certainement n étoient pas nés à Rome ni aux envi- rons ; ce qui paroît tel , selon ces paroles du cap. i.v.j. par lesquelles l'apôti^e adresse cette lettre à tous ceux qui sont à Rome , chéris de Dieu et saints par leur vocation ; paroles qui regardent également tous les fidèles , soit Juifs , soit Gentils. Cela étant certain , il étoit donc plus convenable à l'apôtre de leur écrire en pec , puisque cette langue étoit alors la plus répandue dans le monde , et plus convenable aux étrangers , et (îu'elle étoit même si coinmune dans Rome , que les femmes romaines affectoient de s'en servir. Et en effet, ce ne fut que par le moyen de cette langue , et par les relations des étrangers , que la réputation de la foi des chrétiens de cette fameuse ville se répandit par toute la terre , et vint en Grèce jusqu'aux oreilles de l'apôtre saint Paul , qui en prit occasion de les en féliciter par cette lettre ; mais comme cet apôtre apprit en même îeraps , et par la même voie , qu'il s etoit élevé entre les
s68 ARGUMENT.
Juifs et les Gentils convertis quelque contestation art sujet des avantages que ces premiers prétendoient avoir sur les derniers , par rapport au fruit de l'accomplisse- ment des promesses faites à Abraham et à leurs pères ; ( car les Juifs prétendoient que les Gentils n'y dévoient avoir aucune part , ou du moins qulls dévoient en se soumettant à la loi de Moïse , aussi bien qu'à TEvangiie, embrasser les observances égales , et les cérémonies de la loi ancienne ; les Gentils au contraire soutenoient que l'Evangile les affranchissoit de ce joug, et que les Juifs par leurs infidélités et leurs prévarications contre la loi , et par le deïcide qu'ils avoient commis en la per- sonne de Jésus-Christ, s'étant rendus indignes de jouir de l'effet des promesses , ils avoient été substitués en leur place ) ; pour arrêter le cours de ces disputes qui pouvoient causer quelque schisme , l'apôtre saint Paul crut qu'il étoit nécessaire de leur écrire ; ce qu'il fit, non pas de sa propre main , mais par celle de Tertius ; et dans cette lettre voulant détromper les uns et les autres de la fausse idée qu'ils avoient de s'être rendus dignes par leurs propres œuvres d'avoir part à l'Evangile , et au fruit de la mort de Jésus - Christ , il prouve aux Gentils que la connoissance de Dieu qu'ils se vantoient d'avoir eue sans la foi, n'avoit eu d'autre effet en eux que de les rendre plus coupables , non seulement pour ne l'avoir pas adoré , mais pour avoir transporté tout leur culte et leurs hommages aux créatures, aux idoles et aux bêtes brutes , et de s'être abandonnés sans me- sure à tous les déreglemens de leur cœur-. Il dit aux Juifs que quoiqu'il fiit vrai qu'ils eussent eu la loi, qu'ils fussent les enfans d'Abralram , et que par la circoncision ils eussent reçu le signe de l'alliance que Dieu avoit
ARGUMENT. ^269
fyire avec leurs pères ; tous ces avantages n avoient servi qu'à faire connoître leurs infidélités et leiu- ingratitude y parce que ne les ayant regardés que selon la chair , ils en avoient oublié l'esprit , sans lequel la loi n'étoit qu'une letti-e qui tue , qui pouvoit initer leur concupis- cence , leur faire sentù" leur foiblesse , le besoin qu'ils avoient d'iui Sauveur, la nécessité de sa grâce, leur montrer le bien , mais sans leur donner les moyens et j la force de le pratiquer ; qu'ainsi ils étoient , aussi bien (que les Gentils, les ennemis de Dieu, 1 objet de sa colère , et dignes de la mort , non seulement en général par la prévarication d'Adam , qui avoit souillé et cor- rompu tous les hommes , mais encore plus particulière- ment par les criiiies personnels qu'ils y avoient ajoutés ; que par conséquent Dieu ne devoit aux uns et aux autres ique le châtiment et la damndtion qu'ils avoient méri- tés ; qu'ainsi l'application de l'effet des promesses , la vocation à l'Evangile , la persévérance dans les œuvres de la loi selon l'esprit , la grâce et la gloire , étoient le fruit de la mort de Jésus -Christ, et des dons gratuits qui dépendoient de la seule miséricorde de Dieu , qu'il accorde et refuse comme il lui plaît , et à qui il lui plaît , I sans être obligé de faire acception de personne. Gra- jtuité que l'apôtre explique , non seulement par l'exem- î pie du choix de Jacob et de sa postérité au préjudice d'Esaii et de ses descendans ; mais encore par la com- paraison du potier et de l'argile , du vase d'honneur et de celui d'ignominie ; ce qu'il dit être un m}'sîère dont l'intelligence est au-dessus de toutes les pensées des hommes, et dont ils rechercheront inutilement la raison. Tout ceci est compj is dans les onze premieis chapitres de cette Epître ; car dans les cinq derniers ^ l'apôti'e y
^70 A R G U M E N T,
ajoute des préceptes pour bien vivre , et remplir dignes ment la vocation au christianisme ; et sur-tout il recom- mande aux ildèles d'être sovunis aux puissances , non par crainte , mais par religion , de payer les tributs , et d6 s'attacher à accomplir exactement le précepte de l'a- mour du prochain , ne rien faire , quoiqu'iiidifférent , qui le scandalise , à s'abstenir des viandes immolées aux idoles, observer les jours maïqués par la loi, pour ne ; pas blesser la conscience des foibles.
Comme le sens de cette lettre , aussi bien que celui de toutes les autres de cet apôtre , a paru dès son vivant même , dilHcile et obscur ; ensorte que l'apôtre saint Pierre ^ 2. Epist. cap. 3. v. 16. n'a pu se dispenser d'en avertir les fidèles ^ en leur écrivant qu'il y avoit dans ces lettres quelques endroit difficiles à entendre, que des hommes ignorans détournoient à de mauvais sens ; on a cru qu'il étoit h propos d'avertir ici que quoique le style des lettres de saint Paul soit vif, énergique, et propre à attirer l'attention , il ne laisse pas de présenter quelque sorte d'obscurité à l'esprit ; parce que cet apôtre ayant coutume de proposer d'aboi d sa pensée d'une ma- nière sommaire, et sous des expressions figurées et des termes peu usités , il n'est pas facile de le bien entendre^ si l'on ne le suit exactement ; c'est pourquoi il est néces- saire de ne se pas prévenir , et d'attendre qu'il s'explique lui-même ; car il est certain qu'il le fait toujours , qu'il n'y a pas même un seul mot obscur qu'il ne développe dans la suite , et qu'il ne rende intelligible par l'encloai- nement de ses principes , et par d'autres teimes plus expressifs. C'est pourquoi il est nécessaire de le liie de suite avec attention , et de comparer les expressions les unes avec les autres , afin de dissiper toute ol>scurité.
i
E P I T R E
DE SAINT PAUL
AUX ROMAINS.
CHAPITRE PREMIER.
§. I. Charité de suint Paul envers les Romains, Il ne rougit point de l'Evangile. Le juste vit de la foi.
î.± AUL, serviteur de Jésus-Christ, apôtre par la vocation divine ^ choisi et destiné pour annoncer l'Evangile de Dieu ,
2. Qu'il avoit promis auparavant par ses prophètes dans les saintes Ecritures, , 3. Touchant son Fils, qui lui est né, selon la chair, du sang et de la race de David;
4. Qui a été prédestiné^o///'^/;eFilsdeDicu àans une souveraine puissance, selon l'Esprit de sainteté, par sa résurrection d'entre les morts; touchant dis-je ^ Jésus -Christ notre Seigneur;
5. Par qui nous avons reçu la grâce et l'apos- tolat, pour faire obéir à la foi toutes les na- tions, par la vertu de son nom ;
i7û EPITRE DE S. PAUL
6. Au rang- desquelles vous êtes aussi, corti-» me ayant été appelés par Jésus-Christ :
7. A vous qui êtes à Rome, qui êtes eliéris de Dieil, et saints par votre vocation: queDieù notre père, et Jésus -Christ notre Seigneur vous donnent la grâce et la paix.
8. Premièrement , je rends grâces à mon Dieu pour vous tous par Jésus-Christ, de ce qu'on parle de votre foi dans tout le monde.
9. Car le Dieu que je sers par le culte inté* rieur àe mon esprit dans l'Evangile de son Fils, m'est témoin que je me souviens sans cesse de vous;
I o. Lui demandant continuellement dans mes prières , que si c'est sa volonté , il m'ouvre enfin quelque voie favorable pour aller vers vous;
1 1. Car j'ai grand désir de vous voir, pour vous faire part de quelque grâce spirituelle, afin de vous fortifier;
12. C'est-à-dire, afin qu'étant parmi vous, nous recevions une mutuelle consolation dans la loi qui nous est commune.
i3. Aussi, mes frères, je suis bien aise que vous sachiez que j'avois souvent proposé de vous aller voir, pour faire Cjuelque fruit par- mi vous, comme parmi les autres nations; mais j'en ai été empêché jusqu'à cette heure.
14. Je suis redevable aux Grecs et aux Bar- bares, aux savans et aux simples.
i5. Ainsi pour ce qui est de moi , je suis
prêt
AUX ROMAINS. £73 prêt de vous annoncer aussi l'Evani^ile , à vous qui êtes à Rome ;
16. Car je ne roui^îs point de l'Evangile, parce qu'il est la vertu de Dieu , pour sauver tous ceux qui croient ; premièrement les Juifs, et puis les Gentils.
17. Et la justice de Dieu nous y est révélée, la justice qui vient de la foi, et se perfectionne dans la fol , selon qu'il est écrit : Le juste vit de la foi;
§. II. Ingratitude et impiété des philosophes. Sages insensés. Dieu visible dans Vordri du monde.
18. On j découvre aussi la colère de Bieu j "icfui éclatera du ciel contre toute l'impiété et l'injustice des hommes, qui retiennent la vé- rité de Dieu dans l'inj.ustice ;
19. Parce qu'ils ont connu ce qui se peut dé- couvrir de Dieu ; Dieu même le leur ajant fait connoitre.
!ao. Car les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité sont deve- nues visibles depuis la création du monde, par la connoissance que ses créatures nous en don- nent; et ainsi ces personnes sont inexcusables ;
2,1. Parce qu'ayant connu Dieu , ils ne l'ont point i^lorifié comme Dieu , et ne lui ont point rendu grâces : mais ils se sont égarés dans leurs 10. S
Ê74 E PITRE DE S. PAUL vains raisonnemeiis, et leur cœur insensé a été rempli de ténèbres.
2,2,. Ils sont devenus fous, en s'attribuant le nom de sa^es ;
28. Et ils ont transféré l'honneur qui n'est dû qu'au Dieu incorruptible , à l'image d'un homme corruptible, et à des figures d'oiseaux, de quadrupèdes, et de serpens.
§. III. Irrpiété punie par rabandonnement aux passions infâmes ^ et au dérèglement de r esprit.
24. C'est pourquoi Dieu les a livrés aux de- sirs de leur cœur, aux vices de l'impureté; en sorte qiL^en s'j'' plongeant j ils ont déshonoré eux-mêmes leurs propres corps,
2b. Eux qui avoient mis le mensonge à la place de la vérité de Dieu , et rendu à la créature l'adoration et le culte souverain, au lieu de le rendre au Créateur, qui est béni dans tous les siècles. Amen.
26. C'est pourquoi Dieu les a livrés à des passions honteuses. Car les femmes parmi eux ont changé l'usage qui est selon la nature, en un autre qui est contre la nature.
27. Les hommes de même rejetant l'alliance des deu^c sexes, qui est selon la nature, ont été embrasés d'un désir brutal les uns envers les autres, l'homme commettant avecThomme une
AUX H 0 M À I N S. 175 îtiFaitiie fléiestdble ^ et recevant ainsi en eux- mêmes la juste peine qui étoit due à leur aveu- glement.
28. Et comme ils n'ont pas voulu reconnoître Dieu, Dieu aussi les a livrés à un sens dépra^ ve'; ensorte qu'ils ont fait^des actions indignes de V homme j
29. Qu'ils ont été remplis de toute sorte d'in- justice, de méchanceté, de ("ornication, d'ava- rice, de malignité. Ils ont été envieux, meur- triers , querelleurs , trompeurs. Ils ont été cor- rompus dans leurs mœurs , semeurs de taux rapports ,
30. Calomniateurs et ennemis de Dieu. Ils ont été outrageux, superbes, altiers, inven- teurs de nouveaux moyens de faire le mal, désobéissans à leurs pères et à leurs mères;
3i . Sans prudence , sans modestie, sans alîèc- tion , sans foi , sans miséricorde.
32. Et après a\oir connu la justice de Dieu j ils n'ont pas compris que ceux qui font ces cho- ses, sont dignes de mort, et non seulement ceux qui les font, mais aussi quiconque ap-* prouve ceux qui les font.
^^G EPITRE DE S. PAUL
C HAP I T RE II.
§. I. Juifs faisant ce qu'ils condamnent. Pd^ '~ tzence de Dieu redoutable aux impénitens.
I. C'est pourquoi vous, ô homme, quî que vous soyez, qui condamnez les autres, vous vous rendez inexcusable, parce qu'en les con- damnant, vous vous condamnez vous-même, puisque vous faites les mêmes choses que vous condamnez.
^. Car nous savons que Dieu condamne selon sa vérité ceux qui commettent ces actions.
3. Vous donc qui condamnez ceux qui les commettent, et qui les commettez vous-mêmes, pensez-vous pouvoir éviter la condamnation de Dieu ?
4. Est-ce que vous méprisez les richesses de sa bonté, de sa patience, et de sa longue tolé- rance? Ignorez-vous que la bonté de Dieu vous invite à la pénitence ?
5. Et cependant par votre dureté et par l'im- pénitence de votre cœur, vous vous amassez un trésor de colère pour le jour de la colère, et de la manifestation du juste jugement de Dieu ,
6. Qui rendra à chacun selon ses œuvres,
7. En donnant la vie éternelle à ceux qiii par
AUX ROM Aï N S. 177 leur persévérance clans les bonnes œuvres, cherchent la gloire , l'honneur et l'immortali té,
8. Et en répandant sa fureur et sa colère sur ceux qui ont l'esprit contentieux, et qui ne se rendent point à la vérité, mais c|ui embrassent l'iniquité.
9. L'affliction et le désespoir accablera l'ame de tout homme qui fait le mal ; du Juif pre- mièrement, et puis du Gentil :
10. Mais la gloire, l'honneur et la paix , se- ront le partage de tout homme qui fait le bien; du Juif premièrement, et puis du Gentil.
§. 1 1. Ne pas écouter la loi sans la pratiquer. Loi écrite dans le cœur,
11. Car Dieu ne fait point acception de per- sonne.
12,. Et ainsi tous ceux qui ont péché sans avoir reçu la loi, périront aussi sans être jugés /?/'//• la loi ; et tous ceux qui ont péché étant sous la loi , seront jugés par la loi.
i3. Car ce ne sont point ceux qui écoutent la^. loi qui sont justes devant Dieu ; mais ce sont ceux qui gardent la loi qui seront justifiés.
14. Lors donc que les Gentils qui n'ont point la loi , font naturellement les choses que la loi commande, n'ayant point laloi, ils se> tiennent à eux-mêmes lieu de loi ;
i5. Faisant voir que ce qui est prescrit par-
zjS EPITRE DE S. PAUL
la loi, est écrit dans leur cœur, comme leur conscience en rend te'moii>nage par la diver- sité des réflexions et des pensées, qui les accu-, aent, ou cjui les défendent ,
i6. Au jour où Dieu jugera par Jésus-Christ, selon l'Evangile que je prêche, de tout ce qui est caché dans le cœur des hommes.
§. III. Juifs maîtres des autres y ne s'ins^ truisent point eux-mêmes. Quel est le Juif et la circoncision véritable.
17. Mais vous, qui portez le nom de Juif, qui vous reposez sur la loi, qui vous glorifiez des faveurs de Dieu ;
18. Qui connoissez sa volonté, et qui étant instruit par la loi, savez discerner ce qui es^ le plus utile;
19. Vous vous flattez d'être le conducteur des aveugles, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres ,
20. Le docteur des ignorans , le maître des çiraples et des enfans, comme ayant dans la loi la règle de la science et de la vérité.
2,1. Et cependant vous qui instruisez les au*? très , vous ne vous instruisez pas vous-même : vous qui publiez qu'on ne doit point voler, vous voIoûî:
22. Vous qui dites qu'on ne doit point com- p^e^tre d'adultère, vous commettez des adul-
A U X R O M A I N S. 279 lères : vous qui avez en horreur les idoles, vous faites des sacrilèges:
2.3. Vous qui vous glorifiez dans la loi , vous déshonorez Dieu par le violemcnt de la loi.
24. Car voLis êtes cause, comme dit l'Ecri- ture, que le nom de Dieu est blasphémé parmi les nations.
2.5. Ce n'est pas que la circoncision ne soit utile, si vous accomplissez la loi ; mais si vous la violez, tout circoncis que vous êtes, vous devenez comme un homme incirconcis.
26. Si donc un homme incirconcis garde les ordonnances de la loi , n'est-il pas vrai c(ue tout incirconcis qu'il est, il sera considéré comme circoncis?
27. Et qu'ainsi celui qui étant naturellement incirconcis accomplie la loi, vous condamnera, vous qui ayant reçu la lettre t^c la loi _, et étant circoncis , êtes un violateur de la loi ?
2,8. Car le yrai Juif n'est pas celui qui l'est au-dehors ; et la vérifahle circoncision n'est pas celle qui se fait dans la chair , et qui n'est qu'ex- térieure.
2g. Mais le "i^rai Juif est celui C[ui l'est inté- rieurement ; et la circoncision véritable est celle du cœur, qui se fait par l'esprit, et non selon la lettre; et ce i>rai Juif tire sa louange, non des hommes, mais de Dieu.
£8o EPITRE DE S. PAUL
CHAPITRE lîl.
§. I. Avantage des Juifs sur les Gentils», Erreur imputée a saint Paul.
\. v3 u E L est clone Tavantage des Juifs, et quelle çst l'utilité de la circoncision ?
n. Leur avantage est grand en toutes maniè- res, principalement en ce que les oracles de Dieu leur ont été coufiés.
3. Car enfin si quelques-uns d'entr'eux n'ont pas cru , leur infidélité anéantira-t-elle la fidé- lité de Dieu ? Non certes.
4. Dieu est véritable , et tout homme est menteur, selon ce que David dit à Dieu : Afin que VQUS soyez reconnu fidèle en vas paroles, et victorieux dans les jugemens que les hommes feront de vous.
5. Que si notre injustice fait paroître davan- tage la justice de Dieu, que dirons-nous? Dieu ( pour parler selon l'homme) est-il injuste de îious punir ?
6. Non certes : car sî cela étoit, comroenfe Dieu seroit-il le juge du monde?
y. Mais, dira-t-on j si, par mon infidélité, la fidélité de Dievi a éclaté davantage pour sa gloire, pourquoi me condamne- 1 -on encore comme péclieur ?
^. Et pourquoi ne ferons-nous pas le mal ^
AUX ROMAINS. s8r afin qu'il en arrive du bien? ( selon que quel- ques-uns, pour nous noircir, nous accusent de dire ). Ces personnes seront justement con- damnées,
§. IL Juifs ou Gentils 3 tous dans le péché. Nul justifié par les œuvres de la loi.
9. Dirons-nons donc que nous sommes pré- férables aux Gentils ? Nullement : car nous avons déjà convaincu et les Juifs et les Gentils d'être tous dans le péché,
10. Selon qu'il est écrit : Il n'y a point de juste, il n'y en a pas un seul.
11. Il n'y a point d'homme qui ait de l'intel- ligence; il n'y en a point qui cherche Dieu.
12,. Ils se sont tous détournés du droit che- min, ils sont tous devenus inutiles ; il n'y en a, point qui fasse le bien , il n'y en a pas un seul.
i3. Leur gosier est un sépulcre ouvert. Ils se sont servis de leurs langues pour tromper avec adresse, ils ont sur leurs lèvres un venin d'aspic,
14. Leur bouche est remplie de malédiction et d'amertume.
i5. Leurs pieds sont vîtes pour répandre le sang.
16. Leur conduite ne tend qu'à opprimer les autres, et à les rendre malheureux.
17. Ils ne connoissent point la voie de la paix,
sSia EPITRE DE S. PAUL
i8. Ils n*ont point la crainte de Dieu devant les yeux.
19. Or nous savons que toutes les paroles de la loi s'adressent à ceux qui sont sous la loi, afin que toute bouche soit fermée, et que tout le monde se reconnoisse condamnable devant Dieu :
2.0. Parce que nul homme ne sera justifié de- vant Dieu par les œuvres de la loi ; car la loi 7je nous a donné c///e la connoissance du péché.
2.1. Au lieu que maintenant sans la loi la jus- tice qui vient de Dieu nous a été découverte , étant confirmée par la loi et par les prophètes.
§. III. La foi en Jésus-Christ justifie. Elle ne détruit pas , mais elle établit la loi,
22. Et cette justice que Dieu donne par la foi en Jésus-Christ, est répandue en tous ceux et sur tous ceux qui croient en lui : car il n'y a nulle distinction;
5!.3. Parce que tous ont péché, et ont besoin de la gloire de Dieu,
24. Etant justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qu'ils ont en Jésus-Christ,
2,5. Que Dieu a proposé pour être la victime de propitiation, par la foi qiLon aurait en son sang , pour faire paroître la justice qu'il donne lui-même,
26. En pardonnant les péchés passés , qu'il
AUX ROMAINS. ^83 avoit soufferts avec tant de patience ; pour faire, dis- je, paroître en ce temps la justice qui vient de lui ; montrant tout ensemble qu'il est juste, et qu'il justifie celui qui a la foi en Jésus- Christ.
sy. Où est donc le sujet de votre gloire? Il , est exclus. Et par quelle loi ? Est-ce par la loi des œuvres ? Non , mais par la loi de la foi.
28. Car nous devons reconnoîtrequeriiomme est justifié par la foi sans les œuvres de la loi.
2,9. Dieu n'est il le Dieu que des Juifs ? Ne l'est-il pas aussi des Gentils? Oui certes, il l'est aussi des Gentils,
3o. Car il n'y a qu'un seul Dieu, qui justifie par la foi les circoncis, et qui par la foi justifie aussi les incirconcis.
3i. Détruisons -nous donc la loi par la foi? A Dieu ne plaise ; mais au coptraire, nous J'établjsspns.
a84 E PITRE DE S. PAUL
CHAPITRE IV.
§. I. Abraham justifié , non par ses propres œuvres ^ mais par sa foi.
I. (^UEL avantage dirons-nous donc qu'Abra- ham notre père ait eu selon la chair?
2. Certes, si Abraham a été justifié par ses œuvres , il a de quoi se glorifier , mais non de- vant Dieu.
3. Et cependant que dit l'Ecriture? Abraham crut ce que Dieu lui avoitdit; et sa foi lui fut imputée à justice.
4. Or la récompense qui se donne à quel- qu'un pour ses œuvres , ne lui est pas imputée comme une grâce, mais comme une dette.
5. Et au contraire, lorsqu'un homme, sans faire des œuvres, croit en celui qui justifie le pécheur ,sa foi lui est imputée à justice, selon le décret de la grâce de Dieu.
6. C'est ainsi que David dit, Qu*un homme est heureux à qui Dieu impute la justice sans les œuvres.
7. Heureux ceux à qui leurs iniquités sont pardonnées, et dont les péchés sont couverts.
8. Heureux celui à qui Dieu n'a point impute de péché.
"Â Û X R 0 M AIN S. £85
§. II. Abraham justifié avant la circoncision et la loi. La justice donc ne vient ni de l'une ni de l'autre.
9.0rcebonlieur n'est-il que pour les circon- cis? N'est -il point aussi pour les incirconcis? Nous venons de dire que la Toi d'Abraham lui fut impute'e à justice.
lû. Mais quand lui a-t-elle ete imputée? Est- ce après qu'il a été circoncis, ou lorsqu'il étoît incirconcis ? Ce n'a point été après qu'il eut reçu la circoncision, mais avant qu'il l'eût reçue.
1 1 . Et ainsi il reçut la marque de la circonci- sion, comme le sceau de la justice qu'il avoit eue par la foi , lorsqu'il étoit encore incircon- cis, pour être le père de tous ceux qui croient n'étant point circoncis, afin que leur foi leur soit aussi imputée à justice :
12, Et le père des circoncis, qui non seule- ment ont reçu la circoncision, mais qui suivent aussi les traces de la foi qu'eut notre père Abraham, lorsqu'il étoit encore incirconcis.
i3. Aussi n'est-ce point parla loi que la pro- nnesse a été faite à Abraham ou à sa postérité, d'avoir tout le monde pour héritage^ mais par la justice de la foi.
14. Que si ceux qui appartiennent à la loi, sont les héritiers, la foi devient inutile, et \<x promesse de Dieu sans effet.
î86 ÈPITRE DE S. PAUL
i5. Car la loi produit la colère et le eliatî* ment; puisque lorsqu'il n'y a point de loi, il ny a point de violement de la loi.
§» III. Grandeur de la foi d* Abraham. Ses imitateurs justifiés comme lui. Mort et ré- surrection de Jésus-Christ.
16. Ainsi c'est par la foi ^//e nous sommes héritiers j afin que nous le soyons par grâce , et que la promesse faite à Abraham demeure ferme pour tous les enfans d'Abraham, non seulement pour ceux qui ont reçu la loi , mais encore pour ceux qui suivent la foi d'Abraham, qui est le père de nous tous ,
17. Selon qu'il est écrit : Je vous ai établi le père de plusieurs nations; el qui l'est devant Dieu, auquel il a cru comme à celui qui ranime les morts, et qui appelle ce qui n'est point comme ce qui est.
18. Assui , ayant espéré contre toute espé- rance , il a cru qu'il deviendroir le père de plu- sieurs nations , selon qu'il lui avoit été prédit ; Votre postérité sera sans nombre.
19. Il ne s'affbibiit point dans sa foi , et il ne <;onsidéra point qu'étant âgé de cent ans, son corps était déjà comme mort, et que la vertu de concevoir étoit éteinte dans celui de Sara.
2.0. Il n'hésita point, et il n'eut pas la moin- dre défiance de la promesse de Dieu; mais
AUX ROMAINS. 287 il se fortifia par la foi, rendant gloire àDieu,
21. Pleinement persuadé qu'il est tout-puis- sant pour faire tout ce qu'il a promis.
22. C'est pour cette raison que sa foi lui a été imputée à justice.
28. Or ce n'est pas pour lui seul qu'il est écrit, que sajoi\\\\ a été imputée à justice,
24. Mais aussi pour nous , à qui elle sera imputée de même, si nous crovons en celui qui a ressuscité d'entre les morts Jésus-Christ notre Seigneur ;
20. Qui a été livré à la mort pour nos péchés, et qui est ressuscité pour notre justification.
CHAPITRE V.
§. I. Confiance en Dieu. Fermeté et joie dans les maux. Amour du Saint-Esprit dans U cœur.
I. Ainsi étant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par Jésus -Christ notre Sei- gneur,
2. Qui nous a donné aussi entrée par la foi à cette grâce en laquelle nous demeurons fer- mes, et nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire des enfans de Dieu;
3. Et non seulement dans cette espérance , mais nous nous glorifions encore dans les afflic- tions, sachant que l'atîliction produit la pa- tience.
£88 EPITRE DE S. PAUL
4. La patience, l'cpreiive; et l'épreuve, l'e3-* pérance.
5. Or cette espe'rance n'est point trompeuse^ parce que l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné.
§. I L Jésus-Christ meurt pour ses ennemis. Que fera- 1- il pour ses amis ?
6. Car pourquoi , lorsque nous étions encore dans les langueurs du péché j Jésus-Christ est- il mort pour les impics dans le temps destiné de Dieu F
7. Et certes , à peine quelqu'un voudroit-il mourir pour un juste : peut-être néanmoins que quelqu'un auroit la force de donner sa vie pour un homme de bien.
8. Mais ce qui fait éclater davantage l'amoiir' de Dieu envers nous, c'est que lors même que nous étions encore pécheurs ,
9. Jésus-Christ n'a pas laissé dans le temps de mourir pour nous. Ainsi étant maintenant justifiés par son sang , nous serons à plus forte raison délivrés par lui de la colère de Dieu.
10. Car si, lorsque nous étions ennemis de ï)ieu, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, à plus forte raison étant maintenant réconciliés «cec lui ^ serons-nous sauvés par la vie de son même Eils.
II*
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K''//a' ('//nn/(''/hr/' fA<r/r/,<r/Avu/ </<' /arçr/i^ t/r ////
AUX ROMAINS. 5^.89
II. Et non seulement nous avons élé récon- tîliésj mais nous nous glorifions même en Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur, par qui nous avons obtenu maintenant cette rcconci- liatioDi,
§. III. Péché originel. Jésus- Christ source plus abondante de grâce _, quAdam du péché. Effet de la loi.
12,. Car comme le péché est entre dans le mon- de par un seul homme , et la mort par le péché; ainsi la mort est passée dans tous les hommes par ce seul homme çn qui tous ont péché.
i3. Car le péché a toujours été dans le monde jusqu'à la loi ; mais la loi n'étant point encore * le péché n'étoit pas imputé.
14. Cependant la mort a exercé son rèsjne depuis Adam jusqu'à Moïse, à l'égard de ceux- mêmes qui n'ont pas péché par une trans^res-* sîon de la loi de Dieu, comme a fait Adam, qui est la figure du second.
i5. Mais il n'en est pas de la grâce comme du péché : car si par le péché d'un seul plu^ sieurs sont morts, la miséricorde et le don de Dieu s'est répandu beaucoup plus abondam* ment sur plusieurs par la grâce d'un seul homme, qui est Jésus-Christ.
16. Et il n'en est pas de ce don comme du péché : car nous avons été condamnés par ie 10. T
2go EPITRE DE S. PAUL jugement ^/e Dieu pour un seul péché; au lied que nous sommes justifiés par la grâce après plusieurs.
17. Que sî j à cause du péclié d'un seul, la mort a régné par un seul homme ; à plus forte raison ceux qui reçoivent l'abondance de la grâce , et du don de la justice , régneront dans la vie par un seul homme j cjui est Jésus- Christ.
18. Comme donc c'est par le péché d'un seul que tous les hommes sont tombés dans la con- damnation ; ainsi c'est par la justice d'un seul Cjue tous les hommes reçoivent la justification de la vie.
19. Car comme plusieurs sont devenus pé- cheurs par la désobéissance d'un seul ; ainsi plusieurs seront rendus justes par l'obéissance d'un seul.
20. Or la loi est survenue pour donner lieu à l'abondance du péché ; mais où il j a eu une abondance de péché , Dieu a répandu une surabondance de grâce ;
21. Afin que comme le péché avoit régné en donnant la mort, la grâce de même règne par la justice , en donnant la vie éternelle par Jésus -Christ notre Seigneur.
AUX ROMAINS. £91
CHAPITRE VI.
§. I. Le hatisé mon au péché ny doit plus revivre. Vie nouvelle.
î. Q UEclirons-nous donc? Demeurerons-nous dans le péché pour donner lieu à cette sura- bondance de la grâce ?
2,. A Dieu ne plaise. Car étant une fois morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché?
3. Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été batisés en Jésus - Christ , nous avons été batisés en sa mort?
4. Nous avons été ensevelis avec lui par le batême pour mourir au péché ; afin que comme Jésus- Christ est ressuscité d'entre les morts par la gloire de son Père, nous marchions aussi dans une nouvelle vie.
5. Car si nous sommes entés en lui par la res- semblance de sa mort , nous y serons aussi entés par la ressemblance de sa résurrection :
6. Sachant que notre vieil homme a été cru- cifié avec lui , afin que le corps du péché scit détruit, et que désormais nous ne sojons plus asservis au péché.
7. Car celui qui est mort, est délivré da péché,
T'
Sl94 E pitre de s. PAUL
8. Que si nous sommes morts avec Jésus-- Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec Jësus-Christ ;
9. Parce que nous savons que Jésus -Clirist étant ressuscité d'entre les morts, ne molirra plus, et que la mort n'aura plus d'empire sur lui.
10. Car quant à ce qu'il est mort, il est mort seulement une fois pour le péché ; mais quant k la vie qu'il a maintenant, il vit pour Dieu.
1 1. Considérez-vous de même comme étant morts au péché, et comme ne vivant plus que pour Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur.
§. î I. Que le péché ne soit plus notre roi , ni nous ses esclaves _, ni nos corps ses armes.
12. Que le péché donc ne règne point dans votre corps mortel , ensorte que vous obéissiez à ses désirs déréglés.
i3. Et n'abandonnez point au péché les mem- bres de votre corps , pour lui servir d'armes d'iniquité : mais donnez-vous à Dieu , comme devenus vivans de morts que vous étiez , et comacrez-Xm les membres de votre corps, pour lui servir d'armes de justice.
14. Car le péché ne vous dominera plus, parce que vous n'êtes plus sous laloi, mais sous la grâce.
AUX ROMAINS. 293 î5. Quoi donc? Pécherons -nous, parce que nous ne sommes plus sous la loi, mais sous la grâce? Dieu nous en garde.
16. Ne savez-vous pas que de qui que ce soit que vous vous so^yez rendus esclaves pour lui obéir, vous demeurez esclaves de celui à c|ui vous obéissez, soit du péché, pour y trouver la mort, soit de l'obéissance, pour y trouver la justice.
17. Mais Dieu soit loué de ce qu'ayant été auparavant esclaves du péché, vous avez obéi du fond du cœur à la doctrine de l^Evangile _, sur le modèle de laquelle vous avez été formés.
18. Ainsi ayant été affranchis du péché, vous êtes devenus esclaves de la justice.
§. m. Se donner tout a Dieu ^ comme on s* est abandonné a l* injustice.
19. Je vous parle humainement, h cause de la foiblesse de votre chair. Comme vous avez fait servir les membres de votre corps à l'impu- reté et à l'injustice, pour commettre l'iniquité, faites-les servir maintenant à la justice pour votre sanctification.
no. Car lorsque vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l'égard de la justice.
2.1. Quel fruit tiriez -vous donc alors de ces désordres y dont vous rougissez maintenant, puisqu'ils n'ont pour fin que la mort?
294 E P I T R E D E S. P A U L
'11. Mais à présent étant affranchis du pécLe, et devenus esclaves de Dieu, votre sanctifica- tion est le fruit que vous en tirez; et la vie éternelle en sera la fin.
2.3. Car la mort est la solde et le paiement du péché ; mais la vie éternelle est une grâce et un don de Dieu en Jésus- Christ notre Seigneur.
CHAPITRE VIL
§. L Fidèles morts a la loi y ne vivent plus que pour Dieu.
I. Ignorez-vous, mes frères, (car jeparleà (îeux qui sont instruits de la loi ) que la loi ne domine sur Thomme que pour autant de temps qu'il vit?
2. Ainsi une femme mariée est liée par la loî du mariage à son mari tant qu'il est vivant ; mais lorsqu'il est mort, elle est dégagée de la loi qui la lioit à son mari.
3. Si donc elle épouse un autre homme pen- dant la vie de son mari, elle sera tenue pour adultère; mais si son mari vient à mourir, elle est affranchie de cette loi , et elle en peut épouser un autre sans être adultère.
4. Ainsi, mes frères, vous êtes vous-mêmes morts à la loi parle corps de Jésus-Christ, pour être à un autre qui est ressuscité d'entre les
AUX R O M A I N S. 295 morts, afin que nous produisions des fruits pourDieu.
5. Car lorsque nous étions dans la chair , les passions criminelles étant excitées par la loi , agissoient dans les membres de notre corps , et leur faisoient produire des fruits pour la mort.
6. Mais maintenant nous sommes affranchis de la loi de mort dans laquelle nous étions rete- nus ; de sorte C|ue nous servons Dieu dans la nouveauté de l'esprit , et non dans la vieillesse de la lettre.
§, II. Loi sainte par elle-même. Concupiscence irritée par la loi.
7. Que dirons-nous donc ? La loi est-elle pé- ché ? Dieu nous garde d'une telle pensée : mais je n'ai connu le péché que par la loi ; car je n'au- rois point connu la concupiscence, si la loi n'a- Yoit dit : Vous n'aurez point de mauvais désirs..
8. Mais le péché ajant pris occasion de s'ir- riter du commandement, a produit en moi toutes sortes de mauvais désirs; car sans la loi le péché étoit comme mort.
9. Et pour moi , je vivois autrefois sans loi: mais le commandement étant survenu, le pé-' ché est ressuscité,
10. Et moi je suis mort. Et il s'est trouvé que le commandement qui devoit servir à me don- oer la vie, a servi à me donner la mort.
£9^ E PITRE DE s. PAUL
1 1 . Car le pëchë ayant pris occasion du com- mandement, m'a trompé, et m'a tué par le commandement même.
12. Ainsi la loi est sainte à la vérité, et le commandement est saint, juste et bon.
i3. Ce qui étoit bon en soi m'a-t-il donc causé la mort? Nullement; mais c'est le péché cl la concupiscence, Cjui m'ayant causé la mort par une chose qui étoit bonne, a fait paroître ce qu'elle étoit; de sorte qu'elle est devenue par le commandement même une source plus abon- dante de péché.
§. I II. Saint Paul ne fait pas ce qu^il veut. Loi de la chair y loi de V esprit ; combat des deux.
1 4. Car nous savons que la loi est spirituelle ; mais pour moi je suis charnel , étant vendu pour être assujéti au péché.
i5. Je n'approuve pas ce que je fais, parce que je ne fais pas le bien que je veux ; mais je fais le mal que je hais.
16. Que si je fais ce cpie je ne veux pas , je consens à la loi, et je reconnais qu'elle est bonne.
17. Ainsi ce n'est plus moi qui fais cela ; niais c'est le péché qui habite en moi.
18. Car je sais qu'il n'y a rien de bon en moi, c'est-à-dire, dans ma chair; parce que je trouvç
AUX ROMAINS. ^297 en moi la volonté de faire le bien; mais je ne trouve point le moyen de l'iiccomplir.
19. Car je ne fais pas le bien que je veux ; mais je fais le mal que je ne veux pas.
20. Que si je fais ce que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui le fais, mais c'est le péché qui habite en moi.
2,1. Lors donc que je veux faire le bien , je trouve en moi une loi qui s^y oppose j parce que le mal réside en moi.
22,. Car je me plais dans la loi de Dieu selon l'homme intérieur;
28. Mais je sens dans les membres de mon corps une autre loi qui combat contre la loi de mon esprit, et qui me rend captif sous la loi du péché, qui est dans les membres de mon corps.
24. Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ?
20. Ce sera la grâce de Dieu par Jésus- Christ notre Seigneur. Et ainsi je suis moi- jnême soumis et à la loi de Dieu selon l'esprit, et à loi du péché selon la chair.
^98 EPITRE DE S. PAUL
CHAPITRE VIII.
§. î. Juste délivré de la loi de Dieu. Vie de
la chair ; vie de V esprit y contraires et inal- liables.
I. Il n'y a donc pas maintenant de condam- nation pour ceux qui sont en Jésus -Christ, et qui ne marchent point selon la chair ;
j2. Parce que la loi de l'esprit de vie, qui est en Jésus-Christ, m'a délivré de la loi de péché et de mort.
3. Car ce qu'il étoit impossible que la loi fît , la chair la rendant foible et impuissante, Dieu Va fait j ajant envoyé son propre Fils revêtu d'une chair semblable à la chair de péché; et à cause du péché, il a condamné le péché dans la chair ;
4. Afin que la justice de la loi soit accomplie en nous, qui ne marchons pas selon la chair, mais selon l'esprit.
5. Car ceux qui sont charnels , aiment et goûtent les choses de la chair ; et ceux qui sont spirituels , aiment et goûtent les choses de l'esprit.
6. Or cet amour des choses de la chair est une mort; au lieu que l'amour des choses de l'esprit est la vie et la paix :
AUX ROMAINS. 299
7. Car cet amour des choses de la chair est ennemi de Dieu , parce qu'il n'est point soumis à la loi de Dieu , et ne le peut être.
8. Ceux donc qui vivent selon la chair, ne peuvent plaire à Dieu.
9. Mais pour vous, vous ne vivez pas selon la chair , mais selon l'esprit ; si toutefois l'Esprit de Dieu habite en vous. Que si quelqu'un n'a point l'Esprit de Jésus-Christ, il n'est point à lui.
10. Mais si Jésus-Christ est en vous, quoi- que le corps soit movten 'vous h. cause du pé- ché, l'esprit est vivant à cause de la justice.
11. Que si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts , habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus-Christ d'entre les morts, donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.
§. II. Enfans de Dieu poussés par r Esprit de Dieu , l'aiment comme leur père ^ soupirent après leur délivrance.
12,. Ainsi mes frères, nous ne sommes point redevables à la chair , pour vivre selon la chair.
i3. Que si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si vous faites mourir par l'es- prit les œuvres de la chair, vous vivrez.
14. Car tous ceux qui sont poussés par l'Es- prit de Dieu sont enfans de Dieu.
3oo EPITRE DE S. PAUL
i5. Aussi vous n'avez point reçu l'esprit de
servitude , pour vous conduire encore par la
crainte ; mais vous avez reçu l'esprit de l'ar
doption des enfans , par lequel nous crions :
Mon Père , mon Père.
i6. Et c'est cet Esprit qui rend lui-même
témoignage à notre esprit, que nous sommes
enfans de Dieu.
17. Que si nous sommes enfans, nous som- mes aussi héritiers, héritiers de Dieu ,et cohé- ritiers de Jésus-Christ, pourvu toutefois que nous souffrions avec lui, afin que nous sojons glorifiés avec lui.
18. Car je suis persuadé que les souffrances de la vie présente n'ont point de proportion avec cette gloire, qui sera un jour découverte en nous.
19. Aussi les créatures attendent avec grand désir la manifestation des enfans de Dieu;
20. Parce qu'elles sont assujélies à la vanité> et elles ne le sont pas volontairement, mais à cause de celui qui les y a assujéties;
21. Avec espérance d'être délivrées de cet asservissement à la corruption, pour participer à la liberté de la gloire des enfans de Dieu.
22. Car nous savons que jusqu'à cette heure toutes les créatures soupirent, et sont comme dans le travail de l'enfantement.
28. Etnon seulement elles ; mais nous encore , qui possédons les prémices de l'esprit , nQUî$
AUX ROMAINS. Soi
soupirons et nous gémissons en nous-mêmes, attendant l'effet de l'adoption divine , la ré- demption et la délivrance de nos corps.
§> III. Nom sommes sauvés par l*espér^.nce. Le Saint-Esprit prie en nous. Si Dieu est pour nous _, qui sera contre nous ?
24. Car c'eèt en espérance que nous sommes sauvés. Or quand on voit ce qu'on a espéré, ce n'est plus espérance, puisque nul n'espère ce qu'il voit déjà.
2,5. Que si nous espérons ce que nous ne voyons pas encore, nous l'attendons avec pa- tience.
26. De plus , l'Esprit de Bien nous aide dans notre foi blesse. Car nous ne savons ce que nous devons demander à Dieu dans nos prières , pour le prier comme il faut; mais le Saint- Esprit lui-même pne pour nous par des gémis- semens ineffables.
2.7. Et celui qui pénètre le fond du cœur, entend bien quel est le désir de l'Esprit, parce qu'il ne demande rien que selon Dieu pour les saints.
28. Or nous savons que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qu'il a appelés selon son décret pour être saints.
29. Car ceux qu'il a connus dans sa prescien- ce, il les a aussi prédestinés pour être confor-
Soa EPITREDES. PAUL
mes à l'image de son Fils, afin qu'il fût Yàiné
entre plusieurs frères.
3o. Et ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu'il a appelés , il les a aussi justifiés; et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés.
3i. Après cela que devons-nous dire? Si Dieu est pour nous , qui sera contre nous ?
32. S'il n'a pas épargné son propre Fils, mais l'a livré à la mort pour nous tous, que ne nous donnera-til point après nous l'avoir donné?
33. Qui accusera les élus de Dieu ? C'est Dieu même qui les justifie.
34. Qui osera les condamner? Jésus -Christ est mort , et il n'est pas mort seulement, mais il est encore ressuscité; il est à la droite de Dieu , où il intercède pour nous.
35. Qui donc nous séparera de l'amour de Jésus-Christ? Sera-ce l'aff^liction , ou les dé- plaisirs, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou les périls, ou le fer et la violence?
36. Selon qu'il est écrit : On nous égorge tous les jours pour l'amour de vous, Seigneur; on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie.
37. Mais parmi tous ces maux, nous demeu- rerons victorieux par celui qui nous a aimés.
38. Car je suis assuré que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les
AUX ROMAINS. 3o3
puissances , ni les choses présentes , ni les futu- res, ni la violence,
89. Ni tout ce qu'il y a de plus haut, ou de plus profond, ni toute autre créature, ne nous pourra jamais séparer de l'amour de Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur.
CHAPITRE IX.
§. I. Saint Paul veut être anathême pour les Juifs. Vrais Israélites.
I. J ES us-Christ m'est témoin que Je dis la vérité. Je ne ments point, ma conscience me rendant ce témoignage par le Saint-Esprit ,
2. Que je suis saisi d'une tristesse profonde, et que mon cœur est pressé sans cesse d'une vive douleur ;
3. Jusque-là que j'eusse désiré de devenir moi-même anathême, e/ d'être séparé de Jésus- Christ pour mes frères, qui sont d'un même sang que moi , selon la chair ;
4. .Qui sont les Israélites , à qui' appartient l'adoption des enfans de Dieu j sa gloire, son alliance, sa loi, son culte et ses promesses ;
5. De qui les patriarches sont les pères , et desquels est sorti selon la chair Jésus-Christ même , qui est Dieu au-dessus de tout , et béni dans tous les siècles. Amen.
6. Ce n'est pas néanmoins que la parole de
3o4 EPITRE DE S. PAUL Dieu soit demeurée sans effet. Car tous ceut qui descendent d'Israël, ne sont pas pour cela Israélites :
7.Ettousceiixquisontdelaraced'Abraliam, ne sont pas pour cela ses enPans ; mais Dieu lui dit : C'est Isaac qui sera appelé votre fils.
8. C'est-à-dire, que ceux qui sont en Fans selon la chair, ne sont pas pour cela enfans de Dieu ; mais que ce sont les enfans de la promesse, qui sont réputés êtfe les enfans d^ Abraham.
9. Car voici les termes de la promesse: Je viendrai dans un an en ce même temps, et Sara aura un fils.
§. 1 1. Choix de Dieu , non selon les œuvres. Il fait miséricorde a qui il veut. Vases d' hon- neur et d'ignominie.
10. Et cela ne se voit pas seulement dans Sara, mais aussi dans Kébecca, qui conçut en même temps deux enfans d'isaac notre père.
11. Car avant qu'ils fussent nés, et avant qu'ils eussent fait aucun bien ni aucun mal , afin que le décret de Dieu demeurât ferme selon son élection; -
is. Non à cause de leurs œuvres, mais à cause de l'appel et du choix de Dieu , il lui fut dit :
i3. L'aîné sera assujéli au plus jeune, selon qu'il est écrit : J'ai aimé Jacob, et j'ai haï Esaii.
14-
AUX R O M A I N S. 3c5 14. Que dirons-nous donc ? Est-ce qu'il y a
en Dieu de l'injustice? Dieu nous garde de
cette pensée.
i5. Car il dit à Moïse : Je ferai miséricorde à
,qui il me pUiira de faire miséricorde; et j'aurai
pitié de>qui il me plaira d'avoir pitié.
16. Cela ne dépend donc ni de celui qui veut, ni de celui qui court ; mais de Dieu qui fait miséricorde.
17. C'est pourquoi il dit à Pharaon dans l'E- criture : C'est pour cela même que je vous al établi; pour ftiire éclater en vous ma toute- puissance, et pour rendre mon nom célèbre par toute la terre.
18. Il est donc vrai qu'il fait miséricorde à qui il lui plaît, et qu'il endurcit qui il lui plaît»
19. Vous me direz peut-être : Après cela pourquoi DieusQ plaint-il? car qui est-ce qui résiste à sa volonté ?
20. Mais , ô homme ! qui etes-vous pour con- tester avec Dieu ? Un vase d'argile , dit-il à celui qui l'a fait : Pourquoi m'avez-vous fait ainsi ?
m. Le potier n'a-t-il pas la liberté de faire de la même masse d'argile un vase destiné à des usages honorables , et un autre destiné à des usaaes vils et honteux ?
10.
Sô6 EPITRE DE S. PAUL
§. III. Justice et miséricorde de Dieu. Gentils- choisis. Juifs rejétés.
2.2. Qui peut se plaindre de Dieu , si voulant montrer ^sl juste colère, et faire connoltre sa puissance, il souffre avec une patience extrême les vases de colère préparcs pour la perdition,
^3. Afin de faire paroi tre les richesses de sa gloire sur les vases de miséricorde qu'il a pré- parés pour la gloire,
^4. Sur nous, qû il a appelés non-seulement d'entre les Juifs, mais aussi d'entre les Gentils?
2,5. Selon qu'il dit lui-même dans Osée : J'ap- pellerai mon peuple, ceux qui n'étoient point mon peuple; ma bicn-aimée, celle que je n'a- vois point aimée ; et l'objet de ma miséricorde, celle k qui je n'avois point fait miséricorde.
s6. Et il arrivera que dans le même lieu où je leur avois dit autrefois : Vous n'êtes point mon peuple, ils seront appelés les enfans du Dieu vivant.
2,7. Et pour ce qui est d'Israël, Isaïe s'écrie: Quand le nombre des enfans d'Israël seroit égal à celui du sable de la mer , il n'y en aura qu'un petit reste de sauvés.
^8. Car Dieu dans sa justice consumera et retranchera jo« yyc^//7/e. Le Seigneur fera un ^rand retranchement sur la terre.
^9. Et le même Isaïe avoit dit auparavant :
AUX 11 O M A I N S. 307 Si le Seigneur des armées ne nous avoît réservé quelques-uns de notre race, nous serions de- venus semblables à Sodome et à Gomorrhe.
3o. Que dirons -nous donc, s/'no?}. que les Gentils qui ne cherchoient point la Justice ont embrassé la justice, et la justice qui vient de la foi ;
3i. Et que les Israélites, au contraire, qui recherchoient la loi de la justice, ne sont point parvenus à la loi de la justice ?
32. Et pourquoi? Parce qu'ils ne Font point recherchée par la foi , mais par les œuvres de la loi : car ils se sont heurtés contre la pierre d'achopement,
33. Selon qu'il est écrit : Je m'en vais mettre en Sion celui qui est la pierre d'achopement, la pierre de scandale ; et tous ceux qui croiront en lui, ne seront point confondus.
So8 EPITRE DE S. PAUL
CHAPITRE X.
§. I. XUt des Juifs sans science. Ils ne se scumettent point a la grâce qui justifie. Jus- tice de la loi et de la foi.
î. Il est vrai, idcs frères, que je sens dans mon cœur une grande affection pour le salut d'Israël, et que je le demande à Dieu par mes prières.
2. Car je puis leur rendre ce témoignage, qu'ils ont du zèle pour Dieu, mais leur zèle n'est point selon la science :
3. Parce que ne connoissant point la justice qui ident de Dieu , et s'eff'orçant d'établir leur propre justice , ils ne se sont point soumis à Dieu, pour recevoir cette justice qui vient de lui.
4. Car Jésus-Christ est la fin de la loi, pour justifier tous ceux qui croiront en lui.
5. Or Moïse dit touchant la justice C|ui vient delà loi : Que celui qui en observera les ordon- nances, y trouvera la vie.
6. Mais pour ce qui est de la justice qui vient de la foi, voici comme il en parle : Ne dites point en votre cœur : Qui pourra monter au •ciel; c'çst - à -i (Jtwe , pour en faire descendre Jésus-Christ?
7. Ou qui pourra descendre au fond de la
AUX ROMAINS. Soç terre ; c'est-à-dire, pour rappeler Jésus-Christ d'entre les morts ?
8. Mais que dit FEcriture ? La parole qui 'VOUS esLannoncée n'est point éloignée de vous : elle est dans votre bouche et dans votre cœur. Telle est la nature de la foi que nous vous prêchons :
9. Parce que si vous confessez de bouche que Jésus est le Seigneur, et si vous croyiez de cœur que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, Yous serez sauvé.
§. 1 1. Q^ue la bouche confesse ce que le cœur croit. Prédicateurs envoyés.
10. Car il faut croire de cœur pour être jus- tifié, et confesser sa foi par ses paroles pour obtenir le salut.
11. C'est pourquoi l'Ecriture dit : Tous ceux qui croient en lui ne seront point confon- dus.
12. Il n'y a point en cela de distinction entre les Juifs et les Gentils, parce qu'ils n'ont tous qu'un même Seigneur, qui répand ses richesses sur tous ceux qui l'invoquent.
i3. Car tous ceux qui invoqueront le nom du Seigneur seront sauves.
14. Mais comment l'invoqueront- ils , s'ils ne croient point en lui ? Et comment croiront- iken\ui, s'ils n'en ont point entendu parler?
3io EPITRE DE S. PAUL Et comment en entendront-ils parler, si per- sonne ne leur prêche?
i5. Et comment les pré(Hcalei/rs\Q\iv prêche- ront-ils, s'ils ne sont cnvoye's? selon ce qui est écrit : Que les pieds de ceux cpii annoncent l'E- vangile de paix sont beaux , de ceux qui annon- cent les vrais biens !
§. \\\. Election des Gentils. Incrédulité des Juifs.
i6. Mais tous n'obéissent pas à l'Evangile. C'est ce qui a fait dire à Isaïe : Seigneur, qui a cru ce qu'il nous a ouï prêcher ?
17. La foi donc vient de ce qu'on a ouï; et on a ouï, parce que la parole de Jésus -Christ a été prêchée.
18. Mais ne l'ont-ils pas déjà entendue ? Oui certes, leur voix a retenti par toute la terre, et leur parole >9Vj//iz//^/z/e72^//e jusqu'aux extré-= mités du monde.
19. Et Israël n'en a-t-il point eu aussi con-« noissance ? Mais c'est Moïse qui le premier a dit : Je vous rendrai jaloux d'un peuple qui ii'e^pas votre peuple, et je ferai qu'une nation î Rsensée deviendra l'objet de votre indignation et de votre envie.
20. Mais Isaïe dit hautement : J'ai été trouvé par ceux qui ne me cherchoient pas; et je me
A U X II O M A T N S. en- suis fait voir à ceux qui ne demandoient point à me connoître.
2,1. Et il dit contre Israël : J'ai tendu les bras durant tout le jour à ce peuple incrédule et rebelle à mes paroles.
CHAPITRE XI.
§. I. Quelques Juifs réservés et sauvés par grâce. Aveuglement des autres.
i.\)uE dirai -je donc? Est-ce que Dieu a re- jeté son peuple ? Non certes. Car je suis moi- même Israélite , de la race d'Abraham et de la tribu de Benjamin.
2. Dieu n'a point rejeté son peuple qu'il a connu dans sa prescience. Ne savez-vous pas ce qui est rapporté d'Elie dans l'Ecriture; de quelle sorte il demande justice à Dieu contre Israël ?
3. Seigneur, ils ont tué vos prophètes, ils. ont renversé vos autels; je suis demeuré tout seul , et ils me cherchent pour m'ôter la vie.
4. Mais qu^est-ce que Dieu lui répond? Je me suis réservé sept mille hommes, qui n'ont point fléchi le genou devant Baal.
5. Ainsi Dieu a sauvé en ce temps-ci , selon l'élection de sa grâce , un petit nombre qu'il s'est réservé.
Y4
3i2 EPITRE DE S. PAUL
6. Que si c'est par i^race, ce n'est donc point par les œuvres : autrement la grâce ne seroit plus grâce.
7. Après cela, que dirons-nous, sinon qu'Is- raël, qui recliercboit /a justice ^ ne l'a point trouvée ; mais que ceux qui ont été choisis de Dieu , l'ont trouvée, et que les autres ont été aveuglés ?
8. Selon qu'il est écrit : Dieu leur a donné un esprit d'assoupissement et d'insensibilité; et il De leur a point donné jusqu'à ce jour des yeux pour voir, ni des oreilles pour entendre.
9. David dit encore d'eux : Que leur table leur soit un filet, où ils se trouvent envelopés; qu'elle leur devienne une pierre de scandale, et Cju'elle soit leur juste punition.
10. Que leurs yeux soient tellement obscur- cis, qu'ils ne voient point ;et faites qu'ils soient toujours courbés vers la terre.
§. II. Juifs y branches retranchées de r olivier franc ; Gentils ^ branches sauvages entées sur le franc.
11. Que dirai-je donc ? Les Juljs sont-îls tombés de telle sorte que Itur chute soit sans ressource? A Dieu ne plaise : mais leur chute est devenue une occasion de salut aux Gentils , afin que l'exemple des Gentils leur donnât d^ l'émulation pour les suivre.
AUX R O MAI N S. Si3
12. Que si leur cliûte a été la richesse du
monde , et leur diminution la richesse des
Gentils, combien leur plénitude e///767zzV^-/-e//e
le monde encore davantage !
i3. Car je vous le dis, à vous qui êtes Gen- tils : Tant que je serai l'Apôtre des Gentils, je travaillerai à rendre illustre mon minis- tère,
14. Pour tâcher d'exciter de l'émulation dans l'esprit des Juifs, qui me sont unis selon la chair, et d'en sauver quelques-uns;
i5. Car si leur perte est devenue la réconci- liation du monde, que sera leur rappel, sinon un retour de la mort à la vie ?
16. Que si les prémices ^/e^J«//i" sont saintes, la masse l'est aussi ; et si la racine est sainte ^ les rameaux le sont aussi.
17. Si donc quelques-unes des branches ont été rompues ; et si vous, qui n'étiez qu'un oli- vier sauvage , avez été enté parmi celles qui sont demeurées sur l'olivier franc, et avez été rendu participant de la sève et du suc cjui sort de la racine de l'olivier ;
18. Ne vous élevez point de présomption contre les branches naturelles. Que si vous pen- sez vous élever au-dessus d'elles, ^«c/zes que ce p'est pas vous qui portez la racine, mais que c'est la racine qui vous porte.
15. Mais , direz-vous , ces branches «<z///re//(?5
Sr4 EPITRE DE S. PAUL
ont été rompues , afin que je fusse enté en leur
place.
2.0. Il est vrai elles ont été rompues, à cause de leur incrédulité; et vous, vous demeurez ferme par votre foi : mais prenez- garde de ne vous pas élever, et tenez-vous dans la crainte.
21. Car si Dieu n'a point épargné les bran- dies naturelles, vous devez craindre qu'il ne vous épargne pas non plus.
2£. Considérez donc la bonté et la sévérité de Dieu : sa sévérité envers ceux qui sont tom- bés ; et sa bonté envers vous , si toutefois vous demeurez ferme dans l'état où sa bonté vous a mis; autrement vous serez YelvanoWé comme eux.
2Z. Que si eux-mêmes ne demeurent pas dans leur incrédulité , ils seront de nouveau çïi" Xés sur leur ti ge _, puisque Dieu est tout-puissant: pour les enter encore.
24. Car si vous avez été coupé de l'olivier sau-^ vage, qui étoit votre tige naturelle, pour être enté contre votre nature sur l'olivier franc; à combien plus forte raison les branches natu- relles de l'olivier même seront-elles entées suf leur propre tronc !
AUX ROMAINS. 3i5
§. III. Que les Juifs un jour recevront misé- ricorde. Profondeur de la sagesse et des ju- gemens de Dieu,
20. Je veux bien, mes frères, vous découvrir ce mjstère et ce secret , afin que vous ne sojez point sages à vos propres yeux ; qui est qu'une partie des Juifs est tombée dans l'aveu olemcnt, jusqu'à ce que la multitude des nations soit en- tre'e dans l'Eglise j
2.6. Et qu'ainsi tout Israël soit sauvé, selon qu'il est e'crit : Il sortira de Sion un Libérateur qui bannira l'impiété de Jacob.
27. Et c'est-là l'alliance que je ferai avec eux , lorsque j'aurai effacé leurs péchés.
28. Ainsi, quant à l'Evangile, ils sont /;7rt//?/e- nant ennemis à cause de vous; mais quant à l'élection, ils sont aimés à cause de leurs pères.
29. Car les dons et la vocation de Dieu sont immuables, et il ne s'en repent point.
30. Comme donc autrefois vous ne croyiez point en Dieu, et que vous avez ensuite ob-. tenu miséricorde, k cause de Tixicrédulité des Juifs;
3i. Ainsi les Juifs n'ont point cru que Dieu voulût vous fiire miséricorde , afin que la misé-, ricorde qui vous a été faite, leur serve à obte- nir miséricorde.
32. Car Dieu a voulu que tous fussent enve^
3i6 EPITRE DE S. PAUL
lopcsdans l'incrédulité, pour exercer sa misé- ricorde envers tous.
33. O profondeur des trésors de la sagesse ef de la science de Dieu ! Que ses jugemens sont impénétrables, et ses voies incompréhensibles!
34. Car qui a connu les desseins de Dieu ; ou qui est entré dans le secret de ses conseils ?
35. Qui lui a donné quelque chose le pre- mier, pour en prétendre récompense?
36. Tout est de lui , tout est par lui , tout est en lui : à lui soit gloire dans tous les siècles. Amen.
CHAPITRE XI I.
§. I. Nos corps hostie vivante de Dieu. Renou- vellement de U esprit. Que nul ne passe la. mesure de son dort.
î.Je vous conjure donc, mes frères, par la miséricorde de Dieu, de lui offrir vos corps comme une hostie vivante, sainte, et agréable ]ii?,çs yeux , pour lui j'etidre un culte raisonna- ble et spirituel.
2. Ne vous conformez point au siècle pré- sent ; mais qu'il se fasse en vous une transfor- mation par le renouvellement de votre esprit, afin que vous reconnoissiez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui est agréable àr ses jeux , et ce qui est parfait.
AUX R O M A I N S. Si/ ù. Je vous exhorte donc vous tous, selon le Jminlstère qui m'a été donné par gi'ace , de ne Vous point élever au-delà de ce que vous devez, dans les sentimens que vous avez de vous- mêmes; mais de vous tenir dans les bornes de la modération, selon la mesure du don de la foi que Dieu a départie à chacun de vous.
§. II. Tous ne font qu'un corps. Q^ue chaque membre fasse ce quil doit.
4. Car comme dans un seul corps nous avons plusieurs membres , et que tous ces membres n'ont pas la même fonction ;
5. Ainsi quoique nous soyons plusieurs, nous ne sommes tous néanmoins qu'un seul corps en Jésus-Christ, et nous sommes tous récipro- quement membres les uns des autres.
6. C'est pourquoi, comme nous avons tous des dons diilerens selon la grâce Cjui nous a été donnée; cpvie celui Cjui a reçu le don de prophétie, en use selon l'analogie et la règlç. de la foi.
7. Que celui c[ui est appelé au ministère de l'Eglise, s'attache à son ministère. Que celui qui a reçu le don d'enseigner , s'applique à enseigner;
8. Et que celui qui a reçu le don d'exhorter, exhorte les autres. Que celui qui fait l'aumône, la fasse avec simplicité. Que celui qui a la con-
Si§ EPITKË DE g. PAUL
à\i\\.e de ses frères j, s'en acquitte avec vigilance 5 et que celui qui exerce les œuvres de miséri- corde, le jasse avec joie.
9. Que votre charité soit sincère et sans dé- guisement. Ayez le mal en horreur, et attachez- vous fortement au bien.
10. Que chacun ait pour son prochain une affection et une tendresse vraiment fraternelle. Prévenez-vous les uns les autres par des témoi- gnages d'honneur et de déférence.
1 1. Ne soyez point lâches dans votre devoir. Conservez -vous dans la ferveur de l'esprit. Souvenez-vous que c'est le Seigneur que vous servez.
12. Réjouissez -vous dans votre espérance; soyez patiensdans les maux, persévérans dans la prière,
i3. Charitables pour soulager les nécessités des saints, prompts à exercer l'hospitalité.
14. Bénissez ceux qui vous persécutent, bé- nissez-les, et ne faites point d'imprécation con- tre eux.
i5. Soyez dans la joie avec ceux qui sont dans la joie , et pleurez avec ceux qui pleurent.
16. Tenez-vous toujours unis dans les mêmes sentimens et les mêmes affections. N'aspirez point à ce qui est élevé , mais accommodez- yous à ce qui est de plus bas et de plus humble. Ne soyez point sages à vos propres yeux.
1 7. Ne rendez à personne le mal pour le mal.
À U X R O M AI N s. Si^ Ayez soin de iaîre le bien, non seulement de- vant Dieu, mais aussi devant tous les hommes.
18. Vivez en paix, si cela se peut, et autant qu'il est en vous, avec toutes sortes de per- sonnes.
19. Ne vous vengez point vous-mêmes, mes chers frères, mais donnez lieu à la colère. Car il est écrit : C'est à moi que la vengeance est réservée, et c'est moi qui la ferai, dit le Sei*- gneur.
20. Au contraire, si votre ennemi a faim, donnez-lui à manger; s'il a soif , donnez-lui h boire; car agissant de la sorte, vous amasserez des charbons de feu sur sa tête.
2,1. Ne vous laissez point vaincre au mal; mais travaillez à vaincre le mal par le bien.
CHAPITRE XÎII.
§. I. Obéir aux puissances ordonnées de Dieu, Payer le tribut aux princes,
I. v^uEtout le monde soit soumis aux puissan- ces supérieures; car il n'j a point de puissance qui ne vienne de Dieu , et c'est lui qui a établi toutes celles qui sont sur la terre.
2. Celui donc qui s'oppose aux puissances, résiste à l'ordre de Dieu; et ceux qui y résis- tent, attirent la condamnation sur eux-mêmes..
3. Car les princes ne sont point à craindre.
Sso EPITRE DE S. fAUL lorsqu'on ne fait que de bonnes actions, maîs lorsqu'on en fait de mauvaises. Voulez -vous ne point craindre les puissances? Faites bien, et elles vous en loueront.
4. Le prince est le ministre de Dieu pour \ousJ}/voriser di\ns\e bien. Que si vous faites mal , vous avez raison de craindre , parce C|ue ce n'est pas en vain qu'il porte l'épée. Car il est le ministre de Dieu pour exécuter sa ven- geance, en pur*3sant celui qui lait de mauvaises actions.-
5. Il est donc nécessaire de vous y soumet- tre, non seulement par la crainte du châti- ment, mais aussi par un deifoir de conscience.
6. C'est pour cette même raison que vous payez le tribut aux princes ) parce qu'ils sont les ministres de Dieu, toujours appliqués aux fonctions de leur emploi.
§. 1 1. Rendre a chacun ce qui lui est dû. Amour du prochain. Abrégé de la loi.
y. Rendez donc à chacun ce qui lui est dû : le tribut, kqui ro/zj-^^rc^ le tribut ; les impôts, à qui l'ous devez les impôts ; la crainte, à qui yoiLS devez de la crainte ; l'honneur, à qui vous devez de l'honneur.
8. Acquittez-vous envers tous de tout ce que vous leur devez , ne demeurant redevables que de l'amour qu'on se doit les uns aux autres.
Car
AUX ROMAINS. 52t Car celui qui aime le prochain accomplit la loi;
9. Parce que ces commandemens de t)icu : Vous ne commettrez point d'adultère -.Vous ne tuerez point : Vous ne déroberez point : Vous ne porterez point de faux témoignage : Vous ne désirerez rien des birns de i^otre pro^ chain j et s'ilj en a quelqu'autre semblable; tous ces commandemens, dis-je, sont compris en abrégé dans cette parole : Vous aim^erez le prochain comme vous-même.
10. L'amour qu'on a pour lé prochain, ne souffre point qu'on lui lasse du mal. Et ainsi l'anjoùr est l'accomplissement de la loi.
11. Acquittons-nous donc de cet amour, et d'autant plus que nous savpns que le temps presse, et que l'heure est déjà venue de nous réveiller de notre assoupissement , puisque nous sommes plus proches de notre salut que lorsque nous avons reçu la foi.
§» HT. Marcher comme durant le jour. Fuit les vices. Se revêtir de Jésus-Christ,
12. La nuit est déjà fort avancée , et le jour s'approche. Quittons donc les œuvfes de ténè- bres, et revêtons-nous des armes de lumière.
iS-. Marchons avec bienséance el avec honnê- teté, comme on marche durant le jour. Ne vous laissez point aller aux débauches, ni aux ivro- 10. X
3212 EPITHE DE S. PAUL gneries; aux impudicités , ni aux dissolutions; aux querelles , ni aux envies ;
14. Mais revêtez-vous de notre Seigneur Jésus -Christ, et ne cherchez pas k contenter votre sensualité, en satisfaisant à ses désirs.
CHAPITRE XIV.
f . I. Chrétiens discernant les viandes judaïque- ment. Ne point condamner les foibles. Nul ne vit pour soi , mais pour Dieu,
I. Jaecevez avec charité celui qui est encore foiblc dans la foi , sans vous amuser à contester ai^ec lui,
2. Car l'un croit qu'il lui est permis de man- ger de toutes choses; et l'autre au contraire qui est foible dans lafoij ne mange que des légumes.
3. Que celui qui mange de fout j ne méprise point celui qui n'ose manger de tout ; et que celui qui ne mange pas de tout ^ ne condamne point celui qui mange de tout j, puisque Dieu l'a pris à son service,
4. Qui êtes-vous, pour oser ainsi condamner le serviteur d'autrui ? S'il tombe, ou s'il de- meure ferme, cela regarde son maître. Mais il demeurera ferme, parce que Dieu est tout- |)uissant pour l'affermir.
AUX îl 0 M A I N S. 323
ê. De même , l'un met de la différence entre les jours; l'autre considère tous les jours com,- me égaux. Que chacun agisse selon qu'il est pleinement persuadé dans son esprit.
6. Celui qui distingue les jours, les distingue pour plaire au Seigneur; celui qui mange ^fe tout ) le ïà\t pour plaire au Seigneur, et en rend grâces à Dieu; et celui qui ne mange pas Je tout j le Fait aussi pour plaire au Seigneur, et il en rend aussi içraces à Dieu.
y. Car chacun de nous ne vît pour soi-même; et aucun de nous ne meurt pour soi-même.
8. Soit que nous vivions, c'est pour le Sei- gneur que nous vivons ; soit que nous mou- rions, c'est pour le Seigneur que nous mou- rons. Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes toujours au Seigneur.
9. Car c'est pour cela mêrlie que Jésus-Christ est mort, et qu'il est ressuscité, afin d'avoir un empire souverain sur' les morts et sur les vivans.
§. IL Ne juger et n* attrister point son frère. Dieu est le juge de tous.
10. Vous donc , pourquoi condamnez-vous votre frère ? Et vous , pourquoi méprisez-vous le vôtre? Car nous paroîtrons tous devant le tribunal de Jésus-Christ;
il. Selon cette parole de l'Ecriture : Je jure
^24 EPITRE DE S. PAUL par;noi-même, dit le Seigneur, que tout genotf fléchira devant moi, et que toute langue con- fessera que c'est moi qui suis Dieu.
12, Ainsi chacun de nous rendra compte à pieu de soi-même.
i3. Ne nous jugeons donc plus les uns les autres ; mais jugez plutôt que vous ne devez pas donner à votre frère une occasion de chute et de scandale.
§. m. Fuir le scandale. Royaume de Dieu. Paix et joie. S* entr* édifier en toutes choses.
14. Je sais, et je suis persuadé, selon la doc- Irine du Seigneur Jésus, que rien n'est impur de soi-même, et qu'il n'est impur qu'à celui qui le croit impur.
i5. Mais si en mangeant de quelque chose, vous attristez votre frère , dès-là vous ne vous conduisez point par la charité. Ne faites pas périr par votre manger celui pour qui Jésus- Christ est mort.
16. Prenez donc garde de ne pas exposer aux médisances des hommes le bien dont nous jouissons.
17. Car le royaume de Dieu ne consiste pas dans le boire ni dans le manger, mais dans la justice, dans la paix et dans la joie que donne le Saint-Esprit.
j8. Et celui qui sert Jésus -Christ en cette
AUX ROMAINS. 3^5 iTianière, est agréable à Dieu, et approuvé des hommes.
19. Appliquons -nous donc à rechercher ce qui peut entretenir la paix parmi nous, et nous édifier les uns les autres.
2.0. Que le manger ne soit pas cause que vous détruisiez l'ouvrage de Dieu. Ce n'est pas que toutes les viandes ne soient pures; mais un homme fait mal d'en manger, lorsqu^enle fai- sant il scandalise les autres.
2.1. Et il vaut mieux ne point manger de chair, et ne point boire de vin , ni rien Jhi're de ce qui esta votre frère une occasion de chiite ou de scandale, ou qui le blesse, parce qu'il est foîble.
22. Avez-vous une foi éclairée? Contentez- vous de l'avoir dans le cœur aux yeux de Dieu. Heureux celui que la conscience ne condamne point en ce qu'il veut faire.
2,3. Mais celui qui étant en doute s^ il peut manger dhine viande j ne laisse pas d'en man- ger, il est condamné, parce qu'il n'agit pas selon la foi. Or tout ce qui ne se fait point selori la foi, est péché.^
326 EPITRE DE S. PAUL CHAPITRE XV.
§. I. Q^ue les forts supportent les foibles. Se consoler et se fortifier par l'Ecriture.
I. JN ous devons donc, nous qui sommes plus forts , supporter les foiblesses des infirmes , et non pas chercher notre propre satisfaction.
2. Que chacun de vous tâche de satisfaire son prochain dans ce qui est bon, et qui le peut édifier;
3. Puisque Je'sus-Christ n'a pas cherché à se satisfaire lui-même , selon ce qui est dit dans l'Ecriture : Les injures qu'on vous a faites sont retombées sur moi.
4. Car tout ce qui est écrit a été écrit pour* notre instruction , afin que nous concevions notre espérance ye/-/?ze par la patience, et par la consolation que les Ecritures nous donnent.
5. Que le Dieu de patience et de consolation vous fasse la grâce d'être toujours unis de sen- timent et d'affection les uns avec les autres, selon l'Esprit de Jésus-Christ;
6. Afin que d*un même cœur et d'une même bouche vous glorifiiez Dieu le Père de notre Seigneur Jésus-Christ.
7. C'est pourquoi unissez -vous les uns avec les autres pour vous soutenir mutuellement^
AUX ROMAINS. 827 comme Jésns-Christ vous a unis avec lui pour la gloire de Dieu.
§. 1 1. Bonté de Dieu envers les Gentils. Paix et joie dans le Saint-Esprit,
8. Car Je vous déclare que Jésus-Clirîst a été le dispensateur et le ministre de l'Evangile à l'égard des Juifs circoncis, afin que Dieu fut reconnu pour véritable par l'accomplissement des promesses qu'il avoit faites à leurs ])ères.
9. Et quant aux Gentils , ils n'ont à glorifier Dieu que de sa miséricorde, selon qu'il est écrit : C'est pour cette raison. Seigneur, que je publierai vos louanges parmi les Gentils, et que je chanterai des cantiques à la gloire de votre nom.
10. Il est encore écrit : Réjouissez-vous, Gentils, avec son peuple.
11. Et ailleurs : Gentils, louez tous le Sei- gneur; peuples, glorifiez-le tous.
12. Isaïe dit aussi : Il sortira de la tige de Jessé un rejeton qui s'élèvera pour régner sur les Gentils, et les Gentils espéreront en lui.
i3. Que le Dieu d'espérance vous comble de paix et de joie dans votre foi; afin que votre espérance croisse toujours de plus en plus par la vertu et la puissance du Saint-Esprit.
14. Pour moi , mes frères, je suis persuadé que vous êtes aussi vous-mêmes tout pleins de
328 EPITRE DE S. PAUL chitrité, que vous êtes remplis de toutes sortes de connoissances , et qu'ainsi vous pouvez vous instruire les uns les autres. ,^
§. HT, Fruit de la prédication de saint Paul parmi les Gentils, Aumônes des Eglises.
10. Néanmoins je vous ai écrit ceci , mes. frères, et peut-être avec un peu de liberté, voulant seulement vous Faire ressouvenir de ce que vous savez déjà, selon la grâce que Dieu in'a faite,
1 6. D'être le ministre de Jésus-Christ , parmi les nations, en exerçant la sacrificature de l'E- Vangile de Dieu, afin que l'oblation des Gentils lui soit agréable, étant sanctifiée par le Saint- Esprit.
17. J'ai donc sujet de me glorifier en Jésus^ Christ du succès de l'œuvre de Dieu.
18. Car je n'oserois vous parler de ce que Jésus-Christ a fait par moi, pour amener les nations à l'obéissance de lajoi par la parole et par les œuvres,
19. Par la vertu des miracles et des prodiges, et par la puissance du Saint-Esprit; de sorte Cjue j'ai porté l'Evangile de Jésus -Christ dans cette grande étendue de pays, qui est depuis Jérusalem jusqu'à l'Illyrie.
20. Et je me suis acquitté de ce ministère ^ de manière que j'ai eu soin de ne point prêchç^
AUX ROMAINS, 329 VEvania:ile dans les lieux où Jésus-Christ avoit déjà été prêché, pour ne point bâtir sur le fon- dement d'au^'ui , vérifiant ainsi cette parole de l'Ecriture :
21. Ceux à qui il n'avoit point été annoncé, verront sa l/imière j et ceux ciui n'av oient point encore ouï parler de lui j, entendront sapa^ rôle.
22. C'est ce qui m'a souvent empêché d'aller vers vous, et je ne l'ai pu faire jusqu'à cette heure.
^3. Mais n'ayant pins maintenant aucun sujet de demeurer davantage dans ce pajs-ci , et dé- sirant depuis plusieurs années de vous aller voir;
2,4. Lorsque je ferai le voyage d'Espagne, j'espère vous voir en passant ; afin qu'après avoir un peu joui de votre présence, vous me conduisiez en ce pays-là.
^5. Maintenant je m'en vais à Jérusalem , porter aux saints quelques aumônes.
2,6. Car les Eglises de Macédoine et d'Achaïe ont résolu, avec beaucoup d'alTection, de faire quelque part de leurs biens à ceux d'entre les saints de Jérusalem qui sont pauvres.
27. Ils s'j sont portés d'eux-mêmes, et en effet ils leur sont redevables. Car si les Gentils ont participé aux richesses spirituelles des Juifs, ils doivent aussi leur faire part de leurs biens temporels.
336 EPITRE DE S. PAUL
28, Lors donc que je me serai acquitté de ce devoir j et que je leur aurai distribué cette au- mône, je passerai par vos quartiers en m'en allant en Espagne.
129. Or je sais que quand je vous irai voir, ma venue sera accompagnée d'une abondante bénédiction de l'Evangile de Jésus-Christ.
3o. Je vous conjure donc, mes frères, par Jésus -Christ notre Seigneur, et par la charité du Saint -Esprit, de combattre avec moi par des prières que vous ferez à Dieu pour moi ;
3i. Afin qu'il me délivre des cA////j incrédules qui sont en Judée , et que les saints de Jérusa- lem reçoivent favorablement le service que je vais leur rendre;
32. Et qu'ainsi étant plein de joie, je puisse vous aller voir, si c'est la volonté de Dieu, et jouir avec vous d'une consolation mutuelle.
33. Je prie le Dieu de paix de demeurer avec vous tous. Amen.
AUX ROMAINS. 33t
CHAP I T R E XVI.
§. I. Saint Paul recommande et salue diverses personnes,
I. J E vous recommande notre sœur Pliébé, dJaconisse de l'Eglise qui est au port de Cen- chree ,
2,. Afin que vous la receviez au nom du Sei- gneur, comme on doit recevoir les saints, et que vous l'assistiez dans toutes les choses où elle pourroit avoir besoin de vous : car elle en a assisté elle même plusieurs, et moi en par- ticulier.
3. Saluez de ma pari Prisque et Aquilas, qui ont travaillé avec moi pour le service de Jésus- Christ ;
4. Qui ont exposé leur tête pour me sauver la vie, et à qui je ne suis pas le seul qui soit obligé , mais encore toutes les Eglises des Gentils.
5. Saluez aussi l'Eglise qui est dans leur maison. Saluez mon cher Epenète, qui a été les prémices des chrétiens de l'Asie.
6. Saluez Marie , qui a beaucoup travailla pour vous.
7. Saluez Andronique et Junie mes parens, ^ui ont élG compagnons de mes liens, qui sont
332 EPITRE DE S. PAUL considérables entre les apôtres, et qui ont em- brassé la foi de Jésus-Christ avant moi.
8. Saluez Amplias, que j'aime particulière- ment en notre Seiij;neur.
9. Saluez Urbain, qui a travaillé avec moî }3our le service de Jésus-Christ , et mon cher Stachjs.
10. Saluez Apelle , qui est un fidèle serviteur de Jésus-Christ.
11. Saluez ceux qui sont de la famille d'Aris- tobule. Saluez Hérodion mon cousin. Saluez ceux de la maison de Narcisse, qui sont nos
frères au Seigneur.
12. Saluez TryphèneetTrjphose, lesquelles travaillent pour le service du Seigneur. Saluez notre chère Perside, qui a aussi beaucoup tra- vaillé pour le service du Seigneur.
i3. Saluez Ru fus, qui est un élu du Seigneur j et sa mère, que je regarde comme la mienne.
14. Saluez Asjncrite , Phlégon , Hermas , Patrobe , Hermès , et nos frères qui sont avec eux.
i5. Saluez Philologue et Julie, Nérée et sa sœur, et Oljmpiade, et tous les saints qui sont avec eux.
16. Saluez-voûs les uns les autres par un saint baiser. Toutes les Eglises de Jésus-Christ vous saluent.
AUX ROMAINS. S33
§. I L Séducteurs flânent les simples. Etre sage dans le bien , simple dans le mal.
17. Mais je vous exhorte, mes frères , de prendre garde à ceux qui causent parmi vous des divisions et des scandales contre la doc- trine que vous avez apprise, et d'éviter leur compagnie.
18. Car ces sortes de gens Ae servent point Jésus-Christ notre Seigneur, mais sont escla- ves de leur sensualité; et par des paroles dou- ces et flatteuses, ils séduisent les âmes sim- ples.
19. L'obéissance que vous avez rendue à la Jol est venue à la connoissance de tout le monde,
et je m'en réjouis pour vous : mais je désire Cjue vous soyez sages dans le bien , et simples dans le mal.
2,0. Que le Dieu de paix écrase bientôt satan sous vos pieds. La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous.
21. Timothée, qui est le compagnon de mes travaux, vous salue ; comme aussi Lucius et Jason , et Sosipatre, qui sont mes parens.
22. Je vous salue au nom du Seigneur , moi Tertius qui ai écrit cette lettre.
28. Caïus, qui est mon hôte, et toute l'E- glise vous saluent. Eraste, trésorier delà ville, vous salue, et notre frère Quartus.
SS4 EPITRE DE S. VAVt,ete;
24. Que la grâce de notre Seigneur Jésus* Christ soit avec vous tous. Amen.
2.b. Gloire soit à celui qui est toul-pidssant pour vous affermir dans la foi de l'Evangile^ et de la doctrine de Jésus-Christ , que je prêche suivant la révélation du mystère, qtii étant de- meuré caché dans tous les siècles passés,
2.6. A été maintenant découvert par le moyen des oracles des prophètes , selon l'ordre du Dieu éternel , et est venu à la connoissance de tous les peuples, afin qu'ils obéissent à la foi ;
2.7. A Dieu , dis-je j qui est le seul sage , hon- neur et gloire par Jésus-Christ dans tous les siècles des siècles. Amen.
riN DE L £Pn RE D£ ». PAUL AUX PiOMAm.S,
I. E P I T R E
* DE SAINT PAUL
AUX CORINTHIENS.
ARGUMENT.
Cette Epître a été écrite en grec par l'apôtre saint Paul en son nom , et au nom de Sosthènes , qu'il appelle son frère, lorsqu'ils étoient tous deux logés chez Aqiiilas et Priscille à Ephèse , et non pas à Philippes , comme le portent quelques inscriptions ou titres ajoutés en for- me de notes à quelques exemplaires grecs , puisque cet apôtre dit aux Corinthiens auxquels il écrit , qu'il de- mem"era à Ephèse jusqu'à la Pentecôte , et qu'ensuite il passera par la Macédoine , et ira chez eux à Corinthe y passer l'hiver ; mais comme cet esj^ace de tem[)s lui parut un peu long , et qu'il avoit appris par dlflérens avis , peut-être par Sosthènes même , qui avant sa con- version avoit été le chef d'une dçs synagogues de Corinthe , par la fiimille de Chloé , et sur-tout par le récit de Stephanas , de Fortunat et d'Achaïque, et par les letl res de Coi inthe qu'ils avoient apportées , qu'il y avoit entre les fidèles de cette ville des partialités et des jalousies , et que chacun d'eux affectoit de relever le méiite de ses maîtres au préjudice des autres ; qu'ils soLiffroient dans leurs assemblées un jeune homme qui avoit commis un inceste avec sa belle - n»ère ; qu'ils avoient des procès entre eux , et qu'ils portoient leurs différends devant les tribunaux des Gentils ; que dans les repas de charité qu'ils faisoient ensemble , les riches mangeoient séparément ce qu'ils avoient apporté , et méprisoient les pauvres; et qu'il y avoit entre eux quel- que dispute touchant le mariage , la virginité , les vian- des immolées , et la résurrection des morts. Il crut qu'il deyoit leur écrire pour appaiser leurs contestations ,
décider
A R G U M E N t. S37
décider ïeurs doutes , et légler ce qui pouvoit regarder* la discipline. C'est ce qu^il fait dans cette Epître ditne manière également fernle , solide et charitable , entre- mêlant ses réprimandes de louanges et de témoignages de tendresse et d'amitié ; il y console les uns , et rassure les autres contre la persécution dont ils étoient mena- cés , et leur prescrit des règles pour se conduii^e avec décence et subordination dans leurs assemblées^
Il paroît que cette lettre a été écrite par l'apôtre trois mois avant la Pentecôte , de l'année 5y , de l'ère vul- gaire , 24 ans après la mort de Jésus-Christ ; ce qui se justifie par le rapport de plusieurs faits et circonstances marqués dans cette Epître , avec ce qui est rappoi té dans les Actes , des voyages de cet apôtre : car il est dit , Act. 18, r. 26 , qu'Apollon se retira à Ephèse chea Aquilas etPriscille , et que l'apôtre , après avoir traversé les hautes provinces d'Asie , vint à Ephèse , Act. 1 9 , f». 1 , lorsqu' Apollon en étoit parti poui^ aller à Cormthe ; sans doute pour satisfau'e à la prière que l'apôtre lui en avoit faite , comme il le marque dans cette Epître , chap, 16 , ('. 12. Et ce fut pendant le séjour qu'Apollon fit à Corinthe , que les Corinthiens se divisèrent entre eux au sujet de leurs maîtres , comme l'apôtre s'en plaint au i^. 1 2 , du chape 1 , de cette Epître. Il est dit , Act. 1 8 ^ ç. 23 , que l'apôtre paicourut toute la Galatie ; et dans cette Epître , chap. 16 , t^. 1 et suiv. saint Paul dit qu'il vint à Ephèse après avoir donné des ordres aux Eglise» de Galatie pour recueillir les aumônes qu'il devoit por- ter aux fidèles de Jérusalem. Il est dit dans les Actes , chap. 19, (^. 32 , que Timothée et Eraste étoient alora en Macédoine, et dans cette Epître, chap» 16, f. 10, l'apôtre dit qu'il croyoit que Timothée se rendioi^ à 10. Y
338 ARGUMENT.
Corinthe ; ainsi il n'étoit point avec lui à Eplièse. Enfin il est rapporté dans les Actes, chap. 19, f. 21 , que saint Paul se proposoit alors de passer par la Macé- doine et par l'Achaïe , et ensuite d'aller à Jérusalem : et ici , chap. 1 6 , t». 3 , 4 ^^ ^ ? l'apôtre dit qu'il se disposoit de passer par la Macédoine , d'aller à Corinthe , Ct de là à Jéixisalem ; les Actes ajoutent que tous ces desseins de voyages fui ent dérangés par l'accident imprévu du grand trouble que l'oi fèvre Démétrius excita à Ephèse contre l'apùtre saint Paul , Act. 19 , ^'. 24.
y
I E P i T R E
DE SAINT PAUL
AUX CORINTHIENS.
CHAPITRE PREMIER.
§. I. Schisme parmi les Corinthiens. L*un est a Paul y l'autre a Apollon.
ï.Pau l, apôtre de Jésus-Christ, par la voca* tion et la volonté de Dieu, et Sosthène son frère ;
i2,. x\ l'Eglise de Dieu qui est à Corintlie, aux Jîdèles que Jésus -Christ a sanctifiés, et que sa vocation a rendus saints; et à tous ceux qui, en quelque lieu que ce soit , invoquent le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, qui est leur Sti^ gneur comme le nôtre.
3. Que Dieu notre père , et Jésus-Christ notre Seigneur vous donnent la grâce et la paix.
4. Je rends pour vous àmon Dieu des actions de grâces continuelles, à cause de la grâce de Dieu , qui vous a été donnée en Jésus-Christ ;
6. Et de toutes les richesses dont vous avez
y*
340 T. EPITRE DE S. PAUL
été comblés en lui dans tout ce qui regarde le
don de la parole et de la science;
6. Le témoignage qu'on vous a rendu de Jésus-Christ , ajant été ainsi confirmé parmi vous :
7. De sorte qu'il ne vous manque aucun don, dans l'attente où vous êtes de la manifestation de notre Seigneur Jésus-Christ.
8. Et Dieu vous affermira encore jusqu'à la fin, pour être trouvés sans crime au jour de l'avènement de Jésus-Christ notre Seigneur.
9. Dieu, par lequel vous avez été appelés à la société de son Fils Jésus- Christ notre Sei- gneur , est fidèle et véritable.
10. Or, je vous conjure, mes frères, par le nom de Jésus-Christ notre Seigneur, d'avoir tous un même langage, et de ne point souffrir parmi vous de divisions ni de schismes; mais d'être tous unis ensemble dans un même esprit et dans un même sentiment.
11. Car j'ai été averti, mes frères, par ceux de la maison de Chloé, qu'il y a des contesta- tions parmi vous.
i^. Ce que je veux dire est, que chacun de vous prend parti en disant : Pour moi je suis à Paul ; et moi je suis à Apollon ; et moi je suis à Céphas ; et moi je suis à Jésus-Christ.
i3. Jésus-Christ est-il donc divisé? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? ou avez- vous été batisés au nom de Paul?
AUX CORINTHIENS. 841 14. Je rends grâces k Dieu de ce que je n'ai
batisé aucun de vous, sinon Crispe et Caïus ; i5. Afin que personne ne dise que vous aveis
été batisés en mon nom.
' 16. J'ai encore batisé ceux de la famille de
Stéphanas ; et je ne sache point en avoir batisé
d'autres :
17. Parce que Jésus- Christ ne m'a pas envoyé pour batiser, mais pour prêcher l'Evangile, et le prêcher sans j' employer la sagesse de la parole, pour ne pas anéantir la croix de Jésus- Christ.
§ . lï. Sagesse humaine réprouvée de Dieu. Croix ^ • scandale des uns _, et salut des autres.
18. Car la rédication delà croix est une folie pour ceux qui se perdent ; mais pour ceux qui se sauvent, c'est-à-dire, pour nous, elle est la vertu et la puissance de Dieu.
19. C'est pourquoi il est écrit : Je détruirai la sagesse des sages, et je rejetterai la science des savans.
20. Que sont devenus les sages ? Que sont devenus les docteurs de la loi ? Que sont deve- nus ces esprits curieux ^ei^i^cz^^cfi" de ce siècle? Dieu n'a-t-il pas convaincu de folie la sagesse de ce monde ?
21. Car Dieu voyant que le monde avec la sagesse humaine ^t ne l'avoit point connu dans
342 î. EPITRE DE S. PAUL les ouvrages de la sagesse divine , il lui a plu cîe sauver par la folie de la ple'dication ceux qui croiroient en lui.
22. Les Juifs demandent des miracles , et les Gentils cherchent la sagesse.
2,3. Quant à nous , nous prêchons Jésus-» Christ crucifié, qui est un scandale aux Juifs ^ et une folie aux Gentils;
24. Mais qui est la force de Dieu et la sagesse de Dieu à ceux qui sont appelés, soit Juifs , soit Gentils ;
25. Parce que ce qui paroît en Dieu une folie , est plus sage que la sagesse de tous le& hommes; et que ce qui paroît en Dieu une foiblesse , est plus fort que la force de tous les hommes. /
§. 1 1 L Peu de grands et de nobles parmi les fidèles. Force confondue par la foiblesse,
26. Considérez, mes frères, qui sont ceux d'entre vous qui ont été appelés à la foi. Il y en a peu de sages selon la chair, peu de puisr. çans et peu de nobles.
27. Mais Dieu a choisi les moins sages selon le monde, pour confondre les sages; il a choisi les foihles selon le monde, pour confondre les puissans.
28. Il a choisi les plus vils et les plus mépri-. sables selon le monde, et ce qui n'étoit rien ^
AUX CORINTHIENS. 3-|3 pour détruire ce cju'il y avoit dt plus grand;
2,9, Afin c[ue nul homme ne se glorifie de- vant lui.
3o. C'est par cette voie que vous êtes établis en Jésus-Christ, qui nous a été donné de Diea pour être notre sagesse, notre justice, notre sanctification et notre rédemption;
3t. Afin que, selon qu'il est écrit, celui qui se glorifie, ne se glorifie f/ue dans le Seigneur»
CHAPITRE II.
§. I. Rien d*humam dans les discours de saint Paul. Il ne sait que Jésus crucifié. Les mi- racles sont ses preuves.
1. Pour moî, mes frères, lorsque je suis venu vers vous pour vous annoncer l*Evangile de Jésus-Christ, je n'y suis point venu avec les discours élevés d'une éloquence et d'une sa- i^resse humaine.
o
2. Car je n'ai point fait profession de savoir autre chose parmi vous que Jésus -Christ , et Jésus-Christ crucifié.
3. Et tant que j'ai été parmi vous , j'y ai tou- jours été dans un état de foiblesse, de crainte et de tremblement.
4. Je n*ai point employé en vous parlant , et en vous prêchant, les discours persuasifs de la
344 I- EPITRE DE S. PAUL. sagesse humaine, mais les effets sensibles de l'esprit et de la vertu de Dieu ;
5. Afin que votre foi ne soit pas établie sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.
§, II. Sagesse cachée au monde , révélée a l'Eglise, L'esprit de Dieu fait connoître Dieu. Homme charnel et spirituel»
6. Nous prêchons néanmoins la sagesse aux parfaits, non la sagesse de ce monde , ni des princes de ce monde qui se détruisent;
Mais nous prêchons la sasresse de Dieu
y. Mais nous p
îd'
renfermée dans son mystère , cette sagesse ca- chée qu'il avoit prédestinée et préparée avant tous les siècles pour notre gloire;
8. Que nul des princes de ce monde n'a con- nue ; [ puisque s'ils l'eussent connue, ils n'eus- sent jamais crucifié le Seigneur de la gloire ; ]
Q. Et de laquelle il est écrit : Que Tœil n'a point vu , l'oreille n'a point entendu, et le cœur de rhomme n'a jamais conçu ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment :
10. Mais pour nous, Dieu nous l'a révélé par son Esprit ; parce que l'Esprit pénètre tout , et même ce qu'il y a de plus caché dans la profondeur de Dieu.
11. Car qui des hommes connoît ce qui est en l'homme, sinon l'esprit de l'homme qui est
AUX CORINTHIENS. 845 en lui ? xALinsi nul ne connoît ce qui est en Dieu , que l'Esprit de Dieu.
12. Or nous n'avons point reçu l'esprit du monde, mais l'Esprit de Dieu, afin que nous connoissions les dons que Dieu nous a faits :
i3. Et nous les annonçons , non avec les dis- cours qu'enseigne la sagesse humaine , mais avec ceux que l'Esprit enseigne, traitant spiri- tuellement les choses spirituelles.
14. Or l'homme animal n'est point capable des choses qui sont de l'Esprit de Dieu : elles lui paroissent une folie, et il ne les peut com- prendre ; parce que c'est par une lumière spi- rituelle qu'on en doit juger,
i5. Mais l'homme spirituel juge de tout, et n'est jugé de personne.
16. Car qui connoît l'Esprit du Seigneur, et qui peut l'instruire e/le conseiller? Mais pour nous, nous avons l'esprit de Je'sus-Christ.
346 I. EPITRE DE S. PAUL
CHAPITRE HT.
§. I. On devient charnel par les vices même de l'esprit. Les ministres plantent ^ l'accroisse- ment vient de Dieu.
I. Aussi, mes frères, je n'aî pu vous parler comme à des hommes spirituels , mais comme à des personnes encore charnelles, comme à des enfans en Je'sus-Christ.
2. Je ne vous ai nourris que de lait, et non de viandes solides, parce que vous n'en étiez pas alors capables ; et à présent même vous ne l'êtes pas encore, parce que vous êtes encore charnels.
3. Car puisqu'il y a parmi vous des jalousies et des disputes, n'est-il pas visible que vous êtes charnels, et que votre conduite est bien humaine ?
4. Et puisque l'un dit : Je suis à Paul, et l'au- tre : Je suis à Apollon , n'êtes-vous pas encore charnels ? Qu'est-ce donc que Paul , et qu'est-ce qu'Apollon ?
5. Ce sont des ministres de celui en qui vous avez cru, et chacun selon le don qu'il a reçu du Seigneur.
6. C'est moi qui ai planté, c'est Apollon qui a arrosé, mais c'est Dieu qui a donné l'accrois- sement.
AUX CORINTHIENS. 847
7. Ainsi celui qni plante n'est rien, ni celui qui arrose ; mais tout vient de Dieu qui donne Faccroissement.
8. Et celui qui plante et celui qui arrose ne sont qu'une même chose; mais chacun recevra sa récompense particulière selon son travail.
§. II. Fidèles champ et édifice de Dieu. Jésus- Christ fondemenî. Qui bâtit sur du foin et de la paille j sauvé par le feu.
9. Car nous sommes les coopérateurs de Dieu ; et vous , vous êtes le champ que Dieu cultive, et l'édifice que Dieu bâtit.
10. Pourmoi j, selon la grâce que Dieu m*a donnée, j'ai jeté le fondement comme fait un sage architecte; un autre bâtît dessus : mais que chacun prenne garde comment il bâtit sur ce fondement.
1 1. Car personne n'en peut poser d'autre que celui qui a été posé , qui est Jésus-Christ.
iti. Que si l'on élève sur ce fondement un édifice d'or, d'argent, de pierres précieuses, de bois , de foin , de paille ;
i3. L'ouvrage de chacun paroîtra enjin _, et le jour du Seigneur fera voir quel il est ; parce qu'il sera découvert par le feu , et que le feu ïïiettra à l'épreuve l'ouvrage de chacun.
14. Que si l'ouvrage de quelqu'un demeure seins êlie bridé ^ il en recevra la récompense.
348 L EPITRE DE S. PAUL
i5. Si au contraire l'ouvrage de quelqu*uii est brûlé, il en souffrira la perte : il ne laissera pas ne'anmoins d'être sauvé, mais comme en passant par le feu.
§. III. Chrétiens temple de Dieu ; le vrai sage est fou selon le monde. Tout est a t homme, et l* homme est a Jésus-Christ.
i6. Ne savez-vous pas que vous êtes le tem- ple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ?
17. Si quelqu'un profane le temple de Dieu, Dieu le perdra. Car le temple de Dieu est saint, et c'est vous qui êtes ce temple.
18. Que nul ne se trompe soi-même. Si quel- qu'un d'entre vous pense être sage selon le monde, qu'il devienne fou pour devenir sage;
19. Car la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu , selon qu'il est écrit : Je surpren- drai les sages par leur fausse prudence.
2.0. Et ailleurs : Le Seigneur pénètre les pensées des sages , et il en connoît la vanité.
21. Que personne donc ne mette sa gloire dans les hommes.
sa. Car tout est à vous , soit Paul , soit Apol- lon, soit Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les futures, tout est à vous.
AUX CORINTHIENS. S49 ê3. Et vous, vous êtes à Jésus -Christ, et Jésus-Christ est à Dieu.
CHAPITRE IV.
§. I. Saint Paul n'ose se juger lui-même. Ne juger point les ministres de Dieu; ne s'y point attacher,
I. Q u E les hommes nous considèrent comme les ministres de Jésus-Christ, et comme les dis- pensateurs des mystères de Dieu.
2. Or ce qui est à désirer dans les dispensa- teurs , c'est qu'ils soient trouvés fidèles.
3. Pour moi je me mets fort peu en peine d'être jugé par vous, ou par quelque homme que ce soit : je n'ose pas même me juger moi- même.
4. Car encore que ma conscience ne me re- proche rien , je ne suis pas justifié pour cela; mais c'est le Seigneur qui est mon juge.
6. C'est pourquoi ne jugez point avant le temps, jusqu'à ce que le Seigneur vienne, qui produira à la lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et découvrira les plus secrettes pen- sées des cœurs; et alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due.
6. Au reste , mes frères , j'ai proposé ces choses sous mon nom, et sous celui d'Apollon,
35o ï. EÏ'ITRE DE S. PAtJL à cause de vous ; afin que vous appreniez paf notre exemple à n'avoir pas de vous d'autres sentimens que ceux que je viens de marquer; et que nul, pour s'attacher à quelqu'un, ne s'enfle de vanité contre \\n autre.
§. I î. Discernement vient de Dieu, Souffrances et patience des apôtres.
7. Car qui est-ce qui met de la difTcrence entre vous? Qu'avez -vous que vous n'ayez reçu? Que si vous l'avez reçu , pourquoi vous en glorifiez- vous , comme si vous ne l'aviez point reçu?
8. Vous êtes déjà rassasiés, vous êtes déjà riches; vous régnez sans nous, et plût à Dieu que vous régnassiez, afin que nous régnassions *ivec vous !
9. Car il semble que Dieu nous traite, nous autres apôtres, comme les derniers des hommes, comme ceux qui sont condamnés à la mort, nous faisant servir de spectacle au monde, aux anges et aux hommes.
10. Nous sommes fous pour l'amour de Jésus - Christ ; mais vous autres, vous êtes sages en Jésus-Christ : nous sommes foihles , et vous êtes forts : vous êtes honorés , et nous sommes méprisés.
11. Jusqu'à cette heure nous soufirons la fiiim et la soif, la nudité et les mauvais trai-^
AUX CORINTHIENS. 35î temens ; nous n'avons point de demeure stable :
12. Nous travaillons avec beaucoup de peine de nos propres mains : on nous maudit, et nous bénissons : on nous persécute , et nous le souf- frons :
i3. On nous dit des injures, et nous répon- dons par des prières : nous sommes devenus comme les ordures du monde , comme des ba- layures qui sont rejetées de tous.
§. III. Royaume de Dieu dans les œuvres , non dans les paroles. S évérué paternelle de saint PauL
14. Je ne vous écris pas ceci pour vous cau- ser de la honte ; mais je vous avertis de votre devoir, comme mes très-cliers enfans.
i5. Car quand vous auriez dix mille maîtres en Jésus-Christ, vous n'avez pas néanmoins plusieurs pères, puisque c'est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ par l'Evangile.
16. Soyez donc mes imitateurs, je vous cti conjure, [ comme je le suis moi-même de Jésus-Christ ].
17. C'est pour cette raison que je vous ai en- voyé Timothée, qui est mon fils très-cher et très-fidèle en notre Seigneur ; afin qu'il vous fasse ressouvenir de la manière dont je vis moi-même en Jésus -Christ, selon ce que j'en- seigne partout dans toutes les Eglises.
S52 I EPITÏIE DE S. PAUL
18. Il j en a parmi vous qui s'enflent de pre^ somption, comme si je ne devois plus vous aller voir.
19. Je vous irai voir néanmoins dans peu de temps , s'il plaît au Seigneur ; et alors je recon- lîoîtrai , non quelles sont les paroles, mais quels sont les effets de ceux qui sont enflés de vanité.
2.0. Car le royaume de Dieu ne consiste pas dans les paroles, mais dans les effets.
2.1. Que voulez -vous que je fasse? Aimez- vous mieux que je vous aille voir la verge à la main , ou avec charité et avec un esprit de douceur ?
CHAPITRE V.
§. I. Incestueux sujet des larmes de toute une
Eglise y livré a Satan.
1. C'est un bruit constant qu'il y adel'impu*- reté parmi vous, et une telle impureté, qu'on n'entend point dire qu'il s'en commette de semblable parmi les païens; jusque-là qu'un {Ventre tous abuse de la femme de son père.
2,. Et après cela vous êtes encore enflés d'or- gueil ; et vous n'avez pas au contraire été dans les pleurs, pour faire retrancher du milieu de vous celui qui a commis une action si honteuse.
3. Pour moi étant absent de corps, mais pré- sent
AUX CORINTHIENS. 353 «ent en esprit, j'ai déjà porté ce jugement com- me présent;
4. C'est que dans votre assemblée , où>'je me trouverai en esprit, au nom de notre Seiii,neui' Jésus-Christ, celui qui est coupable de cecrime Soit , par la puissance de notre Seigneur Jésus,
5. Livré à satan , pour mortifier sa chair, afin que son ame soit sauvée au jour de notre Seigneur Jésus-Christ.
§. II. Jésus-Christ notre Pdque. Aiymes de sincérité et de vérité, I^* avoir point de com^ mer ce avec les chrétiens vicieux»
6. Vous n'avez donc point sujet de vous tant glorifier. Ne savez-vous pas qu'un peu de le- vain aigrit toute la pâte?
7. Purifiez -vous du vieux levain , afin que vous soyez une pâte toute nouvelle, comme vous êtes vraiment les pains purs et sans levain. Car Jésus-Christ a été immolé, lui qui est no- tre Agneau paschal.
jè. C'est pourquoi célébrons cette fête, non avec le vieux levain , ni avec le levain de la ma- lice et de la corruption; mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité.
9. Je vous ai écrit dans une lettre, que vous n'eussiez point de commerce avec les fornica- teurs:
10. Z
354 ï- E PITRE D E S. PAUL
10. Ce que je n'entends pas des fornicatenrss de ce monde, non plus que des avares, des ravisseurs dn bien d'aiilnii y ou des idolâtres ; autreipent il faudroit que vous sortissiez du monde.
11. Mais quand je vous ai écrit que vous ii*eussiez point commerce avec ces sortes de Y^crsonnes , /'ai en /cndfi que si celui qui est du nombre de vos frères , est fornicaleur , ou avare, ou idolâtre, ou médisant, ou ivrogne, ou ra\isseur r/// bief? d' autrui j vous ne man- giez pas même avec lui.
12. Car pourquoi entreprendrois-jede juger ceux qui sont hors de V Eglise? N'est-ce pas de ceux qni sont dans l'Eglise que vous avez droit déjuger?
i3. Dieu jugera ceux qui en sont dehors. Mais peur vous , retranchez ce méchant du milieu de vous.
AUX COIIINTHIENS. 355
CHAPITRE VI.
§. I. Fuir les procès ; souffrir plutôt T Injustice.
î. (comment se trouvc-t-il quelqu'un parmi vous qui ayant un dilTerend avec son frère, ose l'appeler en jugement devant les mécbans ^'Z les infidèles, et non pas devant les saints?
2. Ne savez-vous })as que les saints doivent un jour jui^er le monde? Que si vous devez juger le monde, êtes -vous indignes de juger des moindres choses?
3. Ne savez-vous pas que nous serons les juges des anges mêmes ? Combien plus le de- vons-nous être de ce qui ne regarde que la vie présente?
4. Si donc vous avez des diîT'érends entre vous touchant les choses de cette vie, prenez pour juges dans ces matières les moindres per- sonnes de TEiilise.
5. Je vous le dis pour vous faire confusion. Est-il possible qu'il ne se trouve point parmi vous un seul homme sage qui puisse être juge entre ses frères?
6. Mais on voit un frère plaider contre son frère ; et encore devant des infidèles.
7. C'est déjà un péché parmi vous de ce que vous avez des procès les uns contre les autres. Pourquoi ne soufïrez-vous pas plutôt les injus-
356 I. EPITRE DE S. PAUL
tices ? Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt
qu'on vous trompe?
8. Mais c'est vous-mêmes qui faites tort aux autres, qui les trompez, et qui traitez ainsi vos propres frères.
§. IL Kices et péchés qui nous ferment le ciel. Tout ce qui se peut faire , ne se doit pas faire.
9. Ne savez-vous pas que les injustes ne se- ront point héritiers du royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas , ni les fornicateurs , ni les idolâtres , ni les adultères ,
10. Ni les impudiques, ni les abominables, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les médisans , ni les ravisseurs du bien d' autrui y ne seront point héritiers du royaume de Dieu.
11. C'est ce que quelques-uns de vous ont été autrefois : mais vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés , vous avez été justifiés au nom de notre Seigneur Jésus-Christ , et par l'Esprit de notre Dieu.
12,. Tout m'est permis, mais tout n'est pas avantageux. Tout m'est permis, mais je ne me rendrai esclave de quoi que ce soit.
i3. Les viandes sont pour le ventre, et le ventre est pour les viandes; et un jour Dieu détruira l'un et l'autre. Le corps n'est point
AUX CORINTHIENS. 35/ pour la fornication, mais pour le Seigneur, et le Seii^neur est pour le corps.
14. Car comme Dieu a ressuscité le Seiia;neur, il nous ressuscitera de même par sa puissance.
§. III. Chriden impur souille Jésus -Christ en lui ; son corps temple du Saint-Esprit, ■ L'esclave racheté n est plus a lui-même.
i5. Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres de Jésus-Christ : arracherai-je donc à Jésus-Christ ses propres membres, |)oiir les faire devenir les membres d'une prostituée? A Dieu ne plaise.
16. Ne savez-vous pas que celui qui se joint a. une prostituée est un même corps avec elle? Car ceux qui étoient deux ne seront plus qu'une chair , dit l' Ecrit lire.
17. Mais celui qui demeure attaché au Sei- gneur, est un même esprit avec lui.
18. Fuyez la fornication. Quelque autre pé- ché que l'homme commette , il est hors du corps; mais celui qui commet la fornication, pèche contre son propre corps.
19. Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit, qui réside en vous, et qui vous a été donné de Dieu , et que vous n'êtes plus à vous-mêmes?
5.0. Car vous avez été achetés d'un grand
358 I. EPITRE DE S. PAUL prix. Glorifiez donc , et portez Dieu dans votre corps.
CHAPITRE VIL
§. I. Avis pour les personnes mariées. Chacun a son don.
1. -Tour ce qui regarde les choses dont vous m'avez écrit ,je vous dirai qu^'A est avantageux à l'homme de ne toucher aucune femme.
2. Néanmoins, pour éviter la fornication, que chaque homme vive avec sa femme, et chaque femme avec son mari.
3. Que le mari rende à sa femme ce qu'il liiî doit, et la femme ce qu'elle doit à son mari.
4. Le corps delà femme n'est point en sa puis- sance, mais en celle du mari ; de même le corps du mari n'est point en sa puissance, mais en celle de la femme.
5. Ne vous refusez point l'un à l'autre ce devoir, si ce n'est du consentement de l'un et de l'autre pour un temps , afin de vous exercer à l'oraison; et ensuite vivez ensemble comme auparavant, de peur que le démon ne prenne sujet de votre incontinence pour voits tenter,
6. Ce que je vous dis comme une chose qu'on vous pardonne , et non pas qu'on vous coin-* mande.
AUX CORINTHIENS. 359
7. Car je voudrois que tous les hommes fus- sent en Fétat où je suis moi-môme : mais cha- cun a son don particulier selon qu'il le reçoit de Dieu, l'un d'une manière, et l'autre d'une autre.
8. Quant aux. personnes qui ne sont point mariées, ou qui sont veuves, je leur déclare qu'il leur est bon de demeurer en cet état, comme j'y demeure moi-même.
9. Que s'ils sont trop foibles pour garder la continence , qu'ils se marient ; car il vaut mieux se marier que de brûler.
10. Quant à ceux qui sont déjà mariés, ce n'est pas moi , mais le Seigneur qui leur fait ce commandement , qui est que la femme ne se sépare point d'avec son mari :
11. Que si elle s'en sépare , qu'elle demeure sans se marier , ou qu'elle se réconcilie avec son mari; et que le mari de môme ne quitte point sa femme.
12. Pour ce c[ui est des autres , ce n'est pas le Seigneur, mais c'est moi qui leur dis : Que si un mari fidèle a une femme qui soit infidelle, et qu'elle consente de demeurer avec lui , qu'il ne se sépare point d'avec elle :
i3. Que si une femme fidelle a un mari qui soi t infidèle , et qu'il consente de demeurer avec elle , qu'elle ne se sépare point d'avec lui :
14. Car le mari infidèle est sanctifié par la femme fidelle^etla femme infidelle est sanctifiés^
S6o I. EPITRE DE S. PAUL par le mari fidèle; autrement vos enfans se^ roient impurs, au lieu que maintenant ils sont saints.
i5. Que si le mari infidèle se se'pare d'avec sa femme qui est fidelle, qu'elle le laisse aller, parce qu'un frère ou une sœur ne sont plus assujétis en cette rencontre : mais Dieu nou9 a appelés pour vivre en paix.
i6. Car que savez-vous , ô femme ! si vous ne sauverez point votre mari ? Et que savez-vous aussi, 6 mari ! si vous ne sauverez point votre femme ?
17. Mais que chacun se conduise selon le don particulier qu'il a reçu du Seigneur, et selon l'état dans lequel Dieu l'a appelé : et c'est ce que j'ordonne dans toutes les Eglises,
§. 1 1. Esclaves , libres. Que chacun demeure dans rhat ou Dieu L'a appelé.
18. Un homme est-il appelé à la fol étant circoncis? Qu'il n'atïècte point de paroître in- circoncis. Y est-il appelé n'étant point circon- cis ? Qu'il ne se fasse point circoncire.
19. Ce n'est rien d'être circoncis , et ce n'est rien d'être incirconcis; mais le tout est d'ob- server les commandemens de Dieu.
20. Que chacun demeure dans l'état où il étoit quand Dieu l'a appelé.
^i. Avez'vous été appelé à la foi étant escla-
AUX CORINTHIENS. 36r Ve? Ne portez point cet état avec peine; maïs plutôt faites-en un bon usage, quand même vous pourriez devenir libre.
22. Car celui C|ui étant esclave est appelé au service du Seigneur, devient affranchi du Sei- gneur; et de même celui qui est appelé étant libre, devient esclave de Jésus-Christ.
23. Vous avez été achetés d'un grand prix, ne vous rendez pas esclaves des hommes.
24. Que chacun, mes frères, demeure donc dans l'état où il étoit lorsqu'il a été appelé, et qu'il s'j tienne devant Dieu.
§. III. Avantages de la virginité ; peines du mariage. User du monde comme nen usant point. Bonheur des veuves.
20. Quant aux vierges , je n'ai point reçu de commandement du Seigneur ; mais voici le conseil que je donne comme étant fidèle minis- tre du Seigneur, par la miséricorde qu'il m'en a faite:
26. Je crois donc qu'il est avantageux, à cause des fâcheuses nécessités de la vie présente; qu'il est, dis-je ^ avantageux à l'homme de ne se point marier.
27. Etes-vous lié avec une femme? ne cher- chez point à vous délier. N'êtes-vous point lié avec une femme? ne cherchez point de femme.
a8. Que si vous épousez une femme, vous
36i2 L EPITRE DE S. PAUL ne péchez pas; et si une fille se marie, elle ne pèche pas non plus. Mais ces personnes souffri- ront dansleurchair des afflictions^/ des peines. Or je voudrois vous les épargner.
2,9. Voici donc , mes frères , ce que j'ai à vous dire : Le temps est court; et ainsi que ceux mêmes qui ont des femmes, soient com- me n'en ayant point ;
3o. Et ceux qui pleurent, comme ne pleu- rant point ; ceux qui se réjouissent , comme ne se réjouissant point ; ceux qui achètent, com- me ne possédant point :
3i. Enfin ceux qui usent de ce monde, com- me n'en usant point; car la figure de ce monde passe.
32. Pour moi , je désire devons voir dégagés de soins et d'incpiiétudes. Celui qui n'est point marié, s'occupe du soin des choses du Sei- gneur, et de ce qu'il doit faire pour plaire à Dieu.
33. Mais celui qui est marié, s'occupe du soin des choses du monde, et de ce qu'il doit faire pour plaire a sa femme; et ainsi il se trou- ve partagé.
34. De même une femme qui n'est point mariée, et une vierge, s'occupe du soin dea choses du Seigneur, afin d'être sainte de corps et d'esprit; mais celle qui est mariée, s'occupe du soin des choses du monde, et de ce qu'elle doit faire pour plaire à son mari.
AUX CORINTHIENS. 363
35. Or je vous dis ceci pour votre avantai^e; non pour vous tendre un piège ; mais pour vous porter seulement à ce qu'il y a de plus saint , et qui vous donne un moyen plus facile de prier Dieu sans empêchement.
36. Que si quelqu'un croit que ce lui soit un déshonneur que sa fille passe la fleur de son âge sans être mariée j et qu'il juge la devoir marier, qu'il fasse ce qu'il voudra; il ne péche- ra point si elle se marie.
Sy. Mais celui qui n'étant engagé par aucune nécessité, et qui se trouvant dans un plein pouvoir de faire ce qu'il voudra, prend une ferme résolution dans son cœur, et juge en lui-même qu'il doit conserver sa fille vierge, fait une bonne œuvre.
38. Ainsi celui qui marie sa fille, fait bien; et celui qui ne la marie point , fait encore mieux.
39. La femme est liée à la loi dit mariage ^ tant que son mari est vivant : mais si son mari meurt , elle est libre ; qu'elle se marie à qui elle voudra, pourvu que ce soit selon le Seigneur.
40. Mais elle sera plus heureuse si elle de- meure veuve , comme je le lui conseille ; et je crois que j'ai aussi l'Esprit de Dieu.
364 I. EPITRE DE S. PAUL
C HAP I T R E VIII.
§. I. Viandes immolées. La science enfle ; la charité édifie. Qui aime Dieu est connu de lui,
I. VOUANT aux vîandes qui ont été immolées aux idoles , nous n'ignorons pas que nous avons, tous sur ce sujet assez de science ; mais la science enfle, et la charité édifie.
2. Que si quelqu'un se flatte de savoir quel- que chose, il ne sait pas même encore de quelle manière on doit savoir.
3. Mais si quelqu'un aime Dieu , il est connu et aimé de Dieu.
4. Quant à ce qui est donc de manger des viandes immolées aux idoles , nous savons que les idoles ne sont rien dans le monde , et qu'il n'y a nul autre Dieu, que le seul Dieu.
5. Car encore qu'il y en ait qui soient appelés dieux, soit dans le ciel, ou sur la terre, et qu'ainsi il y ait plusieurs dieux et plusieurs seigneurs ;
6. Il n'y a néanmoins pour nous qu'un seul Dieu, qui est le Père, de qui toutes choses tirent leur être, et qui nous a faits pour lui ; et il n'y a qu'un seul Seigneur, qui est Jésus- Christ, par c[ui toutes choses ont été faites.
AUX CORINTHIENS. 365 comme c'est aussi par lui que nous sommes tout ce que nous sommes.
§. II. Qui scandalise les fo'ibles j pèche contre Jésus-Christ.
7. Mais tous n'ont pas la science. Car il y en a qui mangent des viandes offertes aux idoles, croyant encore que l'idole est cpelque chose; €t ainsi leur conscience qui est foible, en est souillée.
8. Le manger n'est pas ce qui nous rend agréables à Dieu : si nous mangeons , nous n'en aurons rien davantage devant lui j ni rien de moins , si nous ne mangeons pas.
9. Mais prenez garde que cette liberté que vous vous donnez , ne soit aux foibles une occa- sion de chute.
10. Car si l'un d'eux en voit un de ceux qui sont plus instruits, assis à table dans un lieu consacré aux idoles , ne sera-t-il pas porté, lui dont la conscience est encore foible, à manger aussi de ces viandes sacrifiées aux idoles?
11. Et ainsi par votre science vous perdrez votre frère encore foible , pour qui Jésus - Christ est mort.
12. Or péchant de la sorte contre vos frères, et blessant leur conscience qui est foible, vous péchez contre Jésus-Christ.
i3. Si donc ce que je mange scandalise moa
364 I- EPITRE DE S. PAUL
CHAPITRE VIII.
§. I. Viandes immolées. La science enfle ; la charité édifie. Qui aime Dieu est connu de lui,
1. VOUANT aux viandes qui ont été immolées aux idoles , nous n'ignorons pas que nous avons, tous sur ce sujet assez de science; mais la science enfle, et la charité édifie.
2. Que si quelqu'un se flatte de savoir quel- que chose, il ne sait pas même encore de quelle manière on doit savoir.
3. Mais si quelqu'un aime Dieu , il est connu et aimé de Dieu.
4. Quant à ce qui est donc de manger des viandes immolées aux idoles, nous savons que les idoles ne sont rien dans le monde , et qu'il n'v ^ "ul autre Dieu, que le seul Dieu.
5. Car encore qu'il y en ait qui soient appelés dieux, soit dans le ciel, ou sur la terre, et qu'ainsi il y ait plusieurs dieux et plusieurs seigneurs ;
6. Il n'y a néanmoins pour nous qu'un seul Dieu, qui est le Père, de qui toutes choses tirent leur être, et qui nous a faits pour lui ; et il n'y a qu'un seul Seigneur, qui est Jésus- Christ, par qui toutes choses ont été faites*
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AUX CORINTHIENS. 365 comme c'est aussi par lui que nous sommes iout ce que nous sommes.
§. II. Qui scandalise les foibles , pkhe contre Jésus-Christ.
y. Mais tous n'ont pas la science. Car il y en a qui mangent des viandes oHfertes aux idoles, croyant encore que l'idole est quelque chose; et ainsi leur conscience qui est foible, en est souillée.
8. Le manger n'est pas ce qui nous rend agréables à Dieu : si nous mangeons , nous n'en aurons rien davantage devant lui ^ ni rien de moins , si nous ne mangeons pas.
9. Mais prenez garde que cette liberté que vous vous donnez, ne soit aux foibles une occa- sion de chute.
10. Car si l'un d'eux en voit un de ceux qui sont plus instruits, assis à table dans un lieu consacré aux idoles , ne sera-t-il pas porté, lui dont la conscience est encore foii)le, à manger aussi de ces viandes sacrifiées aux idoles?
11. El ainsi par votre science vous perdrez votre frère encore foible , pour qui Jésus - Christ est mort.
12. Or péchant de la sorte contre vos frères, et blessant leur conscience qui est foible, vous péchez contre Jésus-Christ.
i3. Si donc ce que je mange scandalise nioa
%6 I E PITRE DE S. PAUL frère, je ne* mangerai plutôt jamais de cbaîf toute ma vie , pour ne pas scandaliser mon frère.
CHAPITRE IX.
§. I. Qui prêche l'Evangile , doit vivre de r Evangile.
1. JN E suis-je pas libre? Ne suîs-je pas apôtre? N'ai-je pas vu Jésus-Christ notre Seigneur? N'ctes-vous pas vous-mêmes mon ouvrage en notre Seigneur ?
2. Quand je ne scrois pas apôtre h l'égard des autres , je le suis au moins à votre égard : car vous êtes le sceau de mon apostolat en notre Seigneur.
3. Voici ma défense contre ceux qui me re- prennent :
4. N'avons-nous pas droit d'être nourris à ■7'os dépens P
5. N'avons -nous donc pas le pouvoir de mener partout avec nous une femme qui soit notre sœur en Jésus 'Christ ^ comme font les autres apôtres , et les Irères de notre Seigneur, et Céplias ?
6. Serions-nous donc seuls, Barnabe et moi, qui n'aurions pas le pouvoir d'en user de la sorte ?
7. Qui est-ce cjui va jamais à la guerre a ses
AUX CORINTHIENS. S67 dépens? Qui est-ce qui plante une \igne, et n'en mange point du tVuit ? Ou qui est celui cjui mène paître un troupeau, et n'en mange point du lait ?
8. Ce que je dis ici n'est -il qu'un raisonne- ment humain? La loi même ne le dit-elle pas aussi ?
9. Car il est écrit dans la loi de Moïse : Vous ne tiendrez point la bouche liée au bœuf qui foule les grains. Dieu se met-il en peine de ce qui regarde les bœufs?
10. Et n'est-ce pas plutôt pour nous-mêmes qu'il a fait cette ordonnance? Oui, sans doute, c'est pour nous que cela a été écrit. En effet, celui qui laboure, doit labourer avec espé- rance de participer aux fruits de la terre; et aussi celui qui bat le grain, doit le faire avec espérance d'y avoir part.
1 1. Si donc nous avons semé parmi vous les biens spirituels , est-ce une grande chose que nous recueillions un peu de vos biens tem- porels ?
12. Si d'autres usent de ce pouvoir à votre égard, pourc^uoi n'en pourrions-nous pas user plutôt qu'eux? Mais nous n'avons point usé de ce pouvoir, et nous souffrons au contraire toutes sortes d'incommodités, pour n'apporter aucun obstacle à l'Evangile de Jésus-Christ.
i3. Ne savez-vous pas que les ministres du temple mangent de ce qui est offert dans le
o68 i. EPITRE DE È. PAUL temple; et que ceux qui servent à l'autel ottt pari aux oblations de l'autel?
14. Ainsi le Seigneul' a aussi ordonné à ceux qui annoncent l'Evangile de vivre de l'Evangile,
§. 1 1. Saint Paul met sa gloire a prêcher gratuitement : se fait tout a tous.
i5. Mais pour moi je n'ai usé d'aucun de ces droits. Et encore maintenant je ne vous écris point ceci , afin qu'on en use ainsi envers moi , puisque j'aimerois mieux mourir que de souf- frir que quelqu'un me fît perdre cette gloire.
16. Car si je prêche l'Evangile, ce ne m'est point un sujet de gloire , puisque je suis obligé nécessairement à ce ministère, et malheur à moi si je ne prêche pas l'Evangile.
17. Que si je le prêche de bon cœur, j'en aurai la récompense; mais si je ne le fais qu'à regret, je dispense seulement ce qui m'a été confié.
18. En quoi trouverai -]e donc un sujet de récompense ? En prêchant de telle sorte l'E- vangile, que je le prêche gratuitement, sans abuser du pouvoir que j'ai dans la prédication de l'Evangile.
19. Car étant libre à l'égard de tous , je me suis rendu le serviteur de tous, pour gagner à Dieu plus de personnes.
2.0. J'ai vécu avec les Juifs comme Juif, pour gagner les Juifs j
AUX CORINTHIENS. ^6c^ •£i. Avec ceux qui sont sous la loi , comme si l'eusse encore été sous la loi, quoique je n'y fusse plus assujéti , pour gagner ceux qui sont sous la loi ; avec ceux qui n'avoient point de loi, comme si je n'en eusse point eu moi-même ( quoique j'en eusse une à l'égard de Dieu, ayant celle de Jésus-Christ ) pour gagner ceux qui étoient sans loi.
22. Je me suis rendu foible avec les foibles, pour gagner les foibles. Enfin je me suis fait tout à tous pour les sauver tous.
^3. Or je fais toutes ces choses pourl'Evan-» gile, afin d'avoir part à ce qu'il promet.
§. III. Course et lutte de S. Paul pour gagnef le prix. Il craint d'être rejeté de Dieu.
2\. Ne savez-vous pas que quand on court dans la carrière, tous courent , mais un seul remporte le prix ? Courez donc de telle sorte que vous remportiez le prix.
20. Or tous les athlètes gardent en toutes choses une exacte tempérance ; et cependant ce n'est que pour gagner une couronne cor- ruptible : au lieu que nous en attendons une incorruptible.
26. Pour moi je coui*s, et je ne cours pas au hasard. Je combat , et je ne donne pas des coups en l'air.
2'j. Mais je traite rudement mon corps, et 10. A a
'ir-r
o I. EPÎTRE DE S. PAUL je le réduis en servitude ; de peur qu'ayant prê* ché aux autres , je ne sois refprouvé moi-même.
CHAPITRE X.
§. I. Juifs figures des chrétiens. Qui est ferme craigne de tomber. Dieu tempère La tentation et nous en délivre,
I. Or vous ne devez pas ignorer, mes frères , que nos pères ont tous été sous la nuée; qu'ils ont tous passé la mer Rouge j
2. Qu'ils ont tous été batisés sous la conduite de Moïse, dans la nuée et dans la mer;
3. Qu'ils ont tous mangé d'une même viande spirituelle;
4. Et qu'ils ont tous bu d'un même breuvage spirituel : car ils buvoient de l'eau de la pierre spirituelle qui les suivoit; et Jésus-Christ étoit cette pierre.
5. Mais il y en avoit peu d'un si grand nom- bre qui Fussent agréables à Dieu, étant près- (jue tous péris dans le désert.
6. Or toutes ces choses ont été des figures de ce qui nous regarde; afin que nous ne nous al)andonnions pas aux mauvais désirs, comme ils s'y abandonnèrent.
7. Ne devenez point non plus idolâtres , comme quelques-uns d'eux , dont il est écrit : Le peuple s'assit pour manger et pour boire, et ils se levèrent pour se divertir.
AUX CORINTHIENS. 371
8. Ne conimeltons point de fornicalicn , comme quelques-uns d'eux commirent ce cri- me, pour lequel il y en eut vingt-trois mille qui Furent frappes de mort en un seul jour.
9. Ne tentons point Jésus-Christ , comme le tentèrent quelques-uns d'eux, qui turent tués par les serpens.
10. Ne murmurez point, comme murmurè- rent quelques-uns d'eux, (jui furent frappés de mort par l'ange exterminateur.
1 1. Or toutes ces choses qui leur arrivoient, ctoient des figures ; et elles ont été écrites pour nous servir d'instructions à nous autres, qui nous trouvons à la fin des temps.
12. Que celui donc qui croit être ferme, prenne bien garde à ne pas tomber.
i3. Vous n'avez eu encore que des tentations humaine:^ c/ ordinaires. Dieu est fidèle, et il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces; mais il vous fera tirer de l'avantage de la tentation même, afin que vous puissiez persévérer.
§. II. Unité des chrétiens par FEucharisne, Ne point chercher son propre intérêt. Liberté chrétienne. Faire tout pour Dieu,
14. C'est pourquoi, mes très- chers y/è/fi'j, fuyez l'idolâtrie.
i5. Je vous parle comme à des personnes
Aa*
'S72 î. t: PITRE DE S. PAUL sages ; jugez vous - mêmes de ce que je dis*
16. N'est- il pas vrai que le calice de bénédic- tion que nous bénissons, est la communion du sang de Jésus-Christ; et que le pain que nous rompons , est la communion du corps du Seigneur?
17. Car nous ne sommes tous ensemble qu'un -seul pain et un seul corps ; parce que nous par- *ti<:ipons tous a un même pain.
18. Considérez les Israélites selon la chair: ceux d^en/r'euœ qui mangent de la victime im- Tnolée, ne prennent-ils pas ai/isi part à l'autel ?
1 9. Est-ce donc que je veuille dire que ce qui a été immolé aux idoles ait quelque vertu, ou que l'idole soit quelque chose ?
2.0. Non : mais je dis que ce que les païens immolent, ils l'immolent aux démons, et non pas à Dieu. Or je désire que vous n'ayez aucune société avec les démons. Vous ne pouvez pas boire le calice du Seigneur et le calice des démons.
21. Vous ne pouvez pas participer à la table du Seigneur, et à la table des démons.
S2,. Est-ce que nous voulons irriter Dieu en le piquant de jalousie ? Sommes-nous plus forts que lui ? Tout m'est permis , mais tout n'est pas avantageux.
2.3. Tout m'est permis, mais tout n'édifie pas.
2.4. Que personne ne cherche sa propre sa- tisfaction, mais le bien des autres.
AUX CORINTHIENS. SyS 2,5. Mangez de tout ce qui se vend à la boU' clierie, sans vous enquérir d'où il vient, par //« scrupule de conscience,
26. Car la terre et tout ce qu'elle contient , est au Seigneur.
27. Si un infidèle vous prie à manger chez lui, et que vous j vouliez aller, mangez de tout ce qu'on vous servira, sans vous enquérir d'où il vient par un scrupule de eonscienoe.
iiS. Que si quelqu*un vous di-t : Ceci a été im- molé aux idoles; n'en mangez pas, à cause de c-elui qui vous a donné cet avis, et aussi de peur de blesser, non votre conscience, mais celle d'un autre.
^9. Car pourquoi m'exposeroîs- je à faire condamner par un autre cette liberté que J'ai de manger de tout ?
3o. Si je prends avec action de grâces ce que je mange, pourquoi donjierai-je sujet à un au^ tre de parler mal de moi , pour une chose dont je rends grâces k Dieu?
3[. Soit donc que vous mangiez, ou que vous buviez, et quelque chose que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu.
82. Ne donnez occasion de scandale ni aux Juifs , ni aux Gentils , ni a l'Eglise de Dieu.
33. Comme je tâche moi-même de plaire à tous en toutes choses, ne cherchant point ce qui m'est avantageux ew/^^rZ/cw/ze/-^ mais ce qui e$,t avantageux à plusieurs, pour être sauvés.
374 I. EPITRE DE S. PAUt CHAPITRE XL
§. I. Que les hommes en priant soient décou- verts _, les femmes voilées,
i.OoYEz mes imitateurs, comme Je le suis moi-même de Jésus-Christ.
n. Je vous loue , mes frères, de ce que vous vous souvenez de moi en toutes choses , et que vous gardez les traditions et les règles que je vous ai données.
3. Mais je désire que vous sachiez que Jésus- Christ est le chef c/ la tète de tout homme; que l'homme est le chef de la femme; et que Dieu est le chef de Jésus-Christ.
4. Tout homme qui prie ou qui prophétise ajant la tête couverte , déshonore sa tête.
5. Mais toute femme qui prie ou qui pro- phétise n'ayant point la tête couverte d*iiri o'uile j déshonore sa tête ; car c'est comme si elle étoit rasée.
6. Que si une femme ne se voile point la tête , elle devroit donc avoir aussi les cheveux coupés. Mais s'il est honteux à une femme d'a- voir les cheveux coupés , ou d'être rasée , qu'elle se voile la tête.
7. Pour ce qui est de l'homme, il ne doit point se couvrir la tête, parce qu'il est fimage
AUX CORINTHIENS. SyS et la gloire de Dieu, au lieu que la femme est la gloire de l'homme.
8. Car riiomme n'a point été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l'homme :
9. Et l'homme n'a pas été créé pour la femme , mais la femme pour l'homme.
10. C'est pourquoi la femme doit porter sur sa tête à cause des anges , la marque de la puis- sance que l'homme a sur elle.
1 1. Toutefois ni l'homme n'est point sans la femme, ni la femme sans l'homme en notre Seigneur.
m. Car comme la femme au commencement a été tirée de l'homme, aussi l'homme mainte- nant naît de la femme, et l'un et l'autre vient de Dieu.
i3. Jugez vous-mêmes s'il est bienséant à une femme de prier Dieu sans avoir un voile sur la tête?
14. La nature même ne vous enseigne -t- elle pas qu'il seroit honteux à un homme de laisser toujours croître ses cheveux ;
i5. Et qu'il est au contraire honorable à une femme de les laisser toujours croître , parce qu'ils lui ont été donnés comme un voile qui la doit couvrir ?
16. Que si quelqu'un aime à contester, il nous suffit de répondre j que ce n'est point là notre coutume, ni celle de l'Eglise de Dieu.
A a'^
S76 I. EPITRE DE S. PAUL
§. II. Institution de V Eucharistie. S* éprouver soi-même. Se juger pour n'être point jugé.
17. Mais je ne puis vous louer sur ce que je m'en vais vous dire, qui est que vous vous con- duisez de telle sorte dans vos assemblées, qu'elles vous nuisent au lieu devons servir.
18. Premièrement, j'apprends que lorsque vous vous assemblez dans l'Eglise , il y a des partialités parmi vous, et je le crois en par- tie:
19. Car il faut qu'il y ait même des hérésies, afin qu'on découvre par là ceux d'entre vous qui ont une vertu éprouvée.
20. Lors donc que vous vous assemblez com- me vous laites, ce n'est plus manger la Cène du Seigneur;
21. Car chacun y mange son souper parti- culier, sans attendre les autres. Et ainsi les uns n'ont rien à manger, pendant que les autres le font avec excès.
22,. N'avez-vous pas vos maisons pour y boire et pour y manger? Ou méprisez-vous l'Eglise de Dieu? Et voulez vous faire honte à ceux qui sont pauvres? Que vous dirai-je sur cela? Vous en louerai-je ? Non certes, je ne vous en loue point.
^3. Car c'est du Seigneur que j'ai appris ce que je vç)us ai aussi enseigné; qui est, que I9
AUX CORINTHIENS. 877 Seigneur Je'sus la nuit même qu'il devoit être livré à la mort j prit du pain,
'A\. Et ayant rendu grâces, le rompit, et dit à ses disciples : Prenez, et mangez : ceci est mon Corps, qui sera livré pour vous; faites ceci en mémoire de moi.
^5. IL prit de même le calice après avoir soupe, en disant : Ce calice est la nouvelle alliance en mon Sang : faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous le boirez.
26. Car toutes les fois que vous mangerez ce pain , et que vous boirez ce calice , vous annon- cerez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne.
2.7, C'est pour(juoi quiconque mangera ce pain ou boira le calice du Seigneur indigne- ment, il sera coupable du corps et du sang du Seigneur.
28. Que l'homme donc s'éprouve lui-même, et qu'il mange ainsi de ce pain et boive de ce calice.
29. Car quiconque en mange et en boit indi- gnement, mange et boit sa propre condamna- tion, ne faisant pas le discernement qu'il doit du corps du Seigneur.
30. C'est pour cette raison qu'il y a parmi vous beaucoup de mahides et de languissans, et que plusieurs dorment ^/// sommeil de la mort.
3i. Que si nous nous jugions nous-mêmes, flous ne serions pas jugés de Dieu.
S78 I. EPITRE DE S. PAUL
3^. Mais lorsque nous sommes jugés de îa sorte, c'est le Seigneur qui nous châtie, afin que nous ne sojens pas condamnés avec le monde.
33. C'est pourquoi , mes frères , lorsque vous vous assemblez pour ces repas , attendez- vous les uns les autres.
34. Si quelqu'un est pressé de manger, qu'il mange chez lui ; afin que vous ne vous assem- bliez pas à votre condamnation. Je réglerai les autres choses lorsque je serai venu.
CHAPITRE XII.
§. I. Dons et opérations différentes du Saint- Esprit.
i.l OUR ce qui est des dons spirituels, mes frères , je ne veux pas que vous ignoriez ce que vous devez savoir.
2. Vous vous souvenez bien , qu'étant païens vous vous laissiez entraîner, selon qu'on vous menoit vers les idoles muettes.
3. Je vous déclare donc , que nul homme par- lant par l'Esprit de Dieu ne dit anatheme à Jésus; et que nul ne peut confesser que Jésus est le Seigneur, sinon par le Saint-Esprit.
4. Or il y a diversité de dons spirituels^ mais il n'y a qu'un même Esprit.
AUX CORINTHIENS. 379
5. Il y a diversité de ministères , mais il n'y a qu'un même Seigneur.
6. Et il y a diversité d'opérations surnatu- relles j mais il n'y a qu'un même Dieu qui opère tout en tous.
7. Or les dons du Saint-Esprit , qui se font connoîtreau-dehors,sont donnés àchacun pour Futilité de L^ Eglise.
8. L'un reçoit du ^^//z /-Es prit le don de par- ler dans une haute sagesse ; un autre reçoit du même Esprit le don de parler avec science;
9. Un autre reçoit la foi par le même Esprit; un autre reçoit du même Esprit la grâce de guérir les maladies ;
10. Un autre le don de faire des miracles ; un autre le don de prophétie ; un autre le dis- cernement des esprits ; un autre le don de par- ler diverses langues; un autre l'interprétation des langues.
1 1 . Or c'est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses , distribuant à chacun ses dons , selon qu'il lui plaît.
§. 1 1. Toute r Eglise un seul corps. Chaque membre a sa fonction. Tous ont besoin les uns des autres,
12,. Et comme notre corps n'étant qu'un, est composé de plusieurs membres, et qu'en- core qu'il y ait plusieurs meuibres, ils ne font
38o L EPITRE DE S. PAUL
fous néanmoins qu'un même corps, il en est
de même de Jésus-Christ.
i3. Car nous avons tous été batisés dans le même Esprit, pour n'être tous ensemble qu'uii même corps, soit Juifs ou Gentils, soit escla-^ ves ou libres ; et nous avons tous reçu un divin breuvage pour n'être qu'un même esprit.
14. Aussi le corps n'est pas un seul mem-^ bre , mais plusieurs.
i5. Si le pied disoit : Puisque je ne suis pas la main, je ne suis pas du corps, ne seroit-il point pour cela du corps ?
16. Et si l'oreille disoit : Puisque je ne suis pas œil, je ne suis pas du corps, ne seroit-elle point pour cela du corps ?
17. Si tout le corps étoit œil, où seroit l'ouïe?- Et s'il étoit tout ouïe, où seroit l'odorat ?
18. Mais Dieu a mis dans le coy^^ plusieurs membres, et il les y a placés comme iUui a plu.
19. Que si tous les membres n'étoient qu'un Seul membre, où seroit le corps ?
2.0. Mais il y a plusieurs membre^ , et tous ?ie font qu'un seul corps.
2.1. Or l'œil ne peut pas dire à la main : Je n'ai pas besoin de votr€ secours ; non plus que la tête ne peut pas dire aux pieds : Vous i?e m'êtes point nécessaire"-'.
22. Mais au contraire les membres du corps- qui paraissent les plus foibles ,8ont les plus né-* ces s aires.
AUX CORINTHIENS. 38r liS. Nous honorons même davantage /'«'/' /zot 'vêtemens les parties du corps qui paroissent les moins honorables, et nous couvrons avec plus de soine/d'honnêtetécelles qui sont moins honnêtes.
£4. Car pour celles qui sont honnêtes, elles n'en ont pas besoin : mais Dieu a mis un tel ordre dans tout le corps, qu'on honore davan- tage ce qui est moins honorable de soi-même; 2.b. Afin qu'il ny ait point de schisme ni de division dans le corps ; mais que tous les mem- bres conspirent mutuellement à s'entr'aider les uns les autres.
26. Et si l'un des membres souffre , tous les autres souffrent avec lui; ou si l'un des mem- bres reçoit de l'honneur, tous les autres s'en réjouissent avec lui.
27. Or vous êtes le corpS de Jésus -Christ, et membres les uns des autres.
2,8. Ainsi Dieu a établi dans son Eglise, pre- mièrement des apôtres, secondement des pro- phètes, et troisièmement des docteurs; ensuite ceux qui ont la vertu de faire des miracles; puis ceux qui ont la grâce de guérir les maladies ; ceux qui ont le don d'assister les frères; ceux qui ont le don de gouverner; ceux qui ont le don de parler diverses langues ; ceux qui ont le don de les interpréter.
29. Tous sont-ils apôtres ? Tous sont -ils prophètes ? Tous sont-ils docteurs ?
382 I. EPITRE DE S. PAUL
3o. Tous font-ils des miracles? Tous ont-ils la grâce de guérir les maladies? Tous parlent- ils plusieurs langues ? Tous ont-ils le don de les interpréter ?
3i. Entre ces dons, ayez plus d'empresse- ment pour les meilleurs. Mais je m'en vais vous montrer encore une voie beaucoup plus excel- lente.
CHAPITRE XIII.
§. I. Sans la charité le martyre même est inutile. Description de la charité.
I. Si je parle toutes les langues des hommes, et le langage des anges, et que je n'aye point la charité, je ne suis que comme un airain sonnant , et une cymbale retentissante,
2,. E quand j'aurois le don de prophétie ; que je pcnétreroîs tous les mystères , et que j'aurois une parfaite science de toutes choses; quand j'aurois encore toute la foi possible , jusqu'à transporter les montagnes; si je n'ai point la charité , je ne suis rien.
3. Et quand j'aurois distribué tout mon bien pour nourrir les pauvres , et que j'aurois livré mon corps pour être brûlé, si je n'ai point la charité, tout cela ne me sert de rien.
4. La charité est patiente, elle est douce .et
AUX CORINTHIENS. 3S3 bienfaisante. La charité n'est point envieuse, elle n'est point téméraire et précipitée, elle ne s'enfle point d'orgueil ;
5. Elle n'est point dédaigneuse, elle ne clicr- che point ses propres intérêts, elle ne se pique el ne s'aigrit de rien , elle n'a point de mauvais soupçons;
6. Elle ne se réjouit point de l'injustice, mais elle se réjouit de la vérité ;
7. Elle tolère tout , elle croit tout , elle espère tout , elle souffre tout.
§. II. La charité ne finira point. Connoissancc de Dieu imparfaite en cette vie.
8. La charité ne finira jamais. Les prophéties n'auront plus de lieu , les langues cesseront, et la science sera abolie :
9. Car ceque nous avons maintenant de scien- ce et de prophétie est très-imparfait.
10. Mais lorsque nous serons dans l'état par- fait, tout ce qui est imparfait sera aboli.
11. Quand j'étois enfant, je parlois en en- fant, je jugeois en enfant, je raisonnois en en- fant; mais lorsque je suis devenu homme, je nie suis défait de tout ce qui tenoit de l'enfant.
12. Nous ne voyons maintenant Dieu que comme en un miroir et en des énigmes; mais alors nous le verrons face à face. Je ne connois maintenant Z?zVz/ qu'imparfaitement; mais alors
M4 L EPITRE DE S. PAUL
je le connoîtrai, comme je suis moi-même connu
lie lui.
i3. Or ces trois vertus _, la foi, l'espérance, et la charité demeurent; mais la charité est la plus excellente des trois.
CHAPITRE XIV.
%.\.T)on des langues. Don d^ instruire préféra- ble aux autres dons. Prudente simplicité,
I. Recherchez avec ardeur la charité; desi- rez les dons spirituels , et sur-tout de pro- phétiser.
2. Car celui qui parle une langue inconnue , ne parle pas aux hommes, mais à Dieu; puis^ que personne ne l'entend, et qu'il parle en esprit des choses cachées.
3. Mais celui qui prophétise , parle aux hommes pour les édifier, les exhorter et Jes consoler.
4. Celui qui parle une lans^ue inconiiue j s'é- difie lui-même ; au lieu que celui qui prophé- tise, édifie l'Eglise de Dieu.
5. Je souhaite que vous ayez tous le don des langues , mais encore plus celui de prophétiser; parce cpie celui qui prophétise est préférable à celui qui parle une langue inconnue j si ce
n'est
■rt
Aux CORINTHIENS. 3BÔ Iti'est qu'il interprète ce qu'il dit , afin que i'E<jlise en soit édifiée.
o
6. Aussi , mes frères , quand je viend t-oîâ voiis parler en des langues inconnues j de quelle utilité vous serois-je , si ce n'est que je vous parle en vous instruisant, ou par la révélation, ou par la science, t)U parla prophétie, ou pat la doctrine ?
7. Ne voyons-nous pas aussi dans les choses inanimées qui rendent des sons, comme les hautbois et les harpes , que si elles ne forment des tons différens, on ne peut distinii^uer ce que l'on joue sur le hautbois , ou sur la harpe ?
8. Que si la trompette ne rend qu'un son confus, qui se pi'épatera aii combat?
9. De même, si la langue que vous parler n'est intelligible, comment pourra-t-on savoir ce que vous dites ? Vous ne parlerez qu'en l'air.
10. En effet, il J a tant de diverses langues dans le monde, et il n'y a point de peuple c|ui n'ait la sienne.
1 1. Si donc je n'entends pas ce que signifient les paroles, je serai barbare à celui à qui je parle ; et celui qui me parle , me sera bar- bare.
12. Ainsi , mes frères ^ puisque vous avez tant d'ardeur pour ces dons spirituels, désirez d'en être enrichis pour l'édification de l'Eglise,
i3. C'est pourquoi, que celui qui parle un^ 10. ' Bb
386 l E PITRE DE S. PAUL langue, demande à Dieu le don de rinterpré(ef,
14. Car si je prie en une langue que je nen-- fends pas j mon cœur prie, mais mon esprit et mon intelligence est sans fruit.
i5. Que ferai-je donc ? Je prierai de cœur, maïs je prierai aussi avec intelligence; je chan- terai de cœur des cantiques, mais je les chan- terai aussi avec intelligence.
16. Que si vous /7e louez Dieu que du cœur, comment celui qui n'est que du simple peuple, répondra-t-il : Amen, à la fin de votre action de grâces, puisqu'il n'entend pas ce que vous dites ?
17. Ce n'est pas que votre action de grâces ne soit bonne, mais les autres n'en sont pas édifiés.
18. Je loive mon Dieu de ce que je parle toutes les langues que vous parlez ;
19. Mais j'aimerois mieux ne dire dans l'E- glise que cinq paroles dont j'aurois l'intelli- gence, pour en instruire aussi les autres, cjue d'en dire dix mille en une langue inconnue.
20. Mes frères, ne soyez point enfans pour n'avoir point de sagesse ; mais soyez enfans pour être sans malice, et soj^ez sages comme des hommes parfaits.
21. Il est dit dans l'Ecriture : Je parlerai à ce peuple en des langues étrangères et incon- nues; et après cela même ils ne m'entendront point, dit le Seigneur.
AUX COtUNTHIENS. 887
^2. Ainsi la diversité des lani^ues est uil
signe, non pour les fidèles, mais pour lesinfi-^
dèles ; et le don de prophétie au contraire n'est
pas pour les infidèles, mais pour les fidèles.
2'S. Que si toute une Eglise étant assemblée en un lieu, tous parlent diverses langues, et que des ignorans ou des infidèles entrent dans cette assemblée, ne diront-ils pas que vous êtes des insensés?
24. Mais si tous prophétisent, et qu'un infî^ dèle ou un ignorant entre dans votre assem- blée, tous le convainquent, tous le jugent:
25. Le secret de son cœur est découvert; d^ sorte que se prosternant le visage contre terre, il adorera Dieu, rendant témoignage que Dieu est véritablement parmi vous.
§. 1 1. User de tous les dons pour édifier. Dieu est un Dieu de paix ^ non de trouble. Silence des femmes.
26. Que faut-îl donc, mes frères, rjue yous JassiezP Si lorsque vous êtes assemblés , l'un
est inspiré de Dieu pour composer un canti- que, l'autre pour instruire , un autre pour révéler les secrets de Dieu , un autre pour par- ler une langue inconnue j un autre pour Tin- îerpréter, que tout se fasse pour l'édification,
27. S'il j en a qui ayent le don des langues, qu'il n'j en ait point plus de deux ou trois qui
3Bb'
T. EPITRE DE S. PAUL parient en une langue inconnue ^ et qu'ils par- lent l'un après l'autre, et qu'il y ait quelqu'un qui interprète ce qu'ils auront dit.
:5i8. Que s'il n'y a point d'interprète, r/iie ce-' lui qui a ce don se taise dans l'Eglise, qu'il ne parle qu)x soi-même et à Dieu.
£9. Pour ce qui est aussi des prophètes , qu'il n'y en ait point plus de deux ou trois qui par- lent, et que les autres en jugent.
3o. Que s'il se fait quelque révélation à un antre de ceux qui sont assis dans V assemblée j, que le premier se taise.
Si.Car vous pouvez tous prophétiser l'un après l'autre , afin que tous apprennent , et que tous soient consolés.
32. Et les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes :
33. Car Dieu est un Dieu de paix , et non de désordre ; et c'^st ce que j'enseigne dans toutes les Eglises des saints.
34. Que les femmes parmi vous se taisent dans les Eglises , parce qu'il ne leur est pas permis d'y parler; mais elles doivent être sou- mises , selon que la loi l'ordonne.
35. Que si elles veulent s'instruire de quel- que chose , qu'elles le demandent à leurs maris lorsqu'elles seront dans leurs maisons : car il est honteux aux femmes de parler dans l'Eglise.
36. Est-ce de vous que la parole de Dieu est
AUX CORINTHIENS. 889 joremièremenl sortie, ou n'est-elle venue qu'à vous seuls ?
87. Si quelqu'un croit être prophète ou spirituel , qu'il reconnoisse que les choses (jue je vous écris sont des ordonnances du Sei- gneur.
38. Que si quelqu'un le veut ignorer, il sera lui-même ignoré.
89. Pour conclure donc, mes frères, desirez sur-tout le don de prophétie, et n'empêchez pas l'usage du don des langues :
40. Mais que tout se fasse dans la bienséance et avec ordre.
CHAPITRE XV.
§. I. Apparitions de Jésus-Christ ressuscité. Saint Paul se croit le moindre des apôtres. Il doit tout a la grâce,
1, J E crois maintenant, mes frères, vous de- voir faire souvenir de l'Evangile que je vous ai prêché, que vous avez reçu, dans lequel vous demeurez fermes,
2. Et par lequel vous êtes sauvés, afin que vous vojiez si vous Pavez retenu comme je Yous l'ai annoncé; puisqu'autrement ce seroit en vain que vous auriez embrassé la foi.
3. Car premièrenjent je vous ai enseigne, et
Bb>
Sgo I. EPITRE DE S. PAUL comme donné en dépôt ce que j'avoîs moi-même reçu ; savoir , que Jésus- Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures;
4. Qu'il a été enseveli , et qu'il est ressuscité le troisième jour, selon les mêmes Ecritures;
5. Qu'il s'est fait voir à Céphas , puis aux onze apôtres ;
6. Qu'après il a été vu en une seule fois de plus de cinq cens frères, dont il y en a plur sieurs qui vivent encore aujourd'hui, et quel- ques-uns sont déjà morts;
7. Qu'ensuite il s'est fait voir h Jacques, puis à tous les apôtres ;
8. Et qu'enfin, après tous les autres, il s*esÉ fait voir à moi-même, qui ne suis qu'un avor- ton.
9. Car je suis le moindre des apôtres, et je ne suis pas digne d'être appelé apôtre, parce que j'ai persécuté l'Eiijlise de Dieu.
10. Mais c'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce n'a point été stérile en moi : mais j^ai travaillé plus que tous les autres ; non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi.
iT. Ainsi, soit que ce soit moi, ou eux r///i 'yoiis prêchent y voilà ce que nous prêchons, et voilà ce que vous ayez cv^.
AUX CORINTHIENS. 891
§ II. Preuves de la résurrection. Règne de Dieu seul. Tout assujéti au Fils , et le Fils au Père.
1 2,. Puis donc qu'on vous a prêché que Jésus- Christ est ressuscité d'entre les morts, com- ment se trou ve-t -il parmi vousdespersonnesqui osent dire que les morts ne ressuscitent point!
i3. Que si les morts ne ressuscitent point, Jésus-Christ n'est donc point ressuscité.
14. Et si Jésus-Christ n'est point ressuscité, notre prédication est vaine, et votre foi est vaine aussi.
i5. Nous sommes même convaincus d'être- de faux témoins à l'égard de Dieu , comme ayant rendu ce témoignage contre Dieu même, qu'il a ressuscité Jésus -Christ, qu'il n'a pas néanmoins ressuscité, si les morts ne ressus- citent pas.
16. Car si les morts ne ressuscitent point, Jésus-Christ n'est pas non plus ressuscité.
17. Que si Jésus -Christ n'est point ressus- cité , votre foi est donc vaine ; vous êtes encore engagés dans vos péchés;
18. Ceux qui sont morts en Jésus-Christ, sont donc péris sans ressource.
19. Si nous n'avions d'espérance en Jésus- Christ que pour cette vie, nous serions les, plus misérables de tous les hommes.
392 LEPITRE DE S. PAUL
20. Mais maintenant Jésus-Christ est ressua^ cité d'entre les morts , et il est devenu les pré- mices de ceux qui dorment.
2.1. Ainsi, parce que la mort est venue par un homme, la résurrection des morts doit venir aussi par un homme.
22. Car comme tous meurent en Adam, tous revivront aussi en Jésus^Christ;
23. Et chacun en son rang; Jésus- Christ le premier comme\e$ prémices de tous j puis ceux qui sont k lui, qui ont cru en son avènement.
24. Et alors viendra la consommation de toutes choses j lorsqu'il aura remis son royaume à son Dieu et son Père, et qu'il aura détruit tout empire, toute domination et toute puissance :
20. Car Jésus-Christ doit régner jusqu'à ce que le F ère lui ait mis tous ses ennemis sous les pieds.
2,6. Or la mort sera le dernier ennemi qui sera détruit : car l'Ecriture dit que Dieu lui a piis tout sous les pieds e/ lui a tout assujéti.Et quand elle dit
27. Que tout lui est assujéti, il est indubi- table qu'il en faut excepter celui qui lui a assu-. jéti toutes choses.
28. Lors donc que toutes choses auront été assujéties au Fils , alors le Fils sera lui-même assujéti à celui qui lui aura assujéti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous.
29. Autrement, que feront ceux qui sont
AUX CORINTHIENS. 398 batisés pour les morts , s'il est vrai quelcs morts ne ressuscitent point? Pourquoi sont-ils bati- sés pour les morts ?
3o. Et pourquoi nous-mêmes nous exposons- nous à toute heure à tant de périls ?
3i. Il n'y a point de jour que je ne meure, je vous en assure, mes frères, par la gloire que je reçois de vous en Jésus-Christ notre Sei- gneur.
Sa. Si , pour parler à la manière des hommes , j'ai combattu à Ephèse contre des bêtes farou- ches, quel avantage en tirerai-je, si les morts ne ressuscitent point? Ne pensons qu'à boire et à manger , puisque nous mouvrons de- main.
33. Ne vous laissez pas séduire. Les mauvais"^ entretiens gâtent les bonnes moeurs.
34. Justes, tenez -vous dans la vigilance, et gardez-vous du péché : car il y en a quelques^ xxn^ parmi vous qui ne connoissent point Dieu; je vous le dis pour vous faire honte.
§. I IL Comment se fera la résurrection. Corps animal et spirituel. Hommes terrestres et célestes.
35. Mais quelqu'un me dira: En quelle ma- nière les morts ressusciteront-ils, et quel sera îe corps dans lequel ils reviendront ?
3.6. Insensé que vous êtes , ne voj'e:i'7'Ous
394 I. EPITRE DE S. PAUL
pas que ce que vous semez en terre ne prend
point de vie, s'il ne meurt auparavant?
87. Et quand vous semez , vous ne semez paa le corps de la plante qui doit naître , mais la graine seulement, comme du blé, ou de quel- que autre chose.
38. Mais Dieu lui donne un corps tel qu'il lui plaît, et il donne à chaque semence le corps qui est propre k chaque plante.
89. Toute chair n'est pas la même chair ; mais autre est la chair des hommes , autre la chair des bêtes, autre celle des oiseaux, autre celle des poissons.
40. Il j a aussi des corps célestes et des corps terrestres; mais les corps célestes ont un aU' tre éclat que les corps terrestres.
41. Le soleil a son éclat, la lune le sien , et les étoiles le leur; et entre les étoiles, l'une est plus éclatante que l'autre.
42. Il en arrivera de même dans la résurrec- tion des morts. Le corps comme une semence est maintenant mis en terre plein de corrup-> lion, et il ressuscitera incorruptible.
48. Il est mis en terre tout difforme, et il ressuscitera tout glorieux. Il est mis en terre privé de mouvement, et il ressuscitera plein de vigueur.
44. Il est mis en terre comme un corps ani- mal , et il ressuscitera comme un corps spiri- Uiel.. Comme il y a un corps animal , il j a
AUX CORINTHIENS. 395 aussi un corps spirituel , selon qu'il est écrit : 46. Adam le premier homme a été créé avec une ame vivante ; et le second Adam a été rem- pli d'un esprit vivifiant.
46. Mais ce n'est pas le corps spirituel qui a été formé le premier; c'est le corps animal, et ensuite le spirituel.
47. Le premier homme estleterrestreyorz/îe de la terre ; et le second homme est le céleste, qui est du ciel.
48. Comme le premier homme a été terres^ tre , ses enfans sont aussi terrestres ; et comme le second homme est céleste, ses enfans sont aussi célestes.
49. Comme donc nous avons porté l'imaj^je de Phomme terrestre, portons aussi l'ima^ç ^e^ l'homme céleste.
§. I V. Résurrection des Saints. Mort vaincue» Victoire par Jésus- Christ. FermetéenDieu.
50. Je veux dire , mes frères , que la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu , et que la corruption ne possédera point cet héritage incorruptible.
5i. Voici un mystère que je m'en vais vous dire : Nous ressusciterons tous , mais nous ne serons pas tous changés.
52,. En un moment , en un clin d'œil, au son ^e la dernière trompette ; car la trompette
S96 T. E PITRE DE S. PAUL sonnera, et les morts ressusciteront en un état incorruptible, et alors nous serons changés.
63. Car il faut que ce corps corruptible soit revêtu de l'incorruptibilité, et que ce corp,s mortel soit revêtu de l'immortalité.
54. Et quand ce corps mortel aura été revêta de l'immortalité, alors cette parole de l'Ecri- ture sera accomplie : La mort a été absorbée par la victoire.
55. O mort ! où est ta victoire ? ô mort ! où est ton aiguillon?
56. Or le péclié est l'aiguillon de la mort, et la loi est la force du péché.
57. C'est pourquoi rendons grâces à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ.
58. Ainsi, mes chers frères, demeurez fer- mes et inébranlables , et travaillez sans cesse de plus en plus à l'œuvre de Dieu, sacbant que votre travail ne sera pas sans récompense en notre Seigneur.
AUX CORINTHIENS. 897
CHAPITRE XVI.
§. 1. Aumônes pour les fidèles de Jérusalem, Saint Paul s* offre a les porter.
I. VOUANT anx aumônes qu'on recueille pour les saints , faites la même chose cjue j'ai ordon- née aux Eglises de Galatie.
2. Que chacun de vous mette à part chez soi le premier jour de la semaine ce qu^ll voudra y l'amassant peu-à-peu selon sa bonne volonté , afin qu'on n'attende pas à mon arrivée à re- cueillir les aumônes.
3. Et lorsque je serai arrivé, j'enverrai ceux que vous m'aurez marqués par vos lettres, porter vos charités à Jérusalem.
4. Que si la chose mérite que j'y aille moi- même, ils viendront avec moi.
5. Or je vous irai voir quand j'aurai passé par la Macédoine, car je passerai par cette, province ;
6. Et peut-être que je m'arrêterai chez vous, et que même j'y passerai l'hiver, afin que vous me conduisiez au lieu où je pourrai aller.
7. Car je ne veux pas cette fois vous voir seulement en passant , et j'espère que je de- meurerai assez long-temps chez vous, si le Seigneur le permet.
SqS 1 ÈPITRE t)È S. iPAÙL
8. Je demeurerai à Ephèse jusqu'à la Peii- tecôte.
9. Car Dieu m'y ouvre visiblement une! grande porte, et il sj élève contre moi plu^ sieurs ennemis.
10. Que si Timothée vous va trouver, aye^ soin qu'il soit en sûreté parmi vous, parce qu'il a travaillé à l'œuvre du Seigneur ainsi que moi.
11. Que personne donc ne le méprise; mais conduisez-le en paix , afin qu'il vienne me trou-» ver, parce que je l'attends avec nos frères.
i£. Pour ce qui est de mon frère Apollon, je vous assure que je l'ai fort prié de vous aller voir avec quelques-uns de nos frères; mais enfin il n'a pas cru le devoir faire pré- sentement. Il "pous ira voir lorsqu'il en aura la commodité.
§. 1 1. P^igilance , foi courageuse. Chanté en tout. Qui n'aime pas Jésus - Christ soit anathême.
i3. Soyez vîgilans; demeurez fermes dans la foi; agissez courageusement; soj^ez pleins de force :
14. Faites avec amour tout ce que vou» faites.
AUX CORINTHIENS. 899 î5. Vous connoissez, mes frères, la famille de Stëphanas , de Fortunat et d'Achaïque. Vous savez qu'ils ont été les prémices de î'Acliaïe, et qu'ils se sont consacrés au service des saints.
16. C'est pourquoi je vous supplie d'avoir pour eux la déférence due à des personnes de ce caractère, et pour tous ceux qui contribuent par leur peine et par leur travail à l'œuvre de Dieu.
17. Je me réjouis de l'arrivée de Stéphanas, de Fortunat et d'Achaïque, parce qu'ils ont suppléé à ce que vous n'étiez pas à portée de faire par vous-mêmes;
18. Car ils ont consolé mon esprit aussi bien que le vôtre. Honorez donc de telles per- sonnes.
19. Les Eglises d'Asie vous saluent. Aquilas etPriscille, chez qui je demeure, et l'Eglise qui est dans leur maison , vous saluent avec beaucoup d'affection en notre Seigneur.
^o. Tous nos frères vous saluent. Saluez- vous les uns et les autres par le saint bai- ser.
2.1. Moi Paul, j'ai écrit de ma main cette salutation.
2.2. Si quelqu'un n'aime point notre Sei- gneur Jésus-Christ, qu'il soit anathême. Ma- ran Atha.
400 Î.EPITRE DE S. PAUL,etc*.
23. Que la grâce de notre Seigneur Jésus^ Clirist soit avec vous.
2,4. J'ai pour vous tous une charité sincère en Jésus -Christ. Amen*
FIN DU TOME X.
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